Je ne vois pas d'espoir à court terme d'obtenir de nouveaux principes actifs antibio-
tiques, dit André Klier, de l'Institut Pasteur.2 Aujourd'hui toute homologation [de nou-
veaux médicaments] nécessite un descriptif très précis des mécanismes biologiques
impliqués, la simple innocuité ne suffit plus aux autorités... Toutes ces molécules
d'avenir ne sont pas attendues avant dix ans.
En effet, la mise au point et la commercialisation de nouveaux médicaments est une opé-
ration extrêmement longue et coûteuse, si bien que le phénomène de résistance semble
prendre de vitesse les scientifiques.
Selon un rapport de l'American Pharmaceutical Association3 :
L'apparition de bactéries résistantes aux médicaments se multiplie de façon alar-
mante. Par exemple, le Centre pour le Contrôle et la Prévention des Maladies estime
qu'au cours des cinq années écoulées, le taux de résistance du streptocoque pneu-
monique à la pénicilline s'est accru de plus de 300 % et la résistance à la cefotaxime
de plus de 1000 %. Parallèlement à l'augmentation des souches de bactéries résis-
tantes aux médicaments, on a constaté une augmentation de la mortalité et de la
morbidité dues aux maladies infectieuses.Aux États-Unis, la mortalité due aux mala-
dies infectieuses a augmenté de 58 % entre 1980 et 1992, malgré l'introduction de
nouveaux agents antibiotiques puissants. Cette augmentation est due en partie au
phénomène de résistance aux antibiotiques.
Aux États-Unis, [près de] 25 000 tonnes d'antibiotiques sont prescrits chaque année,
par moitié pour l'homme et par moitié pour l'agriculture et les animaux. Ceci corres-
pond approximativement à [41 grammes] d'antibiotiques [par personne] par année.
Considérer les antibiotiques comme des ''ressources précieuses et limitées'' est un
changement d'attitude qui s'impose si l'on veut préserver l'efficacité de ces agents.
Sinon, l'apparition d'organismes tels que Staphylo-coccus aureus, possédant une ré-
sistance intermédiaire à la vancomycine, menace de nous renvoyer à l'époque anté-
rieure à la mise au point des antibiotiques.
L'utilisation courante des antibiotiques chez les animaux a récemment été mise en
cause, du fait qu'une telle utilisation semble bien favoriser la résistance aux antibio-
tiques utilisés chez l'homme et pose donc un risque pour sa santé. On a constaté
que les organismes résistants peuvent se transmettre des animaux aux humains par
contact direct et par l'intermédiaire de produits alimentaires d'origine animale.
Un rapport antérieur (juin 2000) publié par le Ministère Santé américain4 dit en substance :
Les hôpitaux sont devenus un environnement fertile pour les pathogènes résistants
aux médicaments. Le contact rapproché des malades et l'usage intensif des antimi-
crobiens obligent les pathogènes à devenir résistants.
La résistance microbienne s'est manifestée dès l'introduction de la pénicilline voici
près de cinquante ans, avec l'apparition rapide d'infections causées par le staphylo-
coque doré. Aujourd'hui, les hôpitaux du monde entier se trouvent confrontés à une
crise sans précédent due à l'apparition et à la dissémination rapides d'autres mi-
crobes résistants à un ou plusieurs agents microbiens.
En 1992, des statistiques ont montré que plus de 13 000 malades sont morts aux États-
Unis suite à des infections provoquées par des souches bactériennes résistantes aux antibio-
tiques. De nouvelles études publiées par les CDC5 indiquent une brutale augmentation des bac-
téries résistant aux médicaments. Chaque année, on estime que de 60 000 à 80 000 malades
meurent d'infections acquises à l'hôpital, et que plus de 50 % de ces morts sont attribuables
aux souches bactériennes résistantes aux antibiotiques. Ajoutez à cela l'apparition soudaine de
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