Gérard Genette
Figures III – Discours du récit, essai de méthode.
Gérard Genette commence son traité de narratologie appliquée à l'œuvre de Marcel Proust par
quelques définitions. « Récit », tout d'abord, est considéré comme un mot ambigu. Il peut désigner (1)
une succession d’événements, réels ou fictifs, c'est l'histoire ou la diégèse; (2) l’énoncé de des
événements, c'est le récit; (3) l’acte de narrer, c'est la voix. L’objet de notre étude, la narratologie, sera
le texte narratif, le récit au sens (2) ou (3).
Le récit peut être (1) l’histoire, le signifié, le contenu narratif, (2) le signifiant, l’énoncé, le discours, le
texte narratif, (3) la narration, l’acte narratif avec la situation dans laquelle il prend place. Il existe une
interdépendance entre le récit, l’histoire et la voix.
Le récit présente les problèmes suivants :
Temps : le rapport entre temps de l’histoire et temps du discours : déformations temporelles, infidélités
chronologiques.
Aspect : manière dont l’histoire est perçue par le narrateur.
Mode : type de discours utilisé par le narrateur ; distance, showing/telling, représentation/narration,
mimésis/diégésis.
ORDRE
Temps du récit?
Une des fonctions du récit est de monnayer un temps dans un autre temps, de trouver la relation entre
le temps de l’histoire et le pseudo-temps du récit.
Ordre : correspondance entre l’ordre des événements de la diégèse et ceux du récit.
Durée: des événements par rapport à la durée de leur relation dans le récit (vitesse).
Fréquence: répétitions dans l'histoire et le récit.
Anachronies.
L'ordre temporel du récit confronte l'ordre des événements dans le discours narratif et l'ordre
des événements dans l'histoire (explicite ou à inférer). Si on décèle des différences, on parle
d'anachronie narrative. La question du degré zéro de l'anachronie, d'une parfaite coïncidence
temporelle entre récit et histoire, se pose. Ce degré zéro semble difficile à atteindre,
l'anachronie étant une des ressources traditionnelles de la narration littéraire. (ex: avenir
devenu présent et qui ne ressemble pas à l'idée qu'on s'en était fait dans le passé) Toute
anachronie constitue un récit temporellement second dans le récit premier.
L'anachronie peut être une prolepse: raconter ou évoquer d'avance un événement ultérieur, ou
une analepse: évocation après-coup d'un événement antérieur au point de l'histoire où on se
trouve. Ces deux figures donnent la possibilité au récit de former des emboîtements narratifs
qui donnent l'illusion d'une ubiquité temporelle.