UNIVERITÉ ALASSANE OUATTARA UFR Communication, Milieu et Société Département d’Anthropologie et de Sociologie MÉMOIRE DE LICENCE Sujet : LA PROBLEMATIQUE DU TELEPHONE PORTABLE DANS LES INTERACTIONS ENTRE JEUNES A BOUAKE. Présenté par : Sous la direction de : Irié Bi Tra Marc Laurel Dr. Groghué Année académique : 2018-2019 INTRODUCTION GENERALE 1. Contexte de l’étude Le téléphone portable est l’une des avancées technologiques majeures ayant marqué ces dernières décennies. Né de l’esprit de Martin Cooper, qui était le directeur général de la division communication chez Motorola, le téléphone portable a été inventé dans le but de faciliter les échanges de paroles entre locuteurs et interlocuteurs qui sont éloignés. Autrement dit, le téléphone portable vient, pour faire disparaitre les barrières de communication, tels que le fait de patienter des jours, voire des mois pour la réception de lettres ou encore le côté de sédentaire du téléphone fixe. En effet, le téléphone portable a rapidement su se rendre indispensable à nos yeux au fur et à mesure de sa progression technologique et cela est particulièrement dû au fait qu’aucun autre mode de communication n’avait jusqu’ici réussir à combiner rapidité et simplicité1. C’est ce qui justifie la place prépondérante qu’il occupe au cœur des interactions sociales des hommes, des femmes et depuis quelques temps des jeunes. En outre, en raison de son amélioration de plus en plus révisé ces dernières années, le téléphone offre désormais plus de fonctions qu’auparavant ; qui chemin faisant, lui donne un caractère de mode et d’attirance pour les jeunes utilisateurs (Corine Martin, 2003). Par conséquent, le téléphone portable est devenu pour les jeunes « une immense agora ». (Stéphane Clerget, cité par Céline Cabourg, 2016) Tout le monde est vissé à son téléphone portable, mais chez les jeunes il est au centre ; car ils n’ont souvent jamais connu leur vie autonome sans cette machine qu’est le téléphone portable (Corine Martin, 2003). Il apporte aux jeunes une certaine intimité, il leur donne accès à un réseau de communication en dehors de la tutelle parentale (Richard Ling, 2002). Si on reste dans ce registre, on peut dire que le téléphone est la “pierre philosophale” qui leur permet d’avoir accès à l’universel et leur donne « des supers pouvoirs » : car grâce à lui, ils se téléportent et sont en lien permanent avec le reste du monde. Il leur génère aussi des libertés et facilite certaines de leurs tâches (Stéphane Clerget, cité par Céline Cabourg, 2016). De plus, avec les nouveaux modes de discussion instantanée, le portable est presque devenu incontournable dans toutes les interactions sociales surtout dans celles des jeunes. C’est dire que le téléphone a réussi à révolutionner la vie quotidienne des individus, particulièrement les jeunes. Parce que pour eux le téléphone portable tient lieu aujourd’hui 1 Tpetel.e-monsite.com/pages/le-telephone-portable-son-histoire/histoire et evolution.html “d’ami virtuel”, “d’animal de compagnie”, “de boite à trésors”… (Stéphane Clerget, cité par Céline Cabourg, 2016). Paradoxalement, le téléphone portable a tellement “bien fait” les choses, qu’il est aujourd’hui victime de son propre succès. Lorsqu’on y regarde de plus près, l’évolution prépondérante du téléphone portable présente de nombreux inconvénients pour l’homme et son entourage. Au lieu de l’utiliser positivement, certaines personnes l’utilisent malheureusement à des fins, qui pour certains dérogent la morale. Aujourd’hui nous sommes bien obligés de constater la prééminence des sollicitations du téléphone portable sur la relation physique en cours. Les gens répondent, partout et tout le temps y compris au milieu des conversations les plus importantes. Et cela se perçoit le plus chez les plus jeunes. D’ailleurs, il n’est pas rare aujourd’hui, lors d’un face à face, de devoir patienter plusieurs minutes afin qu’une conversation impromptue ne se termine, pour ensuite constater la perte du fil de la conversation. Le téléphone portable représente pour la jeunesse un espace de fuite et favorise l’enfermement de ses jeunes utilisateurs par rapport à leur environnement. Ils établissent des interactions plus conviviales avec leur téléphone portable au détriment de la communication non-verbale (gestuelle, posturale, faciale etc…) avec l’autre. (Fredj Zamit, 2010) Plus qu’un moyen de communication, le téléphone portable représente aujourd’hui un instrument de dé-communication. Car même s’il nous rapproche des personnes éloignées géographiquement, il aura ainsi plus tendance à nous éloigner des personnes plus proches de nous2. Alors au regard de l’ampleur que prend le téléphone portable dans nos réalités de par un peu partout dans le monde et aussi dans nos villes ivoiriennes, singulièrement la ville de Bouaké, par ses impacts sur le comportement des jeunes, il est important pour nous de reformuler un questionnement afin de déceler les facteurs et les déterminants qui font des jeunes internautes des addicts au téléphone portable, les conséquences que cela engendre, d’où l’intérêt de cette étude qui consiste à analyser les mutations dans les interactions sociales qu’engendre l’usage du téléphone portable par les jeunes dans la ville de Bouaké. 2 Gérald Hanotiaux Article publié dans Bruxelles en mouvements (n°249, 25 juin 2011), le périodique d’Inter-Environnement Bruxelles (IEB) 2. Justification du choix du sujet et clarification des concepts opératoires 2.1 Justification du choix du sujet Motivation personnelle Le choix de ce sujet est guidé par une histoire personnelle vécue à la « promenade orange » communément appelé « place de la paix » dans la ville de Bouaké. Un soir, alors que revenions tous de nos vacances universitaires, nous nous décidions à aller à la « promenade orange » pour fêter nos retrouvailles. A cette soirée entre amis, nous étions sensé nous raconter les différents moments marquant de nos vacances. Une fois tous réuni sur les lieux, nous étions plus occupé par nos téléphones que par ce pourquoi nous étions là. Presque personne n’échangeait avec l’autre, on aurait dit qu’on avait tous rendez-vous avec nos téléphones et non avec nos amis. De même que je n’étais pas le seul à faire cette remarque, parce que l’un d’entre nous l’a signifié aux autres avec un air mécontent. Dès lors, le souci de comprendre les attitudes des jeunes à l’égard de leur entourage immédiat à cause de leur téléphone portable dans leurs relations interpersonnelles, dans leurs communications interpersonnelles a constitué une préoccupation pour moi. Pertinence sociale Le téléphone portable a énormément gagné en popularité depuis quelques années pour aujourd’hui être un réel phénomène de société qui touche le monde, par conséquent la Côte d’Ivoire et singulièrement la ville de Bouaké. De ce qui est constaté, le téléphone est omniprésent dans nos vies quotidiennes. Aujourd’hui ne pas avoir de portable est à la limite du handicap et pour la jeunesse il en est un symbole. Chemin faisant, avoir un téléphone portable aujourd’hui est devenu une préoccupation pour tous, en majorité les jeunes, à telle enseigne, que nombreux sont ceux, ces jeunes qui feront tout pour en avoir juste pour effet de mode, par conformisme et par snobisme. Pour ceux qui le connaissent il est la révolution du siècle. Le téléphone portable intervient dans presque toutes les structures de communication et aussi de la vie sociale. C’est pourquoi on parle du téléphone portable dans les relations intimes, dans les relations parents/enfants, dans les relations socioprofessionnelles etc... Mais au-delà de cette facette salvatrice du téléphone portable se cache une autre réalité, celle d’une détérioration des relations sociales de tous mais en grande partie des jeunes, et ce à cause du téléphone portable et de l’attention qu’il requiert dans sa manipulation. Avec l’interdiction du téléphone portable à l’école (dans les salles de classes), au travail, et ce qui est constaté, son abandon momentané dans certaines conversations importantes, l’on commence à prendre conscience des aspects négatifs ou dommages que peut avoir le téléphone portable sur nos relations, celles des jeunes en particulier. Cependant les hommes, femmes et surtout les jeunes restent obnubilés par leur téléphone de sorte à négliger leur entourage immédiat. En plus de cela, il se révèle être un élément décisif dans les différentes mutations comportementales, un élément distractif, contraignant, un élément qui rebelle les plus jeunes utilisateurs. Sa partition jouée dans la dégradation des mœurs ne cesse de croitre. Aujourd’hui on a des jeunes qui se baladent sur des sites pornographiques, ça aussi c’est devenu complètement banal. A titre d’exemple nous pouvons citer : les « sextape » rendus public grâce au téléphone portable, le moyen de tricherie que représente le téléphone portable dans les lycées, collèges et même les universités… . Vu l’expansion sociale de ce phénomène et en procédant à des recherches dans le cadre de la téléphonie mobile dans les interactions sociales des jeunes, , il convient de réfléchir sur la trajectoire sociale qu’est en train de prendre l’usage du téléphone portable, mieux cerner les raisons qui font du téléphone portable un outil appareillé à presque tous, singulièrement des jeunes, pour participer au mouvement de réflexivité générale de tous ( jeunes comme adultes), de rendre compte des usages du téléphone portable qui polluent les relations sociales afin que le débat social puisse avoir lieu. Non pas sur les fantasmes mais sur une manière d’appropriation du téléphone portable. Pertinence scientifique De manière générale, de nombreux travaux scientifiques ont été menés sur la question de l’usage du téléphone portable dans les interactions sociales des jeunes ainsi que des conséquences négatives qui peuvent en découler. Ce avec d’émérites chercheurs tels que Serge Tisseron, Stephane Clerget… qui se sont intéressé à cette question. Mais en Côte d’Ivoire, les études scientifiques menées sur cette question sont peu nombreuses. C’est pourquoi la présente étude se veut une base d’information, aux éventuels chercheurs qui se pencheront sur les outils de communication dans les interactions bouleversées par les mutations comportementales qu’engendre en partie le téléphone portable. Ainsi elle jettera les bases d’éventuels travaux de recherches scientifiques. Cette recherche menée avec exigence et rigueur scientifique peut contribuer à l’avancement des connaissances actuelles sur les technologies de communication, singulièrement sur le téléphone portable dans la place qu’il occupe dans une sorte de dégradation des relations sociales des jeunes. Toutefois les répercussions de l’usage démesuré dont fait preuve la jeunesse de Bouaké, à savoir une jeunesse apeurée à l’idée de ne plus exister pour autrui sans téléphone portable, une dépendance croissante au téléphone portable des jeunes à Bouaké, un épanouissement qui devient de plus en plus virtuel, une mauvaise gestion du téléphone portable qui contribue le plus souvent à une baisse du rendement. Ainsi que les études menées à ce sujet n’ont pu constituer une préoccupation assez alarmante chez les auteurs face à cette mutation comportementale dont nous en sommes tous victimes, et d’où l’intérêt de cette étude. Après avoir justifié le choix de cette étude, nous passons à l’étape de l’opérationnalisation des concepts. 2.2 Clarification des concepts opératoires Dans le souci de la clarification et de précision, nous sommes emmenés à définir les concepts clés de notre travail. Car comme le recommande Emile Durkheim (1894 :122), le chercheur doit au préalable « définir les choses dont il traite afin que l’on sache et qu’il sache bien de quoi il est question ». Il convient de tenter de clarifier les concepts clés tels que : usage, téléphone portable, interaction sociale, jeunes. 2.2.1 Définition explicite Téléphone portable Le téléphone portable est un objet de la famille des TIC qui permet de communiquer sans être relié par câble à une centrale. Les sons sont transmis par des ondes électromagnétiques dans un réseau spécifique. Selon Wikipédia la téléphonie mobile est un moyen de télécommunication, plus précisément de radiocommunication, par téléphone portable. L’appareil téléphonique en lui-même peut être nommé « mobile », « portable », « téléphone portable »(en Amérique du nord), « cell » (au Québec dans le langage familier), « natel » (suisse), « GSM (Global System Mobile) » (en Belgique et au Luxembourg), « vini » (Polynésie française). Quand le téléphone portable est doté de fonctions évoluées, c’est un smartphone, ordiphone ou téléphone intelligent. Ce type de téléphone dispose en général d’un écran tactile, d’un appareil photographique numérique, des fonctions d’un assistant numérique personnel et certaines fonctions d’un ordinateur. Selon le principe d’un ordinateur, il peut exécuter divers logiciels/applications grâce à un système d’exploitation spécialement conçu pour mobiles, et donc en particulier fournir des fonctionnalités en plus de celles des téléphones classique comme : l’agenda, la télévision, la navigation sur le web. Aussi, selon AFOM (2017) le téléphone portable représente un motif indissociable des représentations de la vie contemporaine. En fait le mobile ne représente pas seulement un objet pratique destinée à communiquer mais un objet surinvesti de sens et jouant un rôle essentiel dans la subjectivité réflexive de la personne. De même que pour la sociologie, le téléphone portable représente un élément d’identité fort pour la plupart de ses possesseurs. Mais pour Julien Duriez (2017) dans son article sur ‘’ la croix ‘’ définit le téléphone portable comme étant une manière de vivre ensemble séparé. Pour lui les rites communs de rassemblement, sont mis en question par l’hyper connexion dont fait preuve les utilisateurs. Nous sommes certes ensemble de masse et de chaire mais nos esprits dans nos téléphones, dans un monde virtuel. En un mot, le téléphone portable n’est pas seulement l’outil communicatif mais il revêt d’autres aspects. Dans le cadre de notre étude, le téléphone portable constituera l’objet, l’expression identitaire et un objet déconnectant. Interaction sociale En sciences sociales une interaction fait référence à toutes les actions réciproques entre deux ou plusieurs individus au cours desquelles des informations sont partagées ; l’acheteur, par exemple discutera avec le vendeur et ils interagiront dans un contexte préalable et connu des deux protagonistes : l’échange marchande1. Autrement dit, une interaction c’est une action réciproque dans le sens commun, elle est, en tant que concept, une séquence dynamique d’actions sociales (ou conjointes) entre des individus ou groupes d’individus qui modifient leurs actions et réactions en fonction des actions anticipées et effectives d’autrui. De même JURGEN HABERMAS (1987), définit l’interaction comme un agir communicationnel. Pour lui, une interaction caractérise une relation entre au moins deux personnes partageant des normes sociales et nourrissant des attentes réciproques. L’interaction est donc dite sociale car non seulement elle produira du sens, mais aussi parce qu’elle s’inscrit dans un contexte qui influence les actions de chacun. Pour la psychologie, l’interaction sociale peut être définit comme une << relation interhumaine par laquelle intervention verbale ou attitude, une expression significative ou action provoquent une action en réponse, qui retentit sur l’initiateur (échanges). Les interactions sont verbales ou non verbales (gestes, regards, attitudes). Les interactions peuvent être : - Positives : coopération, participation, intégration … - Négatives : conflits, lutte, rivalité. - Ambivalentes : compétition, concurrence. Pour la sociologie, les interactions sociales sont souvent utilisées comme simple synonyme de relations sociales. Ici, l’interaction sociale est à la fois vue comme une unité d’action, mais aussi comme un processus au cours duquel des histoires et du sens sont produits. En plus d’être productrices de sens, les interactions s’influencent mutuellement et tendent à restreindre la possibilité de chacun d’agir librement : ‘’ comme au jeu d’échecs, toute action accomplie dans une relative indépendance représente un coup sur l’échiquier social, qui déclenche infailliblement un contrecoup d’un autre individu ( sur l’échiquier social, il s’agit en réalité de beaucoup de contrecoups exécutés par beaucoup d’individus) limitant la liberté d’action du premier joueur ‘’. (Wikipédia) Dans le cadre de notre étude, l’interaction sociale est perçue comme l’ensemble des relations interpersonnelles, l’influence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions respectives lorsqu’ils sont en présence physique immédiate, les uns des autres. Autrement dit une interaction de face à face. Au niveau opérationnel, l’interaction sociale renvoie à une relation interpersonnelle de face à face, que peuvent entretenir les jeunes de Bouaké ; c’est-àdire une causerie entre un groupe d’amis, une conversation de face à face. Jeunesse ou « jeunes » Définir le concept « jeune » ou « jeunesse » est une tâche difficile du fait des nombreux sens qu’il incarne. Car les seuils d’entrée et sortie de jeunesse sont progressifs et dépendent des milieux sociaux. Toutefois, l’approche la plus commune et la plus ancienne du terme se fonde sur le critère de « l’âge ». Au plan international, l’âge des jeunes est fixé par les nations entre 15 et 24 ans, pendant que la ConFeGes (Conférence des Ministre de la jeunesse et sports de pays d’expression française) retient la tranche d’âge de 15 à 35 ans. Cet âge est plus bas dans les pays occidentaux plus développés où le jeune a entre 15 et 24 ans. (Ndeye Ami Niang, 2007) Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), on entend par « jeunes » la tranche d’âge qui part de 14 à 24 ans. Une autre approche plus dynamique est l’approche sociologique basée sur la théorie des cycles d’existence. « La jeunesse » vue sous cet angle fait référence à un temps entre l’enfance et l’âge adulte. Ce temps s’allonge de plus en plus avec le recul général de l’entrée dans la vie active. (Wikipédia) Dans le cadre de notre étude, la jeunesse va être considérée comme la tranche d’âge compris entre 13 et 25 ans. 2.2.2 Définition implicite Usage Dans le “ROBERT” de sociologie, (1999), l’usage renvoie à « l’utilisation d’un objet naturel ou symbolique, à des fins particulières ». On pense ici aux usages sociaux d’un bien d’un bien, d’un instrument pour mettre en relief « les significations culturelles complexes de ces conduites de vie quotidienne ». C’est assurément ce sens qui est utilisé dans le contexte des études des TIC. (Herman Essoukan Epee, 2014) Pour Millerand, (1998) le terme « usage » peut être utilisé pour signifier à la fois utilisation, pratique et appropriation. Il renvoie ainsi à un continuum de définitions qui vont de l’adoption à l’appropriation en passant par l’utilisation. (Proulx and Breton, 2002) Emmanuel Béché, quant à lui, défini les usages comme des taches, actions et activités à connotations techniques et cognitives qui sont effectivement réalisées avec une technologie. (Herman Essoukan Epee, 2014) Lorsqu’on s’intéresse aux usages, c’est l’humain qui est au cœur de l’investigation et non l’appareil. Autant la logique de l’utilisateur relève de dimensions cognitives ou pédagogiques dans le contexte de la transmission des connaissances, autant la logique de l’utilisation trouve son sens dans l’organisation sociale orientant l’activité de travail. (Agostinelli, 2003) De plus, un usage correspond à une certaine manière (ensembles de règles) d’utiliser quelque chose (objet matériel ou symbolique). Les usages sont socialement partagés par un groupe de référence et se construisent avec le temps. (Docq et Daele, 2003) Pour Josiane Jouët, les usages sont souvent les prolongements de pratiques sociales déjà formées comme le bricolage domestique exercé par les programmeurs amateurs. Pour cette dernière, de l’adoption à la banalisation, la construction de l’usage s’opère par son passage de statut ordinaire qui l’incorpore dans les pratiques sociales. (Herman Essoukan Epee, 2014) Dans le contexte de notre étude, « l’usage » désigne le fait de servir ponctuellement de quelque chose, l’utilisation faite d’un objet. De manière opérationnelle, l’usage renvoie à l’utilisation fréquente du téléphone dont fait preuve les jeunes pour s’affirmer, et se déconnecter de leur entourage. Plusieurs faits observables au sein de la ville de Bouaké, nous amènent à construire nos constats. 3. Constats de recherche Constat 1 : le téléphone portable, source d’une nouvelle architecture sociale Dans la ville de Bouaké, l’on constate que le téléphone occupe une place de plus en plus grandissante dans la vie des individus et en particulier dans le quotidien des jeunes d’âge primaire, secondaire et universitaire. Des années auparavant l’intervention du téléphone dans certains aspects de la vie était minime mais aujourd’hui, il intervient dans presque tous les aspects de la vie sociale, et sa praticité ne cesse de croitre. En plus de leur permettre de garder le contact avec leur proche, le téléphone portable est pour certains jeunes considéré comme un élément leur accordant du crédit, de la valeur faisant ainsi du téléphone un facteur d’intégration qui leur permet de se socialiser et interagir avec leur semblable. Pour d’autres, il constitue, un élément sécuritaire important en cas d’incident, car on peut par exemple appeler un proche pour avoir de l’aide. Aussi notifions que les nouvelles modes de discussion instantanée véhiculé par les réseaux sociaux, offrent à la jeunesse un certain pouvoir leur permettant d’échapper à la tutelle parentale faisant du téléphone portable leur lieu de culte, leur monde, un monde virtuel. Constat 2 : les traits d’addiction de la jeunesse Ces dernières années le téléphone portable s’est considérablement amélioré. Ces capacités se sont accrues. Nous sommes passés d’un simple appareil assurant la communication vocale entre deux personnes à une pluralité de service dispensé par celui-ci. Il est devenu tellement important pour la plupart des individus, singulièrement des plus jeunes, que même souvent sans le savoir ils en deviennent addicts. A Bouaké, il n’est pas rare aujourd’hui d’entendre des jeunes d’à peine 13 ans affirmer « qu’ils sentent un vide sans leur téléphone » ou « qu’ils ne savent pas comment ils pourraient vivre sans lui ». Certains ont même la désagréable habitude de tapoter hystériquement sur leur téléphone tout en conversant en face en face avec quelqu’un. Pour d’autres même l’éteindre dans les lieux comme les églises, les salles de classes, les réunions…, où l’on requiert que le téléphone portable soit éteint ou mis sous silence, devient aujourd’hui un supplice pour la plupart de ces jeunes utilisateurs. C’est justement cette tendance, de plus en plus obsessionnelle à l’égard du téléphone portable, constatée chez les jeunes qui est préoccupante. Les conséquences d’une telle addiction peuvent impacter négativement la relation physique interpersonnelle des jeunes de Bouaké en cas d’immersion dans leur monde virtuel. Constat 3 : une sous-estimation des dangers liés au téléphone portable A Bouaké, l’absence de campagnes de sensibilisations, de notes d’avertissements et d’autres éléments publicitaires sur les dangers liés au téléphone portable, pourrait laisser croire que les fabricants de portables ne semblent pas mettre un point d’honneur sur la protection des consommateurs de leurs biens. C’est à croire qu’il ne voit pas le nombre d’addicts et le nombre de méfaits que crée le téléphone portable. Aussi pour le peu de recommandations qui ont été décrété pour stopper l’usage abusif du téléphone des utilisateurs, les usagers, eux-mêmes ne les respectent pas. La section suivante sera consacrée à la revue de la littérature. Elle nous permettra de délimiter notre problématique. 4. Revue critique de littérature La compréhension des différents aspects et contours de notre sujet passe par l’exploitation et le décryptage de la littérature disponible. Les documents lus n’abordent pas de façon systématique le sujet du « LA PROBLEMATIQUE DU TELEPHONE PORTABLE DANS LES INTERACTIONS SOCIALES ENTRE JEUNES A BOUAKE ». Toutefois, il existe un nombre important d’ouvrages qui évoque de manière générale la question du téléphone portable dans les interactions sociales. Ces œuvres exposent l’évolution du téléphone portable dans le temps et dans l’espace, de l’enthousiasme suscité par le téléphone portable à différentes incidences que crée son développement sur la société, en particulier sur la jeunesse. 4.1 L’évolution du téléphone portable dans le temps et dans l’espace. En devenant mobile, le téléphone va prendre une revanche éclatante. Après avoir été l'objet technique le plus discret d'un XXe siècle qui a plutôt pris pour emblème l'automobile ou, dans le domaine de la communication, la télévision; le téléphone va enfin accéder à la visibilité qui correspond à l'importance de ses effets sur la société. Il prendra un statut et remplira des fonctions qui n'étaient que partiellement assumées lorsqu'il était assigné à résidence, au domicile ou au bureau, s’émancipant ainsi de ces derniers (Marc Guillaume, 1994). L’invention du téléphone portable est généralement attribuée à Martin Cooper, alors directeur de la recherche et du développement chez Motorola (John Agar, 2003). Il serait la première personne à avoir passé un appel sur un téléphone cellulaire en avril 1973. Il fallut pourtant attendre encore plusieurs années pour que les téléphones soient suffisamment miniaturisés pour être qualifiés de "mobiles", c'est-à-dire transportables et non plus embarqués comme téléphones de voiture. C’est ainsi en 1983 que Motorola a lancé aux États-Unis le premier véritable téléphone portable !! : Le Motorola DynaTAC 8000X. Ce téléphone était extrêmement léger pour l'époque [mesurant 25 cm pour un poids de 783 grammes, (Goggin, 2006). Alors que les téléphones actuels pèsent généralement entre 100 et 200 grammes). Ce téléphone est le fruit de 15 années de développement autour de Martin Cooper et plus de 100 millions de dollars en coûts de recherche. Ce n'est qu’au début des années 1990 que les téléphones cellulaires sont devenus suffisamment petits et assez bon marché pour intéresser le consommateur moyen, comme en France en 1992(Laurence Allard, 2010). Et un peu plus tard en COTE D’IVOIRE en 1996, (Annie Cheneau-Loquay, 2001). De plus grâce au progrès constants de la technologie ces quinze dernières années, la téléphonie s’est considérablement développé auprès du grand public. Un nouveau type de téléphone fait son apparition, il s’agit du téléphone intelligent communément appelé ‘’smartphone’’, qui en plus de ses fonctionnalités de bases, ce dernier bénéficie d’amélioration de ses composants, notamment, ce qui lui permet d’acquérir des fonctions qui étaient jusqu’alors réservé aux ordinateurs. Il ne sert plus qu’à téléphoner mais en plus, permet de naviguer sur internet, d’avoir un agenda électronique, lire des mails etc… De même que pour Jean-Antoine Corbalan cité par Aboulaye Souleymane, (2012) « sa fonction d’usage est la communication vocale, mais le téléphone portable permet aussi d’envoyer des messages textes agrémentés de vidéos, images et sons. Des applications embarquées permettent de naviguer sur internet, d’écouter de la musique, regarder la télévision… ». Les précurseurs de cette technologie des smartphones sont apparus à la fin des années 1990, mais il faut attendre jusqu’en 2007, année de commercialisation de l’iPhone (premier smartphone avec interface tactile multipoint), pour que le marché s’étende considérablement jusqu’à dépasser en quelques années celui des téléphones basiques. Mais notifions que le premier smartphone, l’IBM Simon, fut conçu en 1992 puis commercialisé en aout 1994(wikipedia.org). A la fin des années 1990, son utilisation a connu une augmentation brutale jusqu’à une quasisaturation du marché peu après 2000. D’abord réservé à une élite sociale pour une utilisation professionnelle, il s’est rependu jusqu’à devenir le moyen de communication privilégié d’un grand nombre de personnes, notamment des jeunes. Ces dernières années, les technologies liées au mobile ont connu une évolution fulgurante et dès 2005, le nombre d’utilisateurs a dépassé les deux(2) milliards d’utilisateurs dans le monde (Madhi Amri et Nayra Vacaflor, 2010). Pour le sociologue (Francis Jauréguiberry, 2003) « jamais auparavant une innovation technologique n’avait connu un tel succès, aussi rapidement et à une telle échelle ».Pour lui, à cette avancée incroyable, seule la conjonction de trois éléments peut expliquer son succès : l’offre technologique à un cout acceptable, le désir d’ubiquité depuis toujours présent et, surtout l’évolution récente de nos sociétés qui a rendu ce désir d’être ‘’ici et ailleurs’’ à la fois de plus en plus fort. C’est dire qu’en peu de temps le téléphone portable est devenu un outil indispensable en termes de communication et de relations interpersonnelles et un véritable phénomène de société au niveau mondial. 4.2 L’enthousiasme suscité par le téléphone portable auprès du grand public. Enthousiasme et praticité du téléphone portable. Il nous réveille le matin, nous donne l’heure, nous informe de notre emploi du temps de la journée, nous permet de rester en contact avec nos proches quel que soit l’endroit où nous nous trouvons. En quelques années, il a investi nos vies privées, amoureuses, amicales et professionnelles (Aurelie Charpentier, 2006). Il s’est diffusé dans toutes les couches de la population (Sophie Pernet). Il est devenu presque indispensable. (…) le téléphone portable occupe une place à part dans l’univers des objets technologiques et une place de choix dans notre quotidien. Pour (Aurelie Charpentier, 2006) : - Le téléphone revêt une dimension magique qui lui permet d’être avec nos amis même quand ils sont absents, il remplit toutes les fonctions dont nous avons besoin dans la vie quotidienne. - Le téléphone portable rassure, il permet d’affronter ou de se protéger du monde extérieur. - Le téléphone portable est personnalisé, il est le reflet de soi, il devient une partie de soi. Pour elle, le téléphone portable à des effets positifs et négatifs sur le comportement. Mais elle rend surtout compte dans son article, de l’enthousiasme suscité par le téléphone portable et en insistant sur : - L’aspect très pratique de cet outil multifonction. - Le rôle joué par le téléphone portable qui est devenu comme un fétiche, « un grigri », un animal de compagnie, un doudou, un bijou, qui rassure et protège… C’est ce qui fait dire au sociologue Julien Morel dans un article de la revue ‘’Réseaux‘’ que nous avons un rapport quasi charnel (plaisir des sens) avec le mobile : « que dire, en effet de ces caresses fréquentes, préhensions, contemplations qui visent la totalité de l’appareil ? Notons une préférence pour l’écran, surface interactive vivante, qui même manifestement propre est nettoyé par un balayage de pouce ou de l’index ». L’individu comme un corps appareillé. De plus, en devenant portable, le téléphone s’associe au corps comme une prothèse. Il rejoint la panoplie de l’homme moderne (montre, lunettes, walkman). Grâce au téléphone « cellulaire » chacun devient une cellule communicante, un être hybride qui appartient à deux espaces en même temps, celui de l’environnement immédiat et celui de l’espace virtuel (Marc Guillaume, 1994). De même que (Serge Tisseron, 2001) qui considère le téléphone comme une sorte de ‘’cordon ombilical‘’, un appareil permettant de garder à tout moment un contact privilégié avec ceux dont on se trouve provisoirement éloigné. Un point de vue que partage (Claude Duneton, 2006), en définissant le téléphone portable « d’appareil de prothèse jouant le rôle d’un sens ajouté permettant à l’individu de demeurer en contact quasi permanent avec ses semblables ». Faisant de cet outil une extension de l’homme, un prolongement de la voix et de l’oreille qui permet une perception extrasensorielle (Mc Luhan, 1964). Le téléphone portable, l’aubaine de la jeunesse Au tout début, les téléphones portables étaient principalement utilisés par les adultes et dans certains milieux professionnels. C’est toujours le cas mais aujourd’hui une autre catégorie de personne a adopté ce gadget, les jeunes d’âge primaire, secondaire et universitaire. Pour eux, leur téléphone signifie beaucoup plus que téléphoner. Le téléphone portable leur est tellement indispensable qu’ils ont un mal fou à imaginer que des gens, notamment leurs parents, aient pu s’en passer. Il est devenu une partie d’eux-mêmes. On a beaucoup associé le téléphone portable à un doudou. Cela s’applique aussi aux ados qui en exploitent tous les gadgets ludiques (smileys et gribouillages, filtres et trucages) et qui l’emportent jusque sur l’oreiller. Notifions qu’il y a aussi la portée symbolique du téléphone qui s’est considérablement élargie. Cet objet est considéré comme magique pour la jeunesse vient remplacer beaucoup de choses : le journal intime, la télévision, la radio, la chaine hi-fi etc… (Stéphane Clerget, cité Céline Cabourg, 2016). De même que pour (Pasquier, 2001) qui en a conclu de son enquête sur ‘’les nouveaux usages de la téléphonie dans les familles immigrées’’ que, le téléphone portable remplissait une fonction de sociabilité intra-générationnelle chez les jeunes. Comme le rappelle l’étude, Living and Learning with New Media (Ito, 2008, p.4), « les sites de réseau social, les jeux en ligne, les sites de partage vidéo, les gadgets comme les iPod et les téléphones mobiles, sont désormais les accessoires de la culture des jeunes ». Par ailleurs, pour (Corine Martin, 2003) le téléphone portable est un outil de maintien de la cohésion familiale et de réassurance entre les jeunes et leurs parents. Ces éléments ci-dessus ont montrés que le téléphone portable est d’une grande importance dans la vie des individus, en particulier des jeunes à qui le téléphone signifie beaucoup et qu’il a différentes valeurs en fonction des catégories qui l’utilisent. Le fait que téléphone soit si présent et important dans la vie des individus a engendré des mutations dans nos comportements, dans nos relations interpersonnelles. 4.3 Les incidences que crée le téléphone portable dans les interactions. Le téléphone portable, un outil de non communication Certains sociologues et psychologues estiment que le portable est un outil de non communication car il offre avec ses multiples fonctions autant de possibilités de s’isoler. Accaparé par le petit écran, l’utilisateur se coupe de son environnement immédiat. L’on présente parfois le téléphone portable comme une machine permettant de communiquer à distance, alors qu’il est d’abord bien souvent utilisé … pour ne pas communiquer (Serge Tisseron, 2001). Parce que les détenteurs de téléphones portables ne peuvent plus s’en passer et l’utilisent partout. Finalement, ils ne communiquent ni avec les personnes situées près d’eux, ni avec les personnes avec lesquelles ils conversent au téléphone portable (Albert Jacquard, 2000) En se focalisant sur le virtuel, l’individu peut négliger le réel, conséquence, il s’enferme dans sa bulle d’intimité. De plus le mobile renforcerait l’isolement en appauvrissant le dialogue avec les internautes. Puisqu’on est tout le temps joignable, on a l’impression de communiquer davantage, mais les conversations sont brèves et superficielles. Au bout du compte, on en dit beaucoup moins dans les échanges plus posés (Miguel Benasayag, 2006). Pour (Albert Jacquard, 2000) le téléphone peut être destructeur pour l’équilibre des individus. Car le portable, tout comme pour tout autre progrès technique peut se transformer en « fascination » puis « répulsion » et entrainer des catastrophes : « toute découverte scientifique est une promesse de performances nouvelles, celles-ci, après un accueil euphorique, peuvent se révéler grosses d’un danger imprévu parfois planétaire ». Quant à (Serge Tisseron, 2001), « le téléphone portable est en train de brouiller les repères attachés à la sphère intime et à la sphère publique. Traditionnellement, ces repères étaient fixés par le groupe de façon précise : la première était liée aux liens intimes, et la seconde aux lieux publics. Avec le téléphone portable, cette opposition peut être redéfinie par chacun pour son propre compte. Nous y gagnons tous la possibilité de transformer malgré eux les inconnus d'une voiture de chemin de fer ou d'un trottoir en témoins de notre intimité ! Avant le portable, bien entendu, il était toujours possible d'avoir des échanges privés, de couple par exemple, en public. Mais quand l'un des deux conjoints ou amis se laissait aller sur cette pente, il était fréquent que l'autre, saisi par la honte, l'invite à un peu plus de retenue. Avec le téléphone portable, il n'y a pas cette limite parce que, très vite, les deux interlocuteurs oublient chacun les personnes qui se trouvent, autour d'eux. Quand celui auquel nous nous adressons est physiquement près de nous, il nous est impossible de le regarder sans voir aussi les inconnus qui nous entourent. Mais quand il est invisible, présent seulement par sa voix, l'attention que nous accordons à celle-ci et l'image que nous tentons malgré nous de nous faire de lui nous rendent très vite aveugles et sourds à notre environnement concret. La pudeur -ou, si l'on préfère, la gêne, cette forme mineure de la honte- n'existe plus. Nous acceptons de mettre à nu nos pensées les plus personnelles d'une manière qui modifie l'intimité psychique aussi radicalement que la nudité a changé l'intimité corporelle ces trente dernières années. » Un outil devenu nuisible Le téléphone est souvent présenté comme un outil de liberté et d’autonomie pour le nomade, pour l’homme seul mais pour (Miguel Benasayag et Angelique Del Rey, 2006) cette liberté et cette autonomie solitaire n’est qu’illusion et ne peut s’acquérir qu’à plusieurs. De plus pour eux le téléphone portable banalise le désengagement de dernière minute et permet d’installer la peur d’un instant de vide, la peur de ne pas être occupé. Aussi il accentue la dépendance de notre existence aux pensées des autres, à la mise en scène. Il institutionnalise l’attente d’un « feed back » (d’un jugement extérieur sur la perception mon existence), il favorise notre aliénation en détruisant notre consistance, notre singularité. Nous sommes abandonnés de nous-même, perdant notre capacité de communiquer, de parler de soi, de se construire sa langue, nous savons moins parler et devenons des barbares, « des sans langue ». Pour le psychanalyste (Dan Véléa cité par l’article ‘’Beta Atlantico’’, 2014) le téléphone engendre de grande souffrance chez certains internautes dépendants car ils sont souvent dans l’incapacité de de l’éteindre, il devient leur seul centre d’intérêt. Et donc son absence entraine une sensation angoissante, similaire à la solitude. La psychologue américaine (Jean M. Twenge, cité par Jean-Marc De Jaeger, 2017), est plus portée vers l’usage du téléphone qui bouleverse les interactions sociales des adolescents, une étude menée sur les jeunes nés après 1995. Pour elle « le téléphone a changé presque tous les aspects de la vie des adolescents, de la nature de leurs interactions sociales à leur santé mentale ». A cette génération, elle attribue l’expression de « génération disloquée ». Car pour elle cette génération aurait perdu l’habitude de se trouver au skate-Park…, préférant discuter dans les espaces virtuels. Cet usage intensif du téléphone portable que manifestent les adolescents perturbe leur sommeil, ce qui pour elle peut compromettre la réflexion et le raisonnement, augmenter les risques des maladies, de prise de poids et d’hypertension. Cela aura comme conséquences, un rendement scolaire moyens ou du moins plus bas que dans les années 90. De même, pour (Stéphane Clerget, cité par Céline Cabourg, 2016) l’utilisation permanente du smartphone a des conséquences sur la qualité de vie des jeunes. - Le plus gros dégât concernant le sommeil. Pour lui les ados dorment beaucoup moins qu’avant. Ils développent un rapport obsessionnel avec le portable qui engendre une forme de stress… - Les jeunes n'arrivent plus à hiérarchiser ce qui est vraiment important et ce qui ne l'est pas. Par ailleurs, ils ne connaissent plus l'ennui et, de ce fait, ont du mal à développer leur imaginaire. Avec l'écriture codée et instantanée, ils ne savent plus très bien prendre des notes; sans compter l'appauvrissement du langage, l'orthographe sommaire… D’un point de vue psychique, plusieurs travaux, anglo-saxons, insistent aussi sur les conséquences négatives en matière de créativité et sur la difficulté plus grande, notamment chez les garçons, à composer avec l'attente. Ils sont dans une impatience permanente, ont du mal à rester sans rien faire. Les réseaux sociaux favoriseraient, de plus, la mésestime de soi, l'insatisfaction, la frustration. Cette densification de la communication numérique a aussi pour effet de réduire les compétences sociales plus basiques des utilisateurs « accrochés ». (Setsuko Tamura) professeur de psychologie appliqué à l’université de Tokyo “Seitoku“, observe ainsi que « les étudiants d’aujourd’hui sont très mauvais à lire les expressions faciales. Pour le chercheur cité par wall street journal, lorsqu’on passe plus de temps à envoyer des SMS (Short Message Service) à des gens au lieu de leur parler, « vous ne pouvez pas apprendre à lire le langage non-verbal ». Aussi notons que la crainte d’effets potentiels sur la santé inquiète et donne lieu à de virulents débats. Il y a également un autre risque, pointé par plusieurs chercheurs : l’addiction. De la même manière que la pratique extensive des jeux vidéo peut être considérer comme une forme d’addiction, les effets de la dépendance au téléphone portable sur les utilisateurs plus jeunes inquiètent. La revue de la littérature nous a permis d’identifier l’évolution, l’enthousiasme suscité par le téléphone portable auprès du grand public et les incidences dans les interactions sociales que crée son développement. En revanche, la survivance de ce phénomène dans nos villes, singulièrement à Bouaké nous amène à établir notre problématique suivante. 5. Problématique Certes le téléphone portable a un potentiel social non négligeable. Il sert à tisser des liens et favorise la consolidation du capital social de son utilisateur. Mais on constate qu’il a aussi des retombées négatives. L’usage symptomatique que nous dépeignons, se maintient au détriment de la communication interpersonnelle directe. Il s’agit de cette attitude qu’on les jeunes à ignorer, snober, les personnes en leur compagnie tout en communiquant avec leur téléphone. Un phénomène qui, dénote pour certains une mauvaise éducation et pour d’autres un manque de respect, fait des ravages dans les relations interpersonnelles de certains jeunes de la ville de Bouaké. L’utilisateur du téléphone portable, étant absorbé par l’univers intérieur offert par son appareil, est peu sensible à son environnement, il écoute mais n’entend pas, il regarde mais ne voit pas. Recroquevillé sur lui-même, l’appareil entre les mains, l’utilisateur est concentré sur ses opérations. Par conséquent, l’interactivité avec la machine prend le pas sur l’interaction interpersonnelle. Un exemple probant de ce qui arrive quand la technologie supplante les relations humaines. Et encore n’en a-t-on pas encore vu toutes les conséquences négatives que peut avoir le téléphone portable sur les individus et sur leurs relations. Et donc, la question qui suscite notre interrogation est la suivante : Comment le téléphone portable peut-il influencer les relations sociales interpersonnelles des jeunes à Bouaké ? A cette question centrale, il importe de savoir : - Quelles sont les logiques qui sous-tendent l’utilisation fréquente du téléphone portable par les jeunes ? - Quelles sont les conséquences que cela engendre dans leur relation et sur leur personne? - Que peut-on faire pour réduire cet usage démesuré dont fait preuve la jeunesse de Bouaké ? 6. Objectifs de l’étude De façon générale, cette étude vise à identifier l’ensemble des problèmes posés par le téléphone portable dans les interactions des jeunes à Bouaké. De façon spécifique il s’agit de : - Identifier les logiques qui sous-tendent l’utilisation du téléphone portable. - Déterminer les conséquences qui découlent de cet usage abusif dont fait preuve la jeunesse. - Proposer les solutions. MATERIELS ET METHODES 7. Nature du matériel 7.1 Types d’étude Dans le cadre de cette étude, nous avons fait le choix d’une enquête qualitative de type phénoménologique. Les méthodes qualitatives regroupent un ensemble de méthodes de collecte de données utilisées dans les recherches scientifiques. Elles trouvent leur utilité en sociologie et laissent délibérément de côté l’aspect quantitatif pour gagner en profondeur dans l’analyse de l’objet d’étude. Pour cela, diverses techniques fondées sur l’administration des questions ouvertes et l’exploitation du langage sont mises en œuvre. Pour ce qui est de l’approche phénoménologique, c’est une approche qui vise la compréhension du phénomène observé dans ses manifestations. Elle cherche à dégager le sens et les explications relatifs à des expériences sociales. 7.2 Nature des données Pour la présente étude, nous avons fait recours à deux types de données. Le premier type de donnée utilisée est issu des données primaires recueillies auprès des personnes ressources. Entendons par données primaires, les informations sélectionnées des propos et des discours tenus par les acteurs et tendant à rendre compte « de la façon dont ils vivent et se représentent les choses» (Sardan, 2000). Nous nous sommes donc appuyés sur des entretiens semi-structurés, effectués auprès des étudiants, des élèves et des jeunes ayant abandonnée leurs études. Le second type de donnée, à savoir les recherches documentaires sont des données qui ont été obtenues à partir de la recherche documentaire. Celle-ci porte sur des articles, des mémoires et bien d’autres documents qui abordent la problématique de l’usage du téléphone portable dans les relations sociales. Les informations recueillies ont servi à illustrer la présente production. 8. Techniques et outils de collecte de données 8.1 Techniques de collecte de données Les techniques de collecte des données sont des procédés employées à l’effet de rassembler les informations sur un sujet donné. En ce qui nous concerne, les techniques utilisées sont les suivantes : les entretiens semi-directifs, le focus groupe, l’observation directe, la recherche bibliographique et documentaire. - Entretiens L’entretien demeure la technique la mieux adaptée à la collecte de données qualitatives. On utilise les entretiens pour aboutir à des informations de fait ou d’opinions. Ils sont utilisés à des fins de vérification, d’approfondissement et d’exploration. Dans le cadre de cette étude, nous mobiliserons l’entretien semi-directif afin de cerner les raisons qui font de l’utilisation du téléphone portable par les jeunes, un problème dans leurs relations sociales interpersonnelles. - Focus groupe Le focus groupe est un procédé opérationnel de collecte de donnée. Appelé entretien de groupe ou entretien collectif, il consiste à collecter des informations à travers une discussion. Ce type d’entretien s’intéresse généralement à une population de six (6) à douze (12) personnes et permet au chercheur de confronter les points de vue et de faire émerger des idées permettant la compréhension d’un phénomène. Dans le cadre de notre étude le focus groupe va nous permettre de réunir six(6) jeunes afin de collecter le maximum d’information sur les raisons cet usage dont fait preuve les jeunes de Bouaké ainsi que les conséquences de cet usage sur leur relation. - Observation directe Cette technique nous permettra d’être présent sur le terrain, d’observer et de collecter les informations. Cette observation s’est faite à partir d’une grille d’observation qui a dressé les indicateurs des réalités qui ont observées sur le terrain. Pour se faire, nous nous sommes rendus à « la promenade orange ». Ainsi, nous avons pu observer les différentes conduites des jeunes avec leur téléphone portable dans leurs interactions. Le constat était que, dans presque tous les cas observés, ces derniers étaient non seulement assis à la même table mais n’échangeaient presque pas. Ils étaient tous sans exception scotché à leur téléphone, s’ignorant ainsi les uns les autres. De même que certains actes contraignant qui prenaient forme avec les téléphones portables. Pour faire simple, elle nous permis de constater les conséquences de ce phénomène de nous-même. 8.1.2 Données bibliographiques et documentaires Dans cette phase, il a été question de mobiliser tous les documents susceptibles de nous guider dans la construction de la revue critique de la littérature et dans notre enquête exploratoire. - Les données bibliographiques La recherche bibliographique est une technique de collecte d’information à partir de centres de documentation (bibliothèque du campus 1 de l’UAO) et de sites internet (Google). L’outil internet a permis également de collecter un nombre important d’ouvrages et d’articles scientifiques d’antan et aussi récents (de 2000 à 2016) en ligne traitant de près ou de loin la thématique problématique du téléphone portable dans les interactions sociales. Ce qui nous a permis de prendre connaissance de la situation globale du phénomène sur la jeunesse, de relever les insuffisances et restreindre notre cadre d’étude. - Les données documentaires Tout le long de cette étude, nous avons recouru à des documents de natures diverses. Parmi ces documents se trouvent des mémoires, des ouvrages scientifiques, revues de presse et des rapports des travaux effectués sur certaines thématiques en rapport avec notre sujet d’étude. 8.2 Outils de collecte des données 8.2.1 Guides d’entretien semi-structuré Le guide d’entretien semi structuré est le support sur lequel le chercheur s’appui pour mener à bien sa collecte de donnée sur le phénomène étudié. C’est l’ensemble des questions essentiellement ouvertes que le chercheur pose aux enquêtés au cours de l’entretien. Ce guide d’entretien permettra à l’enquêteur de diriger l’entretien sur la thématique donnée tout en laissant aussi la possibilité à l’enquêté de donner libre cours à ces idées. Dans le cadre de notre étude, nous avons rédigé trois (3) guides d’entretien adressés aux jeunes en fonction de nos objectifs. Les buts recherchés dans les guides d’entretien étaient de recenser les avis des acteurs, les facteurs explicatifs des différentes mutions comportementales dû à l’utilisation excessive du téléphone portable, les conséquences que cela engendre dans leurs interactions quotidiennes. 8.2.2 Journal de terrain Le journal de terrain est un support qui permet à l’enquêteur de guider son observation sur les réalités du terrain qui l’intéressent pour mener à bien son investigation. Dans le cadre de notre étude, notre journal de terrain nous a permis d’observer : Tableau 1 : guide d’observation de l’enquête exploratoire 15/04/2019 au 13/05/2019 Date Site visité Faits observés Université Alassane Ouattara (campus 1 et 2) Quartier d’AIR France Comportements des jeunes en groupe avec leur portable. Comportements des jeunes en groupe sans leur portable. L’ambiance que crée le portable au sein de leurs relations sociales interpersonnelles. Le rôle que joue le portable dans leurs interactions sociales. Source : journal de terrain utilisé au cours de l’observation directe Du 15/04/19 au 13/05/19. 9. Identification des enquêtés et le déroulement de l’enquête 9.1 Processus d’identification des enquêtés L’enquête exploratoire que nous avons menée le 15/04/2019 au 19/04/2019, nous a permis de prendre contact avec un certain nombre d’acteurs. Pour se faire, nous avons eu recours à la technique d’échantillonnage qui consiste à sélectionner des éléments de la population cible sur une base. Comprenons par échantillonnage un mot provenant du mot échantillon qui signifie « fragment d’un ensemble sur lequel on réalise des mesures ou des essaies ». Ainsi, nous avons interrogé individuellement des étudiants, les élèves des collèges et lycées, des jeunes non scolarisé et des jeunes ayant abandonné les études très tôt pour avoir leurs avis sur le phénomène. 9.1.1 Critère de sélection et choix des enquêtés - Critère de sélection Toutes les personnes ne peuvent être interrogées. Seules les personnes ressources doivent y figurer. En ce qui concerne notre étude, les jeunes dont la tranche d’âge est comprise entre 14 et 24 ans sont retenues comme critère de sélection de nos enquêtés. - Choix des enquêtés (choix raisonné) Le choix des enquêtés se fait par le biais de la technique d’échantillonnage du choix raisonné. Le recours à cette technique consiste à sélectionner de façon délibérée les individus afin de construire notre échantillonnage. - Taille de l’échantillonnage Nous avons décidé d’interroger des étudiants, des élèves, des jeunes non scolarisé (jeunes ayant abandonnée les études en 3ème et 5ème) et des jeunes salariés. Sur la base des chiffres nous avons interrogés lors d’un focus groupe six (6) étudiants au campus 2 et lors de nos interviews, avons interrogés cinq (5) étudiants. Nous avons aussi interrogé trois (3) élèves (2 lycée djibo et 1 du lycée classique). Ensuite, nous avons interviewé deux (2) jeunes non scolarisés (à TCHELEKRO). Et enfin, dans le cadre du travail, nous avons interrogé un (1) jeune (à AIR FRANCE). En définitive, notre échantillonnage regroupe 17 enquêtés. Tableau 2 : Effectif total Statut Campus 2 social Cité Lycée forestière djibo Etudiants Focus Lycée Tchêlêkro Air Classique 3 France 2 Nombre d’enquêté 11 groupe (6) Elèves 2 1 Non 3 2 2 scolarisés salarié 1 TOTAL 1 17 enquêtés Source : enquête de terrain du …/…/… au …/…/… 9.2 Déroulement de l’enquête 9.2.1 Présentation du cadre de l’étude Toute recherche scientifique nécessite une saisie totale de l’objet à étudier, cette tâche ne saurait aboutir si on ne prend pas le soin de circonscrire l’objet en question. C’est le but de la délimitation du champ ou du terrain de notre étude. Nous tenterons de faire une délimitation géographique et sociologique. 9.2.1.1 Champ géographique Le champ géographique de cette étude désigne l’emplacement géographique de notre site d’étude et plus précisément notre objet d’étude. Ici, il est question de décrire l’objet d’étude dans l’espace. De ce fait, c’est la ville de Bouaké que nous avons choisie. Deuxième grande ville de la Côte d’Ivoire, elle est située au centre du pays, dans la vallée du Bandama, sur la voie ferrée Abidjan-Niger, à 350 km environ au nord d’Abidjan et à 100 km au nord-est de Yamoussoukro. De manière plus pointilleuse, elle est situé, à la latitude 7°69 N et à la longitude 5°03 O et s’étend sur une superficie de 72 km2. 9.2.1.2 Champ sociologique A ce stade de l’étude, il s’agira pour nous de cerner les caractéristiques des personnes que nous allons interroger pour comprendre l’influence du téléphone portable dans les relations interpersonnelles des jeunes. A cet effet, la population que nous voulons étudier est composée de jeunes étudiants et élèves de collèges et lycées dont l’âge varie entre 14 et 24 ans, à savoir filles comme garçons. Notifions que les acteurs concernés sont tous de la ville de Bouaké. 9.2.2 Période de réalisation des enquêtes Dès la validation de notre thématique, le (.. /../..). Nous avons entamé les recherches documentaires afin de mieux comprendre notre sujet d’étude. La collecte de données documentaires a eu lieu tout le long de la réalisation de notre étude. Ensuite l’enquête exploratoire s’est déroulée sur une période d’environ un (1) mois, du 15/04/2019 au 13/05/2019. Nous avons débuté l’enquête proprement dite le (../../..) et pris fin le (../../..). Cependant, au fur et à mesure que nous rencontrions des difficultés particulières dans notre rédaction, nous retournons sur le terrain pour plus d’éclairage. 10. Traitement et cadre d’analyse des données Notre étude s’inscrit dans une approche qualitative mais aussi dans une approche monographique. Ainsi la plupart des données proviennent des entretiens semi-directifs réalisés avec les étudiants, les élèves, les déscolarisés et les salariés et de nos observation directes. En ce qui concerne le traitement et l’analyse des données, nous avons effectués un dépouillement suivant les objectifs de recherche. Au regard de la quantité d’information recueillie lors des entrevues, tout propos qui s’éloigne de notre objectif est mis à l’écart. Aussi, cette opération consiste à explorer chaque entretien afin d’identifier l’homogénéité et la dissemblance dans les discours des enquêtés. Les résultats de cet exercice nous ont permis de décomposer nos différents objectifs visés en indicateur découlant des propos des acteurs. 10.1 Cadre théorique et conceptuel d’analyse - Théorie de l’interactionnisme symbolique Dans le cadre de ce travail nous allons utiliser l’interactionnisme symbolique. L’interactionnisme symbolique est un courant de pensée né à Chicago, aux Etats Unis d’Amérique au début du XXème siècle. Il a comme initiateur Georges Herbert Mead et son disciple Herbert Blumer. L’idée véhiculée par l’interactionnisme symbolique s’énonce comme suit : Selon le cadre théorique méadien, développé à l’aide de recherche en éthologie, l’interaction symbolique (communication verbale et non verbale) entre les individus humains détermine le sens que ces derniers accordent au monde et à leurs propres états mentaux. Par contre, Herbert Blumer énonce trois (3) principes brefs et complets définissant l’interactionnisme symbolique comme : « 1. Les humains agissent à l’égard des choses en fonction du sens qu’ils attribuent à ces choses. 2. Ce sens est dérivé ou provient de l’interaction sociale que chacun a avec autrui. 3. Ces sens sont manipulés dans, et modifiés via, un processus interprétatif utilisé par la personne pour interagir avec les choses rencontrées. » Ainsi, l’action se fonde à partir du sens, ce dernier émerge à travers les interactions interpersonnelles situationnelles grâce à une réalité intersubjective reposant sur des symboles langagiers partagées. Le deuxième principe s’inscrit directement dans l’optique de Mead pour qui « l’univers des significations émerge d’un processus de coopération et d’adaptation mutuelle au sein du groupe social ». (De Quiezez, p.31) Mais c’est le troisième principe qui caractérise le mieux l’approche interactionniste et qui permet de dépasser les cadres déterministes, car c’est ce processus herméneutique d’interprétation qui crée un sens nouveau pour chaque individu transformant sans cesse les significations des objets. C’est cette capacité réflexive qui constitue, pour le sujet, la base de la construction interactionniste ; l’individu contrôle ses actions en agissant sur lui-même et tout selon les circonstances et le contexte. Les individus sont des producteurs de leur propre action et signification. Bien que vivant dans un même cadre social, chaque acteur social donne un sens individualisé à l’action, selon les circonstances, aux objets et aux situations qui caractérisent ce cadre social ou environnement matériel. (Magalie KABALE) La théorie de l’interactionnisme symbolique nous permettra d’appréhender les actes de communication posés au cours des interactions entre jeunes dans leur utilisation du téléphone portable. En effet, comme montré plus haut, les acteurs sont les créateurs de leurs propres significations. Et ce sont toutes ces significations attribuées aux gestes, comportements, aux paroles, aux égards, au manquement dans les relations des jeunes que nous nous attacherons à mettre en exergue dans notre travail. 11. Limite des choix méthodologiques et restitution des résultats 11.1 Limite des choix méthodologiques o Difficultés de l’étude Au plan social, certains jeunes ont refusé de se prêter aux enregistrements vocaux. o Limite de l’étude Dû au vaste espace géographique de la ville de Bouaké et par faute de moyens financier, nous n’avons pu nous rendre dans tous les quartiers de la ville pour notre enquête. Cela aurait pu apporter un plus aux éléments de notre recherche. 11.2 Plan de restitution des résultats Cette étude comprend trois (3) parties principales. La première partie est consacré aux facteurs liés à la problématique du téléphone portable dans les interactions entre à Bouaké. Dans la deuxième partie, il s’agit de présenter les conséquences liées à cette problématique. Enfin, la troisième partie consiste à proposer des solutions. RESULTATS CHAPITRE 1 : FACTEURS LIES A LA PROBLEMATIQUE DU TELEPHONE PORTABLE 1. Réseaux sociaux comme fondement de l’appartenance au téléphone portable. Lorsque nous posions la question aux jeunes de savoir « Pour quelle fonction ou application utilisez-vous le plus votre téléphone portable ? », nous avions des réponses comme : « Whatsapp » « Whatsapp et Facebook » « Wha, Fb, Instagram » A travers ces propos l’on note que les réseaux sociaux sont les plateformes interactives qui sollicite le plus l’usage du téléphone portable. Pour d’autres, téléphone portable et réseaux sociaux vont de pair. « Comme je le disais, de nos jours on associe le téléphone portable directement aux réseaux sociaux, c’est ce qui donne de la valeur au téléphone portable et vice versa » De plus, selon notre guide d’observation les réseaux sociaux seraient devenus pour les jeunes le point médian de toutes leurs interactions. 2. Le téléphone portable, un monde virtuel avec peu de rigueur comme facteur d’incitation à son l’utilisation excessive. « Lorsqu’on cause avec une personne via téléphone portable, on est libre de dire et de faire ce que tu veux. Dans le monde virtuel il y a une certaine liberté, on arrive facilement à causer sans honte, tu arrives dire ce que tu ressens, à t’exprimer, tu arrives à dire ce que tu veux dire sans avoir les yeux braqués sur toi, pour s’interroger pour dire qu’est-ce qu’il dit celui-là, qu’est-ce qu’il raconte celui-là. C’est ce qui fait que tout le monde est là-bas parce qu’ils se sentent libre » « Bof, quand c’est ennuie je me centre sur mon téléphone portable » C’est dire qu’avec le téléphone portable l’on rencontre un peu plus de légèreté, on est un plus décontracté car on ne voit pas son interlocuteur. Les paramètres d’une interaction physique impliquent le plus souvent la gêne de prononcer certains mots, de dire certaines choses, en un mot, il existe la honte dans les interactions physiques. Et le plus souvent ces paramètres ne font pas partis des paramètres interactives du monde virtuel. D’un autre côté, d’autres soutiennes le fait que les relations sociales ‘’physiques’’ sont souvent accompagnées de dispute. Et donc leur téléphone portable leur permettrait de rester à l’écart de ces algarades (querelles). « J’aime plus rester à la maison manipuler mon portable, paé dehors y’a trop de discours » 3. Le téléphone portable comme un tout Le téléphone réunit quotidiennement des jeunes qui sont majoritairement fascinés par les options qu’il offre. En effet lors des entretiens, ils n’ont cessé de venter certaines aptitudes du téléphone portable qui au fur et à mesure leur facilitaient la vie. Ils disent : « Pour moi, le téléphone portable est super pratique, qui me permet de communiquer avec mes proches, et quand le besoin se fait sentir, il me permet de faire mes recherches et même trouver du boulot » « Avec un téléphone portable on peut tout faire, recevoir de l’argent en claquement de doigts, de communiquer avec ses proches et pour moi surtout il me sert pour le commerce » « : Pour moi le téléphone est d’une nécessité cruciale car il me permet d’être en relation et toujours en communication avec mes proches, souvent il me permet de faire des recherches sur le net et autres. » « : Mon téléphone, il est prioritaire pour moi. Car il me permet de rester en contact avec mes connaissances qui sont près de moi ou éloignés. Et de me distraire. » Alors, hormis l’aspect communicatif qu’offre le téléphone portable, pour certains, il revêt, à travers leurs propos, un aspect commercial. Ils l’utilisent pour presque tout faire. Ils le personnalisent, le téléphone portable devient leur « frère », « pote fidèle », « confident », « enfant », « ami ». Il offre des possibilités évasives, didactiques, commerciales, avec l’avènement des réseaux sociaux sur les téléphones portables. Et c’est ce qui donne en quelque sorte plus de valeur au téléphone portable, vu que certains d’entre eux y passent tout leur temps. « Moi, j’utilise mon portable la plupart pour les réseaux sociaux » Mais, à travers cela, nous remarquons que le téléphone portable est devenu le point médian vers lequel convergent tous les jeunes. Et c’est bien là le problème. Il devient ‘’un tout’’, ‘’un tout en un’’, un objet capable de tout faire de focaliser l’attention sur lui, de captiver n’importe qui et donc de rendre dépendant très rapidement. CONCLUSION PARTIELLE La présence et l’influence des facteurs poussent les jeunes à plus de régularité et d’engagement dans l’utilisation du téléphone portable. Il s’agit entre autre des réseaux sociaux, la légèreté des paramètres socio-interactives et la globalité d’options ou services qu’offre le téléphone portable. Ce qui entraine évidemment des conséquences négatives aussi bien pour leur entourage que pour les usagers eux-mêmes. CHAPITRE 2 : CONSEQUENCES LIEES A LA PROBLEMATIQUE DU TELEPHONE PORTABLE DANS LES INTERACTIONS ENTRE JEUNES A BOUAKE Cette partie est consacrée à l’analyse et la présentation des conséquences négatives qu’engendre le téléphone portable ou son utilisation dans les interactions sociales des jeunes. L’analyse et la présentation sont des processus pratique d’examen et de compréhension de la réalité des conséquences du téléphone portable ou de son utilisation. Cet examen nous permettra de mieux cerner la gravité de ce phénomène afin de prendre conscience de ses répercussions sur les relations sociales qu’entretiennent les jeunes. Pour se faire, cette partie est divisée en deux (2) parties. La première partie fait part des conséquences au niveau individuel et la deuxième, les conséquences au niveau social ou interactionnel. 1. Conséquences individuels du téléphone portable et de son utilisation. La plupart des jeunes sont largement attirés par le téléphone portable et par la satisfaction ludique, didactique et tous les autres aspects qu’il leur offre. Cependant, eux-mêmes reconnaissent, à travers leurs propos, que le téléphone portable aurait des répercussions néfastes sur leur personne. D’une part, à travers leurs propos, l’on noterait que le téléphone portable est devenu leur plus grande occupation. Ils ne s’en séparent presque plus, ils l’utilisent excessivement et de manière délibérée. « Je l’utilise toute la journée 24h/24. Tant que le sommeil n’est pas venu à moi je suis dessus. Même souvent il y a des ruptures dans le sommeil, je sursaute parce que je n’ai pas regardé ma messagerie. » « La majeure partie de mon temps je l’utilise » « Annnnh je ne peux pas convertir ça en heure mais dès que j’ai u temps libre je m’y mets. » « Tant qu’il n’est pas déchargé je suis dessus » Cette utilisation non structurée du téléphone portable laisse place à une dépendance chronique du téléphone portable de cet outil. En effet cinq (5) personnes sur six (6) affirment être dépendants du téléphone et peine à s’en défaire, voire même non envisageable pour d’autres. « La nuit je ne dors pas, je cause, j’envoie des messages un peu comme quelqu’un qui est addict à la drogue. » « Le téléphone a un côté néfaste, dans la mesure où il devient une drogue pour ce qui sont attachés. » « Je suis dépendante du téléphone portable. Donc ça fait que quand mon téléphone se gâte je deviens nerveuse parce que je me dis que je rate tout de la vie. » « C’est très difficile de vivre sans » En plus de ce problème addictif certains affirment que le téléphone portable serait la cause de plusieurs autres maladies dus aux ondes électromagnétiques qu’il rejette. Ils le disent en ces termes : « Tu sais, les ondes qu’on appelle onde radioactive que dégage là est source de cancer et tout. » Tandis que d’autres affirment être malade à cause du téléphone portable certes mais en plus claire à cause de la mauvaise utilisation qu’ils en font. « Le téléphone nous rend malade aujourd’hui, on l’utilise mal. » « Moi, particulièrement mes problèmes d’yeux je les dois en majorité au téléphone portable. La lumière du téléphone portable me fatigue, je suis tout le temps dessus. » « On ne dort même plus à cause de notre téléphone portable or le sommeil est réparateur. Et on s’étonne d’avoir une anorexie, d’être anémié. » D’une part, l’une des conséquences majeure du téléphone portable sur leur personne est la mauvaise éducation qu’ils acquièrent via leur outil. En outre, le téléphone portable serait la clé qui leur ouvre la porte vers l’interdit. Ils l’utilisent à des fins dites « malsaines » par certains de leur semblable. « Pour moi le portable est source de dépravation des mœurs. Il ne nous apprend pas les bonnes choses. Il déprave la jeunesse. » « A cause du téléphone on est capable de parler mal à nos parents » « Au fait pour moi le téléphone nous sert à mentir » « Les arnaques ce n’est pas seulement avec les ordinateurs qu’ils le font, ils le font maintenant avec leurs portables. » « Egalement, il y en a d’autres qui visitent les sites pour adultes. » « Il apporte aussi une mauvaise éducation en ce sens où il y a des personnes, des jeunes surtout qui utilisent l’internet via leur téléphone portable pour regarder des films pornographiques et autre. » A travers ces propos l’on noterait tout simplement que le téléphone est l’une des bases de la perversion des jeunes, de la dépravation des mœurs. Il facilite aussi le mensonge et l’impolitesse à un certain niveau. 2. Les conséquences sur les interactions sociales des jeunes Le téléphone affecte aujourd’hui les relations sociales des jeunes. Le premier problème comme signifié ci-dessus vient du fait que le téléphone portable crée une dépendance. Ainsi les jeunes sont poussées à utiliser constamment et à n’importe quelle occasion leur téléphone portable y compris dans leurs interactions physiques avec leur semblable. Dans ce cas-ci, l’interaction, la communication est dite superficielle car la définition de la communication est d’établir un contact avec autrui, mais si celui-ci est incomplet ou inutile, peut-on vraiment faire référence à la communication ? Le but du téléphone portable s’est donc modifié au fur et à mesure qu’il prenait de l’ampleur. Il ajoute des barrières à la communication. Selon certains enquêtés, le téléphone portable est un objet très captivant et surtout distrayant. Pour eux, il est fréquent de voir certaines personnes de se détacher du monde physique, de leur entourage pour un monde virtuel. « Souvent même tu parles à quelqu’un qui est sur son téléphone pendant des minutes et lui il te dit « tu dis quoi ? » Les relations sociales entre jeunes ne sont plus ce qu’elles étaient il y a de cela cinq (5) ans. La préférence pour les interactions médiatisées se fait de plus en plus ressentie, au détriment des relations interpersonnelles. « J’avoue que je suis plus portable que sortir rencontrer des amis parce qu’il est toujours avec moi. » « Avant, à l’ancienne quand on n’avait pas de téléphone, tu pouvais aller voir ton amie pour critiquer des gens, vous échangez bien, souvent tu n’as même pas envie de rentrer à la maison mais aujourd’hui à cause du téléphone portable, on se dit bon c’est mieux de rester à la maison, plus besoin de se déplacer. » « Il n’y a plus de vie sociale au fait. Aujourd’hui on préfère être avec son téléphone qu’être avec son frère, avec ses ami(e)s physiques parce qu’on se dit déjà si c’est j’ai mon téléphone j’ai tout » A travers ces dires, l’on dirait que le désintérêt pour la présence humaine commence à faire sortir ses marques. Certains des enquêtés considère même comme un mal, le fait que eux, jeunes, à cause de leur téléphone portable cherche à éviter les contacts, à s’afficher visiblement comme isolé, en communication avec un autre distant ou bien même en train de jouer, et ce, même lorsqu’ils sont en compagnie d’une personne, d’un groupe. « Ce que je trouve déplorable c’est de prendre son téléphone portable et l’utiliser à toute fin pendant que tu es en présence d’une personne. » « Si par exemple on décide de se voir entre jeunes, à la limite on n’échange même pas entre nous, chacun est connecté sur les réseaux sociaux, sur whatsapp, occupé à faire autre chose que ce pourquoi on est réuni. » « Je peux dire qu’il impacte négativement nos relations entre amis. » Par contre, pour d’autres enquêtés, le fait de se trouver en présence de personnes scotchées à leur téléphone est pour eux normal. Cela n’aurait pas une aussi grande importance du moment où aussi « ils ont leur téléphone portable ». Ce qui laisse entrevoir, “ la manière de vivre ensemble séparé“ que favorise le téléphone portable. En plus de cela, certains n’ont pu s’y résoudre à reprocher au téléphone portable de nombreux méfaits de notre société en rapport avec les jeunes. Pour eux, il « désuni », « crée des mésententes entre couple », « il est à la base de beaucoup de rupture », il y est pour beaucoup dans « la situation de la profanation de tombe de dj Arafat, tout ça là est parti des réseaux sociaux, c’est la mauvaise utilisation des réseaux sociaux. En tout cas le téléphone a rendu la jeunesse dépravée, elle perd ses repères. ». De plus, selon notre guide d’observation, le téléphone portable régit un système, un monde dans lequel sont laissés pour compte les « sans téléphone portable ». Tout se fait par téléphone portable, les RDV, les papotages… . Et donc être sans téléphone portable serait être dans l’ennuie la plus totale pour certains jeunes. Il devient donc une aubaine pour celui qui l’a et un problème pour celui qui en est dépourvu. Selon les propos des enquêtés ; « Aujourd’hui une fille de 15 ans qui n’a pas d’Android se voit bannit de la société » comme pour dire qu’une vie sans téléphone est atroce or il existe une vie en dehors du téléphone portable. CONCLUSION PARTIELLE Les conséquences négatives du téléphone portable et de l’usage démesuré des jeunes se présentent dans un ordre précis. Elles débutent par une dépendance. Il s’ensuit alors les difficultés d’équilibre émotionnel, psychologique. Certains jeunes présentent alors des problèmes de santé. Et après ceux-ci surviennent les difficultés nouvelles d’intégration sociales des jeunes, à travers leurs différentes mutations comportementales créées par le téléphone portable et de l’excessivité de l’usage qu’ils en font qui empiètent sur leurs interactions, leurs relations sociales. Il s’avère donc nécessaire pour les fabricants, les jeunes eux-mêmes, les parents des jeunes mineurs, pour l’Etat de prendre des mesures et dispositions permettant de minimiser les risques de dépendances au téléphone portable. C’est pourquoi nous allons dans la partie suivante de notre travail faire des propositions aux jeunes, aux autorités étatiques et aussi aux différentes structures désireuses de vouloir s’informer pour leur permettre de prendre des dispositions. CHAPITRE 3 : PROPOSITIONS DE SOLUTIONS En plus de nos recherches sur la question, certains enquêtés ont pris la liberté de proposer des solutions afin de freiner leur addiction au téléphone portable et d’éviter « beaucoup de catastrophes » selon eux. - Au niveau de l’Etat Pour certains enquêtés, il faut que l’état s’ingère dans la lutte pour freiner l’élan démesuré de l’usage du téléphone portable pour les jeunes. Et ce en vue de redorer l’image du pays et aussi permettre à la jeunesse d’être sage. « Comme je le disais moi j’associe plus le téléphone portable aux réseaux sociaux, donc ce que je propose vraiment, c’est que les réseaux sociaux soient réglementés de sorte à ce que n’importe qui ne puisse n’importe quoi sur les réseaux, parce que mine de rien c’est nom du pays qui s’en va hein » « L’état à un rôle à jouer dans cette affaire-là, s’ils font que les sites pour adultes sont bien protégés ça va diminuer le nombre de jeunes pervers et donc moins de risque de voir les sextape par-ci, par-là » - Au niveau des parents dont leurs enfants sont encore mineurs Selon pédopsychiatre Stéphane Clerget, le rapport obsessionnel des adolescents à leur téléphone peut être contré par un réinvestissement des parents dans les activités de leurs enfants. En plus clair, il faille que les parents nourrissent au maximum le quotidien familial. Ils peuvent les provoquer avec des activités artistiques, sportives et ludiques. De même que pour certains enquêtés, les parents devraient plus surveiller le contenu du téléphone leurs enfants, les habituer à autre chose que le téléphone portable. « Pour les plus jeunes 13 à 16 ans, essayer de restreindre leur accès à la globalité des médias » « Jusqu’à 18 ans les parents doivent contrôler les jeunes, les sites qu’ils vérifient » « Pour les parents, il faut plus habituer leurs enfants à autre chose qu’à être centré sur le portable » - Au niveau des jeunes eux-mêmes Comme le disait Mme Dunn « si vous avez vraiment besoin de votre téléphone portable, il ne va pas vous tuer si vous vous en servez. Mais il y a un avantage réel et tangible à mettre votre portable de côté lorsque vous passez du temps avec vos amis » Ainsi les interactions retrouveraient leurs vigueurs. De même pour certains enquêtés, cette tâche parait difficile, ils affirment qu’il faille quand même essayer de prôner l’interaction physique. « C’est difficile hein mais essayer d’être plus sociable, déposer son portable 5 min juste histoire d’aller saluer la voisine d’à côté, de plus se parler en vrai et non virtuellement » Pour d’autres, la meilleure manière pour que cela puisse marcher c’est de : « Se donner du temps les uns aux autres » « Avoir des moments récréatifs avec ses proches, famille et autre pour diminuer en nous l’influence du téléphone portable » « Pour nous jeunes, c’est une question d’habitude, commençons par changer nos habitudes » CONCLUSION PARTIELLE Au terme de cette partie, nous pouvons dire que les solutions s’attribuent à trois (3) entités. D’abord, l’état, qui pour certains devraient se charger de la restriction d’options et de publications sur les réseaux sociaux et autres sites pour adultes. Ensuite, les parents, qui selon d’autres devraient plus s’impliquer dans le quotidien familial, adopter un comportement nouveau et être plus attentif au contenu des téléphones de leurs enfants. Enfin, les jeunes, pour eux, de manière générale, ils préconisent de changer leurs habitudes pour interagir plus physiquement. DISCUSSION SYNTHESE DES RESULTATS Le téléphone portable a connu une évolution spectaculaire au cours de ces deux (2) dernières décennies. Des téléphones portables basiques à une pluralité de service faisant de lui un objet à forte ampleur. En grande partie pour les jeunes, pour qui, il est devenu un objet presque indispensable, qu’il en vient même à changer leur personne, leurs interactions sociales. Notons à cet effet que la ville n’est pas épargnée par ce phénomène, les jeunes vivant en son sein ont pour le téléphone portable une très grande dévotion. Les raisons d’une telle appartenance sont dues, d’emblée aux réseaux sociaux, l’un des fondements principal de leur appartenance, pour la plupart d’entre eux. Ensuite, vient la légèreté des paramètres socio-interactifs du monde virtuel qu’offre le téléphone portable. Enfin, la globalité d’options ou de services que présente le téléphone portable comme facteur d’incitation à son utilisation excessive. De plus, cette appartenance obsessionnelle du téléphone portable dont fait preuves les jeunes laisse place aux conséquences tant au niveau individuel que social. Il engendre des problèmes au niveau de leur personne et dans leurs interactions sociales. Au regard des différents problèmes que crée le téléphone portable, il faille que les autorités étatiques, les parents de jeunes mineurs et les jeunes eux-mêmes de bien vouloir se réorienter sur les dégâts que cause le téléphone portable dans les relations afin de ralentir tant soit peu son élan qui est apriori effréné. ETUDE COMPAREE Similitudes Dans notre étude, nous avons noté que le téléphone portable a investi le quotidien des jeunes de Bouaké. Pour eux, en plus de son aspect communicatif et multitâche, il revêt une dimension qui va au-delà de son aspect “objet”. Nos résultats rejoignent ceux de (Aurélie Charpentier, 2006) dans son article « le mobile, doudou du XXe siècle » en ces termes « mobile miroir et multitâche ». De même que nos résultats, (Aurélie Charpentier, 2006) affirme dans article que le téléphone portable revêt trois (3) dimensions qui sont à dissocier de l’aspect objet. De plus, selon le rapport de (Pasquier, 2001), le téléphone portable était plus qu’un objet, il remplissait une fonction de sociabilité intra-générationnelle chez les jeunes. Ce qui est en conformité avec nos résultats obtenus sur le terrain. L’étude “living and learning with new media” les sites de réseau social, les téléphones portables sont désormais les accessoires de la culture des jeunes. Conformément à nos résultats obtenus téléphone portable, sites de réseau social et jeunes eux-mêmes ne font maintenant plus qu’un. Concernant, les conséquences, notre étude a révélé que le téléphone portable est un objet de dé-communication. C’est ce qui est affirmé par (Serge Tisseron, 2001) quand il dit que le téléphone est souvent utiliser pour ne pas communiquer. Par contre comme (Dan Véléa, 2014) l’affirme le téléphone portable engendre de grande souffrance chez certains internautes dépendants, son absence entraine une sensation angoissante. De même que pour (Stéphane Clerget, 2016) le téléphone portable a des conséquences sur la qualité des vies jeunes. Ces écrits rejoignent nos résultats. Ils ont montré que les enquêtés accusaient le téléphone portable d’être la source de plusieurs maux liés à leur santé. Cependant, il est bon de noter qu’il existe des divergences, des manquements dans ces écrits qui ne sont pas en conformités avec nos résultats. Divergences La particularité d’une recherche scientifique, c’est d’apporter de nouvelles connaissances à la communauté scientifique. Nos résultats ont montré que l’une des raisons qui incitait les jeunes à l’utilisation excessive du téléphone portable est la légèreté des paramètres socio-interactifs qu’offre ce dernier. Alors que les études de (Serge Tisseron, 2001), (Albert Jacquard, 2002), (Aurélie Charpentier, 2006), ne l’ont pas signifiées. De plus, pour (Corine, 2003) le portable est un outil de maintien de cohésion sociale et familiale. Ce qui est bien révolu. Le téléphone portable est aujourd’hui l’un des plus grands acteurs des discordes dans la société, comme le montre notre étude. L’une des différences majeures qu’a notre étude est qu’il comprend un volet “solutions” qui est proposé par les enquêtés eux-mêmes. L’un des plus grands manques de ces écrits qui ont servi pour la revue de la littérature. Cependant, l’omniprésence de ce phénomène au sein de la ville de Bouaké, nécessite certaines recommandations, en plus de celles montrées dans nos résultats, pour renforcer la lutte contre le « snobisme », le « phubbing », entre jeunes à Bouaké. CONCLUSION GENERALE En conclusion, notons que le téléphone portable, apparu à la fin du XXème siècle, est aujourd’hui un élément à part entière du quotidien d’un nombre important de personne. Il a su s’ingérer dans le quotidien de presque tous, particulièrement de la jeunesse. Un objet qui a su se glisser dans leur environnement, et en modifiant par la même occasion leurs échanges, leurs façons de communiquer, créant ainsi des problèmes allant de l’addiction au téléphone portable à un nombre important de répercussions sur les interactions sociales. C’est dans ce sens que la question du téléphone portable et de l’usage qui en est fait s’inscrit dans le champ de notre sujet de mémoire intitulé « la problématique du téléphone portable dans les interactions entre jeunes à Bouake. » Pour réaliser cette étude, nous avons mobilisé l’ensemble de la méthodologie des sciences sociales, des méthodes, techniques et outils propre à l’approche qualitative. Le choix de cette approche a eu pour intérêt de comprendre les raisons qui régissent cette problématique du téléphone portable au sein de la ville de Bouaké. Conformément, à nos objectifs, nous avons scindé nos résultats en trois (3) grandes parties. La première partie consistait à identifier les logiques qui sous-tendent l’utilisation du téléphone portable. Il en ressort que ces logiques sont d’ordre multiple. D’abord, les réseaux sociaux comme usage principal du téléphone portable, ensuite vient la légèreté des paramètres socio-interactives qu’offre le téléphone portable et enfin la globalité d’options que présente le téléphone portable comme un facteur d’incitation son utilisation excessive. La seconde partie visait à présenter les conséquences qu’engendre la problématique du téléphone portables dans les interactions entre jeunes à Bouaké. Ainsi nous avons pu relever que les conséquences s’établissaient à deux niveaux. D’une part les conséquences individuelles qui comprenaient un ensemble un nombre de méfaits sur la personne de usagers comme « la dépendance » au téléphone portable ou encore la mauvaise éducation délivrée par celui-ci et d’autre part des conséquences sociales, des conséquences qui attraient directement à leurs interactions sociales, aux répercussions négatives qu’a le téléphone portable sur les relations interpersonnelles. La dernière partie fut consacrée aux différentes propositions de solutions dans l’optique de freiner l’élan et l’utilisation démesurée du téléphone portable. Il en ressort donc de cette partie, qu’ afin de ralentir tant soit peu son élan qui est a priori effréné, il faille que pour les autorités étatiques, les parents des jeunes mineurs et les jeunes eux-mêmes de se réorienter sur les dégâts que cause le téléphone portable sur leur personne et aussi dans leurs relations avec leurs semblables. En somme, au regard des résultats susmentionnés, il ressort que nos objectifs ont été atteint. Nous pourrions sans aucun doute déployer la réflexion indéfiniment, le champ d’étude ouvert devant nous est infini. Il est dès à présent primordial de se pencher avec sérieux sur ces phénomènes, et de travailler à la promotion et à la récupération d’une vie sociale satisfaisante pour tous.