Nations Unies
A
/74/224
Assembe générale
Distr. gérale
25 juillet 2019
Français
Original : anglais
19-12732 (F) 220819 230819
*1912732*
Soixante-quatorzième session
Point 26 a) de lordre du jour provisoire*
Promotion des femmes : promotion des femmes
Amélioration du sort des femmes et des filles
en milieu rural
Rapport du Secrétaire ral
sumé
Le rapport ci-après, présenté en application de la solution 72/148 de
lAssemblée gérale, rend compte des activis menées par les États Membres et les
entités des Nations Unies pour aider les femmes et les filles vivant en milieu rural, en
particulier les plus pauvres et les plus marginalisées, à aliorer leurs moyens de
subsistance, leur bien-être et leur résilience face aux changements climatiques. Il est
indispensable que des progrès soient réalisés à cet égard pour faire avancer le
Programme de développement durable à lhorizon 2030 et sassurer quaucune femme
ou fille vivant en milieu rural ne soit oubliée dans la mise en œuvre, le suivi et les
résultats du Programme. Le rapport formule des recommandations à lintention de
lAssemblée.
* A/74/150.
I. Introduction
1. Dans sa résolution 72/148 sur l’alioration du sort des femmes et des filles en
milieu rural, lAssemblée gérale a prié le Secrétaire général de lui présenter à sa
soixante-quatorzième session un rapport sur lapplication de la résolution. Le présent
rapport fait le point sur lévolution de la situation des femmes et des filles en milieu
rural depuis la soixante-douzième session, l’accent étant mis sur les importantes
répercussions des changements climatiques qui les touchent individuellement et
collectivement, et qui se trouvent aggravées par les inégalités entre les sexes. Il décrit
laction mee par les États Membres, les organismes des Nations Unies et dautres
acteurs pour sattaquer aux problèmes auxquels se heurtent les femmes et les filles,
en particulier les plus pauvres et les plus marginalies, afin de les aider à améliorer
leurs moyens de subsistance, leur bien-être et leur résilience face aux changements
climatiques.
2. Le rapport passe en revue les efforts engagés au niveau national pour ce qui
concerne : a) la prise en compte de la probmatique femmes-hommes dans les
questions de développement durable et de lutte contre les changements climatiques ;
b) ladoption de politiques et programmes de développement agricole et rural tenant
compte de cette problématique ; c) le renforcement des capacités de résilience et
dadaptation des femmes et des filles ; d) la mise en place dinfrastructures et de
technologies durables accessibles aux femmes et aux filles en milieu rural ; e) la
pleine participation des femmes à la prise de décisions à tous les niveaux sur les
questions relatives au climat et à lenvironnement ; f) lalioration de la collecte, de
lanalyse et de la diffusion de données ventilées par sexe et de statistiques sur les liens
entre les femmes et les filles en milieu rural et la résilience face aux changements
climatiques. Le rapport se termine par des recommandations à l’intention de
lAssemblée rale
1
.
3. Depuis ladoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, les
problèmes environnementaux et les changements climatiques sont devenus lélément
central de lun des domaines daction énoncés dans ledit Programme et un élément
commun aux 12 domaines d’intervention. Le thème prioritaire qui avait été retenu
pour la soixante-deuxième session de la Commission de la condition de la femme,
tenue en 2018, a une nouvelle fois appelé lattention sur les problèmes à régler et les
possibilités à exploiter pour parvenir à légalité des sexes et à lautonomisation des
femmes et des filles en milieu rural (voir E/CN.6/2018/3). Dans ses conclusions
concertées (E/2018/27), la Commission a souligné la cessité d’adopter des
stratégies datténuation des changements climatiques et dadaptation à ceux-ci qui
tiennent compte de la probmatique femmes-hommes et qui visent à renforcer la
résilience et les capacités dadaptation des femmes et des filles et à leur permettre de
faire face aux effets néfastes des changements climatiques. À sa cinquante-cinquième
session, la Commission avait déjà engagé les gouvernements à intégrer la
problématique femmes-hommes dans leurs politiques relatives aux changements
climatiques et à renforcer et financer comme il conviendrait les dispositifs visant à
assurer la pleine participation des femmes, sur un pied dégalité avec les hommes, à
tous les niveaux de la prise de décisions sur les questions denvironnement, en
__________________
1
Des informations ont été rues de 26 États Membres (Algérie, Andorre, Argentine, Australie,
Azerbdjan, Brésil, Bulgarie, Burkina Faso, Cambodge, Colombie, Costa Rica, Cuba, Espagne,
orgie, Honduras, Iraq, Irlande, Italie, Mexique, Mongolie, Pérou, Portugal, Slonie, Soudan,
Turquie et Zimbabwe) et de cinq organismes des Nations Unies [Entité des Nations Unies pour
légalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Fonds international de
veloppement agricole (FIDA), Organisation des Nations Unies pour lalimentation et
lagriculture (FAO), Programme alimentaire mondial (PAM) et Union internationale des
télécommunications (UIT)].
particulier sur les stratégies de réduction des effets des changements climatiques sur
la vie des femmes et des filles (E/2011/27-E/CN.6/2011/12).
4. La Convention sur lélimination de toutes les formes de discrimination à légard
des femmes, et plus particulièrement son article 14, prescrit aux États de prendre
toutes mesures appropres pour éliminer la discrimination dont font lobjet les
femmes rurales. Dans sa recommandation rale no 34 (2016) sur les droits des
femmes rurales (CEDAW/C/GC/34), le Comité pour l’élimination de la
discrimination à légard des femmes constate que les femmes rurales sont gravement
touchées, dans les pays en développement comme dans les pays développés, par la
pauvreté, l’exclusion économique et politique, les changements climatiques et les
catastrophes naturelles ainsi que par le manque daccès aux infrastructures, aux
services et à la protection sociale, ce qui ajoute encore aux responsabilités déjà bien
lourdes qui leur reviennent dassumer les soins et travaux domestiques non
rémunérés. Il y souligne également lobligation incombant aux États de promouvoir
les droits des femmes à la terre et aux ressources naturelles, à la santé, à l éducation,
à l’emploi, au logement, à leau, à lassainissement et à l’énergie et le droit davoir
leur place dans la socié. Il note que les politiques de développement rural continuent
de faire abstraction des priorités et des droits des femmes, notamment des
agricultrices et des travailleuses agricoles migrantes.
5. Dans sa recommandation gérale no 37 (2018) relative aux aspects liés au genre
de la duction des risques de catastrophe dans le contexte des changements
climatiques (CEDAW/C/GC/37), le Comité note que les femmes rurales et les femmes
autochtones sont directement touchées par les catastrophes et les changements
climatiques en tant que productrices de denrées alimentaires et travailleuses agricoles.
Leur résilience face aux changements climatiques est compromise par l’absence de
garanties foncres, la mauvaise qualité des parcelles quelles détiennent et
lémigration des hommes, qui les oblige à assumer seules les travaux agricoles. La
pénurie des ressources liée au climat fait aussi quelles sont davantage exposées à la
violence.
6. Le Programme de développement durable à lhorizon 2030 est un cadre daction
général et transformateur qui couvre le développement rural et lautonomisation des
femmes et des filles en milieu rural. Les États Membres sy sont engagés à consacrer
les ressources voulues au développement des zones rurales, dune agriculture et d’une
pêche durables, en vue daider les exploitantes agricoles, les éleveuses et les
pêcheuses des pays en développement, notamment des pays les moins avancés. Parmi
les objectifs de développement durable, lobjectif 5, qui consiste à parvenir à légalité
des sexes et à autonomiser toutes les femmes et les filles, et lobjectif 13, qui vise à
prendre durgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs
répercussions, notamment en dotant les femmes de moyens efficaces de planification
et de gestion pour faire face aux changements climatiques, revêtent une importance
particulière.
7. Dans son rapport sur les changements climatiques et la pauvreté
(A/HRC/41/39), le Rapporteur spécial sur lextrême pauvreté et les droits de l’homme
a indiq que les changements climatiques auraient des conséquences catastrophiques
pour les plus démunis et risquaient, si rien nétait fait, de précipiter un grand nombre
de personnes dans la pauvre. Même si des mesures énergiques et concertées ont été
prises par les gouvernements et toutes les parties prenantes dans le monde entier, des
centaines de millions de personnes seraient confrontées à l’insécurité alimentaire, à
des migrations forcées, à la maladie et à la mort. Les changements climatiques
mettaient en péril les droits de la personne, en particulier les droits des femmes, et
compromettraient les progrès accomplis sur le plan mondial au cours des 50 dernières
années en matière de développement, de santé et de lutte contre la pauvre.
8. Partout dans le monde, les zones rurales subissent les graves effets des
changements climatiques, notamment en termes de disponibilité et
dapprovisionnement en eau, de curité alimentaire, de viabilité des infrastructures,
de déplacements des zones de production des cultures vivrières et non vivrres, de
perte des moyens de subsistance et de la sécurité des revenus. Les changements
climatiques exacerbent les inégalités existantes, qui sont enracinées dans la pauvreté,
léloignement et la négligence des décideurs ; les populations rurales sont les plus
démunies et, dans la mesure où elles sont tributaires de l’agriculture et des ressources
naturelles, sont parmi les plus vulrables aux changements climatiques
2
. Près des
deux tiers des personnes sous-alimentées vivent dans des pays fortement exposés aux
phénones climatiques extrêmes
3
. De 2006 à 2016, lagriculture des pays en
développement a subi un quart du total des dommages et des pertes dont les
catastrophes liées au climat sont responsables
4
. À l’échelle mondiale, plus de
3 milliards de personnes et 80 % des personnes extrêmement pauvres vivent en milieu
rural et environ 2,5 milliards dentre elles tirent leur subsistance de l’agriculture
5
.
Presque un tiers des femmes qui travaillent dans le monde sont emploes dans
lagriculture, en ce comprises la sylviculture et la pêche, où elles exercent
essentiellement des activités à forte intensi de travail, informelles et malmunées
noffrant guère de protection sociale ou de curité des revenus
6
.
9. Les effets des changements climatiques accentuent les inégalités entre les sexes,
et cela apparaît très clairement dans les zones rurales. Les changements climatiques
ont une incidence différente sur les moyens de subsistance et le bien-être des individus
selon qu’on est une femme ou un homme, en termes de production agricole, de
sécurité alimentaire, de santé, de ressources en eau et de ressources énergétiques, de
migrations et de conflits dus au climat, ou encore de catastrophes naturelles liées au
climat. Bien souvent, le fait que les femmes dépendent de la terre, de leau et d’autres
ressources naturelles et davoirs productifs pour vivre et quelles ny ont pas accès
dans des conditions dégalité avec les hommes les amène à être touces de manière
disproportionnée par les changements climatiques. Leur capacité à résister aux
catastrophes et à s’en relever est aussi fortement amoindrie par les inégalis entre les
sexes. La plupart des catastrophes tuent nettement plus de femmes que dhommes, et
la pauvreté des femmes est plus marquée dans les zones exposées aux catastrophes.
Les répercussions des changements climatiques sur les femmes sont aggravées par le
fait que leur mobilité est limitée et quelles ont un pouvoir de décision moindre au
sein de leur foyer et de leur communauté
7
.
10. Les obstacles structurels et les normes sociales discriminatoires continuent de
limiter le pouvoir de décision des femmes rurales au sein du foyer et leur participation
à la vie politique de leur communauté et de la soc en général. Les femmes et les
filles vivant en milieu rural ne jouissent pas de légalité daccès à la terre et aux
ressources productives, aux services publics comme léducation et les soins de santé,
et aux infrastructures, notamment lénergie, leau et l’assainissement, ce qui affaiblit
leur capacité de résistance aux phénomènes climatiques extrêmes et aux effets des
__________________
2
Groupe d’experts intergouvernemental sur lévolution du climat, Climate Change 2014: Synthesis
Report (2015).
3
FAO et al., Létat de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2018 : renforcer la
résilience face aux changements climatiques pour la sécurité alimentaire et la nutrition
(Rome, 2018).
4
FAO, L’action de la FAO face au changement climatique : Conférence des Nations Unies sur les
changements climatiques 2018 (Rome, 2018).
5
International Food Policy Research Institute, Global Food Policy Report (Washington, 2019).
6
Organisation internationale du Travail, Emploi et questions sociales dans le monde : tendances de
lemploi des femmes 2017 (Genève, 2017).
7
ONU-Femmes, Leveraging Co-Benefits between Gender Equality and Climate Action for
Sustainable Development (New York, 2016).
changements climatiques. Leur travail demeure en grande partie invisible et non
rémunéré, même lorsque leurs tâches salourdissent en raison de lémigration des
hommes ou lorsquelles sont contraintes de chercher, avec leurs familles, dautres
moyens de subsistance ou démigrer en raison des effets dévastateurs des
changements climatiques sur la production agricole et la sécurité des revenus
8
. À
léchelle mondiale, presque tous les indicateurs de développement qui intègrent la
problématique femmes-hommes et pour lesquels des données sont disponibles
montrent que les femmes rurales connaissent une situation plus difficile que leurs
homologues masculins et plus difficile que les femmes urbaines, et quelles sont
touchées de manière disproportionnée par la pauvreté, lexclusion et les effets des
changements climatiques
9
.
11. Non seulement les femmes représentent une proportion importante de la
main-dœuvre agricole et contribuent fortement à la production agricole, à la curité
alimentaire et à la nutrition ainsi quà la gestion des terres et des ressources naturelles,
mais elles assurent aussi la plupart des soins et des travaux domestiques non
rémunérés dans les familles et foyers des zones rurales. Lévolution du climat ne fait
qu’accroître ces soins et travaux domestiques non rémunérés. Ce sont souvent les
femmes et les filles qui doivent aller chercher de leau et du combustible pour les
besoins ménagers et les activités productives. Bien que les données ventilées par sexe
soient rares, les chiffres dont on dispose indiquent que les femmes et les filles sont
chargées daller chercher leau dans 80 % des familles qui n’ont pas l’eau courante.
Là où lacs à des sources dénergie propres et abordables fait défaut, les femmes et
les filles peuvent passer une grande partie de leur journée à effectuer des tâches
pénibles et épuisantes, comme la collecte de biocombustibles, la transformation
manuelle des aliments et le pompage de leau. Là où les combustibles sont rares, leur
collecte peut prendre jusqu’à cinq ou six heures par jour, temps qui pourrait être
consac à un travail rémunéré, à léducation, au repos ou aux loisirs. La sécheresse
et la pénurie de ressources dues au climat influent manifestement sur le temps et les
effortscessaires pour collecter, stocker et distribuer leau, les combustibles et
autres ressources, et peuvent faire courir des dangers aux femmes et aux filles
lorsqu’elles effectuent ces tâches
10
.
12. Lun des moyens les plus efficaces de renforcer la résilience des familles, des
communautés et des nations face aux changements climatiques consiste à sattaquer
de façon systématique aux disparités entre les sexes. Les chiffres démontrent de plus
en plus les effets disproportionnés des changements climatiques sur les femmes et les
filles ; de surcroît, on a pris conscience ces dernières années que le renforcement de
légalité entre les sexes et de lautonomie des femmes pouvait avoir des avantages sur
les plans social et économique et en termes de résilience face aux changements
climatiques. Ainsi, les femmes qui ont accédé à des postes à responsabilité ont joué
un rôle important dans l’adoption de technologies à faible émission de carbone, la
diffusion de connaissances sur les changements climatiques et les appels à laction
auprès des gouvernements et des entreprises. Cest au demeurant ce que reflètent le
Programme 2030 et le plan daction en faveur de légali des sexes adop au titre de
la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
__________________
8
Sierra Club et ONU-Femmes, « Women on the move in a changing climate: a discussion paper on
gender, climate and mobility » (Oakland et Washington, 2018) ; International Food Policy
Research Institute, Global Food Policy Report; ONU-Femmes, Le progrès des femmes dans le
monde 2019-2020 : les familles dans un monde en changement (New York, 2019).
9
FAO, La situation mondiale de lalimentation et de lagriculture : changement climatique,
agriculture et sécurité alimentaire (Rome, 2016) ; International Food Policy Research Institute,
Global Food Policy Report.
10
Ibid. ; ONU-Femmes, Traduire les promesses en actions : légali des sexes dans le Programme
de développement à l’horizon 2030 (New York, 2018).
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