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d’eaux courantes et donc à être considérés comme pénalisants pour la qualité biologique DCE de la rivière.
Cependant, par rapport à l'aménagement ancien des cours d'eau, les enjeux ont évolué depuis, qui rendent nécessaire
la restauration de zones de courants : notamment phénomènes de ruissellement-érosion accrue des bassins versants
depuis les années 60, qui ont pour effet de colmater les frayères et d'apporter des polluants dont des nutriments, avec
globalement une pression sur la qualité plus forte qu'au XVIIème siècle, s’y ajoute également l’enjeu croissant du
changement climatique (augmentation de la température des cours d'eau et baisse des débits).
Par ailleurs se pose la question des attentes de la majorité des riverains : préfèrent-ils une « rivière qui court », qui
« chante », ou une rivière profonde où l’on puisse se baigner ? Préfèrent-ils une eau transparente ou une eau opaque,
verte en cas d'eutrophisation ? Les pêcheurs préfèrent-ils la carpe ou le barbeau ? Il est difficile d'apporter une réponse
objective ou statistiquement fondée à ces questions, tous les goûts sont dans la nature... chacun a en tête une rivière de
préférence qui est souvent héritée de son enfance.
Les retenues sont-elles bonnes pour la dénitrification ?
Un des arguments souvent opposé à la politique de continuité par ses détracteurs est que les retenues créées par les
seuils peuvent être vues comme des « digesteurs » (de station d’épuration) dans lesquels les nitrates sont éliminés. Si
la réalité du phénomène de dénitrification dans les sédiments des retenues ou des zones à cours lent n’est pas
contestable (cf. brochure du PIREN sur la « cascade de l'azote »), l’importance de ce phénomène comme moyen de
lutte curative contre la contamination nitrique doit cependant être fortement relativisée (cf. note du PIREN jointe) : les
simulations montrent que l'effet sur l’ensemble du bassin de la Seine d'un équipement très poussé des cours d'eau en
retenues (comme si on revenait à la situation du XVIIIème, où le bassin était couvert de très nombreux étangs, dont
témoigne la carte de Cassini), la réduction maximale que l’on pourrait espérée des flux de nitrates serait de l’ordre de 3
% seulement soit de l'ordre de grandeur du mg/l. Des mesures préventives sont donc largement préférables, portant
sur les pratiques agricoles (systématisation des CIPAN, diminution des apports d'engrais azotés, diversification des
cultures,…). Leur intérêt est qu’elles permettent d’agir à la source et donc de préserver de la contamination nitrique les
cours d'eau et les ressources d’eau souterraines. Les pressions en jeu sont telles, qu'il ne faut pas compter sur les
cours d'eau comme stations d'épuration et qu'il vaut mieux agir au niveau des bassins versants : les simulations
montrent qu'il s'agit clairement du levier le plus efficace.
L’action au niveau des zones humides riveraines (efficaces pour la dénitrification en période de basses eaux), par leur
restauration et l’amélioration de leur connectivité avec les cours d'eau est également une voie – curative, cependant –
prometteuse et complémentaire.
Plus globalement, quid du lien continuité-qualité ?
Se pose aussi la question du rôle des retenues/obstacles par rapport au phosphore. Les apports urbains de phosphore,
naguère prédominants, ont été réduits dans des proportions considérables et sont aujourd’hui minoritaires, grâce à la
généralisation des lessives sans phosphates et du traitement du phosphore en stations d’épuration. Reste que l'érosion
des terres agricoles, qui a considérablement augmenté depuis les années 60 avec le remembrement, les engins lourds,
le tassement des sols, l'appauvrissement des sols en matière organique, entraine avec elle le phosphore (conservatif)
stocké dans les sols. Actuellement le bilan (apports au sol de phosphore - consommation par les plantes) est négatif :
les plantes en exportent plus qu'il n'en est apporté. Les stocks accumulés sur les terres arables, peuvent permettre de
nourrir les plantes en phosphore pendant plusieurs dizaines d’années encore (sous réserve que les sols soient
maintenus en place, donc que l'érosion soit contenue, sachant qu'au niveau mondial le phosphore devient une
ressource rare dont nous manquerons avant la fin du siècle). En eau douce, le phosphore est déterminant pour
l'eutrophisation, sachant que les eaux calmes et l'augmentation de la température sont également des facteurs
aggravants. Les obstacles à la continuité représentent donc un facteur de risque par rapport à l'eutrophisation en amont
des ouvrages.
Sur le phosphore, élément majeur de déclassement des cours d'eau, sur lesquels les actions sur les pressions
ponctuelles ont porté leurs fruits, il faut aujourd'hui majoritairement agir sur l'érosion, via les pratiques culturales
adaptées, la couverture des sols, et leur teneur en matière organique, l'hydraulique douce.
Il faut également interroger la problématique du stockage des sédiments dans les retenues et les zones d’eaux calmes
en amont des ouvrages. L’absence quasi générale de gestion des organes mobiles équipant certains seuils est de
nature à favoriser l’accumulation des sédiments et notamment des sédiments fins. Les risques de relargage accidentel