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jafr 0037-9166 1967 num 37 1 1419

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Journal de la Société des
Africanistes
Plantes à brûler chez les Bambara
R. Pageard
Citer ce document / Cite this document :
Pageard R. Plantes à brûler chez les Bambara. In: Journal de la Société des Africanistes, 1967, tome 37, fascicule 1. pp. 87130;
doi : https://doi.org/10.3406/jafr.1967.1419
https://www.persee.fr/doc/jafr_0037-9166_1967_num_37_1_1419
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PLANTES
A BRÛLER
CHEZ
LES
BAMBARA
PAR
R. PAGEARD
Le petit catalogue que nous présentons ci-dessous est le résultat
d'une enquête rapide effectuée dans la région de Ségou (République
du Mali) vers 1959.
Il nous avait semblé utile de faire un relevé des principales plantes
dont la combustion est recommandée pour favoriser certaines
activités humaines. Chaque plante possède en effet une âme, ni. La fumée
qui se dégage de la combustion du végétal mort est porteuse de son
nyama, qui est une transformation du tere (personnalité) de la plante
libéré de son support terrestre. Autant que permet d'en juger sa
complexité, la conception bambara du monde peut être dite anthropomorphique et analogique. Elle admet de nombreuses communications
psychiques entre l'homme et les végétaux. Ces correspondances
s'établissent par l'intermédiaire des sens de l'homme, puis de ses organes
internes. La consommation (alimentation et boisson) est le mode
principal de communication mais le simple contact buccal (frotte-dents)
et l'absorption de la fumée par les narines ont leurs vertus propres.
C'est pourquoi le vocabulaire bambara contient les mots « fumiger »
(wusu) et « fumigation » (wusula) qui ne doivent jamais s'interpréter
dans un sens purement utilitaire.
Les ouvrages de Dominique Zahan indiqués dans la petite
bibliographie qui suit ont été publiés postérieurement à la réalisation de
cette enquête. Nous en avons extrait certaines remarques nouvelles
concernant la fumigation et ne manquons pas de fournir au lecteur
la référence précise de chaque passage utilisé. L'ouvrage « La
dialectique du verbe chez les Bambara » est le plus fréquemment cité ; c'est
à la page 33 de cet ouvrage que l'on trouvera une explication de la
fumigation et aux pages 39-42, un tableau du symbolisme végétal.
L'identification d'un certain nombre de plantes collectées a été
réalisée par M. Robert Démange qui, à l'époque de notre enquête, était
entomologiste à l'Aire Grégarigène, au centre de San. Nous lui expri-
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PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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mons notre gratitude. Lorsque le nom scientifique de la plante n'est
pas suivi de la mention « selon Aubréville », l'identification de la plante
est celle qui résulte de l'examen de M. Démange. La mention « selon
Aubréville » indique que le nom vernaculaire de la plante se trouvait
dans l'ouvrage suivant d'A. Aubréville : « Flore forestière soudanoguinéenne. A. 0. F. Cameroun. A. E. F. », publié à Paris en 1950.
Accessoirement, nous nous référons aux dictionnaires de la langue
bambara et aux identifications affichées à l'arboretum de Bamako.
Après l'identification scientifique, qui n'a pu être faite dans tous les
cas et reste parfois imprécise, nous indiquons la signification littérale
du nom vernaculaire, l'aspect général de la plante, ses préférences de
sol et d'atmosphère, puis l'emploi de la fumée de la plante brûlée.
Nous signalons à l'occasion d'autres usages indiqués par les
informateurs ou mentionnés dans les ouvrages consultés.
Les principaux ouvrages cités sont :
— Louis Tauxier. « La religion bambara ». Paris, Geuthner, 1927,
472 p.
— Germaine Dieterlen. « Essai sur la religion bambara ». P. U. F.,
1951, 230 p.
— Dominique Zahan. « Sociétés d'initiation bambara. Le N'Domo.
Le Korè ». Mouton et Cle, 1960, 438 p.
— Dominique Zahan. «La dialectique du verbe chez les Bambara».
Mouton et Cle, 1963, 168 p.
Вакдгдтреди \
Nom scientifique : Lannea velutina, selon Aubréville.
Aspect et écologie : Ce raisinier, « arbre du bouc » (bakgrg : le
bouc), est un grand arbre, d'aspect assez triste, qui pousse dans les
endroits secs. En raison de l'aspect de ses feuilles, il introduit une
certaine âpreté dans les rapports humains.
Fumigation : Dans la région de Dioïla, on brûle ses rameaux pour
attirer le mépris sur quelqu'un. L'utilisateur doit prendre soin de se
placer le dos au vent pour ne pas recevoir cette fumée maléfique.
Autres emplois : Selon un autre informateur, le bakgrgmpegu
aurait le caractère « femelle » et serait utilisé dans les rites de
purification des personnes en cas de rupture d'interdits communautaires.
Selon D. Zahan (« Dialectique du verbe », p. 41), le bakoro треки
favoriserait l'abondance des récoltes.
1. La transcription observe l'orthographe officielle du Mali, d'après les propositions de la
conférence de l'UNESCO (Bamako, 1966).
90
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Bakgri.
Nom scientifique : Abutilon muticum, selon D. Zahan.
Fumigation : Le « coton de la chèvre » (ba : chèvre, kgri : coton)
est brûlé pour que sa fumée purifie les animaux qui vont être immolés
dans les cérémonies religieuses des Bambara. Il doit cette destination
à sa blancheur.
Balâzâ.
Nom scientifique : Acacia albida Del. Mimosées.
Le balâzâ joue un rôle très important dans la mythologie bambara.
La fumée que donne la combustion du balâzâ est censée combattre
les sentiments déloyaux.
Sur le balâzâ, voir notamment G. Dieterlen, « Essai sur la religion
bambara » (p. 16-26 et 37-38.)
Balembo.
Nom scientifique : Crossopteryx Benth. Rubiacées.
Fumigation : La fumée que donne la combustion des rameaux de
cet arbre renforce le pouvoir des objets du culte (bolis notamment)
ou des paroles rituelles (région de Ségou).
Selon D. Zahan («Dialectique du verbe », p. 40), le symbolisme du
balembo est : abondance, richesse, commerce, fortune, intelligence,
adresse.
Bane.
Signification du nom bambara : Littéralement : « langue de la
chèvre » (ba : chèvre, ne : langue).
Aspect et écologie : Cette plante, longue d'une vingtaine de
centimètres, pousse près de l'eau des flaques et des mares.
Fumigation : On la brûle aux croisées des chemins pour éviter que
les secrets du village ne soient connus à l'extérieur (région de Ségou).
Autres emplois : Usage domestique ; légume dans le basi.
Banggyg.
Nom scientifique : Solanum incanum, L. Solanacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : le « ngoyo (sorte
de tomate à côtes) de la chèvre ».
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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Aspect et écologie : Cette plante, haute d'environ 40 cm, est
utilisée pour chasser le malheur présent.
Fumigation : On brûle sa feuille et sa racine dans la maison.
Autres emplois : Usage domestique : son fruit, pilé dans l'eau, est
utilisé pour soigner les volailles (« syphilis » des volailles selon
l'informateur). Il est également employé pour combattre la blennorragie et
certaines affections oculaires.
Basakadatu.
Nom scientifique : Celosia trigyna L. Amaranthacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : le datu du mar.gouillat (basa). Le datu est une sauce acide faite avec le fruit du nçr^
ou une espèce d'oseille.
Aspect et écologie : Le basakadatu est une petite plante (30 cm
environ) qui dégage une odeur acre.
Fumigation : C'est la plante de la vivacité. Son rattachement au
margouillat, lézard très agile et très mobile, a cette signification. Il est
conseillé de mettre chaque matin les objets du culte à son contact
pour les « maintenir en éveil », c'est-à-dire actifs. On brûle aussi le
basakadatu pour donner de l'agilité à l'esprit. Ainsi s'explique son
emploi dans toutes les initiations.
Basazarani.
Nom scientifique : Cucumis melo var. agrestis Naud. Curcubitacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : la petite citrouille
(zarani) du margouillat (basa).
Aspect et écologie : C'est une petite cucurbitacée qui aime le
sable et la fraîcheur.
Fumigation : Elle a un rôle médicinal important chez les Bambara.
Le margouillat passe pour la consommer afin de guérir ses maux de
ventre. Elle est utilisée contre la lèpre et elle est brûlée dans les
maisons en période d'épidémie (variole notamment).
Autres emplois : Macérée, elle donne un liquide très amer que les
cordonniers (garâke) utiliseraient pour le tannage.
Benefiy.
Nom scientifique : Hyptis spicigera Lam. Labiées.
Fumigation : Cet arbuste, très répandu, est l'une des plantes de
Pemba, créateur de la nature brute. Il est utilisé pour différentes puri-
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
fications. Dans la maison, sa fumée chasse les souillures de caractère
familial. En cas de rupture d'interdit, sanctionnée par une maladie,
l'eau dans laquelle le benefit/ a macéré est utilisée pour laver le
patient ; on brûle ensuite près de lui sept pieds ou sept rameaux de la
plante. Ces pratiques sont répandues dans les régions de Ségou et de
Koutiala.
Autres emplois : Le benefit est aussi utilisé pour la conservation
des graines de pois (tiganinkuru) et de haricots (syo). Les graines sont
placées dans sa fumée ou mélangées aux feuilles de benefirj. Cet usage
serait lié à l'odeur des feuilles mais il ne paraît pas sans rapports avec
les vertus que la religion attribue à la plante.
Bere.
Nom scientifique : Boscia senegalensis, Lam. Capparidacées.
Fumigation : Les rameaux de ce grand arbuste sont brûlés le mardi,
pendant la nuit, au milieu de la cour, pour favoriser la prospérité
matérielle de la famille (région de Markabougou). L'informateur fait un
rapprochement entre le mot tarata (mardi) et le verbe ka tara = ka
tla (venir à bout).
Autres emplois : Les décoctions de bere seraient également
utilisées dans le traitement empirique de certaines maladies osseuses, dont
le mal de Pott.
Bilisidole.
Nom scientifique : Peut-être Imperata cylindrica.
Signification du nom bambarÀ : Littéralement : « la gaule (dole)
de Bilisi ».
Fumigation : La fumée de cette herbe préserve les membres de la
famille des noyades par naufrage.
Le bilisidole est employé dans certains sacrifices.
Bilisifini.
Nom scientifique : Monechma ciliatum L. Acanthacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « les vêtements
(fini) de Bilisi ». Le nom bilisi (un diable) est, de toute évidence,
emprunté à l'islam (Eblis ou Iblis, nom musulman de Satan).
Aspect et écologie : Cette plante, qui peut atteindre 50 cm, pousse
en hivernage. Elle serait dédaignée par les animaux, sauf par les
oiseaux.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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Fumigation : Dans la région de Farako (cercle de Ségou), sa fumée
favorise l'invocation des génies. Elle doit être mélangée avec des
feuilles d'autres arbres recueillies sur l'eau du fleuve et séchées.
L'opération se fait dans un récipient spécial et non dans un tesson de canari,
comme c'est le cas pour les autres fumigations.
Bilisifisigi.
Nom scientifique : Ipomaca pilosa Sweet. Convolvalacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : «le tampon (fisigi :
le linge enroulé que l'on place entre la tête et le fardeau pour
atténuer la pression) de Bilisi ».
Aspect et écologie : Cette plante grimpante, qui aime les sols
sablonneux, favorise l'unité d'action ou de pensée. Elle doit cette
réputation à ses vrilles.
Fumigation : On dit qu'elle permet aux esprits de s'accrocher les
uns aux autres et de collaborer efficacement. On la brûle aussi au
milieu de la maison pour renforcer la solidarité familiale.
Bolentoli.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la pourriture
{(tolï) de la calebasse (bolé) ».
i Aspect et écologie : Le bole est une calebasse à étranglement qui
sert pour baratter le lait. Les Peuls s'en servent fréquemment comme
bidon d'eau dans leurs déplacements.
Fumigation : La fumée de cette petite plante aurait la vertu de
chasser les souillures dont les objets du culte ont été atteints.
Autres emplois : Le mot désigne aussi bien le fruit que
l'instrument. La pulpe du fruit, mélangée à l'eau, sert à nettoyer les récipients
de cuisine.
Bumu ou Bunu.
Fumigation : La fumée des feuilles fraîches du kapokier
permettrait de combattre les maléfices des sorciers.
Selon D. Zahan, le kapokier « représente l'âme, ni, avec ses caractères
de légèreté et de subtilité » (« Sociétés d'initiation bambara », p. 152).
Buremuso ou Blemuso.
Nom scientifique : Gardenia erubescens, selon Aubréville.
Fumigation : Le bure, arbuste de brousse très commun, est mâle
ou femelle aux yeux des Bambara. Les fumigations de bure femelle
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
(bure-muso) ont pour but de favoriser la fidélité des épouses dans la
région de M'Péba (Ségou). Le nom de l'intéressée est prononcé quand
la fumée se dégage.
Autres emplois : Cet arbuste donne un fruit comestible.
Buretyç.
Nom scientifique : Gardenia sp.
Fumigation et autres emplois : Le bure mâle (bure-tyë) a deux
usages :
1° encenser les objets du culte afin qu'ils ne pardonnent pas aux
délinquants ;
2° protéger l'homme des mauvais effets du tere (caractère) de la
femme.
Dabadaba.
Signification du nom bambara : Le nom a une signification
incertaine, qui pourrait être « grande porte » ou plutôt « grande bouche ».
Aspect et écologie : Cette plante, qui peut atteindre une
quarantaine de centimètres de hauteur, pousse sur les sols légers, meubles.
Fumigation : Jadis, les vêtements de guerre étaient placés dans sa
fumée.
Autres emplois : Aujourd'hui, elle a le pouvoir de renforcer la pa^
role ; à cet effet, on se lave la bouche avec sa racine trempée dans de
l'eau. La racine est également utilisée comme frotte-dents (région de
Ségou).
Dâga.
Nom scientifique : Ficus sp. Moracées. Afzelia africana, d'après
Mgr Molin.
Signification du nom bambara : Le nom de ce grand arbuste, qui
pousse sur des terrains assez secs, signifie « malédiction ».
Fumigation : Dans les cérémonies religieuses, l'officiant aspire la
fumée produite par la combustion des rameaux avant de dire les
prières ou les formules rituelles.
Autres emplois : Le dâga servirait à confectionner un fébrifuge.
Dalasesey ou Sam-sam.
Cette herbe d'hivernage, qui pousse au bord des marigots, est
utilisée pour débarrasser l'œil des poussières qui s'y introduisent. Dans
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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la région de Boadié (cercle de Ségou), sa fumée serait utilisée par
analogie pour demander plus de clairvoyance aux puissances occultes.
Dasigidadala.
Nom scientifique : Leucas martinicensis, R. Br. Labiées.
Signification du nom bambara : Le nom de cette plante exprime
une idée de degré. Le dasigidadala est le captif de la troisième
génération, affranchi de droit (selon Mgr Sauvant). Le mot signifie
littéralement « canari (da) qui est posé (sigi) sur un autre canari (da da là) ».
Fumigation : Dans la région de Ségou, la fumée de cette plante
faciliterait la « bonne superposition de la connaissance dans l'esprit ».
Autres emplois : Selon une autre source, le dasigidadala serait
employé en médecine infantile.
Dyikambua.
Nom scientifique : Entada africana G. et Perr. Mimosacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « poison (bua) de
l'eau (dyi-ka) ».
Fumigation : Cette plante aquatique est brûlée dans la maison et
aux quatre points cardinaux, dans la cour de la maison, pour affaiblir
les ennemis en les rendant moins vigilants. On lie cette vertu à l'eau,
élément qui apaise (village de Dosséguéla).
Remarques sur l'identification : L'Entada africana est désignée
sous le nom de « oamantéremi Oulé » à Г arborètum de Bamako.
Dyirinible ou Туagora.
Nom scientifique : Combretum nigricans var. « Elliotti ». Aubréville. Combrétacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le petit arbre
(dyirinï) rouge (We) ».
Fumigation : Les fumigations, faites dans la maison, donnent
l'ardeur au travail à ses occupants. On lie cette vertu à la couleur rouge,
symbole d'activité.
Autres emplois : Les feuilles de cet arbre donnent un humus
apprécié. Cuites, elles donnent une teinture rougeâtre utilisée dans
l'habillement par les Peuls, en concurrence avec le wolo.
Le dyirinible était employé dans le traitement de la lèpre.
Remarques sur l'identification : Selon Aubréville, le mot dyiri-
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
nible désigne aussi les sous-espèces « combretum lamprocarpum » et
« geytiphyllum ».
Dogora ou Dugura.
Mentionné dans les dictionnaires de Mgr Sauvant et de Mgr Molin.
Il s'agit d'une Térébenthacée.
Signification du nom bambara : Le nom de cet arbre évoque une
idée de dissimulation (ka dogo : cacher).
Fumigation : Les rameaux étaient jadis brûlés au départ des
expéditions guerrières pour que les participants conservent leur sang-froid
dans les batailles (village de Diongo).
Remarques sur l'identification : Selon D. Zahan, il s'agit du
« cordyla africana ». Mêmes remarques chez cet auteur qui signale
l'usage du dogora comme frotte-dents («La dialectique du verbe », p. 43).
Dôkari.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la rupture (kari)
de la connaissance (do) ».
Aspect et écologie : Le dôkari forme de grands buissons épineux.
Fumigation : C'est l'une des plantes du mariage. Brûlée dans la
maison, elle favorise la paix conjugale.
L'étymologie que nous indiquons va dans le sens des remarques
faites par D. Zahan sur les kurumaw, membres d'une classe du koře,
dont le dôkari est l'emblème ; « les kurumaw symbolisent l'aspect
pénible de la connaissance» («Sociétés d'initiation bambara», p. 153).
L'usage du dôkari serait réservé aux circoncis.
Remarques sur l'identification : Le dôkari est le dôgari selon
D. Zahan : « Acacia Senegal ».
Aubréville l'appelle donkori.
Dyâkunadi.
Nom scientifique : Commiphora africana (Rich.) Engl. Burséracées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la broussaille
(dyâ : formation arbustive en terrain imperméable) au bon (di) sort
(nkuna) ». Le mot nguna signifie aussi plainte, gémissement.
Fumigation : Les fumigations, faites dans la cour ou dans la
maison, redonnent courage, confiance en soi, dans la région de Sanando
(Ségou).
Autres emplois : Cet arbuste protecteur est parfois utilisé pour
former des haies.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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Selon une autre source, le dyâkunadi serait utilisé en médecine
infantile et dans les affaires de mariage.
Remarques sur l'identification : A l'arboretum de Bamako, on
le désigne sous le nom de « barakaté badi ».
Il pourrait s'agir du dyâguna ni mentionné par D. Zahan dans « La
dialectique du verbe chez les Bambara », p. 40-43.
Dyolisegi ou Dyolibôkola.
Nom scientifique : Heeria insignis (Del.) O. Kze. Anacardiacées.
Signification du nom bambara :
dyolisegi « retour (segï) du sang (dyoli) » ;
dyolibôkola : « qui fait sortir (bç) le sang (dyoli) de la chose (ko la) ».
Fumigation : Les fumigations des rameaux de cet arbuste sont
faites pour prévenir le retour des maladies saisonnières. Les rites sont
faits au nom de Faro, génie de l'eau.
Autres emplois : Les feuilles sont aussi utilisées en décoction.
Dyurasôgalani.
Nom scientifique : Feretia cantioides Hiern ou Feretia apodanthera, selon Aubréville.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la petite mouvette (sôgala : baguette de bois, en forme de croissant, servant à
préparer les sauces) du Dioula ».
Fumigation : Les rameaux de cet arbuste sont brûlés dans la cour
de la concession pour chasser la mauvaise renommée (logo dyugu).
D'une façon générale, sa fumée chasse tous les maux qui se rapportent
à la maison, sy yoro ou so. La plante est en correspondance avec le
signe de la maison utilisé en géomancie. Cet arbuste aurait été touché
par Faro, au moment de sa colère contre Pemba ; c'est une des plantes
qui protègent les jumeaux (Douga, région de Ségou).
Selon une autre source, le dyurasôgalani protège contre le risque de
ňoyade.
i
Selon D. Zahan, le dyura sungalani est un des arbres de la bonne
fortune (« La dialectique du verbe », p. 40, 183.)
Remarques sur l'identification : Selon Aubréville, certains
individus de l'espèce « psorospermum » sont appelés « dyurasungalani ».
Dyuro.
Nom scientifique : Securidaca longipedunculata, Fres. Polygalacées.
Société des Africanistes.
7
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Fumigation : La fumée des rameaux de cet arbre ou de cet arbuste
sert à encenser le maître des cultures, « Senetigi ». Les fumigations
ont lieu dans les champs, pour purifier les récoltes. •
Autres emplois : Les feuilles pilées, mêlées à de la poudre
d'arachide, servent à confectionner un remède contre les maux de tête et
les rhumes de cerveau. Cette poudre se prend en prises.
D. Zahan signale que le dyuro constitue, selon les Bambara, le
remède souverain contre le venin des serpents (« Sociétés d'initiation
bambara », p. 231).
Cet ensemble est assez hétérogène. Selon D. Zahan (« La dialectique
du verbe », p. 40), les dyuro sont des végétaux « dépuratoires du corps
et de la parole ». Cette idée générale est acceptable.
Folokâ.
Nom scientifique : Ficus discifera, selon Aubréville.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la voix (kâ)
première ou ancienne (folo) ».
Fumigation : Les autels sont fumés avec les rameaux de ce ficus
pour que l'enseignement des choses anciennes se perpétue fidèlement
dans la famille (Sido, ancien canton de Bolomissé, Ségou).
Selon une autre source, le folokâ représente l'élément « feu ». Il
intervient à ce titre dans les fêtes périodiques de régénération des autels.
Le folokâ remplace parfois le dubale devant la porte d'un notable.
Remarques sur l'identification : Selon M. Griaule et G. Dieterlen (« Signes graphiques soudanais », p. 56), selon D. Zahan également
(« Sociétés d'initiation bambara », p. 404), le folokâ serait le Ficus
polita, désigné dans la présente enquête sous le nom bambara de zere.
Fugowugo.
Nom scientifique : Calotropis procera, selon Aubréville.
Fumigation : Dans la région de Koutiala (Falo), la fumée de cette
euphorbe donne de la force aux boli. Elle serait considérée comme la
plante de la puissance parce que les termites ne l'attaqueraient jamais,
même sèche. D'où son emploi pour renforcer la parole (D. Zahan, « La
dialectique du verbe », p. 160 et 162, sur ce dernier point).
Gala.
C'est l'indigotier courant. La racine de la plante est brûlée dans la
maison pour protéger la famille contre les empoisonnements.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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Galasina.
Il s'agit également d'un indigotier. Le mot signifie « coépouse du
gala ». Les fumigations, faites dans la maison, ont pour but de mettre
fin aux querelles entre coépouses.
Selon une autre source, le galasina serait utilisé pour purifier les lieux
foudroyés.
Galadyiri.
Nom scientifique : Pterocarpus lucens, G. et Perr. Papilionacées.
Fumigation et autres emplois : Autre indigotier au bois très dur,
employé en construction. Les feuilles et le parasite de cet arbre sont
brûlés pour encenser les objets occultes afin de les renforcer et de
coordonner leur action.
Remarques sur l'identification : Le Pterocarpus lucens est
désigné sous le nom de banafiy à l'arboretum de Bamako.
Какого.
Nom scientifique : Strynchnos spinosa Lam. Loganiacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la voix (kâ)
ancienne (кого) ». On appelle son fruit warablezara, «la pastèque du singe
rouge ».
Fumigation : Les rameaux de cet arbre sont brûlés dans la maison
pour que les jeunes gens travaillent d'un même cœur, aient un objectif
commun (région de Barouéli, cercle de Ségou).
Autres emplois : Les jeunes filles récemment excisées jouent d'un
instrument de musique qui contient des graines de какого. Les jeunes
filles s'adressent aussi à cet arbuste pour avoir une belle poitrine.
Le fruit est comestible.
Selon D. Zahan, le fruit du какого appelle les analogies suivantes :
testicules, hochet des excisées, gourde (« Sociétés d'initiation
bambara », p. 253).
Remarques sur l'identification : A noter que le « Strynchnos
spinosa » est désigné sous le nom de koulêkoule à l'arboretum deBamako.
Kalabana.
Nom scientifique : Antiaris africana, d'après D. Zahan.
Signification du nom bambara : Etymologie obscure. Le mot
paraît lié à l'idée de couture (kala). Cet arbre appartient au génie de la
lumière (Yeletigi).
100
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Fumigation : On brûle ses rameaux dans la maison pour que les
secrets des membres de la famille soient connus de son chef.
Dans la brousse, le kalabana croît au détriment des arbres qui
l'entourent et peut devenir très grand.
Le mot kalabana désigne l'arbre sous lequel a lieu la cérémonie
annuelle du ndomo (voir G. Dieterlen, « Essai », p. 171).
Kalakari.
Nom scientifique : Heeria insignis, selon Aubréville.
Signification du nom bambara : Littéralement : « qui casse (kari)
la tige (kala) ».
Fumigation : Les rameaux de cet arbuste sont brûlés dans la cour
pour détruire les alliances des ennemis. Le « chef de la terre » la brûle
aussi pour purifier les champs.
Le bois brûle avec une flamme très claire.
Selon D. Zahan, le symbolisme du kalakari serait : « support,
soumission, obéissance, conseil » (« La dialectique du verbe », p. 41).
Autres emplois : Des décoctions de feuilles sont parfois données
aux enfants à titre de tonique.
Remarques sur l'identification : A l'arboretum de Bamako, le
kalakari est désigné comme étant « Heeria insignis ». Au cours de la
présente enquête, le dyolisegi a été identifié comme étant également
« Heeria insignis ».
Karidyakuma.
Nom scientifique : Psorospermum, sp. Hypériacées.
Significatioh du nom bambara : Littéralement : « le chat (dyakuma) qui casse (kari) ».
Fumigation : Les fumigations, faites dans la cour de la maison, ont
le pouvoir de chasser les sorciers (région de Sinzana, Ségou).
Selon D. Zahan, le symbolisme du karidyakuma serait : « puissance
et faiblesse, ascension et déchéance » (« La dialectique du verbe », p. 41).
Autres emplois : Sa racine serait utilisée contre la gale (Tauxier,
« La religion bambara », p. 239).
Kçlçbçtokala.
Nom scientifique : Hygrophila senegalensis T. Andr.
Signification du nom bambara : Littéralement : « paille ou remède
(kala) contre la plaie chronique (kelebe) ».
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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Fumigation : La fumée de cette plante est considérée comme un
piège. On la brûle dans le bois sacré en souhaitant que toutes les
religions se vengent des offenseurs (N'Gara, cercle de Ségou).
Cette plante serait aussi brûlée pour faire perdre leur sang-froid aux
non initiés qui assistent à tort à une cérémonie ou à une réunion.
C'est le piment usuel. Les feuilles et les fruits sont brûlés pour
donner de la force aux objets, aux personnes, aux boissons. On brûle la
racine pour renforcer le pouvoir des poteries sacrées et, d'une façon
générale, de tous les autels.
Kokaridyirini.
Nom scientifique : Maerua angolensis, selon D. Zahan.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le petit arbre
(dyirini) qui casse (ka kari) le dos (ko) ».
Aspect et écologie : II s'agit d'un arbuste aimant le sable noir,
habituellement bas (50 cm) mais pouvant atteindre 3 m dans les
endroits favorables.
Fumigation : C'est l'arbre qui fixe le caractère et le consolide. Il
exprime une certaine permanence des choses à travers le bonheur
comme à travers le malheur. L'expression « dos cassé » peut
s'appliquer à un grand malheur familial, tel que l'impossibilité d'avoir une
postérité. Les fumigations paraissent avoir pour but un heureux
retour à la normale et constituer une manifestation de stoïcisme.
A propos des éléments végétaux du culte, on rappelle que l'homme
lui-même est issu des arbres. Les rameaux du kokaridyirini sont brûlés
au milieu de la cour de la concession familiale par un officiant assis
sur une pierre blanche.
Autres emplois : Magie : certains sorciers utiliseraient le
kokaridyirini pour donner des maux de reins et retarder les travaux agricoles
d'un homme auquel on veut du mal ; il suffirait pour cela de faire
trois nœuds à une branche avec des pieds de haricots et de courber
la branche avec une grosse pierre.
Kononikadlosina.
Nom scientifique : Evolvulus alsinoides L. Convolvulacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : «la coépouse
(sina) de la bière (dlo) du petit oiseau (kononi) ».
102
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Fumigation : La fumée de cette plante, brûlée dans la maison et
dans la cour, arrête le chagrin familial. Elle développe aussi la
circonspection des membres de la famille, les mettant à l'abri de l'ivresse et
du bavardage.
Autres emplois : Selon un autre informateur, le kononikadlosina,
de même que le kononimpegu, protège les semences et favorise la
germination.
Kononinimpegu ou Konimpegu.
Nom scientifique : Pseudospondias mucricarpa, selon D. Zahan.
Signification du nom bambara : Nombreuses interprétations
possibles : mpegu (sorte de raisinier) de Koni (nom du créateur), mpegu
du petit oiseau, de la petite perle ou de l'attente (kononi).
Aspect et écologie : Le kononimpegu fleurit au mois de février
alors que le mpeguba, arbre analogue, donne des fruits mûrs au début
de l'hivernage (juin)
Fumigation : On brûle les feuilles du kononimpegu dans la maison
pour demander la prolifération à Faro, génie de l'eau. Cette pratique
favorise la conception lorsque celle-ci se fait attendre dans un jeune
foyer. On lie cette vertu à la précocité de la floraison de l'arbre.
Kçrçba.
Nom scientifique : Vitex cuneata, selon Aubréville.
Place dans la botanique bambara : Variété de кого que l'on
oppose au koronintifo.
Aspect et écologie : Ce grand arbre donne des petits fruits noirs
et sucrés, comestibles.
Fumigation : Le koroba serait l'arbre des forgerons, détenteur des
secrets des anciens. Les fumigations faites dans la maison ont pour
but d'attacher tous les membres de la famille à l'esprit des ancêtres,
à la tradition.
Selon D. Zahan, le koroba est le symbole de l'obscurité de la
connaissance.
Kçrôgoy.
Nom scientifique : Psorospermum glaberrimum Hochr. Hypéricacées.
A Songou (région de Barouéli, Ségou), cette plante est brûlée autour
de la concession familiale pour mettre la famille à l'abri du mépris.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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KOTOSOIli.
Nom scientifique : Blepharis linariaefolia Pers. Acanthacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : «la griffe (soni
de l'iguane de terre (кого) ».
Fumigation : Cette petite plante est brûlée pour mobiliser toutes
les forces physiques et intellectuelles de la famille (Fayara, région de
Ségou).
Selon un autre informateur, elle serait employée dans les
cérémonies relatives à la naissance.
Kundyç.
Nom scientifique : Guiera senegalensis Lam. Combrétacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « tête blanche ».
Aspect et écologie : Arbuste très répandu qui donne des fleurs
blanches, soyeuses, d'où son nom. Résistant, il favorise la jeune
végétation qui pousse sous son couvert et on l'appelle dyiru ba « mère des
arbres ».
Fumigation : On passe son corps et les habits rituels dans la fumée
des feuilles et des fruits du kundye pour demander longue vie à Bemba
ou Pemba (Soya, région de Barouéli).
Autres emplois : Dans la région de Gouendo (Ségou), le kundye
sert à des lavages pour guérir les maux de tête et de poitrine.
Demba Cissoko indique (« Notes Africaines », juillet 1947. « Quelques
significations et superstitions des rêves au Soudan ») que les branches
de kundye suspendues par un fil de coton (fêle) au-dessus de la porte
de la maison protègent celle-ci contre la foudre.
Notes : Le signe du kundye représente le premier élément du signe
de la plante (M. Griaule et G. Dieterlen, « Signes graphiques
soudanais », p. 56). Ce signe — un point entouré d'un cercle — « représente
la terre qui a enfermé le germe des végétaux ».
On trouve de nombreuses références au nkundye, symbole de force,
de puissance ou de vieillesse dans l'ouvrage de D. Zahan, « La
dialectique du verbe chez les Bambara ».
Kungosirani.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le petit baobab
(sirani) de la brousse (kungo) ». L'arbre doit ce nom à ses fruits qui
rappellent ceux du baobab.
Fumigation : Cet arbre serait le second arbre de la puissance (famaya), le premier étant le soro. Ses racines et ses feuilles sèches seraient,
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
à ce titre, brûlées à l'endroit sacré où l'on nomme le fama. La fumée
favorise la concentration de l'esprit de tout le peuple.
Autres emplois : Selon un autre informateur, le kungosirani serait
utilisé dans les rites d'excision.
Kurukurubani ou Kurubani.
Nom scientifique : Indigofera macrocalyx Schum. et Th. Papilionacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le petit grand
bossu ». Cette plante présenterait des nœuds et des bosses (kuru) qui
expliqueraient cette appellation énigmatique.
Fumigation : La bosse est en rapport avec le secret, ce qui fait
comprendre que cette plante soit brûlée pour favoriser la garde des
secrets familiaux.
Autres emplois : Le kurubani a des usages médicinaux. On
l'administre en décoction tiède dans les maladies que l'on ne sait pas
diagnostiquer.
Mâkalanikama.
Nom scientifique : Wissadula amplissima var. rostrata Schum
et Th. Fries. Malvacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « l'épaule (kama)
du mâkalani (antilope à poils rouges, sans cornes, céphalophe de Grim
selon Mgr Molin) ».
Fumigation : Cet arbuste est censé favoriser la parenté entre les
diverses parties du corps. La fumée qui provient de sa combustion
obligerait en conséquence les membres de la famille à veiller les uns
sur les autres.
Selon un autre informateur, cette plante serait utilisée par les
chasseurs.
Makanatyç.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le makána mâle
(tyç) ». makána signifierait « étonner (kana) l'homme (ma, sens général) ».
Aspect et écologie : II s'agit d'une liane qui forme de grandes
touffes comme le nzaba.
Fumigation : C'est la plante de l'étonnement. Elle est en rapport
avec le halo de la lune et du soleil. D'autres disent qu'elle est la liane
de l'adoration. Sa fumée permet à la famille de braver tout le monde
en demeurant unie.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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Cette plante est présente dans la devise du komo et joue un rôle
dans les cérémonies. On fait sécher ses feuilles pendant une journée
avec le gui du grand sunsun et on les utilise avant les grandes
« prouesses » du masque.
Marakadyuguni.
Nom scientifique : Glossonema boveanum, ssp. nubicum Decne
Asclépiadacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le hérisson (dguguni) du Marka (Sarakolé) ». Le verbe kamara signifie cependant
garder, conserver, protéger, et il est possible que le nom de la plante
doive être rattaché à cette idée. On la nomme hérisson à cause des
piquants du fruit.
Écologie : Elle est très répandue et se trouve notamment dans les
champs en jachère.
Fumigation : II s'agit de l'une des plantes les plus importantes qui
soient utilisées dans les cérémonies religieuses des Bambara. La fumée
du marakadyuguni sert plus particulièrement à encenser les quatre
points cardinaux des sanctuaires. On peut la faire intervenir à titre
complémentaire pour mettre en mouvement toutes les forces occultes.
Dans une formule qui paraît concerner l'éducation des hommes, on
dit que c'est sur le marakadyuguni qu'« est descendue la voix de
l'adaptation ».
Mbyemuso.
'Signification du nom bambara : Mot se décomposant comme suit :
mbye (vagin) et muso (femme).
Aspect et écologie : Cette plante donne des gousses aqueuses
recherchées par les enfants. Toute petite, elle pousse en hivernage dans
les endroits caillouteux. Ses tubercules, soumis à un certain
traitement, peuvent remplacer la bouillie de mil en cas de disette.
Emplois : Cette plante a dit : « Je ne suis pas la seule plante en
brousse. »
Un animal lui correspond (et les correspondances entre plantes et
animaux sont peut-être générales) : le kungo dye (sanglier ou
phacochère).
On lui connaît deux usages religieux et un usage que l'on qualifiera
plutôt de magique.
— Usages religieux1 :
1° Mêlée au sunsun, on l'utilise pour appeler la pluie ;
1. Pomme cannelle sauvage (Mgr Molin).
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
2° Culte des jumeaux.
— Usage magique : rend aux femmes leur féminité et leur fécondité
par voie de conséquence.
Mbyetye ou Keyambye.
' Signification du nom bambara : Mot à mot :
m bye (vagin), tye (homme) ;
key a (testicule), mbye (vagin).
Plante mâle correspondant à la précédente. Elle aurait des vertus
génésiques particulières à l'égard des femmes. On enduit volontiers les
objets du culte avec sa cendre pour les rendre plus actifs ; ce procédé
serait plus efficace que la fumigation.
Meze.
Aspect et écologie : On trouve souvent cet arbuste sur les hautes
termitières (ntôgu).
Fumigation : Sa fumée peut accompagner les prières adressées au
nyama boli (v. G. Dieterlen, « Religion bambara », p. 147), en vue
d'obtenir des richesses. C'est ici la fonction agricole du nyama boli qui est
en jeu, le meze se trouvant en rapport avec la terre et les buttes de
mil dans les champs.
Autres emplois : Selon une autre source, le meze serait utilisé dans
les excisions.
Minkç ou Mingç.
Nom scientifique : Premira hispida Benth. Verbénacées.
Signification du nom bambara : L'informateur voit dans ce mot
une combinaison de mi (ka mi : boire) et de kç (marigot, mare). Cette
explication est à prendre en considération, le mot kç dans le sens de
mare pouvant signifier « connaissance » pour les Bambara initiés et le
verbe ka mi (boire) étant fréquemment utilisé dans le sens d'apprendre.
Dans ce même contexte, «j'ai soif » signifiera «je veux savoir ».
Fumigation : Les feuilles et la racine du minkç sont brûlées dans
la maison pour donner de l'intuition aux hommes de science de la
famille. On relie cette vertu du minkç à la couleur de son bois, qui est
rouge. Cette couleur paraît liée à la connaissance (région de Koutiala).
Autres emplois : Le minkç donne des fruits rouges comestibles.
Remarques sur l'identification : A noter que le Spondias monbin (Anacardiacées) est désigné sous le nom de minkon à l'arboretum
de Bamako.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
107
Misibçzara ou Misibçzarani.
Signification du nom bambara : Littéralement : «la calebasse
(zara) de la bouse (bç) de vache (misi) ».
Il s'agit d'une petite plante rampante très répandue. La fumée de
cette plante sert à encenser la divinité des jumeaux, qui est Faro,
représenté par un flaninçgç (fer des jumeaux) ou un flaninda (canari
des jumeaux). On dit que la vache est en accord avec Faro et que les
bovidés ont le caractère blanc (Diado, région de Ségou).
Misinikum bere.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le genou (kumbere) du petit bœuf (misini) ».
Se confond peut-être avec le misikumbere qui est une variété de
pourpier (Mgr Sauvant, Mgr Molin).
Fumigation : Cette plante est brûlée sur certains emplacements
sacrés, ceux oil ont lieu notamment la circoncision et l'excision, pour
faire mieux supporter la douleur. Le genou est lié à l'idée d'effort.
Autres emplois : On utiliserait cette plante, chauffée dans de l'eau,
pour masser les foulures.
Munkege.
Nom scientifique : Rogeria adenophylla J. Gay. Pédaliacées.
Signification du nom bambara : Etymologie obscure.
ka тип : oindre ; ka munu : remuer, agiter.
Aspect et écologie : II s'agit d'un arbuste petit et mince. Il
contiendrait une substance enivrante que l'on met parfois dans les
boissons pour saouler rapidement.
Fumigation : Sans doute par analogie, on estime que la fumée de
cette plante est un excitant de tous les objets occultes favorisant
l'action des prières et des sacrifices.
Nazebe.
Aspect et écologie : Cette plante de petite taille (30 cm) pousse
dans les champs qui entourent les villages et sur les tas d'ordures
communs.
Fumigation : On lui attribue la vertu de protéger la famille de tout
accident ; on la brûle par exemple dans la maison au départ d'un
voyage ou lorsqu'un enfant commence à grandir.
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Autres emplois : Le nazebe est aussi consommé comme légume ou
comme condiment du couscous.
Dans la médecine locale, on utilise sa sève (feuilles pressées) pour
soigner les otites.
Ndeke ou Ndege.
Nom scientifique : Cordia myxa, selon Aubréville.
Fumigation : Ce ficus est l'arbre de l'éducation et de l'apprentissage
(ka dege : enseigner, apprendre). Ses feuilles sont brûlées dans la cour
et à la fin des cérémonies pour demander au génie de l'air le sens de
la bonne éducation.
Autres emplois : Le fruit du ndege sert à faire de la colle.
Le ndege est également utilisé dans la confection des « lions » du
Kore (voir sur ce dernier point D. Zahan « Sociétés d'initiation bambara », p. 150-152.)
Ndçku.
Signification du nom bambara : Paraît être à rapprocher de кфи
(malin, rusé).
Aspect et écologie : II s'agit d'une plante rampante assez commune.
Fumigation : On dit qu'elle est la plante de la facilité et que sa
fumée met fin aux inimitiés.
C'est l'une des plantes de la viscosité (d'où l'idée de facilité).
Autres emplois : On la met dans la sauce noire, nyuana ou nafîy,
qui accompagne le to (pâte de mil, de maïs, de manioc, mise en
boulettes, souvent appelée « gâteau »).
Ndlibara.
Signification du nom bambara : Littéralement : « calebasse
(étranglée, bara) de la racine (ndli) ».
Aspect et écologie : C'est une plante commune qui donne une
belle fleur jaune à ras de terre.
Fumigation : Cette plante est en rapport avec Faro, génie de l'eau
(comme la calebasse elle-même). Les fruits et les racines sont brûlés
pour demander à Faro une vie différente et meilleure (région de Koutiala).
Autres emplois : La racine sert à faire une bonne teinture jaune,
tirant sur le roux, avec laquelle on colore les poteries et aussi les murs.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
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Nduganto.
Signification du nom bambara : Mot composé de nduga
(tourterelle) et de nio (sauterelle).
Fumigation : Cette petite plante, très répandue, est brûlée sur la
terrasse de la maison pour appeler les morts à protéger la famille. Ces
morts peuvent se transformer en oiseaux qui viennent chanter dans
la maison.
Nçgçkala.
Nom scientifique : Stereospermum kunthianum, selon D. Zahan.
Signification du nom bambara : Littéralement : « tige (kala) de
fer (nçgz) ».
Aspect et écologie : II s'agit d'une plante de petite taille qui aime
les sols sablonneux, assez peu répandue.
Fumigation : On l'appelle aussi dyadyafura, « feuille (fura) qui fait
sécher (dya) le double (dya) ». C'est un remède contre la peur, celle-ci
étant considérée comme une eau qui se trouve dans la personne. C'est
par voie de conséquence, un remède contre les cauchemars.
On dit aussi que la plante du « negekala » durcit la parole. Les
chasseurs la considèrent comme étant l'interdit de leur couteau. Elle l'est
aussi de celui de tout sacrificateur.
Remarques sur l'identification : A l'arboretum de Bamako,
le « Stereospermum kunthianum » est appelé moro iri (« arbre de
l'homme ? »).
Nçrç.
Nom scientifique : Parkia biglobosa (P. B.) Benth. Mimosacées.
Fumigation : C'est un arbre purificateur. Sa flamme et sa fumée
peuvent chasser les souillures et le mauvais sort. Sa fumée sert
notamment à purifier ceux qui ont rompu l'« interdit de la brousse ». Cette
fumigation se fait au carrefour, en dehors du village, à Konodimini.
Autres emplois : Son fruit joue un grand rôle dans l'alimentation
locale : c'est la base du sumbala.
Ngalama.
Identification :
Conocarpus biocarpa. Combrétacées. Selon Tauxier.
Anogeissus leiocarpus, selon Mgr Molin.
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Anogeissus schimperi, Hoscht. Combrétacées. A l'arboretum de
Bamako.
Pterocarpus lucens ou Anogeissus leiocarpus, selon Aubréville.
A l'arboretum de Bamako, le Pterocarpus lucens est appelé banafit;.
De notre enquête, il résulte que le Pterocarpus lucens est le galadyiri.
Aspect et écologie : Cet arbre est remarquable par les belles fleurs
jaunes qu'il donne.
Fumigation : Les rameaux du ngalama sont brûlés dans le bois
sacré pendant que l'on dit les prières pour arrêter les maladies épidémiques qui ravagent le bétail.
Selon D. Zahan, le ngalama exprime la force et la droiture de la
science de Dieu (« Sociétés d'initiation bambara », p. 213).
Autres emplois : Les feuilles du ngalama servent à fabriquer une
teinture jaune très utilisée. La teinture, préparée en faisant bouillir
les feuilles, sert en particulier à colorer les vêtements des jeunes gens
qui vont être circoncis.
Selon Tauxier, la poudre du ngalama est utilisée pour la
cicatrisation des plaies opératoires (« La religion », p. 238).
Ngamya.
Nom scientifique : Grewia lasiodiscus K. Schum. Tiliacées.
Fumigation : Les feuilles de cet arbre « nourrissent les croyances,
l'esprit des religions » par leur fumée (général dans la région de
Ségou).
Remarques sur l'identification : Nous ignorons si cette plante
est confondue par les Bambara avec celle qui porte le nom de nkamia
à l'arboretum de Bamako (Celtis integrifolia Lam. Ulvacées).
Mme G. Dieterlen indique que les branches fraîches du « Celtis
integrifolia » servaient à recouvrir les cadavres des guerriers tués au
combat dans le cas de funérailles rituelles (« Essai », p. 200).
Traitant du Celtis integrifolia, D. Zahan définit son symbolisme
par les mots « supériorité, ascendant sur les autres » (« La dialectique
du verbe », p. 40).
Ngafiaka.
Nom scientifique : Combretum velutinum DC. Combrétacées.
Fumigation : Sa fumée est censée favoriser la fermentation des
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
111
boissons. On brûle les rameaux autour des canaris. Elle constitue aussi
un « ferment » des objets occultes auxquels elle donne de la force.
Le ngaňaka peut mettre les gens en désaccord. Cela tient à ses
feuilles rugueuses, âpres.
Remarques sur l'identification : Selon D. Zahan, le ngaňaka
serait Ficus exasperata (« La dialectique du verbe », p. 185).
Nganiba.
Nom scientifique : Acrocephalus buettneri, Gurke. Labiées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la mère (bd)
du premier lait (ngani) ».
Fumigation : La racine du nganiba est brûlée pour faire venir le
lait au sein des femmes ou des animaux domestiques. Cette
fumigation a lieu avant la naissance.
Dans certains villages bambara, la fumée du nganiba est censée
donner la vie aux objets occultes.
Autres emplois : La racine sert aussi à faire des décoctions. On
peut frotter le sein avec des feuilles tièdes de nganiba.
Ngaro.
Nom scientifique : Cissus populnea, selon D. Zahan.
Aspect et écologie : C'est peut-être la variété de vigne sauvage
que mentionne Mgr Molin au mot даго.
Fumigation : Selon l'informateur, « la racine, la feuille et le gui de
cette liane sont brûlés dans le bois sacré pour demander au génie de
l'eau la flexibilité de l'esprit des jeunes ». Il s'agit de la souplesse de
caractère.
Idée légèrement différente chez D. Zahan, qui signale les propriétés
narcotiques des feuilles du ngaro : « Le ngaro endort et insensibilise :
il provoque l'euphorie du calme, la sérénité ; il cache, en quelque sorte,
la personnalité interne de celui qui s'en sert, le rendant ainsi
insaisissable et invulnérable » (« Sociétés d'initiation bambara », p.. 198).
Ngokubçlçni.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la petite pierre
de ngoku ».
Aspect et écologie : Plante aquatique. Sorte de nénuphar.
Fumigation : Cette plante est brûlée pour maintenir le bonheur
familial. L'idée d'aisance serait liée à celle de la fraîcheur recherchée
par la plante.
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Ngolobç.
Aspect : II s'agit d'une liane flexible et résistante.
Fumigation : On la brûle dans la maison pour obliger les membres
de la famille à s'aimer.
Autres emplois : La fibre du ngolobç sert à ceinturer les greniers
en paille (dyigine).
Remarques sur l'identification : S'agit-il du ki nkelib a (Combretuni micranthum) qu'indique Mgr Molin au mot golobé de son
dictionnaire (kolobé de l'arboretum de Bamako) ? D. Zahan indique que
le ngolobç est bien le Combretum micranthum : il peut servir à la
fabrication des arcs du koré (« Sociétés d'initiation bambara », p. 295).
Le ngolobç serait également le Pteleopsis habeensis (Aubréville).
Nimanitlosara.
Nom scientifique : Indigofera prieuriana G. et Perr. Papilionacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le jeu (tlo) de
la joie entre parents alliés qui s'amusent (nimanya) est fini (sara) ».
Fumigation : La fumée de cette plante met fin aux rivalités entre
les prêtres des divers cultes bambara : nama, kono et komo (région de
Barouéli).
Nôsiku.
Nom scientifique : Heliotropum indicum L. Borraginacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « queue (ku) du
caméléon (nôsi). »
Fumigation : Selon l'informateur, « on brûle cette plante pour
demander à Bemba de nous épargner au moment de sa colère en le priant
de nous pardonner pour la faute commise ». Bemba serait une force
générale ne désignant pas Pemba, créateur des animaux et des
végétaux. Le nôsiku est brûlé aux angles de la maison.
Selon un autre informateur, le nôsiku serait lié aux animaux
aquatiques.
Ntabançgg.
Nom scientifique : Sterculia cordifolia, selon Mgr Molin.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le ntaba sale,
c'est-à-dire gluant ». On l'oppose au ntabakumba.
Aspect et écologie : C'est un grand arbre de brousse dont les
fruits sont comestibles.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
113
Fumigation : On estime qu'il porte bonheur (idée liée à la viscosité
et à la colle) et on le brûle dans la maison pour assurer la réussite
des entreprises familiales.
Ntabakumba.
Nom scientifique : Datarium microcarpum G. et Perr. Caesalpinacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la grosse tête
du ntaba ».
Fumigation : Les puissances occultes sont encensées avec la fumée
d'un jeune pied de cet arbre lorsque l'on désire mettre la famille à
l'abri de tout empoisonnement.
Cet arbre passe pour avoir habituellement deux plantes parasites,
l'une aérienne, l'autre souterraine. En jetant de l'eau du haut de
l'arbre, on connaît l'endroit où il faut creuser pour découvrir le
parasite souterrain, qui ressemblerait au cuivre. Ce parasite est un poison
très dangereux dont l'antidote serait le « gui » aérien. Ces deux
parasites ne doivent pas être récoltés par le même cueilleur.
Remarques sur l'identification : D. Zahan identifie le
ntabakumba avec le Datarium senegalensis et signale qu'il fait partie des
arbres à nyama très puissant (« La dialectique du verbe », p. 127).
Selon Aubréville, le Parinari macrophylla (Sabine) serait appelé
tambakumba, mot bien proche de ntabakumba.
Ntimidimini.
Sens obscur. On relève dans le mot : timi (doux, sucré), dimini (petit
mal).
Petite plante très répandue, qui est celle de la foule. Elle est brûlée
dans la cour de la maison pour favoriser un rassemblement, un
regroupement, qui peut n'être que simplement familial.
Nyamengoni.
Nom scientifique : Centaurea senegalensis, selon D. Zahan.
Signification du nom bambara : Littéralement : « l'épine (ngoni)
du chameau (nyame) ».
Aspect et écologie : II s'agit d'une petite plante très répandue.
Fumigation : Sa fumée purifie les fusils. La plante est brûlée sous
les faisceaux. Ce rite préserve l'adresse du chasseur.
Note. — Le nyamengoni serait le dernier avatar du balâzâ (Pemba).
Société des Africanistes.
8
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SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Autres emplois : Le nyamengoni sert aussi à fabriquer une poudre
que l'on applique sur les gencives malades.
Nyamengonityç.
C'est le mâle (tyç) de la plante précédente. On l'appelle aussi bosobo
(excrément du Bozo). Cette plante se trouve de préférence au bord du
fleuve.
Son usage est analogue à celui du nyamengoni. Toutefois, sa fumée
sert plutôt à purifier les arcs et les flèches. « La flèche, c'est l'homme. »
Le rite s'exécute à l'est du village, à un carrefour.
Nyçkçnç.
Signification du nom bambara : Littéralement : « fraîcheur (kene)
de l'œil (nyé) ».
Aspect et écologie : Petite plante à fleurs blanches qui pousse
dans les champs.
Fumigation : On la brûle à côté du boli de la porte, gardien de la
concession, pour donner de l'intuition (le génie de la découverte) aux
intellectuels de la famille.
Nyokorodyalan i .
Nom scientifique : Cassia nigricans Vahl. Caesalpiniacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : «le petit caïlcédrat
ou le petit cordon (dyalani) de l'ancien (кого) mil (nyô) ».
Fumigation : Cette plante est très commune en hivernage. Elle
concerne les morts. Ses cendres, mêlées au petit mil, servent à
confectionner une bouillie pour les offrandes aux ancêtres. On se place dans
sa fumée lorsque l'on veut faire une prière concernant les défunts.
Enfin, les cendres, mêlées aux graines de semence, les purifient (région
de Barouéli, Ségou):
Autres emplois : La poudre séchée du nyokorodyalani est appliquée
sur les ulcères. Elle aurait des vertus antiseptiques.
Nyuônyua.
Nom scientifique : Grewia villosa, selon D. Zahan.
Fumigation : Cette plante est liée, comme la suivante, à l'activité.
On la brûle dans la maison pour donner de l'énergie aux enfants ; on
peut également les frapper avec les rameaux. Les fouets du « N'domo »
sont faits avec le nyuônyua.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
115
Les villageois le brûlent en commun sur la place du marché, avant
l'arrivée des marchands forains, pour favoriser la bonne chance dans
les achats.
D. Zahan estime, en s'appuyant sur de nombreux exemples, que le
nyuônyua et les plantes similaires supportent les attributs de la parole.
D'où leur emploi pour confectionner les lanières des fouets assimilées à
la partie la plus mobile de la langue (« Sociétés d'initiation bambara »,
p. 197).
Nyuônyua-dye,.
Nom scientifique : Variété de Grewia. Tiliacées.
Fumigation : Le nyuônyua blanc est un grand arbuste que l'on
brûle dans le bois sacré au moment de l'initiation pour que les jeunes
initiés supportent les épreuves avec courage. On le brûle également
dans la case chaque matin pour demander de la vivacité dans le
travail au génie du feu.
Autres emplois : Les feuilles du nyuônyua-dye servent à border les
nattes.
Nzaba.
Nom scientifique : Landolphia florida Benth. Apocynacées.
Aspect et écologie : Liane à latex, à petites fleurs blanches, très
odorante, qui attire les serpents. Le latex est surtout donné par la
sina muso du nzaba, le goïn.
Fumigation : La fumée du nzaba favorise une communauté de
pensée. On brûle d'abord les feuilles dans une cassolette, puis on jette
le gui sur le foyer. On fait une prière puis on promène la cassolette
dans la concession. Cela doit être fait un jeudi.
Patugu ou Dogoro.
On dit que cet arbre est de la même famille que le balâzâ, qu'il a
le même père. Sa fumée éloigne des traîtres, « leur met le feu ». Le
patugu, sans doute parce qu'il est lié au feu, n'aime pas Faro.
C'est un arbre épineux, plus blanc que le balâzâ.
Samandeku ou Ngoňongoňoni.
Nom scientifique : Spherantus senegalensis D. С Composées.
Signification du nom bambara : Samandeku : le faux ndeku ou
le ndeku qui attire.
116
'
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Le mot ngonyongonyoni serait lié à l'idée de petits bruits.
Fumigation : L'usage de cette plante paraît généralisé en pays bambara.
Elle a la même vertu de rapprochement que le ndeku. On la brûle
dans la cour de la maison pour amener la concorde dans la famille. On
la brûle aussi entre les quartiers du village pour favoriser leur entente.
Elle est enfin l'antidote des mauvais tere, qu'elle fait sortir.
Samanere,.
Nom scientifique : Entada africana et Entada sudanica, selon Aubréville.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le nere de
l'éléphant « sama » ou le nere qui attire (« ka sama » : attirer, tirer).
Fumigation : Cet arbuste appartient au génie de la culture. Sa
fumée permet au double du mil (nyô dya) de rester en place.
Selon D. Zahan, le « samanere » est symbole d'attachement, de
communauté de sentiments (« La dialectique du verbe », p. 186, 41).
Remarques sur l'identification : Au cours de cette enquête, la
plante appelée dykambua a été identifiée comme étant Entada africana.
Samper edyirini.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le petit arbre
(dyirini) du tonnerre (san pere) ».
Fumigation : On brûle cet arbuste pour préserver la famille de la
foudre. On le trouve parfois dans les concessions.
Sana.
Nom scientifique : Daniellia oliveri Hutch, et Dalz. Caesalpiniacées.
Fumigation : Cet arbre a l'aspect blanc. Il est le premier arbre de
la chance. On brûle ses rameaux dans la cour de la maison. On
absorbe la fumée par la bouche pour donner de la force à la parole. Dans
le même but, on peut se frotter les dents avec son bois.
Autres emplois : Les plantes parasites du sana sont très recherchées.
Nombreuses mentions dans « La dialectique du verbe chez les
Bambara » de D. Zahan.
Sifledyrini.
Signification du nom bambara : Littéralement : «petit arbre
(dyirini) de la divination (fie) de l'âge (si) ».
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
117
Aspect et écologie : C'est un grand arbuste qui forme des taillis.
Fumigation : C'est l'arbuste de la longévité. On le brûle dans les
maisons des familles où les enfants meurent généralement en bas âge.
Autres emplois : II est utilisé en divination. La branche,
maintenue debout, est fendue en son milieu. Si elle se casse au lieu de se
fendre sur une certaine longueur, l'intéressé n'a plus beaucoup de
temps à vivre.
Sindyâ.
Nom scientifique : Cassia festula. Caesalpiniacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « sein (sin) long
(dyâ) ».
Fumigation : C'est l'un des végétaux des femmes. On le brûle dans
la maison et dans la cour pour demander au génie de l'eau (Faro) et
au génie du vent (Teliko) le bon allaitement des enfants. Les femmes
ne doivent pas approcher leurs seins de son fruit.
Autres emplois : La racine du sindyâ, réduite en poudre, est
utilisée contre les maux de ventre. On l'utilise aussi, mélangée au piment
et à d'autres ingrédients, contre les maladies vénériennes.
Remarques sur l'identification : Selon D. Zahan (« Sociétés
d'initiation bambara », p. 343 et 413), qui suit l'opinion d'Aubréville, le .
sïdyâ est le Cassia sieberiana. Cet auteur en indique de nombreux
usages, voisins de ceux que nous signalons ici : il est notamment la
boisson des koře dugaw, membres d'une classe du koře.
Sindyiba.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la mère (ba) de
l'eau (dyi) du sein (sin) ».
Aspect et écologie : II s'agit d'une euphorbe dont la sève,
assimilée au lait, est abondante.
Fumigation : On brûle les rameaux dans la maison des femmes
pour que la pitié et la compassion (makari ou hine) continuent à régner
dans l'entourage. On précise que « la vraie pitié entre les gens, c'est
le lait ».
Sirakorosuane*
On relève dans ce mot : sira (baobab), кого (sous), sua (ka sua :
percer, piquer).
Cette plante, brûlée dans la maison, ranime les forces occultes et
chasse le mauvais nyama. Elle a une excellente réputation.
118
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Sïzâtigi.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le maître (tigi)
de la haie (sïzâ) ».
Aspect et écologie : II s'agit d'une plante grimpante, à fleurs
jaunes, dont le fruit séché donne une sorte d'épongé.
Fumigation : Cette plante est brûlée dans la maison ou dans la
cour. La fumée renforce le pouvoir de commandement du chef de case,
le gwatigi.
Autres emplois : Mélangé à du beurre de karité, le sïzâtigi entre
dans la préparation d'une mixture qui sert à traiter le funumba
(enflure des jambes, principalement en saison froide).
Sodyirini.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le petit arbre
(dyirini) de la maison ou du cheval (so) ». On estime d'ailleurs qu'il
existe un lien entre la maison et le cheval.
Fumigation : La fumée de ce grand arbre rend l'homme plus
discret, plus secret. Elle fait que les enfants deviennent aptes à beaucoup
de choses. On brûle le sodyirini au milieu d'un cercle de gens.
Sokobakeňesi.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le poil du pubis
(keňesi) de l'éléphant (sokoba ou samá) ».
Aspect et écologie : Cet « asparagus » (Liliacées) épineux, haut
d'environ un mètre, croît surtout en hivernage.
Fumigation : On le brûle sous les objets occultes pour les «exciter».
Autres emplois : Le fruit, qui serait souterrain, est très recherché.
Il est utilisé dans la gynécologie locale.
Sokuani.
Nom scientifique : Alysicarpus ovalifolius Schum. et Th. J.
Leonard. Papilionacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « petit sel (kua-nï)
de cheval (so) ».
Fumigation : C'est la plante de la famille par excellence (so :
maison ou cheval). On la brûle dans la maison pour dissiper tous les maux.
Autres emplois : En médecine vétérinaire, on la mélange au
fourrage du cheval pour dissiper les maux de ventre et améliorer l'état
général.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
119
Soro.
Identification : II se confond peut-être avec le ficus aux feuilles
épaisses et foncées désigné par Mgr Sauvant sous le nom de nzogo ou
nzogofimâ, d'où le nom de Гех-chef-lieu de canton de Bolomissé, près
de Ségou.
Il semble qu'il s'agisse du zoro (Ficus dicranostyla) que mentionne
D. Zahan dans ses « Sociétés d'initiation bambara », p. 89, ainsi que
dans sa « Dialectique du verbe chez les Bambara », p. 40. Le Ficus
dicranostyla est appelé иго par Aubréville.
Fumigation : L'informateur le qualifie de « surplanteur » rouge, cet
arbre ayant la propriété de tuer ses trop proches voisins.
Chaque matin, les fama brûlent son parasite au nom du génie de
l'eau et de la terre pour conserver leur autorité.
Soroble.
Nom scientifique : Kalanchoe crenata Andr. Haw. Crassulacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le soro rouge ».
Aspect et écologie : II pousse en hautes touffes pendant
l'hivernage.
Fumigation : Cette plante représente le feu. On la brûle dans les
sanctuaires pour éclairer les esprits.
Sorodole.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le dole (fort
chiendent) du soro ».
Aspect et écologie : II s'agirait en réalité d'un grand épineux
ayant des fleurs et des fruits rouges. Ce sont ces fruits qui orneraient
les masques du ndomo.
Fumigation : La racine, les fleurs et les feuilles du « sorodole » sont
brûlés sous les « boli » pour les rendre plus méchants. Cette fumée peut
servir aussi pour demander la lumière spirituelle (même usage que le
soroble dans ce cas).
Sôzâkatamugu.
Nom scientifique : Merremia pentaphylla, selon D. Zahan.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la poudre (mugiï)
de feu (ta) du lièvre (sôzâ-kd) ».
120
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES.
Aspect et écologie : Cette sorte de champignon long se recouvre
d'une poudre noire très caractéristique.
Emplois : On en saupoudre les objets sacrés du mâsa au moment
de sa nomination.
Cette poudre est aussi utilisée dans le traitement des plaies.
Sukuola.
Nom scientifique : Ocimum americanum, L. Labiées.
Basilic (Mgr Molin). La menthe est désignée par ce même mot chez
les Bambara.
Fumigation : C'est une plante purificatrice. A ce titre, elle sert à
laver les cadavres, d'où le nom de su (cadavre) kuo (laver) la. On peut
aussi placer les corps dans sa fumée.
On utilise aussi cette fumée pour purifier les endroits ensorcelés.
Sukuola-sina.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la coépouse ou
le rival de sukuola ».
Fumigation : La fumée de cette plante est censée semer la discorde
entre les voisins. On brûle la plante dans la cour en s'efforçant de
chasser la fumée chez les voisins que l'on veut opposer.
Sumadyirini.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la petite plante
(dyirini) de la fraîcheur (suma.) ».
Fumigation : Ce « physalis » (Solanacées) est brûlé devant les boli
pour que la prière soit exaucée par Bemba.
Autres emplois : Le sumadyirini, pris en décoction, combattrait la
fièvre et le paludisme.
Suname ou Sunane.
Nom scientifique : Crataeva religiosi, Forst ou Crataeva Adansonii, D. C, selon Aubréville.
Signification du nom bambara : Littéralement : « endormi (de
suna, sommeil) ».
Aspect et écologie : C'est une grande liane.
Fumigation : Sa fumée est considérée comme un abreuvoir, c'està-dire une source de science ; on l'absorbe pour avoir la pensée mûre.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
121
Selon D. Zahan, le zuname est l'un des végétaux qui symbolise
l'ascendant sur autrui (« La dialectique du verbe », p. 40).
Surukukamalo.
Nom scientifique : Indigofera astragalina D. C. Papilionacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le riz (malo) de
la hyène (suruku-ka) ».
Fumigation : On dirige la fumée de cette plante contre l'ennemi
pour le détourner de ses bonnes intentions et le faire se fourvoyer.
Surukukasumale.
Signification du nom bambara : Littéralement : « l'outre (sumale)
de la hyène (suruku-ka) ».
Aspect et écologie : Le surukukasumale, qui atteint généralement
un mètre de hauteur, pousse toujours à l'ombre des grands arbres.
Fumigation : On encense les représentants des forces vitales avec
la fumée de cette plante sous l'arbre propre à la société qui célèbre le
culte. Ce sera, par exemple, sous le tamarinier (rítomi) pour la société
du nyama.
SurukuntçmQ.
Nom scientifique : Ziziphus mucronatus Willd. Rhamnacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le jujubier
(ntomo) de la hyène (suruku) ».
Fumigation : L'officiant place sa tête dans la fumée en posant sa
main sur le sol pour demander aux esprits de la terre de la clairvoyance
et de l'intuition.
Le surukuntomo est en outre l'une des plantes de la divination. Les
devins aspirent la fumée.
Remarques sur l'identification : L'arboretum de Bamako en
possède un bel exemplaire désigné sous le nom erroné de soukorontomo. Il fleurit en août.
Syencrcnani.
Signification du nom bambara : Littéralement : « le petit cramcram (ncrgna-ni) du poulet (sye) ».
Aspect et écologie : Cram-cram bas qui pousse en hivernage.
Fumigation : On envoie sa fumée sur les boli lorsqu'on les prie de
faire du mal à un individu (idée de colle).
122
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Syo.
Nom scientifique : Isoberlinia doka Craib. et Stapf. Caesalpiniacées.
L'Afzelia berlinia serait également appelé syo d'après Mgr Molin.
Selon Aubréville, le mot syo désigne l'Isoberlina dalzielii.
Aspect et écologie : Cet arbre, qui aime l'humidité, est peu
répandu dans la région de Ségou ; on le trouve par contre dans la région
de Koutiala, celle de Dioïla et dans le Mandé.
Fumigation : C'est l'un des arbres du komo. La fumée de ses feuilles
sert à encenser les autels du komo. Sa racine renforce également les
objets rituels. On se frotte les dents avec de petites tiges de syo pour
donner de l'effet à la parole. On dit enfin que « lorsque le komo crie,
le syo éclate ».
Tabafiy ou Doli.
Littéralement : tabafiy : tabac (?) noir ; doli : perçoir de forgeron.
Cet arbuste est l'un des plus estimés. On le plante beaucoup,
notamment dans le Bélédougou et la région de Bamako. On dit qu'il a donné
naissance au tabac (sira). Les vieux le fument dans la pipe au moment
où ils donnent les bénédictions pour les mariages. Sa poudre est
utilisée en géomancie.
Tomontigi.
Littéralement : « le maître (tigi) des ruines (tomo) ».
C'est le ricin (Tauxier, Mgr Molin). La fumée de cette plante accroît
la sévérité des poursuites dirigées contre les auteurs de fautes contre
la religion.
ТуфаЫ.
Nom scientifique : Notoirement Cymbopognon giganteus.
Signification du nom bambara : Littéralement : « tige (kala) de
l'homme (tyç) ».
Cette herbe haute, qui pousse au bord du fleuve et des marigots,
joue un très grand rôle religieux, aujourd'hui bien connu. C'est la
plante de Faro, des jumeaux et du mariage. Elle sert à confectionner
les nattes nuptiales. On dit aussi qu'elle est l'herbe de la résurrection.
On la brûle pour chasser de la maison les mauvais génies.
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
123
Tyçkolokakulusidyala.
Signification du nom bambara : Littéralement : « la ceinture
(dyala) du pantalon (kulusi) de l'homme de moindre importance (řz/gkolo-ka) ».
Aspect et écologie : Cette plante rampante pousse dans les lieux
dégagés, de l'hivernage jusqu'à la saison froide.
Fumigation : Sa fumée affaiblit l'ardeur de l'adversaire, lui ôte la
barika.
Cette plante sert aussi à purifier le fusil du chasseur mort. Le canon
du fusil est tourné vers la terre pendant trois jours. La plante est
attachée à un margouillat par trois petits nœuds. Après les rites, la plante
est brûlée et le margouillat enterré.
Tyitlola.
Nom scientifique : Cassia italica Mill. Lam. Caesalpiniacées.
Signification du nom bambara : Littéralement : « qui frappe (ka
tyi : frapper) à l'oreille (tlo la) ».
Fumigation : La flamme de cette plante donne l'esprit de méfiance.
On fait brûler la plante sur une pierre.
Autres emplois : La décoction est utilisée contre la fièvre et les
vomissements.
Uludyçlçkç.
Signification du nom bambara : Littéralement : « chaîne (dyoloko)
du chien (ulu) ».
Aspect et écologie : C'est une liane avec de gros nœuds qui rampe
ou grimpe aux arbres.
Emplois : On répand le produit de sa calcination autour des autels
pour les écarter des souillures résultant du contact des étrangers.
En associant avec une autre racine, le uludyçlçkQ peut empoisonner
les poissons d'un marigot. Les racines sont frottées au bord de l'eau
et produisent une sorte d'émulsion.
Vugu.
Nom scientifique : Baissea multiflora, A. D. С Apocynacées.
Aspect et écologie : II s'agit d'une liane très grimpante assez
commune.
Fumigation : Sa fumée favorise l'entraide.
124
société des africanistes
WqIq.
Nom scientifique : Terminalia macroptera G. et Perr. Combrétacées.
Fumigation : C'est un des arbres de Faro, en rapport avec la
nativité (ka wolo : naître). Sa fumée favorise les naissances, rend les
femmes fécondes.
Autres emplois : Le wqIq donne une teinture rousse très aimée des
Peuls. Les Bambara utilisent plutôt la teinture jaune du ngalama.
Selon Tauxier, le wqIq est utilisé pour le traitement des plaies par
les Bambara du Kaarta (« Religion bambara », p. 237).
Remarques sur l'identification : Selon D. Zahan, il s'agit du
« Combretum aculeatum », qui symbolise « la sortie de l'anonymat et
de l'ambiguïté » (« La dialectique du verbe », p. 40).
Aubréville indique cependant que les terminalia sont généralement
appelés wqIq, ce qui valide l'identification de l'individu étudié.
Wolokoni ou Wologondi.
Signification du nom bambara : Littéralement : doigt (koni) du
francolin (wolo) ou « tournant (gondi) du francolin (wolo) ».
Aspect et écologie : II s'agit d'un épineux qui forme des buissons.
Fumigation : On le brûle sous les poteries sacrée's de la famille,
celles qui contiennent les macérations pour les besoins de la parenté.
Ces poteries, comme le wolokoni lui-même, semblent liées à la
pérennité du foyer. On rappelle à ce propos que Soundiata envoya
symboliquement à Soumangourou un wolo (francolin), une paille et trois
fragments de canari pour lui signifier que sa ruine était proche.
Le nom de cet Albizzia (Mimosacées) viendrait de ka yege, étendre,
déployer. Cet arbre appartient au génie du vent (fiëtigi). Il est brûlé
dans la maison pour que sa fumée dissipe le mal.
Zerç.
Nom scientifique : Ficus polita Vahl. Moracées.
Fumigation : Cet arbre a la réputation d'être un dangereux
parasite. On dit qu'il finit par tuer l'arbre qui l'abrite, son hôte ; on
l'appelle dyatigi-fâ-dyiri (l'arbre qui tue l'hôte).
On brûle le zerç dans la maison pour supplanter les ennemis. Il faut
PLANTES A BRÛLER CHEZ LES BAMBARA
125
utiliser les feuilles hautes de l'arbre. On les brûle dans un foyer spécial
composé de deux pierres et d'un fer de hache.
Remarques sur l'identification : II semble qu'il s'agisse de
l'arbre que D. Zahan appelle rCzere et qu'il indique comme étant le
Ficus persicifolia (« Sociétés d'initiation bambara », p. 89 et 409),
symbole de supériorité.
Zeza ou Lombo.
Noms scientifiques : Pseudocedrala kotschyi, Harms. Méliacées.
Cedrala kotschyi Schweinf.
Aspect et écologie : Très bel arbuste sentant bon. Mgr Sauvant
le désigne comme une sorte de bois de santal rouge et très parfumé.
Les jeunes filles chantent : « Nous sommes des bosquets de lombo. »
Fumigation : Selon l'informateur « ce grand arbre représente le
personnage de l'homme et de la femme dans la brousse. Il représente
le temple de la nature devant lequel passe l'homme à travers les forêts
de symboles ».
On brûle le zeza dans la cour pour demander l'intelligence et
l'intuition aux maîtres des éléments (terre, eau, vent, feu).
126
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
LISTE DES PLANTES ÉTUDIÉES
(noms vernaculaires)
1. Ъаксгстреди
2. bakçri
3. balâzâ
4. balembo
5. bane
6. banggyg
7. basakadatu
8. basazarani
9. benefit/
10. bere
11. bilisidole
12. bilisifim
13. bilisifisigi
14. bolentoli
15. &Ш7Ш OU Ďlinil
16. buremuso ou blemuso
17. buretyç
18. dabadaba
19. dâ^a
20. dalasesey ou sam-sam
21. dasigidadala
22. dyikambua
23. dyirinible ou ty agora
24. dogora ou dugura
— dogoro (v. patugu)
25. dôkari
— doZi (v. tabafifj)
26. dyâkunadi
27. dyolisegi ou dyolibôkola
28. dyurasôgalani
29. dz/wro
30. /oZo&â
31. fugowugo
32. #a/a
33. galasina
34. galadyin
35. какого
36. kalabana
37. kalakari
38. karidyakuma
39. kelebetokala
40. kelekele.
41. kokaridyirini
42. kononikadlosina
43. kononimpegu ou konimpegu
44. kçrçba
45. kçrôgoy
46. korosoni
47. kundye.
48. kungosirani
49. kurukuTubani
— lombo (v. zeza)
50. mâkalanikama
51. makanatye.
52. marakadyuguni
53. mbyemuso
54. mbyetye, ou keyambye
55. meze
56. minkç ou mingç
57. misibçzara ou misibçzarani
58. misinikumbere
59. munkege
60. nazebe
61. ndeke ou nde^e
62. ndçku
63. ndlibara
64. nduganto
65. nejgekala
66. ne/ç
67. ngalama
PLANTES A BRULER CHEZ LES BAMBARA
68.
69.
70.
71.
72.
73.
ngamya
ngaňaka
nganiba
ngaro
пдокиЪсЦт
ngonyongonyoni (v. samandeku)
73"*. ngolobç
74. nimanitlosara
75. nôsiku
76. ntabançgç
77. ntabakumba
78. ntimidimini
79. nyamengoni
80. nyamengonitye
81. nyekene
82. nyokorodyalani
83. nyuônyua
84. nyuônyua-dye
85. nzaba
86. patugu ou dogoro
87. samandeku ou ngoňongoňoni
88. samançrç
89. sampçrçdyirini
— sam-sam (v. dalasesey)
90. sana
91. sifledyirini
92. sindiâ
93. sindyiba
94. sirakorosuane
95. sïzâtigi
96. sodyirini
97. sokobakeňesi
98. sokuani
99. soro
100. soro We
101. sorodole
102. sôzâkatamugu
103. sukuola
104. sukuola-sina
105. sumadyirini
106. suname ou sunane
107. sumkukamalo
108. surukukasumale
109. surukuntçmç
110. syenoronani
111. syo
112. tabafiy ou doZi
113. tomontigi
— ty agora (v. dyirinible)
114. tyçkala
115. tyçkolokakulusidyala
116. íř/iřřoZa
117. uludyoloko
118.
119.
120. wolokoni ou wologondi
121.
122.
123. zçza ou lombo
127
128
SOCIETE DES AFRICANISTES
LISTE DES NOMS SCIENTIFIQUES DE PLANTES
Nom scientifique
Abutilon muticum
Acacia albida
Acacia Senegal
Acrocephalus buettneri
Afzelia africana
Afzelia berlinia
Albizzia
Alysicarpus ovalifolius
Anogeissus leiocarpus
Anogeissus schimperi
Antiaris africana
Asparagus
Baissea multiflora
Blepharis linariaefolia
Boscia senegalensis
Calotropis procera
Cassia festula
Cassia italica
Cassia nigricans
Cedrala kotschyi
Celosia trygina
Centaurea senegalensis
Cissus populnea
Combretum micranthum
Combretum nigricans
Combretum velutinum
Commiphora africana
Conocarpus biocarpa
Cordia myxa
Cordyla africana
Crataeva adansonii
Crataeva religiosi
Crossopteryx
Cucumis melo
Cýmbopognon giganteus
Nom bambara
bakpri
balâzâ
dôkari
nganiba
dâga
syo
уедете.
sokuani
ngalama
ngalama
kalabana
sokobakeňesi
vugu
kôrosoni
bere
fugowugo
sindiâ
tyitlola
nyokorodyalani
zeza
basakadatu
nyamengoni
ngaro
ngolobç
dyirinible
ngahaka
dyâkunadi
ngalama
ndeke
dogora
suname
suname
balembo
basazarani
tyekala
Page
90
90
96
111
94
122
124
118
109
109
99
118
123
103
92
98
117
123
114
125
91
113
111
112
95
110
96
109
108
96
120
120
90
91
122
PLANTES A BRULER CHEZ LES BAMBARA
Nom scientifique
Daniellia oliveri
Datarium microcarpum
Entada africana
Entada sudanica
Evolvulus alsinoides
Ficus
Ficus discifera
Ficus polita
Feretia apodanthera
Feretia cantoides
Gardenia
Gardenia erubescens
Glossonema boveanum
Grewia lasiodiscus
Grewia villosa
Guiera senegalensis
Heeria insignis
Heliotropum indicum
Hygrophila senegalensis
Hyptis spicigera
Imperata cilindrica
Indigofera astragalina
Indigofera macrocalyx
Indigofera prieuriana
Ipomaca pilosa
Isoberlinia doka
Kalanchoe crenata
Landolphia florida
Lannea velutina
Leucas martinicensis
Maerua angolensis
Merremia pentaphylla
Monechma ciliatum
Ocimum americanum
Parkia biglobosa
Physalis
Premira hispida
Pseudocedrala kotschyi
Pseudospondias microcarpa
Nom bambara
sana
ntabakumba
dyikambua et samaпете.
samanerç
kononikadlosina
dâga
folokâ
zerç.
dyurasôgalani
dyurasôgalani
buretyç
buremuso
marakadyuguni
n дату а
nyuanyua
kundyç
dyolisegi et kalakari
nôsiku
kelebetokala
benefiy
bilisidole
surukukamalo
kurukurubani
nimanitlosara
bilisifisigi
syo
soroble
nzaba
bakorompegu
dasigidadala
kokaridyirini
sôzâkatamugu
bilisifini
sukuola
nere.
sumadyirini
minkç
zeza
kononimpegu
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SOCIETE DES AFRICANISTES
Nom scientifique
Psorospermum
Psorospermum glaberrimum
Pterocarpus lucens
Rogeria adenophylla
Securidaca longipedunculata
Solanum incanum
Spherantus senegalensis
Sterculia cordifolia
Stereospermum kunthianum
Strynchnos spinosa
Terminalia macroptera
Vitex cuneata
Wissadula amplissima
Ziziphus mucronatus
Nom bambara
karidyakuma
korôgoy
galadyiri
munkege
dyuro
bangoyo
samandeku
ntabançgç
nçgçkala
какого
wolo
kçrçba
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