chemin spirituel. Voltaire et Rousseau ne prient pas non plus – au
sens usuel de ce terme -, bien qu’ils admettent l’existence d’un Dieu.
– Les rites (pratiques répétitives de louange, d’offrande, de
sacrifice, de communion, ou de passage à un nouveau stade de
l’existence humaine).
Il existe des religions sans rites (le baha’isme, le quakerisme,
fondés sur la seule foi), ainsi que des rites séculiers (par exemple le
mariage civil).
– La délimitation du monde en un domaine sacré et un domaine
profane.
Cette opposition structurale semble universelle. Pourtant, certains
ethnologues ont pu soutenir la théorie d’une coïncidence entre le réel
et le sacré (entre le social et le religieux), sans espace à proprement
parler profane, dans le cas de certaines sociétés traditionnelles : en
Afrique, par exemple, les divinités seraient présentes dans le moindre
comportement, la moindre parole, la moindre pensée des hommes. On
a pu ainsi qualifier la notion de « profane » de catégorie ethnocentrée
illégitimement projetée sur des réalités culturelles différentes. Par
ailleurs, en Occident chrétien, la Réforme protestante a désacralisé le
monde et récusé la dichotomie entre sacré et profane : l’homme
protestant ne conçoit de sacré qu’en Dieu, et non dans sa créature (le
pain et le vin de communion), ni dans les hommes (les saints), ni dans
les productions humaines (le temple, l’Église-institution). Enfin,
définir le religieux par le sacré ne fait guère progresser la réflexion,
mais opère seulement un glissement stérile d’une notion vers une
autre.
– Une organisation institutionnelle, ou du moins collective,
rassemblant dans un culte les croyants qui adhèrent à une même
vérité.
Ce critère présente l’avantage de distinguer la religion de la magie.
Certaines religions n’ont cependant aucun caractère institutionnel (le
quakerisme), ou du moins aucune structure cléricale (le mennonisme).