Introduction : Manon Lescaut, est le personnage principal du roman. Elle apparaît comme la femme fatale dont tous les hommes sont charmés. L’extrait que je vais étudier se situe à la page 222 et 223, c’est le début de la deuxième partie du roman. Les amants sont installés dans l’auberge de Chaillot, et nous vivons une plage de paix et de calme : (Des Grieux a conscience de son bonheur et l’exprime avec une sorte de sagesse : il a retrouvé Manon, quelque argent et il se contente du moment présent. Mais les bonnes résolutions n’ont guère duré, il recommence à jouer) Le destin, pourtant, n’a pas lâché prise : pendant le repas, un carrosse s’arrête à l’hôtel c’est le jeune GM, fils du responsable de l’emprisonnement de Manon et de Des Grieux. La première réaction de Des Grieux c’est de l’attaquer mais il se trouve que c’est ami de M de T.., qui en vante l’honnêteté et l’amabilité, qui le dit incapable de s’être associé aux turpitudes de son père et qui souhaite le présenter à ses amis. C’est à ce moment que commence l’extrait et je vais donc procéder à la lecture. LECTURE EXTRAIT Nous pouvons nous demander : en quoi l’arrivé du jeune GM provoque- t –il/sème – t-il des troubles chez Des Grieux ? Le texte peut se découper en trois parties, la première allant de « si elles étaient sincères » jusqu’à « pour ne pas discerner ce qui venait de cette source », que j’ai intitulé Des Grieux semble jaloux malgré son discours puis la seconde partie que j’ai formulé, la description des actions et des paroles de GM, cette partie débute à « il nous tint compagnie » et se termine à « qui se mit avec lui dans le carrosse » et enfin la troisième partie, que j’ai intitulé La relativisation de Des Grieux sur ses sentiments envers Manon et va de « je me sentais » à « je ne jugeai pas même à propos de lui communiquer mes soupçons ». Nous allons voir que tout au long de l’extrait, il y a un jeu sur la forme elle-même, qui est partagé entre des phrases longues et des phrases courtes.( Cependant) le style durant tout l’extrait est coupé et bref, c’est une esthétique classique. Tout d’abord, la première partie de l’extrait démontre la jalousie de Des Grieux de façon discrète ou détournée. Cette première partie se divise en trois phrases, deux longues phrases et une plus courtes au milieu de ces deux dernières. 1 « Si elles étaient sincères dès le commencement, elles le devinrent bien plus dans la suite, car il n’eut pas passé une demi-heure dans cet entretien, que je m’aperçus de l’impression que les charmes de Manon faisaient sur lui. » ➔ La première phrase commence par un mot de conjonction de subordination « si » qui permet d’introduire les excuses faites un peu plus haut avant l’extrait. Le « si » met en place une interrogation, on ne sait pas si elles étaient sincères dès le commencement. Mais grâce à la suite de la phrase, nous nous apercevons que les excuses devenaient de plus en plus sincères avec « elles le devinrent bien plus dans la suite ». ➔ Il y a l’apparition de la conjonction de coordination « car » qui introduit l’affirmation que Des Grieux a tenu juste avant, c’est-à-dire que les excuses « devinrent » bien plus sincère. ➔ On s’aperçoit que Des Grieux n’a pas lâché du regard GM, car il est dit « il n’eut pas passé une demi-heure dans cet entretien, que je m’aperçus de l’impression que les charmes de Manon faisaient sur lui ». Il a observé GM tout le long de la soirée. ➔ Des Grieux fait passer comme message : que GM essaye de charmer Manon au maximum. Ceci est confirmé par la suite de la phrase avec « je m’aperçus de l’impression que les charmes de Manon faisaient sur lui ». Le verbe « apercevoir » montre que Des Grieux repère facilement que GM n’est pas insensible à Manon. On peut supposer qu’il connaît toutes ses attitudes car lui-même est peut-être passé par cette séduction avec Manon. ➔ L’attitude physique de GM est décrite dans la seconde phrase : « Ses regards et ses manières s’attendrirent par degrés. » ➔ Cette deuxième phrase de la première partie est courte, brève, pour que cela rentre aisément dans l’esprit du lecteur. Des Grieux décrit l’attitude de GM envers Manon de façon simple, mais qui en dit long. A travers cette phrase, nous comprenons que l’attitude physique de GM ne trompe pas concernant les sentiments qu’il a pour Manon. Ou du moins de l’attirance qu’il a envers elle. ➔ Le verbe « s’attendrirent » montre qu’au fur et à mesure de la conversation qui se déroule, GM est de plus en plus séduit par Manon. Le verbe s’attendrirent est complété par deux mots qui sont « par degrés », ce qui veut dire progressivement. ➔ D’après la description de Des Grieux, GM est vu comme un séducteur, venu séduire Manon ou est tombé amoureux d’elle. ➔ Une petite contradiction est marquée dans la troisième phrase cependant : « Il ne laissa rien échapper néanmoins dans ses discours, mais, sans être aidé de la jalousie, j’avais trop d’expérience en amour pour ne pas discerner ce qui venait de cette source. » ➔ Malgré son attitude physique apparente (Qu’il semble être séduit par Manon), cela ne laisse rien échapper pour autant dans ses discours. La première partie de la phrase veut montrer que malgré son attitude physique de séducteur qui se met en place, ses discours sont cohérents mais il utilise aussi de belles paroles pouvant 2 potentiellement séduire Manon. L’adverbe « néanmoins » marque bien cette idée. On pourrait même remplacer le verbe « néanmoins » par « malgré » en le plaçant en début de phrase. Nous pouvons dire en quelque sorte qu’il décrit GM comme un homme fort, capable de séduire Manon et est donc vu comme un potentiel rival. ➔ Il y a une conjonction de coordination « mais » qui introduit un autre élément dans la phrase. En effet, il a pour but d’apporter une précision : Des Grieux ne dit pas cela de GM parce qu’il est jaloux. Il veut simplement dire qu’il ne dénonce/décrit pas le comportement de GM par jalousie. La section de phrase « sans être aidé de la jalousie » le prouve bien. ➔ A travers cette phrase nous pouvons voir également que Des Grieux s’aperçoit que GM est sensible au charme de Manon avec la phrase « j’avais trop d’expérience en amour pour ne pas discerner ce qui venait de cette source ». Comme des Grieux a lui aussi été charmé par Manon dans le passé, il peut reconnaître le comportement d’un homme séduit par cette jeune femme. Le « j’avais trop d’expérience en amour » peut faire référence à Manon, lorsqu’elle l’a déjà trompé auparavant. Il connaît l’attitude d’un homme qui peut la séduire et commence à avoir peur de GM. Ensuite, nous passons à la deuxième partie du texte, nous pouvons la considérer en quelque sorte comme une description des actions et les paroles de GM. En effet, nous n’avons plus réellement le sentiment de Des Grieux vis-à-vis de cette situation de séduction, mais nous avons plutôt une description de la scène « pure ». Des Grieux ne parle que de GM et non plus de ses sentiments. Cette deuxième partie réunie deux phrases, une longue et une courte. La première phrase : « Il nous tint compagnie pendant une partie de la nuit, et il ne nous quitta qu’après s’être félicité de notre connaissance, et nous avoir demandé la permission de venir nous renouveler quelquefois l’offre de ses services. » ➔ Dans la première phrase de la deuxième partie de l’extrait, nous avons trois éléments qui sont reliés entre eux par deux conjonctions de coordination « et », « et il ne nous quitta » puis « et nous avoir demandé ». Nous pouvons dire que cet énoncé à un rythme ternaire car les trois membres de la phrase ont la même construction. A travers cette phrase, nous pouvons voir que GM est tombé sous le charme de Manon, et souhaite leur rendre plus souvent visite, pour la voir le plus possible. Le mot « félicité » est employé pour accentuer cet effet peut-être d’agacement et d’énervement chez Des Grieux, on pourrait penser peut-être que cela le dérange. Le mot « félicité » dans le dictionnaire de l’Académie française signifie grand bonheur ou béatitude. ➔ Dans la dernière partie de cet énoncé, nous pouvons dire que GM « demande » à revenir par la suite cependant, nous savons dans la continuité du roman qu’il viendra 3 sans avoir été invité. Ici « l’offre de ses services » est égale aux visites qu’il va rendre au couple. Nous pouvons dire, que le comportement de GM semble poli mais finalement c’est plutôt l’attitude de séduction envers Manon que Des Grieux dénonce et le dit d’une façon peut-être ironique en employant des mots comme « fécilité » par exemple. Il y a une amplification (hyperbole) dans le discours de Des Grieux. ➔ Des Grieux, nous dit qu’il leur a tenu compagnie pendant une partie de la nuit » or dans la deuxième phrase nous pouvons lire « il partit le matin avec M. de T ». Donc finalement, GM en a profité pour rester la nuit entière à regarder et parler avec les deux amants et surtout Manon. Nous avons une certaine continuité de description d’action qui se poursuit dans la deuxième phrase : « Il partit le matin avec M. de T..., qui se mit avec lui dans son carrosse. » ➔ A travers cette phrase, le trouble que créer GM s’en va. On pourrait donc penser que l’appréhension de Des Grieux va tout doucement disparaître. Mais finalement c’est tout le contraire, elle commence dès maintenant. Des Grieux va finalement utilisé un langage implicite en disant qu’il n’est pas jaloux mais nous pourrions penser tout le contraire, car si finalement il en parle autant c’est peut-être une façon de se rassurer lui-même, concernant les sentiments de Manon envers lui. A travers la troisième partie, nous pouvons voir que Des Grieux essaye de se rassurer sur les sentiments qu’à ou que peut avoir Manon envers lui. Cette troisième partie quand –t a elle est divisé en trois phrases courtes et deux phrases longues. La première phrase : « Je ne me sentais, comme j’ai dit, aucun penchant à la jalousie. » ➔ Le rythme de la première phrase de cette troisième partie est assez saccadé avec les virgules et assez simples, comme pour démontrer un sentiment de jalousie qui est caché au plus profond de Des Grieux. Car dans cette phrase il fait simplement un rappel de ce qu’il a dit plus haut et ceci est marqué par le « comme j’ai dit ». Ainsi en tant que lecteur, nous pouvons nous demander si Des Grieux essaye tout simplement de se rassurer concernant ses sentiments. ➔ Ici le mot « aucun » est employé dans une phrase négative avec le « ne » et a donc une valeur négative. ➔ L’adjectif « penchant » dans le dictionnaire de l’Académie française est définit comme une inclination amoureuse, attirance qu’on ressent pour quelqu’un. La deuxième phrase : « J’avais plus de crédulité que jamais pour les serments de Manon. » ➔ Cette phrase est en quelque sorte affirmative. 4 ➔ Le mot « crédulité » dans le dictionnaire de l’Académie française toujours, est définit comme la tendance à croire sans précaution ou encore sans soucis de vérification. Des Grieux croit aux serments que lui a fait Manon. De plus, le mot « serment » ici est fort car sa définition montre que c’est une affirmation ou une promesse particulièrement ferme. Donc si Manon a fait des « serments » à Des Grieux, il n’a aucune raison de s’inquiéter. Mais encore une fois, un doute peut peut-être s’installer chez le lecteur. « Cette charmante créature était si absolument maîtresse de mon âme que je n’avais pas un seul petit sentiment qui ne fût de l’estime et de l’amour. Dans la troisième phrase de cette dernière partie, ➔ Le « si absolument » est utilisé pour intensifier, pour montrer l’estime de Des Grieux envers Manon. Elle est tout simplement la directrice de son âme. Le mot « maîtresse » montre que c’est elle et entièrement elle qui dirige l’âme de Des Grieux. ➔ Il accentue le nom « sentiment » avec deux adjectifs placés devant « seul » et « petit ». « pas un seul petit sentiment ». ➔ Le morceau de phrase « que je n’avais pas un seul petit sentiment qui ne fût de l’estime et de l’amour », signifie qu’il ne peut être jaloux car il semble l’aduler. La négation prouve qu’il ne peut avoir seulement de l’estime et de l’amour pour Manon. ➔ Ici les mots « estime » et « amour » sont liés par la conjonction de coordination « et ». Ce qui montre qu’estime et amour vont ensembles, ils forment une paire en quelque sorte. ➔ La relativisation de Des Grieux concernant les sentiments de Manon est encore plus fort/plus flagrant avec l’avant dernière phrase de l’extrait : « Loin de lui faire un crime d’avoir plu au jeune G... M..., j’étais ravi de l’effet de ses charmes, et je m’applaudissais d’être aimé d’une fille que tout le monde trouvait aimable. » ➔ L’adverbe « loin », montre que Des Grieux ne compte rien laisser transparaître à Manon pour ce qui est de sa jalousie. ➔ Dans cet énoncé, Des Grieux semble heureux, il emploie des mots forts qui laissent à penser que celui-ci cherche à masquer toujours plus sa jalousie, si on compare ces phrases aux précédentes. ➔ Le mot « aimable » dans le dictionnaire de l’Académie française signifie « qui est digne d’être aimé » ou encore « de nature à plaire », ici Des Grieux semble vouloir faire part d’une certaine fierté des charmes de Manon. ➔ Cette phrase est plutôt longue, entrecoupé par des virgules. 5 Et enfin la dernière phrase : « Je ne jugeai pas même à propos de lui communiquer mes soupçons. » ➔ C’est la première fois durant tout l’extrait que le mot « soupçons » apparaît. Un soupçon est lorsqu’on doute de quelque chose ou que l’on se méfie. ➔ Des Grieux laisse pour la première fois penser à une certaine jalousie, en évoquant un sentiment de doute dans ces propos, mais il ne veut pas passer pour quelqu’un de jaloux comme le montrerai les mots « Je ne jugeai pas même à propos de lui communiquer », et cela par fierté semblerait-il. Conclusion : En conclusion, nous pouvons dire que cet extrait montre une esthétique classique avec le style coupé des phrases. De plus les temps que nous allons retrouver sont soient à l’imparfait, soient au passé simple car Des Grieux raconte un souvenir qu’il y a eu auparavant. Nous pouvons l’affirmer à la page 221 avec « cependant, il s’en préparait un si funeste, qu’il m’a réduit à l’état où vous m’avez vu à Pacy, et par degrés à des extrémités si déplorables que vous aurez peine à croire mon récit fidèle. 6