10 Statique des solides Compétences attendues 3 Identifier et résoudre un problème de statique. 3 Déterminer la valeur des paramètres conduisant à des positions d’équilibre (ex : arc-boutement). 3 Déterminer la liaison équivalente du point de vue du torseur d’action mécanique. 1 CHAPITRE 10. STATIQUE DES SOLIDES I Introduction La conception d’un système mécanique consiste à dimensionner ses pièces et ses liaisons. L’objectif de ce cours est de déterminer les efforts transitant à travers les différents éléments d’un mécanisme afin de les dimensionner. Pour cela, il est nécessaire de connaı̂tre les relations traduisant l’influence de la géométrie du mécanisme sur la transmission des efforts entre les éléments qui le compose. Ce sont les deux domaines de la statique et de la dynamique qui vont nous permettre d’écrire les équations reliant les grandeurs cherchées et connues. Figure 10.1 – Effort transitant dans un bras de robot Cette leçon traite uniquement de l’étude statique des mécanismes, c’est à dire lorsque ceux-ci sont en équilibre. La dynamique sera vue en deuxième année. II Notion d’équilibre Définition 1 Un ensemble (E) est en équilibre par rapport à un référentiel R supposé galiléen si, au cours du temps, chaque point de (E) conserve une position fixe par rapport à R. Remarques – Tout référentiel animé d’un mouvement de translation rectiligne uniforme par rapport aux axes du repère de Copernic 1 est un référentiel galiléen. – Un ensemble matériel en équilibre n’est donc pas forcément immobile ; il peut être en mouvement de translation rectiligne uniforme. – La Terre est généralement considérée comme un référentiel galiléen. Mais cette approximation n’est plus valable pour l’étude du mouvement d’un avion ou du décollage d’une fusée par exemple. III III.1 Principe fondamental de la statique Écriture torsorielle Principe fondamental de la statique (PFS) Si un ensemble matériel (E) soumis à n actions mécaniques extérieures (représentées par leur torseur respectif {Ti→E }) reste en équilibre par rapport à un référentiel galiléen R, alors la somme des actions mécaniques extérieures est nulle : n X {Ti→E }J = {0}J i=1 Remarques – Attention ! Tous les torseurs doivent être réduits au même point ! P – La réciproque n’est pas forcément vraie ! ni=1 {Ti→E }J = {0}J n’implique pas que (E) soit en équilibre. C’est le cas des ciseaux que l’on ouvre : l’ensemble est soumis à deux force opposées, 1. Le centre du repère de Copernic est le centre du soleil ; ses trois directions passent par trois étoiles. 2 CHAPITRE 10. STATIQUE DES SOLIDES donc la somme des actions mécaniques est nulle, et pourtant les ciseaux s’ouvrent donc l’ensemble n’est pas en équilibre. ! FB, index!ciseau2 ! FA, pouce!ciseau1 B A Le PFS peut ainsi se décomposer tel que : {T1→E }J + {T2→E }J + ... + {Tn→E }J = {0}J Un torseur étant composé d’une résultante et d’un moment, on peut alors écrire : ( −−−→ ) ( −−−→ ) ( −−−→ ) ( → − ) 0 R1→E R2→E Rn→E + −−−−−→ + ... −−−−−→ = → − −−−−−→ 0 MJ,1→E J MJ,2→E J MJ,n→E J J soit ( P −−−→ ) ( n i=1 Ri→E = Pn −−−−−→ i=1 MJ,i→E J → − ) 0 → − 0 J On peut ainsi déduire de l’écriture du Principe Fondamental de la Statique deux équations vectorielles, qui portent sur les résultantes pour la première et sur les moments pour la seconde. III.2 III.2.1 Écriture vectorielle Théorème de la résultante Théorème de la résultante Si un ensemble matériel (E) soumis à n actions mécaniques extérieures est en équilibre par rapport à un référentiel galiléen R, alors on a : n X −−−→ → − Ri→E = 0 i=1 −−−→ où les Ri→E sont les résultantes des n actions mécaniques extérieures. III.2.2 Théorème du moment Théorème du moment Si un ensemble matériel (E) soumis à n actions mécaniques extérieures est en équilibre par rapport à un référentiel galiléen R, alors on a, en tout point J de l’espace : n X −−−−−→ → − MJ,i→E = 0 i=1 −−−−−→ où les MJ,i→E sont les moments exprimés en J des n actions mécaniques extérieures. Remarque Tous les moments doivent être écrits au même point ! 3 CHAPITRE 10. STATIQUE DES SOLIDES IV IV.1 Isolement d’un solide Notion d’isolement Pour identifier les actions mécaniques s’exerçant sur un système, il faut tout d’abord l’isoler. Définition 2 Un système isolé est un système matériel que l’on rend distinct de son environnement. On appelle système matériel une quantité de matière, homogène ou non, dont la masse reste constante pendant son étude. Le système matériel isolé peut être un solide (une pièce mécanique) ou un ensemble de solides (de pièces mécaniques), ou encore un fluide. Isoler un système matériel consiste à diviser l’environnement en deux parties : – d’une part, le système matériel considéré (E), objet de l’étude ; – d’autre part, l’extérieur (ou milieu extérieur) (E), c’est-à-dire tout ce qui n’est pas le système considéré (y compris les autres pièces du mécanisme qui n’appartiennent pas au système isolé). Si le système matériel n’est pas clairement identifié et délimité, l’inventaire des actions mécaniques est compromis. Il faut donc créer mentalement une frontière autour du système matériel isolé. IV.2 IV.2.1 Outils et méthode d’isolement Frontière d’isolement Pour déterminer les actions mécaniques extérieures qui s’exercent sur un ensemble matériel (E), il est nécessaire de délimiter cet ensemble par une frontière. On l’isole ainsi de son milieu extérieur (E) : tout ce qui est de l’autre côté de cette frontière appartient à (E). De cette façon, les contacts entre l’ensemble (E) isolé et son milieu extérieur (E) deviennent visibles, et les actions mécaniques de contact exercées sur l’ensemble (E) par son milieu extérieur (E) sont ainsi plus facilement identifiables. Il faut ensuite, bien évidemment, ne pas oublier les actions mécaniques à distance (la Terre fait par exemple partie du milieu extérieur (E) et donc l’action de la pesanteur qu’elle exerce sur l’ensemble (E) est à prendre en compte). Le milieu extérieur agit donc sur l’ensemble (E) via des actions de contacts ou à distance. On note {TE→E } le torseur des actions mécaniques extérieurs agissant sur (E). Si l’ensemble (E) est soumis à n actions mécaniques extérieures notées {Ti→E }, on aura alors l’égalité : {TE→E } = n X i=1 4 {Ti→E } 2011 CHAPITRE 10. STATIQUE DES SOLIDES IV.2.2 Graphe de liaisons Le graphe de liaisons (ou graphe de structure) d’un mécanisme permet de rendre systématique l’identification des actions mécaniques extérieures agissant sur un ensemble (E). En effet, on peut facilement y faire apparaı̂tre la frontière d’isolement et visualiser les actions mécaniques qui s’exercent sur l’ensemble isolé. Pour cela, on reporte sur le graphe de Poids liaisons toutes les actions mécaniques qui s’appliquent sur le mécanisme : sur chaque classe d’équivalence, on représente, à l’aide Couple de flèches symbolisant les vecteurs-forces, les 2 Action différentes actions mécaniques. ressort liaison 2-3 3 liaison 0-2 0 Poids liaison 3-4 liaison 0-1 1 4 Frontière d’isolement de E liaison 1-4 Poids Lorsque l’on isole un ensemble de solides (E) en dessinant une frontière autour de celui-ci, les actions mécaniques extérieures agissant sur (E) sont alors matérialisées par les intersections entre les connexions (flèches ou liaisons) et la frontière d’isolement. Poids Remarques — Dans la plupart des cas, l’action de la pesanteur est négligeable devant les autres actions mécaniques mises en jeu. On ne la prend en compte que si elle joue un rôle prépondérant dans le fonctionnement du mécanisme (pour un contrepoids par exemple). — Les actions mécaniques de liaisons sont déjà repérées par les traits symbolisant les liaisons. — Les actions mécaniques intérieures ne sont pas prises en compte lorsque l’on isole un ensemble de solides : l’action de 2 sur 3 ne nous intéresse pas dans la cadre de l’isolement de l’exemple. — Attention ! On n’isole jamais le bâti ! ! Il est fixe par rapport à la Terre, laquelle est soumise à tant d’actions qui ne nous intéressent pas dans le cadre de l’étude d’un mécanisme... Et qu’il serait difficile, fastidieux, et même impossible de déterminer. IV.2.3 Ordonnancement des isolements Le choix des isolements est important. Si l’on ne veut pas faire de calculs inutiles, il faut d’abord élaborer une stratégie d’isolements. La première des choses à faire pour cela est de repérer la grandeur cherchée (inconnue) et la (ou les) grandeur(s) connue(s) (donnée(s)). Ce sont elles qu’il faut relier l’une à l’autre. À partir de là, la mise en équation guide les choix d’isolements à réaliser : selon les inconnues à déterminer pour écrire une relation complètement connue entre la grandeur cherchée et la grandeur connue, il faudra isoler différents ensembles de solides. 5 CHAPITRE 10. STATIQUE DES SOLIDES IV.3 Bilan des actions mécaniques extérieures (BAME) Le bilan des actions mécaniques extérieures (abrégé BAME) permet, comme son nom l’indique, de dresser l’inventaire des actions mécaniques extérieures à l’ensemble (E) isolé. Il découle directement des identifications faites grâce au graphe de liaisons et aux frontières d’isolement. Il y ajoute les caractéristiques de chaque action mécanique sous la forme d’une liste de torseurs d’actions mécaniques extérieures s’exerçant sur l’ensemble (E) isolé. IV.4 Principe des actions mutuelles (ou réciproques) Toute action mécanique implique l’existence d’une autre action mécanique qui lui est opposée. Théorème des actions réciproques Soit (E) un ensemble matériel composé de deux sous-ensembles (E1 ) et (E2 ). Alors : {TE2 →E1 } + {TE1 →E2 } = {0} Remarques — L’écriture du théorème des actions réciproques revient à écrire deux équations sur la résultante et le moment : −−−−−→ −−−−−→ −−−−−−−→ −−−−−−−→ RE2 →E1 = −RE1 →E2 ; MO,E2 →E1 = −MO,E1 →E2 — Les actions mécaniques intérieures à un système matériel (E) sont l’ensemble des actions mécaniques mutuelles entre les différents sous-ensembles de (E). Pour cette raison, il est inutile de les prendre en compte : elles s’annulent entre elles. C’est pourquoi on ne fait un bilan que des actions mécaniques extérieures à l’ensemble isolé. V Méthode analytique de résolution d’un problème de statique V.1 Hypothèses d’étude Lors d’une étude de statique, on supposera toujours que : – le référentiel d’étude est galiléen ; – les solides sont indéformables ; – les liaisons sont géométriquement parfaites. D’autres hypothèses peuvent s’y ajouter : prise en compte du frottement, action de la pesanteur négligée, hypothèse de problème plan,... V.2 Isostatisme et hyperstatisme Avant tout calcul, il s’agit de vérifier que le problème est soluble 2 ! Mathématiquement, cela se traduit par le fait qu’il ne faut pas que le problème présente plus d’inconnues que d’équations ! Or, avec le PFS, on peut écrire 6 équations scalaires par isolement. Il suffit donc de faire le bilan des inconnues du problème et du nombre d’équations que l’on peut écrire. S’il y a autant d’inconnues que d’équations, on peut résoudre et on parle de problème isostatique. C’est le cas idéal : il est important de pouvoir quantifier les inconnues de liaison pour pouvoir 2. Évidemment, pour les concours, si l’on vous demande de mener une étude statique, c’est qu’il est possible de résoudre le problème ! 6