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MEMOIRE DE LICENCE (Enregistré automatiquement) 1

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UNIVERITÉ ALASSANE OUATTARA
UFR Communication, Milieu et Société
Département d’Anthropologie et de Sociologie
MÉMOIRE DE LICENCE
Sujet : LA
PROBLEMATIQUE DU TELEPHONE PORTABLE
DANS LES INTERACTIONS ENTRE JEUNES A BOUAKE.
Présenté par :
Sous la direction de :
Irié Bi Tra Marc Laurel
Dr. Groghué
Année académique : 2018-2019
INTRODUCTION GENERALE
1. Contexte de l’étude
Le téléphone portable est l’une des avancées technologiques majeures ayant marqué ces
dernières décennies. Né de l’esprit de Martin Cooper, qui était le directeur général de la division
communication chez Motorola, le téléphone portable a été inventé dans le but de faciliter les
échanges de paroles entre locuteurs et interlocuteurs qui sont éloignés. Autrement dit, le
téléphone portable vient, pour faire disparaitre les barrières de communication, tels que le fait
de patienter des jours, voire des mois pour la réception de lettres ou encore le côté de sédentaire
du téléphone fixe. En effet, le téléphone portable a rapidement su se rendre indispensable à nos
yeux au fur et à mesure de sa progression technologique et cela est particulièrement dû au fait
qu’aucun autre mode de communication n’avait jusqu’ici réussir à combiner rapidité et
simplicité1. C’est ce qui justifie la place prépondérante qu’il occupe au cœur des interactions
sociales des hommes, des femmes et depuis quelques temps des jeunes.
En outre, en raison de son amélioration de plus en plus révisé ces dernières années, le téléphone
offre désormais plus de fonctions qu’auparavant ; qui chemin faisant, lui donne un caractère de
mode et d’attirance pour les jeunes utilisateurs (Corine Martin, 2003). Par conséquent, le
téléphone portable est devenu pour les jeunes « une immense agora ». (Stéphane Clerget, cité
par Céline Cabourg, 2016)
Tout le monde est vissé à son téléphone portable, mais chez les jeunes il est au centre ; car ils
n’ont souvent jamais connu leur vie autonome sans cette machine qu’est le téléphone portable
(Corine Martin, 2003). Il apporte aux jeunes une certaine intimité, il leur donne accès à un
réseau de communication en dehors de la tutelle parentale (Richard Ling, 2002). Si on reste
dans ce registre, on peut dire que le téléphone est la “pierre philosophale” qui leur permet
d’avoir accès à l’universel et leur donne « des supers pouvoirs » : car grâce à lui, ils se
téléportent et sont en lien permanent avec le reste du monde. Il leur génère aussi des libertés et
facilite certaines de leurs tâches (Stéphane Clerget, cité par Céline Cabourg, 2016). De plus,
avec les nouveaux modes de discussion instantanée, le portable est presque devenu
incontournable dans toutes les interactions sociales surtout dans celles des jeunes.
C’est dire que le téléphone a réussi à révolutionner la vie quotidienne des individus,
particulièrement les jeunes. Parce que pour eux le téléphone portable tient lieu aujourd’hui
1
Tpetel.e-monsite.com/pages/le-telephone-portable-son-histoire/histoire et evolution.html
“d’ami virtuel”, “d’animal de compagnie”, “de boite à trésors”… (Stéphane Clerget, cité par
Céline Cabourg, 2016).
Paradoxalement, le téléphone portable a tellement “bien fait” les choses, qu’il est
aujourd’hui victime de son propre succès. Lorsqu’on y regarde de plus près, l’évolution
prépondérante du téléphone portable présente de nombreux inconvénients pour l’homme et son
entourage. Au lieu de l’utiliser positivement, certaines personnes l’utilisent malheureusement
à des fins, qui pour certains dérogent la morale. Aujourd’hui nous sommes bien obligés de
constater la prééminence des sollicitations du téléphone portable sur la relation physique en
cours. Les gens répondent, partout et tout le temps y compris au milieu des conversations les
plus importantes. Et cela se perçoit le plus chez les plus jeunes. D’ailleurs, il n’est pas rare
aujourd’hui, lors d’un face à face, de devoir patienter plusieurs minutes afin qu’une
conversation impromptue ne se termine, pour ensuite constater la perte du fil de la conversation.
Le téléphone portable représente pour la jeunesse un espace de fuite et favorise l’enfermement
de ses jeunes utilisateurs par rapport à leur environnement. Ils établissent des interactions plus
conviviales avec leur téléphone portable au détriment de la communication non-verbale
(gestuelle, posturale, faciale etc…) avec l’autre. (Fredj Zamit, 2010)
Plus qu’un moyen de communication, le téléphone portable représente aujourd’hui un
instrument de dé-communication. Car même s’il nous rapproche des personnes éloignées
géographiquement, il aura ainsi plus tendance à nous éloigner des personnes plus proches de
nous2.
Alors au regard de l’ampleur que prend le téléphone portable dans nos réalités de par
un peu partout dans le monde et aussi dans nos villes ivoiriennes, singulièrement la ville de
Bouaké, par ses impacts sur le comportement des jeunes, il est important pour nous de
reformuler un questionnement afin de déceler les facteurs et les déterminants qui font des jeunes
internautes des addicts au téléphone portable, les conséquences que cela engendre, d’où l’intérêt
de cette étude qui consiste à analyser les mutations dans les interactions sociales qu’engendre
l’usage du téléphone portable par les jeunes dans la ville de Bouaké.
2
Gérald Hanotiaux
Article publié dans Bruxelles en mouvements (n°249, 25 juin 2011), le périodique d’Inter-Environnement
Bruxelles (IEB)
2.
Justification du choix du sujet et clarification des concepts opératoires
2.1 Justification du choix du sujet

Motivation personnelle
Le choix de ce sujet est guidé par une histoire personnelle vécue à la « promenade
orange » communément appelé « place de la paix » dans la ville de Bouaké. Un soir, alors que
revenions tous de nos vacances universitaires, nous nous décidions à aller à la « promenade
orange » pour fêter nos retrouvailles. A cette soirée entre amis, nous étions sensé nous raconter
les différents moments marquant de nos vacances. Une fois tous réuni sur les lieux, nous étions
plus occupé par nos téléphones que par ce pourquoi nous étions là. Presque personne
n’échangeait avec l’autre, on aurait dit qu’on avait tous rendez-vous avec nos téléphones et non
avec nos amis. De même que je n’étais pas le seul à faire cette remarque, parce que l’un d’entre
nous l’a signifié aux autres avec un air mécontent. Dès lors, le souci de comprendre les attitudes
des jeunes à l’égard de leur entourage immédiat à cause de leur téléphone portable dans leurs
relations interpersonnelles, dans leurs communications interpersonnelles a constitué une
préoccupation pour moi.

Pertinence sociale
Le téléphone portable a énormément gagné en popularité depuis quelques années
pour aujourd’hui être un réel phénomène de société qui touche le monde, par conséquent la
Côte d’Ivoire et singulièrement la ville de Bouaké. De ce qui est constaté, le téléphone est
omniprésent dans nos vies quotidiennes. Aujourd’hui ne pas avoir de portable est à la limite du
handicap et pour la jeunesse il en est un symbole. Chemin faisant, avoir un téléphone portable
aujourd’hui est devenu une préoccupation pour tous, en majorité les jeunes, à telle enseigne,
que nombreux sont ceux, ces jeunes qui feront tout pour en avoir juste pour effet de mode, par
conformisme et par snobisme. Pour ceux qui le connaissent il est la révolution du siècle.
Le téléphone portable intervient dans presque toutes les structures de communication et aussi
de la vie sociale. C’est pourquoi on parle du téléphone portable dans les relations intimes, dans
les relations parents/enfants, dans les relations socioprofessionnelles etc... Mais au-delà de cette
facette salvatrice du téléphone portable se cache une autre réalité, celle d’une détérioration des
relations sociales de tous mais en grande partie des jeunes, et ce à cause du téléphone portable
et de l’attention qu’il requiert dans sa manipulation.
Avec l’interdiction du téléphone portable à l’école (dans les salles de classes), au travail, et ce
qui est constaté, son abandon momentané dans certaines conversations importantes, l’on
commence à prendre conscience des aspects négatifs ou dommages que peut avoir le téléphone
portable sur nos relations, celles des jeunes en particulier. Cependant les hommes, femmes et
surtout les jeunes restent obnubilés par leur téléphone de sorte à négliger leur entourage
immédiat. En plus de cela, il se révèle être un élément décisif dans les différentes mutations
comportementales, un élément distractif, contraignant, un élément qui rebelle les plus jeunes
utilisateurs. Sa partition jouée dans la dégradation des mœurs ne cesse de croitre. Aujourd’hui
on a des jeunes qui se baladent sur des sites pornographiques, ça aussi c’est devenu
complètement banal. A titre d’exemple nous pouvons citer : les « sextape » rendus public grâce
au téléphone portable, le moyen de tricherie que représente le téléphone portable dans les
lycées, collèges et même les universités… . Vu l’expansion sociale de ce phénomène et en
procédant à des recherches dans le cadre de la téléphonie mobile dans les interactions sociales
des jeunes, , il convient de réfléchir sur la trajectoire sociale qu’est en train de prendre l’usage
du téléphone portable, mieux cerner les raisons qui font du téléphone portable un outil
appareillé à presque tous, singulièrement des jeunes, pour participer au mouvement de
réflexivité générale de tous ( jeunes comme adultes), de rendre compte des usages du téléphone
portable qui polluent les relations sociales afin que le débat social puisse avoir lieu. Non pas
sur les fantasmes mais sur une manière d’appropriation du téléphone portable.

Pertinence scientifique
De manière générale, de nombreux travaux scientifiques ont été menés sur la question
de l’usage du téléphone portable dans les interactions sociales des jeunes ainsi que des
conséquences négatives qui peuvent en découler. Ce avec d’émérites chercheurs tels que Serge
Tisseron, Stephane Clerget… qui se sont intéressé à cette question. Mais en Côte d’Ivoire, les
études scientifiques menées sur cette question sont peu nombreuses. C’est pourquoi la présente
étude se veut une base d’information, aux éventuels chercheurs qui se pencheront sur les outils
de communication dans les interactions bouleversées par les mutations comportementales
qu’engendre en partie le téléphone portable. Ainsi elle jettera les bases d’éventuels travaux de
recherches scientifiques. Cette recherche menée avec exigence et rigueur scientifique peut
contribuer à l’avancement des connaissances actuelles sur les technologies de communication,
singulièrement sur le téléphone portable dans la place qu’il occupe dans une sorte de
dégradation des relations sociales des jeunes. Toutefois les répercussions de l’usage démesuré
dont fait preuve la jeunesse de Bouaké, à savoir une jeunesse apeurée à l’idée de ne plus exister
pour autrui sans téléphone portable, une dépendance croissante au téléphone portable des jeunes
à Bouaké, un épanouissement qui devient de plus en plus virtuel, une mauvaise gestion du
téléphone portable qui contribue le plus souvent à une baisse du rendement. Ainsi que les études
menées à ce sujet n’ont pu constituer une préoccupation assez alarmante chez les auteurs face
à cette mutation comportementale dont nous en sommes tous victimes, et d’où l’intérêt de cette
étude.
Après avoir justifié le choix de cette étude, nous passons à l’étape de l’opérationnalisation des
concepts.
2.2 Clarification des concepts opératoires
Dans le souci de la clarification et de précision, nous sommes emmenés à définir les
concepts clés de notre travail. Car comme le recommande Emile Durkheim (1894 :122), le
chercheur doit au préalable « définir les choses dont il traite afin que l’on sache et qu’il sache
bien de quoi il est question ». Il convient de tenter de clarifier les concepts clés tels que : usage,
téléphone portable, interaction sociale, jeunes.
2.2.1 Définition explicite

Téléphone portable
Le téléphone portable est un objet de la famille des TIC qui permet de
communiquer sans être relié par câble à une centrale. Les sons sont transmis par des
ondes électromagnétiques dans un réseau spécifique.
Selon Wikipédia la téléphonie mobile est un moyen de télécommunication, plus précisément
de radiocommunication, par téléphone portable.
L’appareil téléphonique en lui-même peut être nommé « mobile », « portable », « téléphone
portable »(en Amérique du nord), « cell » (au Québec dans le langage familier), « natel »
(suisse), « GSM (Global System Mobile) » (en Belgique et au Luxembourg), « vini » (Polynésie
française).
Quand le téléphone portable est doté de fonctions évoluées, c’est un smartphone, ordiphone ou
téléphone intelligent. Ce type de téléphone dispose en général d’un écran tactile, d’un appareil
photographique numérique, des fonctions d’un assistant numérique personnel et certaines
fonctions d’un ordinateur. Selon le principe d’un ordinateur, il peut exécuter divers
logiciels/applications grâce à un système d’exploitation spécialement conçu pour mobiles, et
donc en particulier fournir des fonctionnalités en plus de celles des téléphones classique comme
: l’agenda, la télévision, la navigation sur le web.
Aussi, selon AFOM (2017) le téléphone portable représente un motif indissociable des
représentations de la vie contemporaine. En fait le mobile ne représente pas seulement un objet
pratique destinée à communiquer mais un objet surinvesti de sens et jouant un rôle essentiel
dans la subjectivité réflexive de la personne.
De même que pour la sociologie, le téléphone portable représente un élément d’identité fort
pour la plupart de ses possesseurs.
Mais pour Julien Duriez (2017) dans son article sur ‘’ la croix ‘’ définit le téléphone portable
comme étant une manière de vivre ensemble séparé. Pour lui les rites communs de
rassemblement, sont mis en question par l’hyper connexion dont fait preuve les utilisateurs.
Nous sommes certes ensemble de masse et de chaire mais nos esprits dans nos téléphones, dans
un monde virtuel.
En un mot, le téléphone portable n’est pas seulement l’outil communicatif mais il revêt d’autres
aspects.
Dans le cadre de notre étude, le téléphone portable constituera l’objet, l’expression identitaire
et un objet déconnectant.

Interaction sociale
En sciences sociales une interaction fait référence à toutes les actions réciproques entre
deux ou plusieurs individus au cours desquelles des informations sont partagées ; l’acheteur,
par exemple discutera avec le vendeur et ils interagiront dans un contexte préalable et connu
des deux protagonistes : l’échange marchande1. Autrement dit, une interaction c’est une action
réciproque dans le sens commun, elle est, en tant que concept, une séquence dynamique
d’actions sociales (ou conjointes) entre des individus ou groupes d’individus qui modifient leurs
actions et réactions en fonction des actions anticipées et effectives d’autrui.
De
même JURGEN HABERMAS
(1987), définit
l’interaction comme un agir
communicationnel. Pour lui, une interaction caractérise une relation entre au moins deux
personnes partageant des normes sociales et nourrissant des attentes réciproques.
L’interaction est donc dite sociale car non seulement elle produira du sens, mais aussi parce
qu’elle s’inscrit dans un contexte qui influence les actions de chacun.
Pour la psychologie, l’interaction sociale peut être définit comme une << relation
interhumaine par laquelle intervention verbale ou attitude, une expression significative ou
action provoquent une action en réponse, qui retentit sur l’initiateur (échanges).
Les
interactions
sont
verbales
ou
non
verbales
(gestes,
regards,
attitudes).
Les interactions peuvent être :
-
Positives : coopération, participation, intégration …
-
Négatives : conflits, lutte, rivalité.
-
Ambivalentes : compétition, concurrence.
Pour la sociologie, les interactions sociales sont souvent utilisées comme simple
synonyme de relations sociales. Ici, l’interaction sociale est à la fois vue comme une unité
d’action, mais aussi comme un processus au cours duquel des histoires et du sens sont produits.
En plus d’être productrices de sens, les interactions s’influencent mutuellement et tendent à
restreindre
la
possibilité
de
chacun
d’agir
librement
:
‘’ comme au jeu d’échecs, toute action accomplie dans une relative indépendance représente un
coup sur l’échiquier social, qui déclenche infailliblement un contrecoup d’un autre individu (
sur l’échiquier social, il s’agit en réalité de beaucoup de contrecoups exécutés par beaucoup
d’individus) limitant la liberté d’action du premier joueur ‘’. (Wikipédia)
Dans le cadre de notre étude, l’interaction sociale est perçue comme l’ensemble des
relations interpersonnelles, l’influence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions
respectives lorsqu’ils sont en présence physique immédiate, les uns des autres. Autrement dit
une interaction de face à face. Au niveau opérationnel, l’interaction sociale renvoie à une
relation interpersonnelle de face à face, que peuvent entretenir les jeunes de Bouaké ; c’est-àdire une causerie entre un groupe d’amis, une conversation de face à face.

Jeunesse ou « jeunes »
Définir le concept « jeune » ou « jeunesse » est une tâche difficile du fait des nombreux
sens qu’il incarne. Car les seuils d’entrée et sortie de jeunesse sont progressifs et dépendent des
milieux sociaux. Toutefois, l’approche la plus commune et la plus ancienne du terme se fonde
sur le critère de « l’âge ».
Au plan international, l’âge des jeunes est fixé par les nations entre 15 et 24 ans, pendant
que la ConFeGes (Conférence des Ministre de la jeunesse et sports de pays d’expression
française) retient la tranche d’âge de 15 à 35 ans. Cet âge est plus bas dans les pays occidentaux
plus développés où le jeune a entre 15 et 24 ans. (Ndeye Ami Niang, 2007)
Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), on entend par « jeunes » la tranche
d’âge qui part de 14 à 24 ans.
Une autre approche plus dynamique est l’approche sociologique basée sur la théorie des
cycles d’existence. « La jeunesse » vue sous cet angle fait référence à un temps entre l’enfance
et l’âge adulte. Ce temps s’allonge de plus en plus avec le recul général de l’entrée dans la vie
active. (Wikipédia)
Dans le cadre de notre étude, la jeunesse va être considérée comme la tranche d’âge
compris entre 13 et 25 ans.
2.2.2 Définition implicite

Usage
Dans le “ROBERT” de sociologie, (1999), l’usage renvoie à « l’utilisation d’un objet
naturel ou symbolique, à des fins particulières ». On pense ici aux usages sociaux d’un bien
d’un bien, d’un instrument pour mettre en relief « les significations culturelles complexes de
ces conduites de vie quotidienne ». C’est assurément ce sens qui est utilisé dans le contexte des
études des TIC. (Herman Essoukan Epee, 2014)
Pour Millerand, (1998) le terme « usage » peut être utilisé pour signifier à la fois utilisation,
pratique et appropriation. Il renvoie ainsi à un continuum de définitions qui vont de l’adoption
à l’appropriation en passant par l’utilisation. (Proulx and Breton, 2002)
Emmanuel Béché, quant à lui, défini les usages comme des taches, actions et activités à
connotations techniques et cognitives qui sont effectivement réalisées avec une technologie.
(Herman Essoukan Epee, 2014)
Lorsqu’on s’intéresse aux usages, c’est l’humain qui est au cœur de l’investigation et non
l’appareil. Autant la logique de l’utilisateur relève de dimensions cognitives ou pédagogiques
dans le contexte de la transmission des connaissances, autant la logique de l’utilisation trouve
son sens dans l’organisation sociale orientant l’activité de travail. (Agostinelli, 2003)
De plus, un usage correspond à une certaine manière (ensembles de règles) d’utiliser quelque
chose (objet matériel ou symbolique). Les usages sont socialement partagés par un groupe de
référence et se construisent avec le temps. (Docq et Daele, 2003)
Pour Josiane Jouët, les usages sont souvent les prolongements de pratiques sociales déjà
formées comme le bricolage domestique exercé par les programmeurs amateurs. Pour cette
dernière, de l’adoption à la banalisation, la construction de l’usage s’opère par son passage de
statut ordinaire qui l’incorpore dans les pratiques sociales. (Herman Essoukan Epee, 2014)
Dans le contexte de notre étude, « l’usage » désigne le fait de servir ponctuellement de
quelque chose, l’utilisation faite d’un objet. De manière opérationnelle, l’usage renvoie à
l’utilisation fréquente du téléphone dont fait preuve les jeunes pour s’affirmer, et se déconnecter
de leur entourage.
Plusieurs faits observables au sein de la ville de Bouaké, nous amènent à construire
nos constats.
3. Constats de recherche
Constat 1 : le téléphone portable, source d’une nouvelle architecture sociale
Dans la ville de Bouaké, l’on constate que le téléphone occupe une place de plus en plus
grandissante dans la vie des individus et en particulier dans le quotidien des jeunes d’âge
primaire, secondaire et universitaire. Des années auparavant l’intervention du téléphone dans
certains aspects de la vie était minime mais aujourd’hui, il intervient dans presque tous les
aspects de la vie sociale, et sa praticité ne cesse de croitre. En plus de leur permettre de garder
le contact avec leur proche, le téléphone portable est pour certains jeunes considéré comme un
élément leur accordant du crédit, de la valeur faisant ainsi du téléphone un facteur d’intégration
qui leur permet de se socialiser et interagir avec leur semblable. Pour d’autres, il constitue, un
élément sécuritaire important en cas d’incident, car on peut par exemple appeler un proche pour
avoir de l’aide. Aussi notifions que les nouvelles modes de discussion instantanée véhiculé par
les réseaux sociaux, offrent à la jeunesse un certain pouvoir leur permettant d’échapper à la
tutelle parentale faisant du téléphone portable leur lieu de culte, leur monde, un monde virtuel.
Constat 2 : les traits d’addiction de la jeunesse
Ces dernières années le téléphone portable s’est considérablement amélioré. Ces capacités se
sont accrues. Nous sommes passés d’un simple appareil assurant la communication vocale entre
deux personnes à une pluralité de service dispensé par celui-ci. Il est devenu tellement important
pour la plupart des individus, singulièrement des plus jeunes, que même souvent sans le savoir
ils en deviennent addicts. A Bouaké, il n’est pas rare aujourd’hui d’entendre des jeunes d’à
peine 13 ans affirmer « qu’ils sentent un vide sans leur téléphone » ou « qu’ils ne savent pas
comment ils pourraient vivre sans lui ». Certains ont même la désagréable habitude de tapoter
hystériquement sur leur téléphone tout en conversant en face en face avec quelqu’un. Pour
d’autres même l’éteindre dans les lieux comme les églises, les salles de classes, les réunions…,
où l’on requiert que le téléphone portable soit éteint ou mis sous silence, devient aujourd’hui
un supplice pour la plupart de ces jeunes utilisateurs. C’est justement cette tendance, de plus
en plus obsessionnelle à l’égard du téléphone portable, constatée chez les jeunes qui est
préoccupante. Les conséquences d’une telle addiction peuvent impacter négativement
la
relation physique interpersonnelle des jeunes de Bouaké en cas d’immersion dans leur monde
virtuel.
Constat 3 : une sous-estimation des dangers liés au téléphone portable
A Bouaké, l’absence de campagnes de sensibilisations, de notes d’avertissements et d’autres
éléments publicitaires sur les dangers liés au téléphone portable, pourrait laisser croire que les
fabricants de portables ne semblent pas mettre un point d’honneur sur la protection des
consommateurs de leurs biens. C’est à croire qu’il ne voit pas le nombre d’addicts et le nombre
de méfaits que crée le téléphone portable. Aussi pour le peu de recommandations qui ont été
décrété pour stopper l’usage abusif du téléphone des utilisateurs, les usagers, eux-mêmes ne les
respectent pas.
La section suivante sera consacrée à la revue de la littérature. Elle nous permettra de
délimiter notre problématique.
4. Revue critique de littérature
La compréhension des différents aspects et contours de notre sujet passe par l’exploitation et
le décryptage de la littérature disponible. Les documents lus n’abordent pas de façon
systématique le sujet du « LA PROBLEMATIQUE DU TELEPHONE PORTABLE DANS
LES INTERACTIONS SOCIALES ENTRE JEUNES A BOUAKE ». Toutefois, il existe
un nombre important d’ouvrages qui évoque de manière générale la question du téléphone
portable dans les interactions sociales.
Ces œuvres exposent l’évolution du téléphone portable dans le temps et dans l’espace, de
l’enthousiasme suscité par le téléphone portable à différentes incidences que crée son
développement sur la société, en particulier sur la jeunesse.
4.1 L’évolution du téléphone portable dans le temps et dans l’espace.
En devenant mobile, le téléphone va prendre une revanche éclatante. Après avoir été l'objet
technique le plus discret d'un XXe siècle qui a plutôt pris pour emblème l'automobile ou, dans
le domaine de la communication, la télévision; le téléphone va enfin accéder à la visibilité qui
correspond à l'importance de ses effets sur la société. Il prendra un statut et remplira des
fonctions qui n'étaient que partiellement assumées lorsqu'il était assigné à résidence, au
domicile ou au bureau, s’émancipant ainsi de ces derniers (Marc Guillaume, 1994).
L’invention du téléphone portable est généralement attribuée à Martin Cooper, alors directeur
de la recherche et du développement chez Motorola (John Agar, 2003). Il serait la première
personne à avoir passé un appel sur un téléphone cellulaire en avril 1973. Il fallut pourtant
attendre encore plusieurs années pour que les téléphones soient suffisamment miniaturisés pour
être qualifiés de "mobiles", c'est-à-dire transportables et non plus embarqués comme téléphones
de voiture. C’est ainsi en 1983 que Motorola a lancé aux États-Unis le premier véritable
téléphone portable !! : Le Motorola DynaTAC 8000X. Ce téléphone était extrêmement léger
pour l'époque [mesurant 25 cm pour un poids de 783 grammes, (Goggin, 2006). Alors que les
téléphones actuels pèsent généralement entre 100 et 200 grammes). Ce téléphone est le fruit de
15 années de développement autour de Martin Cooper et plus de 100 millions de dollars en
coûts de recherche. Ce n'est qu’au début des années 1990 que les téléphones cellulaires sont
devenus suffisamment petits et assez bon marché pour intéresser le consommateur moyen,
comme en France en 1992(Laurence Allard, 2010). Et un peu plus tard en COTE D’IVOIRE
en 1996, (Annie Cheneau-Loquay, 2001).
De plus grâce au progrès constants de la technologie ces quinze dernières années, la téléphonie
s’est considérablement développé auprès du grand public. Un nouveau type de téléphone fait
son apparition, il s’agit du téléphone intelligent communément appelé ‘’smartphone’’, qui en
plus de ses fonctionnalités de bases, ce dernier bénéficie d’amélioration de ses composants,
notamment, ce qui lui permet d’acquérir des fonctions qui étaient jusqu’alors réservé aux
ordinateurs. Il ne sert plus qu’à téléphoner mais en plus, permet de naviguer sur internet, d’avoir
un agenda électronique, lire des mails etc… De même que pour Jean-Antoine Corbalan cité
par Aboulaye Souleymane, (2012) « sa fonction d’usage est la communication vocale, mais le
téléphone portable permet aussi d’envoyer des messages textes agrémentés de vidéos, images
et sons. Des applications embarquées permettent de naviguer sur internet, d’écouter de la
musique, regarder la télévision… ». Les précurseurs de cette technologie des smartphones sont
apparus à la fin des années 1990, mais il faut attendre jusqu’en 2007, année de
commercialisation de l’iPhone (premier smartphone avec interface tactile multipoint), pour que
le marché s’étende considérablement jusqu’à dépasser en quelques années celui des téléphones
basiques. Mais notifions que le premier smartphone, l’IBM Simon, fut conçu en 1992 puis
commercialisé en aout 1994(wikipedia.org).
A la fin des années 1990, son utilisation a connu une augmentation brutale jusqu’à une quasisaturation du marché peu après 2000. D’abord réservé à une élite sociale pour une utilisation
professionnelle, il s’est rependu jusqu’à devenir le moyen de communication privilégié d’un
grand nombre de personnes, notamment des jeunes. Ces dernières années, les technologies liées
au mobile ont connu une évolution fulgurante et dès 2005, le nombre d’utilisateurs a dépassé
les deux(2) milliards d’utilisateurs dans le monde (Madhi Amri et Nayra Vacaflor, 2010). Pour
le sociologue (Francis Jauréguiberry, 2003) « jamais auparavant une innovation technologique
n’avait connu un tel succès, aussi rapidement et à une telle échelle ».Pour lui, à cette avancée
incroyable, seule la conjonction de trois éléments peut expliquer son succès : l’offre
technologique à un cout acceptable, le désir d’ubiquité depuis toujours présent et, surtout
l’évolution récente de nos sociétés qui a rendu ce désir d’être ‘’ici et ailleurs’’ à la fois de plus
en plus fort. C’est dire qu’en peu de temps le téléphone portable est devenu un outil
indispensable en termes de communication et de relations interpersonnelles et un véritable
phénomène de société au niveau mondial.
4.2 L’enthousiasme suscité par le téléphone portable auprès du grand public.

Enthousiasme et praticité du téléphone portable.
Il nous réveille le matin, nous donne l’heure, nous informe de notre emploi du temps de la
journée, nous permet de rester en contact avec nos proches quel que soit l’endroit où nous nous
trouvons. En quelques années, il a investi nos vies privées, amoureuses, amicales et
professionnelles (Aurelie Charpentier, 2006). Il s’est diffusé dans toutes les couches de la
population (Sophie Pernet). Il est devenu presque indispensable. (…) le téléphone portable
occupe une place à part dans l’univers des objets technologiques et une place de choix dans
notre quotidien. Pour (Aurelie Charpentier, 2006) :
-
Le téléphone revêt une dimension magique qui lui permet d’être avec nos amis même
quand ils sont absents, il remplit toutes les fonctions dont nous avons besoin dans la vie
quotidienne.
-
Le téléphone portable rassure, il permet d’affronter ou de se protéger du monde
extérieur.
-
Le téléphone portable est personnalisé, il est le reflet de soi, il devient une partie de soi.
Pour elle, le téléphone portable à des effets positifs et négatifs sur le comportement. Mais elle
rend surtout compte dans son article, de l’enthousiasme suscité par le téléphone portable et en
insistant sur :
-
L’aspect très pratique de cet outil multifonction.
-
Le rôle joué par le téléphone portable qui est devenu comme un fétiche, « un grigri »,
un animal de compagnie, un doudou, un bijou, qui rassure et protège…
C’est ce qui fait dire au sociologue Julien Morel dans un article de la revue ‘’Réseaux‘’ que
nous avons un rapport quasi charnel (plaisir des sens) avec le mobile : « que dire, en effet de
ces caresses fréquentes, préhensions, contemplations qui visent la totalité de l’appareil ? Notons
une préférence pour l’écran, surface interactive vivante, qui même manifestement propre est
nettoyé par un balayage de pouce ou de l’index ».

L’individu comme un corps appareillé.
De plus, en devenant portable, le téléphone s’associe au corps comme une prothèse. Il rejoint
la panoplie de l’homme moderne (montre, lunettes, walkman). Grâce au téléphone « cellulaire »
chacun devient une cellule communicante, un être hybride qui appartient à deux espaces en
même temps, celui de l’environnement immédiat et celui de l’espace virtuel (Marc Guillaume,
1994).
De même que (Serge Tisseron, 2001) qui considère le téléphone comme une sorte de ‘’cordon
ombilical‘’, un appareil permettant de garder à tout moment un contact privilégié avec ceux
dont on se trouve provisoirement éloigné.
Un point de vue que partage (Claude Duneton, 2006), en définissant le téléphone portable
« d’appareil de prothèse jouant le rôle d’un sens ajouté permettant à l’individu de demeurer en
contact quasi permanent avec ses semblables ». Faisant de cet outil une extension de l’homme,
un prolongement de la voix et de l’oreille qui permet une perception extrasensorielle (Mc
Luhan, 1964).

Le téléphone portable, l’aubaine de la jeunesse
Au tout début, les téléphones portables étaient principalement utilisés par les adultes et dans
certains milieux professionnels. C’est toujours le cas mais aujourd’hui une autre catégorie de
personne a adopté ce gadget, les jeunes d’âge primaire, secondaire et universitaire. Pour eux,
leur téléphone signifie beaucoup plus que téléphoner. Le téléphone portable leur est tellement
indispensable qu’ils ont un mal fou à imaginer que des gens, notamment leurs parents, aient pu
s’en passer. Il est devenu une partie d’eux-mêmes. On a beaucoup associé le téléphone portable
à un doudou. Cela s’applique aussi aux ados qui en exploitent tous les gadgets ludiques (smileys
et gribouillages, filtres et trucages) et qui l’emportent jusque sur l’oreiller. Notifions qu’il y a
aussi la portée symbolique du téléphone qui s’est considérablement élargie. Cet objet est
considéré comme magique pour la jeunesse vient remplacer beaucoup de choses : le journal
intime, la télévision, la radio, la chaine hi-fi etc… (Stéphane Clerget, cité Céline Cabourg,
2016).
De même que pour (Pasquier, 2001) qui en a conclu de son enquête sur ‘’les nouveaux usages
de la téléphonie dans les familles immigrées’’ que, le téléphone portable remplissait une
fonction de sociabilité intra-générationnelle chez les jeunes.
Comme le rappelle l’étude, Living and Learning with New Media (Ito, 2008, p.4), « les sites de
réseau social, les jeux en ligne, les sites de partage vidéo, les gadgets comme les iPod et les
téléphones mobiles, sont désormais les accessoires de la culture des jeunes ».
Par ailleurs, pour (Corine Martin, 2003) le téléphone portable est un outil de maintien de la
cohésion familiale et de réassurance entre les jeunes et leurs parents.
Ces éléments ci-dessus ont montrés que le téléphone portable est d’une grande importance dans
la vie des individus, en particulier des jeunes à qui le téléphone signifie beaucoup et qu’il a
différentes valeurs en fonction des catégories qui l’utilisent. Le fait que téléphone soit si présent
et important dans la vie des individus a engendré des mutations dans nos comportements, dans
nos relations interpersonnelles.
4.3 Les incidences que crée le téléphone portable dans les interactions.

Le téléphone portable, un outil de non communication
Certains sociologues et psychologues estiment que le portable est un outil de non
communication car il offre avec ses multiples fonctions autant de possibilités de s’isoler.
Accaparé par le petit écran, l’utilisateur se coupe de son environnement immédiat.
L’on présente parfois le téléphone portable comme une machine permettant de communiquer à
distance, alors qu’il est d’abord bien souvent utilisé … pour ne pas communiquer (Serge
Tisseron, 2001).
Parce que les détenteurs de téléphones portables ne peuvent plus s’en passer et l’utilisent
partout. Finalement, ils ne communiquent ni avec les personnes situées près d’eux, ni avec les
personnes avec lesquelles ils conversent au téléphone portable (Albert Jacquard, 2000)
En se focalisant sur le virtuel, l’individu peut négliger le réel, conséquence, il s’enferme dans
sa bulle d’intimité. De plus le mobile renforcerait l’isolement en appauvrissant le dialogue avec
les internautes. Puisqu’on est tout le temps joignable, on a l’impression de communiquer
davantage, mais les conversations sont brèves et superficielles. Au bout du compte, on en dit
beaucoup moins dans les échanges plus posés (Miguel Benasayag, 2006).
Pour (Albert Jacquard, 2000) le téléphone peut être destructeur pour l’équilibre des individus.
Car le portable, tout comme pour tout autre progrès technique peut se transformer en
« fascination » puis « répulsion » et entrainer des catastrophes : « toute découverte scientifique
est une promesse de performances nouvelles, celles-ci, après un accueil euphorique, peuvent se
révéler grosses d’un danger imprévu parfois planétaire ».
Quant à (Serge Tisseron, 2001), « le téléphone portable est en train de brouiller les repères
attachés à la sphère intime et à la sphère publique. Traditionnellement, ces repères étaient fixés
par le groupe de façon précise : la première était liée aux liens intimes, et la seconde aux lieux
publics. Avec le téléphone portable, cette opposition peut être redéfinie par chacun pour son
propre compte. Nous y gagnons tous la possibilité de transformer malgré eux les inconnus d'une
voiture de chemin de fer ou d'un trottoir en témoins de notre intimité ! Avant le portable, bien
entendu, il était toujours possible d'avoir des échanges privés, de couple par exemple, en public.
Mais quand l'un des deux conjoints ou amis se laissait aller sur cette pente, il était fréquent que
l'autre, saisi par la honte, l'invite à un peu plus de retenue. Avec le téléphone portable, il n'y a
pas cette limite parce que, très vite, les deux interlocuteurs oublient chacun les personnes qui
se trouvent, autour d'eux. Quand celui auquel nous nous adressons est physiquement près de
nous, il nous est impossible de le regarder sans voir aussi les inconnus qui nous entourent. Mais
quand il est invisible, présent seulement par sa voix, l'attention que nous accordons à celle-ci et
l'image que nous tentons malgré nous de nous faire de lui nous rendent très vite aveugles et
sourds à notre environnement concret. La pudeur -ou, si l'on préfère, la gêne, cette forme
mineure de la honte- n'existe plus. Nous acceptons de mettre à nu nos pensées les plus
personnelles d'une manière qui modifie l'intimité psychique aussi radicalement que la nudité a
changé l'intimité corporelle ces trente dernières années. »

Un outil devenu nuisible
Le téléphone est souvent présenté comme un outil de liberté et d’autonomie pour le nomade,
pour l’homme seul mais pour (Miguel Benasayag et Angelique Del Rey, 2006) cette liberté et
cette autonomie solitaire n’est qu’illusion et ne peut s’acquérir qu’à plusieurs. De plus pour eux
le téléphone portable banalise le désengagement de dernière minute et permet d’installer la peur
d’un instant de vide, la peur de ne pas être occupé. Aussi il accentue la dépendance de notre
existence aux pensées des autres, à la mise en scène. Il institutionnalise l’attente d’un « feed
back » (d’un jugement extérieur sur la perception mon existence), il favorise notre aliénation
en détruisant notre consistance, notre singularité. Nous sommes abandonnés de nous-même,
perdant notre capacité de communiquer, de parler de soi, de se construire sa langue, nous savons
moins parler et devenons des barbares, « des sans langue ».
Pour le psychanalyste (Dan Véléa cité par l’article ‘’Beta Atlantico’’, 2014) le téléphone
engendre de grande souffrance chez certains internautes dépendants car ils sont souvent dans
l’incapacité de de l’éteindre, il devient leur seul centre d’intérêt. Et donc son absence entraine
une sensation angoissante, similaire à la solitude.
La psychologue américaine (Jean M. Twenge, cité par Jean-Marc De Jaeger, 2017), est plus
portée vers l’usage du téléphone qui bouleverse les interactions sociales des adolescents, une
étude menée sur les jeunes nés après 1995. Pour elle « le téléphone a changé presque tous les
aspects de la vie des adolescents, de la nature de leurs interactions sociales à leur santé
mentale ». A cette génération, elle attribue l’expression de « génération disloquée ». Car pour
elle cette génération aurait perdu l’habitude de se trouver au skate-Park…, préférant discuter
dans les espaces virtuels. Cet usage intensif du téléphone portable que manifestent les
adolescents perturbe leur sommeil, ce qui pour elle peut compromettre la réflexion et le
raisonnement, augmenter les risques des maladies, de prise de poids et d’hypertension. Cela
aura comme conséquences, un rendement scolaire moyens ou du moins plus bas que dans les
années 90.
De même, pour (Stéphane Clerget, cité par Céline Cabourg, 2016) l’utilisation permanente du
smartphone a des conséquences sur la qualité de vie des jeunes.
-
Le plus gros dégât concernant le sommeil. Pour lui les ados dorment beaucoup moins
qu’avant. Ils développent un rapport obsessionnel avec le portable qui engendre une
forme de stress…
-
Les jeunes n'arrivent plus à hiérarchiser ce qui est vraiment important et ce qui ne l'est
pas. Par ailleurs, ils ne connaissent plus l'ennui et, de ce fait, ont du mal à développer
leur imaginaire. Avec l'écriture codée et instantanée, ils ne savent plus très bien prendre
des notes; sans compter l'appauvrissement du langage, l'orthographe sommaire…
D’un point de vue psychique, plusieurs travaux, anglo-saxons, insistent aussi sur les
conséquences négatives en matière de créativité et sur la difficulté plus grande, notamment chez
les garçons, à composer avec l'attente. Ils sont dans une impatience permanente, ont du mal à
rester sans rien faire. Les réseaux sociaux favoriseraient, de plus, la mésestime de soi,
l'insatisfaction, la frustration.
Cette densification de la communication numérique a aussi pour effet de réduire les
compétences sociales plus basiques des utilisateurs « accrochés ». (Setsuko Tamura) professeur
de psychologie appliqué à l’université de Tokyo “Seitoku“, observe ainsi que « les étudiants
d’aujourd’hui sont très mauvais à lire les expressions faciales. Pour le chercheur cité par wall
street journal, lorsqu’on passe plus de temps à envoyer des SMS (Short Message Service) à des
gens au lieu de leur parler, « vous ne pouvez pas apprendre à lire le langage non-verbal ».
Aussi notons que la crainte d’effets potentiels sur la santé inquiète et donne lieu à de virulents
débats. Il y a également un autre risque, pointé par plusieurs chercheurs : l’addiction. De
la même manière que la pratique extensive des jeux vidéo peut être considérer comme une
forme d’addiction, les effets de la dépendance au téléphone portable sur les utilisateurs plus
jeunes inquiètent.
La revue de la littérature nous a permis d’identifier l’évolution, l’enthousiasme suscité par le
téléphone portable auprès du grand public et les incidences dans les interactions sociales que
crée son développement. En revanche, la survivance de ce phénomène dans nos villes,
singulièrement à Bouaké nous amène à établir notre problématique suivante.
5. Problématique
Certes le téléphone portable a un potentiel social non négligeable. Il sert à tisser des liens et
favorise la consolidation du capital social de son utilisateur. Mais on constate qu’il a aussi des
retombées négatives. L’usage symptomatique que nous dépeignons, se maintient au détriment
de la communication interpersonnelle directe. Il s’agit de cette attitude qu’on les jeunes à
ignorer, snober, les personnes en leur compagnie tout en communiquant avec leur téléphone.
Un phénomène qui, dénote pour certains une mauvaise éducation et pour d’autres un manque
de respect, fait des ravages dans les relations interpersonnelles de certains jeunes de la ville de
Bouaké. L’utilisateur du téléphone portable, étant absorbé par l’univers intérieur offert par son
appareil, est peu sensible à son environnement, il écoute mais n’entend pas, il regarde mais ne
voit pas. Recroquevillé sur lui-même, l’appareil entre les mains, l’utilisateur est concentré sur
ses opérations. Par conséquent, l’interactivité avec la machine prend le pas sur l’interaction
interpersonnelle. Un exemple probant de ce qui arrive quand la technologie supplante les
relations humaines. Et encore n’en a-t-on pas encore vu toutes les conséquences négatives que
peut avoir le téléphone portable sur les individus et sur leurs relations.
Et donc, la question qui suscite notre interrogation est la suivante :
Comment le téléphone portable peut-il influencer les relations sociales interpersonnelles des
jeunes à Bouaké ?
A cette question centrale, il importe de savoir :
-
Quelles sont les logiques qui sous-tendent l’utilisation fréquente du téléphone portable
par les jeunes ?
-
Quelles sont les conséquences que cela engendre dans leur relation et sur leur personne?
-
Que peut-on faire pour réduire cet usage démesuré dont fait preuve la jeunesse de
Bouaké ?
6. Objectifs de l’étude
De façon générale, cette étude vise à identifier l’ensemble des problèmes posés par le téléphone
portable dans les interactions des jeunes à Bouaké.
De façon spécifique il s’agit de :
-
Identifier les logiques qui sous-tendent l’utilisation du téléphone portable.
-
Déterminer les conséquences qui découlent de cet usage abusif dont fait preuve la
jeunesse.
-
Proposer les solutions.
MATERIELS ET METHODES
7. Nature du matériel
7.1 Types d’étude
Dans le cadre de cette étude, nous avons fait le choix d’une enquête qualitative de type
phénoménologique. Les méthodes qualitatives regroupent un ensemble de méthodes de collecte
de données utilisées dans les recherches scientifiques. Elles trouvent leur utilité en sociologie
et laissent délibérément de côté l’aspect quantitatif pour gagner en profondeur dans l’analyse
de l’objet d’étude. Pour cela, diverses techniques fondées sur l’administration des questions
ouvertes et l’exploitation du langage sont mises en œuvre. Pour ce qui est de l’approche
phénoménologique, c’est une approche qui vise la compréhension du phénomène observé dans
ses manifestations. Elle cherche à dégager le sens et les explications relatifs à des expériences
sociales.
7.2 Nature des données
Pour la présente étude, nous avons fait recours à deux types de données. Le premier type de
donnée utilisée est issu des données primaires recueillies auprès des personnes ressources.
Entendons par données primaires, les informations sélectionnées des propos et des discours
tenus par les acteurs et tendant à rendre compte « de la façon dont ils vivent et se représentent
les choses» (Sardan, 2000). Nous nous sommes donc appuyés sur des entretiens semi-structurés,
effectués auprès des étudiants, des élèves et des jeunes ayant abandonnée leurs études. Le
second type de donnée, à savoir les recherches documentaires sont des données qui ont été
obtenues à partir de la recherche documentaire. Celle-ci porte sur des articles, des mémoires et
bien d’autres documents qui abordent la problématique de l’usage du téléphone portable dans
les relations sociales. Les informations recueillies ont servi à illustrer la présente production.
8. Techniques et outils de collecte de données
8.1 Techniques de collecte de données
Les techniques de collecte des données sont des procédés employées à l’effet de rassembler les
informations sur un sujet donné. En ce qui nous concerne, les techniques utilisées sont les
suivantes : les entretiens semi-directifs, le focus groupe, l’observation directe, la recherche
bibliographique et documentaire.
-
Entretiens
L’entretien demeure la technique la mieux adaptée à la collecte de données qualitatives. On
utilise les entretiens pour aboutir à des informations de fait ou d’opinions. Ils sont utilisés à des
fins de vérification, d’approfondissement et d’exploration. Dans le cadre de cette étude, nous
mobiliserons l’entretien semi-directif afin de cerner les raisons qui font de l’utilisation du
téléphone portable par les jeunes, un problème dans leurs relations sociales interpersonnelles.
-
Focus groupe
Le focus groupe est un procédé opérationnel de collecte de donnée. Appelé entretien de groupe
ou entretien collectif, il consiste à collecter des informations à travers une discussion. Ce type
d’entretien s’intéresse généralement à une population de six (6) à douze (12) personnes et
permet au chercheur de confronter les points de vue et de faire émerger des idées permettant la
compréhension d’un phénomène. Dans le cadre de notre étude le focus groupe va nous
permettre de réunir six(6) jeunes afin de collecter le maximum d’information sur les raisons
cet usage dont fait preuve les jeunes de Bouaké ainsi que les conséquences de cet usage sur leur
relation.
-
Observation directe
Cette technique nous permettra d’être présent sur le terrain, d’observer et de collecter les
informations. Cette observation s’est faite à partir d’une grille d’observation qui a dressé les
indicateurs des réalités qui ont observées sur le terrain. Pour se faire, nous nous sommes rendus
à « la promenade orange ». Ainsi, nous avons pu observer les différentes conduites des jeunes
avec leur téléphone portable dans leurs interactions. Le constat était que, dans presque tous les
cas observés, ces derniers étaient non seulement assis à la même table mais n’échangeaient
presque pas. Ils étaient tous sans exception scotché à leur téléphone, s’ignorant ainsi les uns les
autres. De même que certains actes contraignant qui prenaient forme avec les téléphones
portables. Pour faire simple, elle nous permis de constater les conséquences de ce phénomène
de nous-même.
8.1.2 Données bibliographiques et documentaires
Dans cette phase, il a été question de mobiliser tous les documents susceptibles de nous guider
dans la construction de la revue critique de la littérature et dans notre enquête exploratoire.
-
Les données bibliographiques
La recherche bibliographique est une technique de collecte d’information à partir de centres de
documentation (bibliothèque du campus 1 de l’UAO) et de sites internet (Google). L’outil
internet a permis également de collecter un nombre important d’ouvrages et d’articles
scientifiques d’antan et aussi récents (de 2000 à 2016) en ligne traitant de près ou de loin
la thématique problématique du téléphone portable dans les interactions sociales. Ce qui nous
a permis de prendre connaissance de la situation globale du phénomène sur la jeunesse, de
relever les insuffisances et restreindre notre cadre d’étude.
-
Les données documentaires
Tout le long de cette étude, nous avons recouru à des documents de natures diverses. Parmi ces
documents se trouvent des mémoires, des ouvrages scientifiques, revues de presse et des
rapports des travaux effectués sur certaines thématiques en rapport avec notre sujet d’étude.
8.2 Outils de collecte des données
8.2.1 Guides d’entretien semi-structuré
Le guide d’entretien semi structuré est le support sur lequel le chercheur s’appui pour mener à
bien sa collecte de donnée sur le phénomène étudié. C’est l’ensemble des questions
essentiellement ouvertes que le chercheur pose aux enquêtés au cours de l’entretien. Ce guide
d’entretien permettra à l’enquêteur de diriger l’entretien sur la thématique donnée tout en
laissant aussi la possibilité à l’enquêté de donner libre cours à ces idées.
Dans le cadre de notre étude, nous avons rédigé trois (3) guides d’entretien adressés aux jeunes
en fonction de nos objectifs. Les buts recherchés dans les guides d’entretien étaient de recenser
les avis des acteurs, les facteurs explicatifs des différentes mutions comportementales dû à
l’utilisation excessive du téléphone portable, les conséquences que cela engendre dans leurs
interactions quotidiennes.
8.2.2 Journal de terrain
Le journal de terrain est un support qui permet à l’enquêteur de guider son observation sur les
réalités du terrain qui l’intéressent pour mener à bien son investigation. Dans le cadre de notre
étude, notre journal de terrain nous a permis d’observer :
Tableau 1 : guide d’observation de l’enquête exploratoire
15/04/2019 au 13/05/2019
Date
Site visité
Faits observés

Université Alassane Ouattara (campus 1 et 2)

Quartier d’AIR France

Comportements des jeunes en groupe avec leur
portable.

Comportements des jeunes en groupe sans leur
portable.

L’ambiance que crée le portable au sein de leurs
relations sociales interpersonnelles.

Le rôle que joue le portable dans leurs interactions
sociales.
Source : journal de terrain utilisé au cours de l’observation directe Du 15/04/19 au 13/05/19.
9. Identification des enquêtés et le déroulement de l’enquête
9.1 Processus d’identification des enquêtés
L’enquête exploratoire que nous avons menée le 15/04/2019 au 19/04/2019, nous a permis de
prendre contact avec un certain nombre d’acteurs. Pour se faire, nous avons eu recours à la
technique d’échantillonnage qui consiste à sélectionner des éléments de la population cible
sur une base. Comprenons par échantillonnage un mot provenant du mot échantillon qui signifie
« fragment d’un ensemble sur lequel on réalise des mesures ou des essaies ». Ainsi, nous avons
interrogé individuellement des étudiants, les élèves des collèges et lycées, des jeunes non
scolarisé et des jeunes ayant abandonné les études très tôt pour avoir leurs avis sur le
phénomène.
9.1.1 Critère de sélection et choix des enquêtés
-
Critère de sélection
Toutes les personnes ne peuvent être interrogées. Seules les personnes ressources doivent y
figurer. En ce qui concerne notre étude, les jeunes dont la tranche d’âge est comprise entre 14
et 24 ans sont retenues comme critère de sélection de nos enquêtés.
-
Choix des enquêtés (choix raisonné)
Le choix des enquêtés se fait par le biais de la technique d’échantillonnage du choix raisonné.
Le recours à cette technique consiste à sélectionner de façon délibérée les individus afin de
construire notre échantillonnage.
-
Taille de l’échantillonnage
Nous avons décidé d’interroger des étudiants, des élèves, des jeunes non scolarisé (jeunes ayant
abandonnée les études en 3ème et 5ème) et des jeunes salariés. Sur la base des chiffres nous avons
interrogés lors d’un focus groupe six (6) étudiants au campus 2 et lors de nos interviews, avons
interrogés cinq (5) étudiants. Nous avons aussi interrogé trois (3) élèves (2 lycée djibo et 1 du
lycée classique). Ensuite, nous avons interviewé deux (2) jeunes non scolarisés (à
TCHELEKRO). Et enfin, dans le cadre du travail, nous avons interrogé un (1) jeune (à AIR
FRANCE).
En définitive, notre échantillonnage regroupe 17 enquêtés.
Tableau 2 : Effectif total
Statut
Campus 2
social
Cité
Lycée
forestière djibo
Etudiants
Focus
Lycée
Tchêlêkro Air
Classique
3
France
2
Nombre
d’enquêté
11
groupe (6)
Elèves
2
1
Non
3
2
2
scolarisés
salarié
1
TOTAL
1
17
enquêtés
Source : enquête de terrain du …/…/… au …/…/…
9.2 Déroulement de l’enquête
9.2.1 Présentation du cadre de l’étude
Toute recherche scientifique nécessite une saisie totale de l’objet à étudier, cette tâche ne saurait
aboutir si on ne prend pas le soin de circonscrire l’objet en question. C’est le but de la
délimitation du champ ou du terrain de notre étude. Nous tenterons de faire une délimitation
géographique et sociologique.
9.2.1.1
Champ géographique
Le champ géographique de cette étude désigne l’emplacement géographique de notre site
d’étude et plus précisément notre objet d’étude. Ici, il est question de décrire l’objet d’étude
dans l’espace. De ce fait, c’est la ville de Bouaké que nous avons choisie. Deuxième grande
ville de la Côte d’Ivoire, elle est située au centre du pays, dans la vallée du Bandama, sur la
voie ferrée Abidjan-Niger, à 350 km environ au nord d’Abidjan et à 100 km au nord-est de
Yamoussoukro. De manière plus pointilleuse, elle est situé, à la latitude 7°69 N et à la longitude
5°03 O et s’étend sur une superficie de 72 km2.
9.2.1.2
Champ sociologique
A ce stade de l’étude, il s’agira pour nous de cerner les caractéristiques des personnes que nous
allons interroger pour comprendre l’influence du téléphone portable dans les relations
interpersonnelles des jeunes. A cet effet, la population que nous voulons étudier est composée
de jeunes étudiants et élèves de collèges et lycées dont l’âge varie entre 14 et 24 ans, à savoir
filles comme garçons. Notifions que les acteurs concernés sont tous de la ville de Bouaké.
9.2.2 Période de réalisation des enquêtes
Dès la validation de notre thématique, le (.. /../..). Nous avons entamé les recherches
documentaires afin de mieux comprendre notre sujet d’étude. La collecte de données
documentaires a eu lieu tout le long de la réalisation de notre étude. Ensuite l’enquête
exploratoire s’est déroulée sur une période d’environ un (1) mois,
du 15/04/2019
au
13/05/2019. Nous avons débuté l’enquête proprement dite le (../../..) et pris fin le (../../..).
Cependant, au fur et à mesure que nous rencontrions des difficultés particulières dans notre
rédaction, nous retournons sur le terrain pour plus d’éclairage.
10. Traitement et cadre d’analyse des données
Notre étude s’inscrit dans une approche qualitative mais aussi dans une approche
monographique. Ainsi la plupart des données proviennent des entretiens semi-directifs réalisés
avec les étudiants, les élèves, les déscolarisés et les salariés et de nos observation directes. En
ce qui concerne le traitement et l’analyse des données, nous avons effectués un dépouillement
suivant les objectifs de recherche. Au regard de la quantité d’information recueillie lors des
entrevues, tout propos qui s’éloigne de notre objectif est mis à l’écart. Aussi, cette opération
consiste à explorer chaque entretien afin d’identifier l’homogénéité et la dissemblance dans les
discours des enquêtés. Les résultats de cet exercice nous ont permis de décomposer nos
différents objectifs visés en indicateur découlant des propos des acteurs.
10.1 Cadre théorique et conceptuel d’analyse
-
Théorie de l’interactionnisme symbolique
Dans le cadre de ce travail nous allons utiliser l’interactionnisme symbolique.
L’interactionnisme symbolique est un courant de pensée né à Chicago, aux Etats Unis
d’Amérique au début du XXème siècle. Il a comme initiateur Georges Herbert Mead et son
disciple Herbert Blumer.
L’idée véhiculée par l’interactionnisme symbolique s’énonce comme suit :
Selon le cadre théorique méadien, développé à l’aide de recherche en éthologie, l’interaction
symbolique (communication verbale et non verbale) entre les individus humains détermine le
sens que ces derniers accordent au monde et à leurs propres états mentaux.
Par contre, Herbert Blumer énonce trois (3) principes brefs et complets définissant
l’interactionnisme symbolique comme : «
1. Les humains agissent à l’égard des choses en fonction du sens qu’ils attribuent à ces
choses.
2. Ce sens est dérivé ou provient de l’interaction sociale que chacun a avec autrui.
3. Ces sens sont manipulés dans, et modifiés via, un processus interprétatif utilisé par la
personne pour interagir avec les choses rencontrées. »
Ainsi, l’action se fonde à partir du sens, ce dernier émerge à travers les interactions
interpersonnelles situationnelles grâce à une réalité intersubjective reposant sur des symboles
langagiers partagées. Le deuxième principe s’inscrit directement dans l’optique de Mead pour
qui « l’univers des significations émerge d’un processus de coopération et d’adaptation
mutuelle au sein du groupe social ». (De Quiezez, p.31)
Mais c’est le troisième principe qui caractérise le mieux l’approche interactionniste et qui
permet de dépasser les cadres déterministes, car c’est ce processus herméneutique
d’interprétation qui crée un sens nouveau pour chaque individu transformant sans cesse les
significations des objets. C’est cette capacité réflexive qui constitue, pour le sujet, la base de la
construction interactionniste ; l’individu contrôle ses actions en agissant sur lui-même et tout
selon les circonstances et le contexte.
Les individus sont des producteurs de leur propre action et signification. Bien que vivant
dans un même cadre social, chaque acteur social donne un sens individualisé à l’action, selon
les circonstances, aux objets et aux situations qui caractérisent ce cadre social ou environnement
matériel. (Magalie KABALE)
La théorie de l’interactionnisme symbolique nous permettra d’appréhender les actes de
communication posés au cours des interactions entre jeunes dans leur utilisation du téléphone
portable. En effet, comme montré plus haut, les acteurs sont les créateurs de leurs propres
significations. Et ce sont toutes ces significations attribuées aux gestes, comportements, aux
paroles, aux égards, au manquement dans les relations des jeunes que nous nous attacherons à
mettre en exergue dans notre travail.
11. Limite des choix méthodologiques et restitution des résultats
11.1 Limite des choix méthodologiques
o Difficultés de l’étude
Au plan social, certains jeunes ont refusé de se prêter aux enregistrements vocaux.
o Limite de l’étude
Dû au vaste espace géographique de la ville de Bouaké et par faute de moyens financier, nous
n’avons pu nous rendre dans tous les quartiers de la ville pour notre enquête. Cela aurait pu
apporter un plus aux éléments de notre recherche.
11.2 Plan de restitution des résultats
Cette étude comprend trois (3) parties principales. La première partie est consacré aux facteurs
liés à la problématique du téléphone portable dans les interactions entre à Bouaké. Dans la
deuxième partie, il s’agit de présenter les conséquences liées à cette problématique. Enfin, la
troisième partie consiste à proposer des solutions.
RESULTATS
CHAPITRE 1 : FACTEURS LIES A LA PROBLEMATIQUE DU TELEPHONE
PORTABLE
1. Réseaux sociaux comme fondement de l’appartenance au téléphone portable.
Lorsque nous posions la question aux jeunes de savoir « Pour quelle fonction ou application
utilisez-vous le plus votre téléphone portable ? », nous avions des réponses comme :
« Whatsapp »
« Whatsapp et Facebook »
« Wha, Fb, Instagram »
A travers ces propos l’on note que les réseaux sociaux sont les plateformes interactives qui
sollicite le plus l’usage du téléphone portable.
Pour d’autres, téléphone portable et réseaux sociaux vont de pair.
« Comme je le disais, de nos jours on associe le téléphone portable directement aux réseaux
sociaux, c’est ce qui donne de la valeur au téléphone portable et vice versa »
De plus, selon notre guide d’observation les réseaux sociaux seraient devenus pour les jeunes
le point médian de toutes leurs interactions.
2.
Le téléphone portable, un monde virtuel avec peu de rigueur comme facteur
d’incitation à son l’utilisation excessive.
« Lorsqu’on cause avec une personne via téléphone portable, on est libre de dire et de
faire ce que tu veux. Dans le monde virtuel il y a une certaine liberté, on arrive
facilement à causer sans honte, tu arrives dire ce que tu ressens, à t’exprimer, tu arrives
à dire ce que tu veux dire sans avoir les yeux braqués sur toi, pour s’interroger pour
dire qu’est-ce qu’il dit celui-là, qu’est-ce qu’il raconte celui-là. C’est ce qui fait que tout
le monde est là-bas parce qu’ils se sentent libre »
« Bof, quand c’est ennuie je me centre sur mon téléphone portable »
C’est dire qu’avec le téléphone portable l’on rencontre un peu plus de légèreté, on est un plus
décontracté car on ne voit pas son interlocuteur.
Les paramètres d’une interaction physique impliquent le plus souvent la gêne de prononcer
certains mots, de dire certaines choses, en un mot, il existe la honte dans les interactions
physiques. Et le plus souvent ces paramètres ne font pas partis des paramètres interactives du
monde virtuel.
D’un autre côté, d’autres soutiennes le fait que les relations sociales ‘’physiques’’ sont
souvent accompagnées de dispute. Et donc leur téléphone portable leur permettrait de rester à
l’écart de ces algarades (querelles).
« J’aime plus rester à la maison manipuler mon portable, paé dehors y’a trop de
discours »
3. Le téléphone portable comme un tout
Le téléphone réunit quotidiennement des jeunes qui sont majoritairement fascinés par les
options qu’il offre. En effet lors des entretiens, ils n’ont cessé de venter certaines aptitudes du
téléphone portable qui au fur et à mesure leur facilitaient la vie.
Ils disent : « Pour moi, le téléphone portable est super pratique, qui me permet de
communiquer avec mes proches, et quand le besoin se fait sentir, il me permet de faire
mes recherches et même trouver du boulot »
« Avec un téléphone portable on peut tout faire, recevoir de l’argent en claquement de
doigts, de communiquer avec ses proches et pour moi surtout il me sert pour le
commerce »
« : Pour moi le téléphone est d’une nécessité cruciale car il me permet d’être en relation
et toujours en communication avec mes proches, souvent il me permet de faire des
recherches sur le net et autres. »
« : Mon téléphone, il est prioritaire pour moi. Car il me permet de rester en contact avec
mes connaissances qui sont près de moi ou éloignés. Et de me distraire. »
Alors, hormis l’aspect communicatif qu’offre le téléphone portable, pour certains, il revêt, à
travers leurs propos, un aspect commercial. Ils l’utilisent pour presque tout faire. Ils le
personnalisent, le téléphone portable devient leur « frère », « pote fidèle », « confident »,
« enfant », « ami ».
Il offre des possibilités évasives, didactiques, commerciales, avec l’avènement des réseaux
sociaux sur les téléphones portables. Et c’est ce qui donne en quelque sorte plus de valeur au
téléphone portable, vu que certains d’entre eux y passent tout leur temps.
« Moi, j’utilise mon portable la plupart pour les réseaux sociaux »
Mais, à travers cela, nous remarquons que le téléphone portable est devenu le point médian
vers lequel convergent tous les jeunes. Et c’est bien là le problème. Il devient ‘’un tout’’, ‘’un
tout en un’’, un objet capable de tout faire de focaliser l’attention sur lui, de captiver
n’importe qui et donc de rendre dépendant très rapidement.
CONCLUSION PARTIELLE
La présence et l’influence des facteurs poussent les jeunes à plus de régularité et
d’engagement dans l’utilisation du téléphone portable. Il s’agit entre autre des réseaux
sociaux, la légèreté des paramètres socio-interactives et la globalité d’options ou services
qu’offre le téléphone portable.
Ce qui entraine évidemment des conséquences négatives aussi bien pour leur entourage que
pour les usagers eux-mêmes.
CHAPITRE 2 : CONSEQUENCES LIEES A LA PROBLEMATIQUE DU TELEPHONE
PORTABLE DANS LES INTERACTIONS ENTRE JEUNES A BOUAKE
Cette partie est consacrée à l’analyse et la présentation des conséquences négatives
qu’engendre le téléphone portable ou son utilisation dans les interactions sociales des jeunes.
L’analyse et la présentation sont des processus pratique d’examen et de compréhension de la
réalité des conséquences du téléphone portable ou de son utilisation. Cet examen nous
permettra de mieux cerner la gravité de ce phénomène afin de prendre conscience de ses
répercussions sur les relations sociales qu’entretiennent les jeunes.
Pour se faire, cette partie est divisée en deux (2) parties. La première partie fait part des
conséquences au niveau individuel et la deuxième, les conséquences au niveau social ou
interactionnel.
1. Conséquences individuels du téléphone portable et de son utilisation.
La plupart des jeunes sont largement attirés par le téléphone portable et par la satisfaction
ludique, didactique et tous les autres aspects qu’il leur offre. Cependant, eux-mêmes
reconnaissent, à travers leurs propos, que le téléphone portable aurait des répercussions
néfastes sur leur personne.
D’une part, à travers leurs propos, l’on noterait que le téléphone portable est devenu leur plus
grande occupation. Ils ne s’en séparent presque plus, ils l’utilisent excessivement et de
manière délibérée.
« Je l’utilise toute la journée 24h/24. Tant que le sommeil n’est pas venu à moi je suis
dessus. Même souvent il y a des ruptures dans le sommeil, je sursaute parce que je n’ai
pas regardé ma messagerie. »
« La majeure partie de mon temps je l’utilise »
« Annnnh je ne peux pas convertir ça en heure mais dès que j’ai u temps libre je m’y
mets. »
« Tant qu’il n’est pas déchargé je suis dessus »
Cette utilisation non structurée du téléphone portable laisse place à une dépendance chronique
du téléphone portable de cet outil. En effet cinq (5) personnes sur six (6) affirment être
dépendants du téléphone et peine à s’en défaire, voire même non envisageable pour d’autres.
« La nuit je ne dors pas, je cause, j’envoie des messages un peu comme quelqu’un qui est
addict à la drogue. »
« Le téléphone a un côté néfaste, dans la mesure où il devient une drogue pour ce qui
sont attachés. »
« Je suis dépendante du téléphone portable. Donc ça fait que quand mon téléphone se
gâte je deviens nerveuse parce que je me dis que je rate tout de la vie. »
« C’est très difficile de vivre sans »
En plus de ce problème addictif certains affirment que le téléphone portable serait la cause de
plusieurs autres maladies dus aux ondes électromagnétiques qu’il rejette.
Ils le disent en ces termes :
« Tu sais, les ondes qu’on appelle onde radioactive que dégage là est source de cancer et
tout. »
Tandis que d’autres affirment être malade à cause du téléphone portable certes mais en plus
claire à cause de la mauvaise utilisation qu’ils en font.
« Le téléphone nous rend malade aujourd’hui, on l’utilise mal. »
« Moi, particulièrement mes problèmes d’yeux je les dois en majorité au téléphone
portable. La lumière du téléphone portable me fatigue, je suis tout le temps dessus. »
« On ne dort même plus à cause de notre téléphone portable or le sommeil est
réparateur. Et on s’étonne d’avoir une anorexie, d’être anémié. »
D’une part, l’une des conséquences majeure du téléphone portable sur leur personne est la
mauvaise éducation qu’ils acquièrent via leur outil. En outre, le téléphone portable serait la
clé qui leur ouvre la porte vers l’interdit. Ils l’utilisent à des fins dites « malsaines » par
certains de leur semblable.
« Pour moi le portable est source de dépravation des mœurs. Il ne nous apprend pas les
bonnes choses. Il déprave la jeunesse. »
« A cause du téléphone on est capable de parler mal à nos parents »
« Au fait pour moi le téléphone nous sert à mentir »
« Les arnaques ce n’est pas seulement avec les ordinateurs qu’ils le font, ils le font
maintenant avec leurs portables. »
« Egalement, il y en a d’autres qui visitent les sites pour adultes. »
« Il apporte aussi une mauvaise éducation en ce sens où il y a des personnes, des jeunes
surtout qui utilisent l’internet via leur téléphone portable pour regarder des films
pornographiques et autre. »
A travers ces propos l’on noterait tout simplement que le téléphone est l’une des bases de la
perversion des jeunes, de la dépravation des mœurs. Il facilite aussi le mensonge et
l’impolitesse à un certain niveau.
2. Les conséquences sur les interactions sociales des jeunes
Le téléphone affecte aujourd’hui les relations sociales des jeunes. Le premier problème
comme signifié ci-dessus vient du fait que le téléphone portable crée une dépendance. Ainsi
les jeunes sont poussées à utiliser constamment et à n’importe quelle occasion leur téléphone
portable y compris dans leurs interactions physiques avec leur semblable. Dans ce cas-ci,
l’interaction, la communication est dite superficielle car la définition de la communication est
d’établir un contact avec autrui, mais si celui-ci est incomplet ou inutile, peut-on vraiment
faire référence à la communication ?
Le but du téléphone portable s’est donc modifié au fur et à mesure qu’il prenait de l’ampleur.
Il ajoute des barrières à la communication.
Selon certains enquêtés, le téléphone portable est un objet très captivant et surtout distrayant.
Pour eux, il est fréquent de voir certaines personnes de se détacher du monde physique, de
leur entourage pour un monde virtuel.
« Souvent même tu parles à quelqu’un qui est sur son téléphone pendant des minutes et
lui il te dit « tu dis quoi ? »
Les relations sociales entre jeunes ne sont plus ce qu’elles étaient il y a de cela cinq (5) ans.
La préférence pour les interactions médiatisées se fait de plus en plus ressentie, au détriment
des relations interpersonnelles.
« J’avoue que je suis plus portable que sortir rencontrer des amis parce qu’il est
toujours avec moi. »
« Avant, à l’ancienne quand on n’avait pas de téléphone, tu pouvais aller voir ton amie
pour critiquer des gens, vous échangez bien, souvent tu n’as même pas envie de rentrer
à la maison mais aujourd’hui à cause du téléphone portable, on se dit bon c’est mieux de
rester à la maison, plus besoin de se déplacer. »
« Il n’y a plus de vie sociale au fait. Aujourd’hui on préfère être avec son téléphone
qu’être avec son frère, avec ses ami(e)s physiques parce qu’on se dit déjà si c’est j’ai
mon téléphone j’ai tout »
A travers ces dires, l’on dirait que le désintérêt pour la présence humaine commence à faire
sortir ses marques.
Certains des enquêtés considère même comme un mal, le fait que eux, jeunes, à cause de leur
téléphone portable cherche à éviter les contacts, à s’afficher visiblement comme isolé, en
communication avec un autre distant ou bien même en train de jouer, et ce, même lorsqu’ils
sont en compagnie d’une personne, d’un groupe.
« Ce que je trouve déplorable c’est de prendre son téléphone portable et l’utiliser à toute
fin pendant que tu es en présence d’une personne. »
« Si par exemple on décide de se voir entre jeunes, à la limite on n’échange même pas
entre nous, chacun est connecté sur les réseaux sociaux, sur whatsapp, occupé à faire
autre chose que ce pourquoi on est réuni. »
« Je peux dire qu’il impacte négativement nos relations entre amis. »
Par contre, pour d’autres enquêtés, le fait de se trouver en présence de personnes scotchées à
leur téléphone est pour eux normal. Cela n’aurait pas une aussi grande importance du moment
où aussi « ils ont leur téléphone portable ».
Ce qui laisse entrevoir, “ la manière de vivre ensemble séparé“ que favorise le téléphone
portable.
En plus de cela, certains n’ont pu s’y résoudre à reprocher au téléphone portable de nombreux
méfaits de notre société en rapport avec les jeunes.
Pour eux, il « désuni », « crée des mésententes entre couple », « il est à la base de
beaucoup de rupture », il y est pour beaucoup dans « la situation de la profanation de
tombe de dj Arafat, tout ça là est parti des réseaux sociaux, c’est la mauvaise utilisation
des réseaux sociaux. En tout cas le téléphone a rendu la jeunesse dépravée, elle perd ses
repères. ».
De plus, selon notre guide d’observation, le téléphone portable régit un système, un monde
dans lequel sont laissés pour compte les « sans téléphone portable ». Tout se fait par
téléphone portable, les RDV, les papotages… . Et donc être sans téléphone portable serait être
dans l’ennuie la plus totale pour certains jeunes. Il devient donc une aubaine pour celui qui l’a
et un problème pour celui qui en est dépourvu.
Selon les propos des enquêtés ; « Aujourd’hui une fille de 15 ans qui n’a pas d’Android se
voit bannit de la société » comme pour dire qu’une vie sans téléphone est atroce or il existe
une vie en dehors du téléphone portable.
CONCLUSION PARTIELLE
Les conséquences négatives du téléphone portable et de l’usage démesuré des jeunes se
présentent dans un ordre précis. Elles débutent par une dépendance. Il s’ensuit alors les
difficultés d’équilibre émotionnel, psychologique. Certains jeunes présentent alors des
problèmes de santé. Et après ceux-ci surviennent les difficultés nouvelles d’intégration
sociales des jeunes, à travers leurs différentes mutations comportementales créées par le
téléphone portable et de l’excessivité de l’usage qu’ils en font qui empiètent sur leurs
interactions, leurs relations sociales.
Il s’avère donc nécessaire pour les fabricants, les jeunes eux-mêmes, les parents des jeunes
mineurs, pour l’Etat de prendre des mesures et dispositions permettant de minimiser les
risques de dépendances au téléphone portable.
C’est pourquoi nous allons dans la partie suivante de notre travail faire des propositions aux
jeunes, aux autorités étatiques et aussi aux différentes structures désireuses de vouloir
s’informer pour leur permettre de prendre des dispositions.
CHAPITRE 3 : PROPOSITIONS DE SOLUTIONS
En plus de nos recherches sur la question, certains enquêtés ont pris la
liberté de proposer
des solutions afin de freiner leur addiction au téléphone portable et d’éviter « beaucoup de
catastrophes » selon eux.
-
Au niveau de l’Etat
Pour certains enquêtés, il faut que l’état s’ingère dans la lutte pour freiner l’élan démesuré de
l’usage du téléphone portable pour les jeunes. Et ce en vue de redorer l’image du pays et aussi
permettre à la jeunesse d’être sage.
« Comme je le disais moi j’associe plus le téléphone portable aux réseaux sociaux, donc
ce que je propose vraiment, c’est que les réseaux sociaux soient réglementés de sorte à ce
que n’importe qui ne puisse n’importe quoi sur les réseaux, parce que mine de rien c’est
nom du pays qui s’en va hein »
« L’état à un rôle à jouer dans cette affaire-là, s’ils font que les sites pour adultes sont
bien protégés ça va diminuer le nombre de jeunes pervers et donc moins de risque de
voir les sextape par-ci, par-là »
-
Au niveau des parents dont leurs enfants sont encore mineurs
Selon pédopsychiatre Stéphane Clerget, le rapport obsessionnel des adolescents à leur
téléphone peut être contré par un réinvestissement des parents dans les activités de leurs
enfants. En plus clair, il faille que les parents nourrissent au maximum le quotidien familial.
Ils peuvent les provoquer avec des activités artistiques, sportives et ludiques.
De même que pour certains enquêtés, les parents devraient plus surveiller le contenu du
téléphone leurs enfants, les habituer à autre chose que le téléphone portable.
« Pour les plus jeunes 13 à 16 ans, essayer de restreindre leur accès à la globalité des
médias »
« Jusqu’à 18 ans les parents doivent contrôler les jeunes, les sites qu’ils vérifient »
« Pour les parents, il faut plus habituer leurs enfants à autre chose qu’à être centré sur
le portable »
-
Au niveau des jeunes eux-mêmes
Comme le disait Mme Dunn « si vous avez vraiment besoin de votre téléphone portable, il
ne va pas vous tuer si vous vous en servez. Mais il y a un avantage réel et tangible à
mettre votre portable de côté lorsque vous passez du temps avec vos amis »
Ainsi les interactions retrouveraient leurs vigueurs. De même pour certains enquêtés, cette
tâche parait difficile, ils affirment qu’il faille quand même essayer de prôner l’interaction
physique.
« C’est difficile hein mais essayer d’être plus sociable, déposer son portable 5 min juste
histoire d’aller saluer la voisine d’à côté, de plus se parler en vrai et non virtuellement »
Pour d’autres, la meilleure manière pour que cela puisse marcher c’est de :
« Se donner du temps les uns aux autres »
« Avoir des moments récréatifs avec ses proches, famille et autre pour diminuer en nous
l’influence du téléphone portable »
« Pour nous jeunes, c’est une question d’habitude, commençons par changer nos
habitudes »
CONCLUSION PARTIELLE
Au terme de cette partie, nous pouvons dire que les solutions s’attribuent à trois (3) entités.
D’abord, l’état, qui pour certains devraient se charger de la restriction d’options et de
publications sur les réseaux sociaux et autres sites pour adultes.
Ensuite, les parents, qui selon d’autres devraient plus s’impliquer dans le quotidien familial,
adopter un comportement nouveau et être plus attentif au contenu des téléphones de leurs
enfants.
Enfin, les jeunes, pour eux, de manière générale, ils préconisent de changer leurs habitudes
pour interagir plus physiquement.
DISCUSSION
SYNTHESE DES RESULTATS
Le téléphone portable a connu une évolution spectaculaire au cours de ces deux (2) dernières
décennies. Des téléphones portables basiques à une pluralité de service faisant de lui un objet
à forte ampleur. En grande partie pour les jeunes, pour qui, il est devenu un objet presque
indispensable, qu’il en vient même à changer leur personne, leurs interactions sociales.
Notons à cet effet que la ville n’est pas épargnée par ce phénomène, les jeunes vivant en son
sein ont pour le téléphone portable une très grande dévotion.
Les raisons d’une telle appartenance sont dues, d’emblée aux réseaux sociaux, l’un des
fondements principal de leur appartenance, pour la plupart d’entre eux. Ensuite, vient la
légèreté des paramètres socio-interactifs du monde virtuel qu’offre le téléphone portable.
Enfin, la globalité d’options ou de services que présente le téléphone portable comme facteur
d’incitation à son utilisation excessive.
De plus, cette appartenance obsessionnelle du téléphone portable dont fait preuves les jeunes
laisse place aux conséquences tant au niveau individuel que social. Il engendre des problèmes
au niveau de leur personne et dans leurs interactions sociales.
Au regard des différents problèmes que crée le téléphone portable, il faille que les autorités
étatiques, les parents de jeunes mineurs et les jeunes eux-mêmes de bien vouloir se réorienter
sur les dégâts que cause le téléphone portable dans les relations afin de ralentir tant soit peu
son élan qui est apriori effréné.
ETUDE COMPAREE
 Similitudes
Dans notre étude, nous avons noté que le téléphone portable a investi le quotidien des jeunes
de Bouaké. Pour eux, en plus de son aspect communicatif et multitâche, il revêt une
dimension qui va au-delà de son aspect “objet”. Nos résultats rejoignent ceux de (Aurélie
Charpentier, 2006) dans son article « le mobile, doudou du XXe siècle » en ces termes
« mobile miroir et multitâche ». De même que nos résultats, (Aurélie Charpentier, 2006)
affirme dans article que le téléphone portable revêt trois (3) dimensions qui sont à dissocier de
l’aspect objet.
De plus, selon le rapport de (Pasquier, 2001), le téléphone portable était plus qu’un objet, il
remplissait une fonction de sociabilité intra-générationnelle chez les jeunes. Ce qui est en
conformité avec nos résultats obtenus sur le terrain.
L’étude “living and learning with new media” les sites de réseau social, les téléphones
portables sont désormais les accessoires de la culture des jeunes. Conformément à nos
résultats obtenus téléphone portable, sites de réseau social et jeunes eux-mêmes ne font
maintenant plus qu’un.
Concernant, les conséquences, notre étude a révélé que le téléphone portable est un objet de
dé-communication. C’est ce qui est affirmé par (Serge Tisseron, 2001) quand il dit que le
téléphone est souvent utiliser pour ne pas communiquer.
Par contre comme (Dan Véléa, 2014) l’affirme le téléphone portable engendre de grande
souffrance chez certains internautes dépendants, son absence entraine une sensation
angoissante. De même que pour (Stéphane Clerget, 2016) le téléphone portable a des
conséquences sur la qualité des vies jeunes. Ces écrits rejoignent nos résultats. Ils ont montré
que les enquêtés accusaient le téléphone portable d’être la source de plusieurs maux liés à leur
santé.
Cependant, il est bon de noter qu’il existe des divergences, des manquements dans ces écrits
qui ne sont pas en conformités avec nos résultats.
Divergences
La particularité d’une recherche scientifique, c’est d’apporter de nouvelles connaissances à la
communauté scientifique. Nos résultats ont montré que l’une des raisons qui incitait les jeunes
à l’utilisation excessive du téléphone portable est la légèreté des paramètres socio-interactifs
qu’offre ce dernier. Alors que les études de (Serge Tisseron, 2001), (Albert Jacquard, 2002),
(Aurélie Charpentier, 2006), ne l’ont pas signifiées.
De plus, pour (Corine, 2003) le portable est un outil de maintien de cohésion sociale et
familiale. Ce qui est bien révolu. Le téléphone portable est aujourd’hui l’un des plus grands
acteurs des discordes dans la société, comme le montre notre étude.
L’une des différences majeures qu’a notre étude est qu’il comprend un volet “solutions” qui
est proposé par les enquêtés eux-mêmes. L’un des plus grands manques de ces écrits qui ont
servi pour la revue de la littérature.
Cependant, l’omniprésence de ce phénomène au sein de la ville de Bouaké, nécessite certaines
recommandations, en plus de celles montrées dans nos résultats, pour renforcer la lutte contre
le « snobisme », le « phubbing », entre jeunes à Bouaké.
CONCLUSION GENERALE
En conclusion, notons que le téléphone portable, apparu à la fin du XXème siècle, est
aujourd’hui un élément à part entière du quotidien d’un nombre important de personne. Il a
su s’ingérer dans le quotidien de presque tous, particulièrement de la jeunesse. Un objet qui a
su se glisser dans leur environnement, et en modifiant par la même occasion leurs échanges,
leurs façons de communiquer, créant ainsi des problèmes allant de l’addiction au téléphone
portable à un nombre important de répercussions sur les interactions sociales. C’est dans ce
sens que la question du téléphone portable et de l’usage qui en est fait s’inscrit dans le champ
de notre sujet de mémoire intitulé « la problématique du téléphone portable dans les
interactions entre jeunes à Bouake. »
Pour réaliser cette étude, nous avons mobilisé l’ensemble de la méthodologie des sciences
sociales, des méthodes, techniques et outils propre à l’approche qualitative. Le choix de cette
approche a eu pour intérêt de comprendre les raisons qui régissent cette problématique du
téléphone portable au sein de la ville de Bouaké.
Conformément, à nos objectifs, nous avons scindé nos résultats en trois (3) grandes parties.
La première partie consistait à identifier les logiques qui sous-tendent l’utilisation du
téléphone portable. Il en ressort que ces logiques sont d’ordre multiple. D’abord, les réseaux
sociaux comme usage principal du téléphone portable, ensuite vient la légèreté des paramètres
socio-interactives qu’offre le téléphone portable et enfin la globalité d’options que présente le
téléphone portable comme un facteur d’incitation son utilisation excessive. La seconde partie
visait à présenter les conséquences qu’engendre la problématique du téléphone portables dans
les interactions entre jeunes à Bouaké. Ainsi nous avons pu relever que les conséquences
s’établissaient à deux niveaux. D’une part les conséquences individuelles qui comprenaient un
ensemble un nombre de méfaits sur la personne de usagers comme « la dépendance » au
téléphone portable ou encore la mauvaise éducation délivrée par celui-ci et d’autre part des
conséquences sociales, des conséquences qui attraient directement à leurs interactions
sociales, aux répercussions négatives qu’a le téléphone portable sur les relations
interpersonnelles. La dernière partie fut consacrée aux différentes propositions de solutions
dans l’optique de freiner l’élan et l’utilisation démesurée du téléphone portable. Il en ressort
donc de cette partie, qu’ afin de ralentir tant soit peu son élan qui est a priori effréné, il faille
que pour les autorités étatiques, les parents des jeunes mineurs et les jeunes eux-mêmes de se
réorienter sur les dégâts que cause le téléphone portable sur leur personne et aussi dans leurs
relations avec leurs semblables.
En somme, au regard des résultats susmentionnés, il ressort que nos objectifs ont été atteint.
Nous pourrions sans aucun doute déployer la réflexion indéfiniment, le champ d’étude ouvert
devant nous est infini. Il est dès à présent primordial de se pencher avec sérieux sur ces
phénomènes, et de travailler à la promotion et à la récupération d’une vie sociale satisfaisante
pour tous.
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