grands ensembles économiques. Elle cherche à relier l'analyse économique et la
démarche historique. »
La définition reconnaît implicitement que l’on n’a que deux systèmes économiques
aujourd’hui. Si l’on prend les éléments soulignés par toutes ces définitions, supposer que
l’économie islamique n’est pas un système reviendrait à supposer qu’elle ne dispose pas des
principes suffisants, des théories nécessaires, des institutions adéquates ou encore des
pratiques appropriées intrinsèques à tout système. On ignorerait alors une partie des
éléments constitutifs de l’économie islamique, comme par exemple le financement de
l’économie ou encore la solidarité sociale et le système de redistribution des richesses. Les
carences seraient peut-être aussi du coté des principes et des frontières, éléments nécessaire
à l’identification de tout système, qui définissent ce qui appartient et ce qui n’appartient pas
au système. Enfin, il pourrait s’agir de lacunes au niveau de la conceptualisation des
interactions entre le système économique islamique, son environnement, et son régulateur.
Précisons d’ores et déjà que nous entendons par notre distinction entre l’économie
islamique, le capitalisme et le marxisme, une distinction institutionnelle et de principes de
fonctionnement. A aucun moment il ne s’agira d’analyser les fonctions d’utilité, les
conséquences de l’accélérateur ou du multiplicateur d’investissement, car nous partons de
l’hypothèse que les comportements humains à l’échelle microéconomique et
macroéconomique relèvent plus de lois naturelles que de choix absolument rationnels (bien
que les analystes divergent sur les causes, les caractéristiques et les conséquences de ces lois,
ce qui donna lieu aux nombreuses théories économiques). L’égoïsme, l’utilitarisme, la
propension à épargner ou les conséquences d’une demande supplémentaire sont des
phénomènes expliqués par l’économie et non institués par cette dernière. L’individu modeste
aura toujours une préférence pour la liquidité en situation de crise, quel que soit l’endroit du
monde où il se situe et le système économique dans lequel il vit, car c’est l’instinct protecteur
qui s’active. Par contre, ce qui diffère radicalement d’un système à l’autre, ce sont d’une part
les principes directeurs et les lois, et d’autre part les institutions majeures et le rôle du
régulateur (l’Etat, dans la plupart des systèmes). Notre orientation se justifie aussi par le fait
qu’il n’existe pas actuellement de système économique islamique intégré, voire avec des
variantes, comme c’est le cas du système capitaliste, et comme ce fut le cas dans une
moindre mesure pour le socialisme. Notons, pour la clarté des éléments qui vont suivre, que
la finance islamique sera qualifiée de sous-système de l’économie islamique. La finance
islamique en tant que sous-système économique sera plus particulièrement liée au
fonctionnement du financement de l’économie (banques…), du système des assurances, du
fonctionnement des marchés financiers… à coté d’autres sous-systèmes (Zakat, Waqf…).
Etant donc une construction théorique que forme l’esprit sur un sujet précis,
l’économie islamique peut-elle être qualifiée de système complet et intégré ? Est-elle régie
comme tout système par des axiomes, des principes, de propositions et de conclusions qui
forment l’essentiel de tout système de pensée, de toute doctrine scientifique ? Contient-elle
suffisamment de méthodes, de procédés organisés, de composantes et d’institutions pour
assurer un fonctionnement durable de l’économie et la société ? Quelles sont les lois les plus
déterminantes? D’abord, nous retracerons l’histoire du système économique islamique, ainsi
que ses fondements jurisprudentiels avant d’analyser la jurisprudence économique en Islam.
Ensuite, nous analyserons les principes positifs de l’économie islamique puis son cadre
théorique illustré par l’évolution de la pensée dans ce domaine. Enfin, nous détaillerons les
différentes composantes et institutions du système économique islamique, avec une certaine
insistance sur les institutions financières islamiques et leurs produits, étant l’institution phare
de la finance islamique, sous-système le plus connu de l’économie islamique.