Diffusion Semi-Groups & Orthogonal Polynomials

Telechargé par SROUMYE BIWANDALA
Classification
des Semi-Groupes de diffusion sur IR
associ´es `a une famille de polynˆomes orthogonaux
Olivier Mazet
Laboratoire de Statistique et Probabilit´es
Universit´e Paul Sabatier, Toulouse III
118 Route de Narbonne 31062 Toulouse Cedex
1 Introduction.
Un semi-groupe de Markov est le noyau de transition d’un processus de Markov ;
un semi-groupe de diffusion est un semi-groupe de Markov particulier, dont il constitue
dans certaines situations le cas limite.
Nous consid´erons ici les diffusions au sens de Bakry-Emery ([5]), dont la d´efinition,
un peu plus restrictive que celle usuellement utilis´ee dans les ouvrages de r´ef´erences
(voir par exemple [11]), sera pr´ecis´ee au paragraphe suivant.
Le but de ce travail est d’´etudier les semi-groupes op´erant sur un intervalle de
IR, qui ont la propri´et´e de diffusion, dont la mesure r´eversible admette un moment
exponentiel, et qui laissent stable pour tout nl’espace des polynˆomes de degr´e inf´erieur
ou ´egal `a n.
Les exemples connus de cette situation sont les semi-groupes d’Ornstein Uhlen-
beck, Ultra-sph´eriques, de Laguerre, de Jacobi. Il existe une litt´erature abondante les
´etudiant en d´etail. On pourra se r´ef´erer par exemple `a [8], [6], [12], [22].
On montre, dans un premier temps, que essentiellement, ces semi-groupes sont
les seuls. Dans une deuxi`eme partie, on met en ´evidence, au moyen de transforma-
tions g´eom´etriques, les liens qui unissent ces semi-groupes. Fondamentalement, ces
derniers peuvent se retrouver, pour certaines valeurs enti`eres des param`etres, `a partir
du mouvement brownien sur les sph`eres, et passages `a la limite sur la dimension des
sph`eres.
Afin de se familiariser avec le cadre d’´etude g´en´eral, essentiellement alg´ebrique,
que l’on va se fixer, voici un exemple simple :
Exemple : Rappelons bri`evement l’exemple bien connu du semi-groupe d’Ornstein
Uhlenbeck (pour une pr´esentation plus d´etaill´ee, voir par exemple [15]), d´efini de la
fa¸con suivante :
Pour une fonction f bor´elienne born´ee
Ptf(x) = ZIR f(etx+1e2ty)µ(dy)
avec µ(dy) = ex2
2
2πdy mesure gaussienne.
1
Le g´en´erateur infinit´esimal de (Pt)t0s’´ecrit
Lf(x) = lim
t0
1
t(Ptff)(x) = f00(x)xf0(x), pourf ∈ C2
b.
(Remarquons que l’on a ´evit´e le coefficient multiplicatif 1
2dans l’expres-sion de L,
qui apparaˆıt dans la d´efinition classique du semi-groupe d’Orn-stein-Uhlenbeck, par
une simple homoth´etie de rapport 1
2sur t.)
Si on consid`ere la suite (Hn)nIN des polynˆomes d’Hermite, on voit que
{Hn, n IN}est totale dans L2(IR, dµ) (1.1)
nIN, LHn=nHn(1.2)
Comme on va le voir, L, (1.1) et (1.2) suffisent `a caract´eriser le semi-groupe
d’Ornstein-Uhlenbeck, (ou plus pr´ecis´ement la famille des semi-grou-pes d’Ornstein-
Uhlenbeck, de param`etres quelconques, moyennant une hypoth`ese selon laquelle on
travaille `a affinit´e pr`es).
En fait, la donn´ee du g´en´erateur infinit´esimal et de son image sur une partie dense
de son domaine permet de caract´eriser le semi-groupe associ´e. On va maintenant
dresser, ci-dessous, une liste exhaustive des semi-groupes de diffusion sur un intervalle
de IR, associ´es `a des familles de polynˆomes orthogonaux, avec les hypoth`eses naturelles
que l’on pr´ecise dans le paragraphe suivant.
2 Notations - Hypoth`eses.
Soit Iintervalle de IR,B(I) tribu des bor´eliens sur I. On s’int´eresse `a l’espace
mesur´e E= (I, B(I), µ), o`u µest une mesure absolument continue par rapport `a la
mesure de Lebesgue, et v´erifiant la propri´et´e suivante :
µadmet un moment exponentiel, i.e. :
λ > 0ZI
eλ|x|µ(dx)<+(P me)
µest alors une mesure finie sur I, que l’on peut supposer ramen´ee `a une mesure
de probabilit´e par normalisation. On montre, au moyen de la transform´ee de Laplace,
que (P me) est une condition suffisante pour que l’ensemble des polynˆomes soit dense
dans L2(E).
Il existe donc une suite (Qn)nIN de polynˆomes orthonorm´es sur I, dense dans
L2(E), telle que degr´e (Qn) = n, unique au signe pr`es : on suppose que le coefficient
du plus haut degr´e est positif, ce qui caract´erise enti`erement (Qn). En fait, cette suite
(Qn) est obtenue `a partir de (xn)nIN par le proed´e d’orthogonalisation de Schmidt.
On s’ineresse aux semi-groupes de Markov, sym´etriques dans L2(E), qui ad-
mettent la suite (Qn) comme d´ecomposition spectrale. On d´efinit un semi-groupe de
Markov admettant µcomme mesure stationnaire par une famille (Pt)t0d’op´erateurs
agissant sur les fonctions bor´eliennes born´ees, et v´erifiant :
PtPs=Pt+s;P0=Id,
f0Ptf0 ; Pt1 = 1,
fL1(E)ZI
Ptf dµ =ZI
f dµ (hypoth`ese d’invariance).
2
On voit alors que (Pt) est une contraction de Lp(E) dans lui-mˆeme, et ce p
[1,+[. On exige alors de plus, que
fL2(E) lim
t0Ptf=fdans L2(E),
f, g L2(E)ZI(Ptf)g dµ =ZI
f(Ptg)(hypoth`ese de sym´etrie).
(En ce qui concerne les semi-groupes de diffusion sur I, sur lesquels on va porter
notre inerˆet, l’hypoth`ese de sym´etrie est en fait ´equivalente `a l’hypoth`ese d’invariance,
et ce grˆace `a une propri´et´e sp´ecifique de la dimension 1, o`u tout champ de vecteurs
est un champ de gradient).
L’hypoth`ese de sym´etrie montre alors que le semi-groupe admet une d´ecomposition
spectrale :
Pt=Z+
0
eλt dEλ,
o`u (Eλ) est une famille croissante de projecteurs orthogonaux. Ce que l’on demande
ici, c’est que cette d´ecomposition spectrale soit en fait une d´ecomposition en vecteurs
propres, et que ces vecteurs propres soient les polynˆomes Qn:
nIN, PtQn=eλntQn,
d’o`u
fL2(E)f=
+
X
n=0
fnQnPtf=
+
X
n=0
fneλntQn.
On introduit alors le g´en´erateur infinit´esimal de Ptdans L2(E) :
D´efinition 1
Lf(x) = lim
t0
Ptf(x)f(x)
t
f∈ D2(L)ensemble des fonctions de L2(E)telles que la limite existe.
On a alors
n LQn=λnQn
et
D2(L) = {f=
+
X
n=0
fnQnL2(E),
+
X
n=0
λ2
nf2
n<+∞}.
L’´etude des familles (Qn) et des semi-groupes de Markov associ´es est un sujet
assez difficile qu’il est impossible d’aborder ici. On renvoie `a [16] et `a [10], pour des
caract´erisations dans les cas simples des polynˆomes d’Hermite et de Jacobi, des suites
(λn) pour lesquelles le semi-groupe associ´e est un semi-groupe de Markov.
On se restreint donc `a l’´etude des semi-groupes de diffusion :
D´efinition 2 Pour tout couple de polynˆomes (f, g)on d´efinit la quantit´e
Γ(f, g) = 1
2[L(fg)f Lg gLf].
Cet op´erateur bilin´eaire est appel´e op´erateur carr´e du champ.
3
Il reste `a d´efinir la propri´et´e de diffusion du semi-groupe, et enfin `a poser le cadre
d’´etude de son g´en´erateur infinit´esimal.
Dans ce cadre, on se donne une d´efinition de la propri´et´e de diffusion adapt´ee `a la
famille des polynˆomes ; c’est une d´efinition ”alg´ebrique”.
D´efinition 3 On dit que (Pt)t0est un semi-groupe de diffusion si, pour f et φpo-
lynˆomes, on a :
L[φ(f)] = φ0(f)Lf +φ00(f)Γ(f, f) (P d).
Remarque 1 On n’aura besoin en fait de cette hypoth`ese que lorsque f=x.
En effet, si on ´ecrit (P d) en prenant en particulier φ=Qnet f=x, on obtient
L(Qn(x)) = Q0
n(x)Lx +Q00
n(x)Γ(x, x).
Par lin´earit´e, on voit donc que, sur les polynˆomes, Ls’´ecrit :
L= Γ(x, x)d2
dx2+L(x)d
dx.
Si on traduit maintenant le fait que n LQn=λnQnsur Q1et Q2, on obtient
que
Γ(x, x) = Ax2+Bx +C, L(x) = ax +b.
Finalement, Lse met sous la forme
L= (Ax2+Bx +C)d2
dx2+ (ax +b)d
dx,
avec A, B, C, a, b, r´eels.
Tout le travail de classification va ˆetre bas´e sur l’´etude de ce g´en´erateur infi-
nit´esimal, par la discussion des valeurs des param`etres A, B, C, a et b, et de la forme
de l’intervalle I.
Le cadre de cette ´etude est pos´e par l’´enonc´e des hypoth`eses suivantes :
On travaille `a affinit´e pr`es pour la “variable d’espace”, et `a homoth´etie pr`es pour
la “variable de temps”, c’est-`a-dire que l’on se permet, pour simplifier l’´etude, et l’on
peut v´erifier facilement qu’il n’y a aucune perte de g´en´eralit´e, de travailler “modulo”
les op´erations suivantes :
x7→ mx x I, m IR(H.1)
x7→ x+p x I, p IR (H.2)
L7→ λL λ IR(H.3)
L ´etant le g´en´erateur infinit´esimal.
Remarque 2 D’une part, nous avons :
xIΓ(x, x)0Ax2+Bx +C0.
4
D’autre part, nous avons, en ´ecrivant µ(dx) = a(x)dx :
ZI
fLg dµ =ZI(Γ(x, x)g00(x) + L(x)g0(x))f(x)a(x)dx
= [Γ(x, x)g0(x)f(x)a(x)]IZIΓ(x, x)a(x)f0(x)g0(x)dx
+ZI
L(x)g0(x)f(x)a(x)dx ZI(Γ(x, x)a(x))0f(x)g0(x)dx.
Le fait que Lsoit sym´etrique dans L2(E), montre que si l’on prend fet g`a support
compact dans I, on obtient que
(Γ(x, x)a(x))0=L(x)a(x),
d’o`u
a(x) = exp Zx
x0
L(u)Γ0(u, u)
Γ(u, u)du.
Donc la sym´etrie de Lsur les polynˆomes implique que le terme entre crochets
de l’inegration par parties doit s’annuler aux bords de I, pour tout fet g.a(x) ne
s’annulant aux bords que si Γ(x, x) fait de mˆeme, on obtient l’´equivalence suivante :
xIAx2+Bx +C > 0 (P p).
3 R´esultat Principal.
Nous allons maintenant d´emontrer la
Proposition : Les seuls semi-groupes de diffusion1satisfaisant toutes les hypoth`eses
´enonc´ees – donc en particulier `a une affinit´e pr`es, ((H.1) et (H.2)) – sont ceux associ´es
aux g´en´erateurs suivants :
a) L=d2
dx2xd
dx.
I=IR muni de µ(dx) = 1
2πex2
2dx mesure gaussienne.
(Qn)nIN est alors la suite des polynˆomes d’Hermite, d´efinis par leur s´erie g´en´eratrice :
exp(tx t2
2) = X
n
tn
n!Qn(x),
et on a nIN, LQn=nQn.
Le semi-groupe associ´e est ici celui d’Ornstein-Uhlenbeck.
b) L=xd2
dx2+ (γ+ 1 x)d
dx, γ > 1.
I=]0,+[ muni de µ(dx) = Kγexxγdx.
1Pour une ´etude d´etaill´ee de ces semi-groupes, et en particulier du cas b), on peut se r´ef´erer, outre
les ouvrages cit´es dans l’introduction, `a [17] et [14].
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