Le Parisien Du Mardi 20 Novembre 2018

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Votre rendez-vous
du mardi
P. 16 ET 17
Mais que valent les
placements éthiques ?
A
ARGENT
Politique
P. 4 ET 5
Pourquoi les maires
veulent jeter l’éponge
Gilets jaunes
P. 8 ET 9
Lexécutif réfléchit
à de nouvelles mesures
France - Uruguay
P. 18 À 20
Un match pour rallumer
le feu sacré des Bleus
AFP/XAVIER LÉOTY
BLOOMBERG/GETTY IMAGES/AKIO KON
MALVERSATIONS
Arrêté à Tokyo, le patron
emblématique du premier
constructeur automobile
mondial est soupçonné
de fraude fiscale.
PAGES 2 ET 3
Renault-Nissan
LA CHUTE
DE LEMPEREUR CARLOS GHOSN
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LE PARISIEN
* MARDI 20 NOVEMBRE 2018
02
FAIT DU JOUR @le_Parisien
L’arrestation à Tokyo,
pour malversations
financières présumées,
de Carlos Ghosn,
l’emblématique président de
Renault-Nissan-Mitsubishi,
plus grand groupe
automobile mondial, est un
séisme. Et le licenciement
annoncé du PDG star, qui
aurait dissimulé 38 M€
au fisc, jette une ombre
menaçante sur l’avenir de
la marque au losange. A lui
seul, le constructeur français
emploie encore près de
50 000 salariés dans
l’Hexagone. L’alliance si
fructueuse résistera-t-elle
à ce tremblement de terre ?
Le président exécutif du
constructeur japonais, qui a
fustigé l’attitude de Carlos
Ghosn, affirme que oui. Pour
l’Etat français, qui détient
15 % du capital de Renault,
la stabilité du groupe aux
10,6 millions de voitures
vendues l’an dernier est
cruciale. Tout comme pour
ses employés.
L’ÉDITO
DE JEAN-
BAPTISTE ISAAC
Un séisme
PAR ERWAN BENEZET
« UNE VÉRITABLE DÉFLAGRATION
dans le monde de l’automobile. » Ce
mot d’un expert travaillant pour un
cabinet de conseil illustre limpact de
l’arrestation pour « soupçons de
malversations », hier, de Carlos
Ghosn, le tout-puissant patron de
l’alliance Renault-Nissan-Mitsu-
bishi. Que lui est-il reproché ?
D’avoir « pendant de nombreuses
années claré des revenus infé-
rieurs au montant réel », affirme la
direction de Nissan, parlant de 5 mil-
liards de yens (38 M€) dissimulés
pendant cinq ans, à compter de 2011.
Les informations proviendraient
d’une enquête interne lancée à la
suite des éléments rassemblés par
un lanceur d’alerte. « D’autres mal-
versations ont été découvertes, affir-
me encore la direction, telles que
l’utilisation de biens de l’entreprise à
des fins personnelles. » L’affaire est
d’autant plus troublante que le cons-
tructeur japonais sest empressé de
tirer à boulets rouges sur son ancien
PDG (il a cédé sa place au japonais
Hiroto Saikawa en 2017), allant jus-
qu’à évoquer son « côté obscur »
dans plusieurs dias de l’archipel.
Sans même attendre les conclu-
sions de l’enquête, elle a annoncé la
tenue d’un conseil d’administration
s jeudi pour révoquer dans la fou-
e Carlos Ghosn de son poste de
président du conseil d’administra-
tion. Mitsubishi a immédiatement
embrayé le pas en annonçant qu’il
allait à son tour « proposer à son
conseil d’administration de démet-
tre rapidement Carlos Ghosn de son
titre de président ». Une enqte in-
terne sera mee pour déterminer si
Carlos Ghosn aurait mis en place ce
qui pourrait s’apparenter à un systè-
me d’évasion fiscale ou d’abus de
biens sociaux. Dans un cas comme
dans l’autre, la précipitation des di-
rections suscite de nombreuses in-
terrogations.
En France, le Parquet national fi-
nancier (PNF) affirme « qu’aucun
dossier n’est ouvert aujourd’hui à
l’encontre de Carlos Ghosn ». Si la
produre japonaise demandait des
actes judiciaires en France, cela
pourrait conduire à ouvrir une « en-
qte miroir », selon une source
gouvernementale. Renault indique
de son avoir « pris connaissan-
ce » des informations diffusées par
Nissan. « Nous sommes dans l’atten-
te d’informations complémentaires,
fait-on savoir au sge de Boulogne-
Billancourt. Un conseil dadministra-
tion devrait se réunir rapidement. »
L’ÉTAT FRANÇAIS AUX AGUETS
Néanmoins, de vives inquiétudes
s’expriment déjà au sein de l’entre-
prise, quant à l’avenir de l’alliance.
« Si Renault a contribué à relancer
Nissan au début des années 2000, le
constructeur japonais a depuis quel-
ques anes repris suffisamment du
poil de la bête pour exprimer des
velléités d’indépendance », décrypte
un cadre du groupe. L’Etat, action-
naire à 15 % de Renault, qui emploie
48 000 salariés en France, suit en
tout cas le dossier de très près. « Ce
qui compte pour nous, c’est la pour-
suite de l’activité de Renault et de la
collaboration avec Nissan », expli-
que-t-on au ministère de l’Econo-
mie. Un remplant à la te du cons-
tructeur français est-il envisagé ?
« Nous avons demandé il y a déjà
plusieurs mois à Carlos Ghosn de
travailler à sa succession, confirme-
t-on à Bercy. Après, il est beaucoup
trop tôt pour en parler. Nous allons
voir si Carlos Ghosn va être libéré
d’ici quarante-huit heures ou s’il
existe une clause dans son contrat
concernant un intérim provisoire
possible. L’Etat aura en tout cas son
mot à dire. »
CARLOS GHOSN
SOUPÇONNÉ, ARRÊTÉ
ET BIENTÔT LIMOGÉ
AUTOMOBILE La garde à vue du patron de l’alliance Renault-
Nissan-Mitsubishi crée une onde choc du Japon à la France.
Les deux constructeurs nippons lui retirent leur confiance.
L’ICÔNE EST TOMBÉE
de son pié-
destal. Adulé au Japon, Carlos
Ghosn a é arrê hier à la suite
d’une nonciation et d’une enquê-
te interne de plusieurs mois au sein
de Nissan, où il préside le conseil
d’administration. Selon l’agence de
presse japonaise Jiji, le grand pa-
tron, également PDG de Renault,
aurait sous-évalué pendant des an-
es sa muration chez le cons-
tructeur automobile nippon. Au to-
tal, Carlos Ghosn aurait déclaré
38,8 M€ de revenus aux autorités
alors qu’il aurait touché le double.
Le groupe japonais assure égale-
ment qu’il aurait utilide l’argent
de Nissan à des fins personnelles,
sans donner de chiffres ni d’é-
ments pcis.
I
LES REVENUS FRANÇAIS
DE CARLOS GHOSN ONT-ILS PU
ÊTRE SOUS-ÉVALUÉS ?
Difficile à dire pour le moment.
Alors que la rémunération du PDG
de Renault dépassait les 7 M€ l’an
dernier (7,4 M), Bercy ne fait
aucun commentaire, secret fiscal
oblige. Mais, au ministère de l’Eco-
nomie, on assure que « les clara-
tions de tous les contribuables sont
passées au crible par le fisc ». Et tout
particulièrement celles des grandes
fortunes quiclarent au moins
700 000 de revenus annuels ou
qui possèdent plus de 7 M€ de pa-
trimoine. Ces VIP du fisc sont
« contrôs environ tous les trois
ans par une cellule spéciale de Ber-
cy, explique-t-on à la Direction gé-
rale des finances publiques. Et
certains contribuables, jugés très
sensibles, le sont chaque ane ».
I
CARLOS GHOSN N’AURAIT DONC
JAMAIS PU PASSER ENTRE
LES MAILLES DU FISC FRANÇAIS ?
Tout dépend s’il est, ou non, un rési-
dent fiscal français. A la fois de na-
tionalités brésilienne, libanaise et
française, Carlos Ghosn a aussi dé-
velop ces dernres années de
forts liens économiques avec le Ja-
pon par le biais de Nissan. Il pourrait
donc être résident fiscal de chacun
de ces pays. A Bercy, lon ne sou-
haite pas préciser si Carlos Ghosn
est un contribuable fraais, on p-
cise toutefois qu’il doit, quoi qu’il ar-
rive, déclarer au fisc ses revenus
peus en France.
I
UN PDG A-T-IL VRAIMENT
CONNAISSANCE DE CE QUI EST
DÉCLARÉ AU FISC ?
« En ral, pour déclarer leurs re-
venus, les grands patrons du
CAC 40 passent par des experts
qu’ils connaissent personnelle-
ment, décrypte un avocat fiscaliste.
Surtout lorsqu’une fiscali interna-
tionale entre en jeu. C’est très com-
pliqué. » Un très grand patron fran-
çais assure trouver ces accusations
« bizarres ». « Cela me semble très
étonnant de maquiller de telles in-
formations, glisse-t-il. Non seule-
ment parce que le risque est colos-
sal pour des profils extrêmement
surveillés. Mais aussi parce que le
montant des rémurations est an-
noncé devant les actionnaires, en
assemblée générale. »
AURÉLIE LEBELLE ET MATTHIEU PELLOLI
Une dissimulation de revenus qui pose question
Carlos Ghosn est
soupçonné d’avoir
dissimulé 38 M€
au fisc japonais.
1996. Carlos Ghosn devient directeur général
adjoint de Renault.
Tokyo (Japon), hier. L’arrestation
de Carlos Ghosn faisait
la une des médias nippons.
THE YOMIURI SHIMBUN
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MARDI 20 NOVEMBRE 2018
LE PARISIEN
03
FAIT DU JOUR
www.leparisien.fr
En France, ses revenus font
aussi des vagues, notamment en
2016 lorsque l’assemblée né-
rale des actionnaires de Renault
rejette à 54 % sa rémunération de
7,25 M pour lannée 2015.
Comme à chaque fois, Carlos
Ghosn justifie ces montants par
les bonnes voire excellentes
performances des entreprises
qu’il dirige. Il n’empêche, le
ministre de l’Economie de
l’époque, Emmanuel Macron,
intervient et menace de « lé-
giférer » si le conseil adminis-
tration de Renault ne revoit
pas ce revenu à la baisse… Le
bras de fer avec l’Etat (actionnai-
re à 15 % de Renault) se conclut,
en juillet 2016, par une baisse de
20 % de son salaire variable.
En juin dernier, Carlos Ghosn
avait finalement é soutenu par
l’Etat pour sa reconduction à la
tête de Renault. En échange, il
avait accepté la nomination
d’un nuro deux, Thierry
Bolloré, et une réduction de
30 % de ses revenus pour 2018.
VERINE CAZES ET VINCENT GAUTIER
PDG de Nissan jusquen
avril 2017, Ghosn avait touché à
ce titre quasiment 1,1 milliard de
yens (8,8 M€) pour la période
d’avril 2016 à mars 2017. A cette
somme s’ajoutent les 7,4 M€,
dont 4,6 M€ d’« actions de per-
formance », perçus en tant que
PDG de Renault.
Si certains experts comme
Proxinvest sessaient à calculer
la rémunération de Carlos
Ghosn, celle-ci n’a pas toujours
été claire… C’est seulement en
2010 que son salaire de PDG de
Nissan devient connu : autour
de 7,56 M€. Le Premier ministre
japonais s’autorise alors, com-
me le rappelle « les Echos », un
commentaire cinglant : « Pour-
quoi son salaire est-il si éle ?
Parce qu’il est très fort pour li-
cencier des gens. »
Russie, Poutine lui avait de-
mande redresser Lada, tan-
dis qu’aux Etats-Unis, le prési-
dent Obama avait fait des pieds
et des mains pour qu’il accepte
de s’occuper de General Mo-
tors ou de Ford.
UN MANGA À SA GLOIRE
Jusqu’en 2017, où il a laissé le
poste de PDG de Nissan au Ja-
ponais Hiroto Saikawa (il con-
serve celui de président du
conseil d’administration), il
était le seul patron au monde à
superviser deux multinationa-
les éloignées de 10 000 km, un
groupe regroupant 10 marques,
470 000 salariés et 122 usines
dans 200 pays. Le tout pour
une production de 10 millions
de voitures par an. De quoi
donner le tournis.
Au Japon, en faisant de Nis-
san un champion mondial
(100 Mds€ de chiffre d’affaires
annuel), Carlos Ghosn avait ac-
au statut de ritable sau-
veur. Au point quun manga
(ces bandes dessinées japonai-
ses) avait été publié à sa gloire.
Le « multipatron » a néanmoins
traversé quelques grosses zo-
nes de turbulences. Comme
cette affaire des faux espions en
2011. Trois cadres proches du
PDG, dont son bras droit Pa-
trick Pélata, avaient été accus
d’avoir fait fuiter aux Chinois
des informations stratégiques
sur la voiture électrique de Re-
nault. Si l’affaire n’a toujours pas
é jue, elle le alors la
part d’ombre de Carlos Ghosn,
et notamment « une méfiance
maladive qui confine parfois à
la paranoïa », selon un proche.
Dès son arrivée à la tête de
Renault, en 2005, il navait
d’ailleurs pas hésité à imposer
un nouveau chef pour la cellule
de renseignement du groupe,
en la personne de mi Pagnie,
ancien de la DGSE (Direction
nérale de lacurité in-
rieure). Ou d’anciens gendar-
mes passés par le renseigne-
ment militaire.
Sous la pression de lEtat
français, premier actionnaire
de Renault (15 % du capital,
mais 22 % des droits de vote),
Carlos Ghosn préparait sa suc-
cession. Au mois de février, il
avait désigné un numéro
deux, Thierry Bolloré (NDLR :
lointain cousin de Vincent
Bollo), appe à terme à lui
succéder. Ce dernier pourrait
endosser le costume plus rapi-
dement que prévu.
ERWAN BENEZET
PLUS DURE SERA LA CHUTE ?
Au printemps prochain, Carlos
Ghosn avait prévu de célébrer
en petit comité, avec quelques
membres de son équipe de
l’époque, les vingt ans de son
aventure nipponne. C’est au
début de l’année 1999 en effet,
que l’actuel PDG du groupe Re-
nault avait débarq à Tokyo
avec une équipe réduite. L’ob-
jectif était clair : redresser Nis-
san (ex-Datsun), à la suite de
son rachat par le constructeur
français.
Pas sûr que, d’ici là, l’ambian-
ce soit à la te. Le « taikun »
(NDLR : le mot japonais à l’ori-
gine de tycoon, signifiant grand
seigneur) de l’automobile a été,
semble-t-il, victime de sa glou-
tonnerie. Un « toujours plus »
qui l’aurait poussé, malgun
niveau de salaires qui en faisait
lun des patrons les mieux
pas, en France comme au Ja-
pon, à dissimuler une partie de
ses rémunérations.
IL PARLE SEPT LANGUES
Jusqu’à ce lundi et la lation
de son arrestation pour malver-
sations, à la suite d’une enqte
interne de plusieurs mois de
Nissan, Carlos Ghosn semblait
intouchable. La France, mais
aussi les Etats-Unis, le Brésil, le
Japon ou encore l’IranPartout
il passait Michelin, Renault,
Nissan —, ce diplômé de Poly-
technique et de l’Ecole des mi-
nes, né au Brésil mais doté de
trois passeports (libanais, bsi-
lien et français), et parlant sept
langues, transformait en or tout
ce qu’il touchait.
Surnommé Mister Fix it
(Monsieur le parateur), sa -
putation de « cost killer »
tueur de coûts ») hors norme
avait poussé certains grands
dirigeants à faire appel à lui. En
Un « taikun »
de lindustrie automobile
AU JAPON COMME EN FRANCE,
la rémunération de Carlos
Ghosn a souvent suscité la criti-
que. Attaqué tant pour la com-
plexi et lopaci de ses émolu-
ments que pour leur montant, le
patron de lalliance Renault-Nis-
san a plus d’une fois fait dresser
le sourcil des politiques, des
syndicats et même de ses pairs
dirigeants dentreprises.
A combien s’élève exacte-
ment sa rémuration ? Diffici-
le à dire… Selon les estimations
du cabinet Proxinvest, spéciali-
dans l’analyse de gouvernan-
ce des sociétés cotées, Carlos
Ghosn a touché 13 M sur
l’exercice 2017. Ce qui fait de lui
le troisme patron le mieux
payé du CAC 40. Le dirigeant
aux trois passeports (voir ci-
contre) noccupe pas qu’un seul
poste. En plus d’être PDG du
groupe Renault depuis 2005, il
est aussi président du conseil
dadministration de Nissan, pré-
sident du conseil d’administra-
tion de Mitsubishi et PDG de lal-
liance Renault-Nissan.
1996
Après
dix-huit ans chez
Michelin, il est
nommé directeur
général adjoint
de Renault.
1999
Il rejoint
Nissan comme
chef des opérations,
après la prise
de participation
de Renault.
2001
Il est propul
PDG du constructeur
japonais.
2005
Il succède
à Louis Schweitzer
et devient président
exécutif de Renault.
2008
Il est nommé
président du conseil
d’administration
de Nissan.
2009
Il est PDG de
Renault et de Nissan.
2016
Il ajoute
le titre de président
du conseil
d’administration
de Mitsubishi Motors.
SA CARRIÈRE
EN DATES CLÉS
Salaires mirobolants et polémiques
« POURQUOI SON
SALAIRE EST-IL SI
ÉLEVÉ ? PARCE QU’IL
EST TRÈS FORT POUR
LICENCIER DES GENS »
LE PREMIER MINISTRE NIPPON EN 2010
Véritable star au Japon, le PDG de Nissan pose en kimono
sur la couverture de son livre « Citoyen du monde ».
2018. Habitué du Festival de Cannes, Carlos Ghosn
foule le tapis rouge avec sa nouvelle épouse, Carole.
PHOTOPQR/« L’EST REPUBLICAIN »/ALEXANDRE MARCHI; SYGMA VIA GETTY IMAGES/FRÉDÉRIC PITCHAL; REA/DIDIER MAILLAC; LP/FRÉDÉRIC DUGIT;
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LE PARISIEN
MARDI 20 NOVEMBRE 2018
04
POLITIQUE @le_Parisien
Lesraisons
de la crise
des vocations
(selon les élus municipaux
interrogés par la délégation aux
collectivités territoriales du Sénat)
LP/INFOGRAPHIE, C. TÊCHE.
SOURCE : ENQUÊTE DU SÉNAT.
Conciliation
dicile avec la vie
professionnelle
Degré d’exigence
des citoyens
Risque juridique
et pénal trop fort
Lourdeur des
responsabilités
Conciliation dicile
avec la vie personnelle
Diculté de formation
et de reconversion
Manque de
reconnaissance
Indemnités trop faibles
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Inde
55,6 %
Difficultés financières,
manque de considération…
Quelle que soit leur couleur
politique, les maires
de France, dont le congrès
s’ouvre aujourd’hui à Paris,
clament leur désarroi.
Dans la formation, la protection socia-
le ou juridique… La question de l’in-
demnisation des maires est aussi un
vrai sujet. Il faut trouver une manière
de reconnaître leur engagement.
Dans les petites communes, leur
mission est proche dunévolat,
n’ayons pas de tabou : trouvons le
moyen de réévaluer leurs indemnités
sans que cela ne ponctionne trop le
budget des communes.
Entendez-vous, dans ce que disent
les maires, un peu de ce que disent
les Gilets jaunes ?
Oui, et c’est naturel. Les Gilets jaunes
sont l’expression dans les territoires
dune sédimentation de défis qui
se sont accumus : la présence médi-
cale, la transformation des services
publics, les transitions écologiques
et agricoles… Et les maires, « fantas-
sins de la publique » au quotidien,
se retrouvent parfois à portée « d’en-
gueulade ». Gouvernement et collec-
tivités ne peuvent qu’avancer main
dans la main. Il n’est deussite
que collective.
PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER BEAUMONT
riches et communes pauvres. Résul-
tat : avant, la dotation diminuait aveu-
glément pour toutes les communes
de France, cette ane, elle a augmen-
té pour 53 % des communes et baissé
pour 47 % ; mais le plus souvent, ce
sont des baisses assez limies.
Comment comptez-vous garantir
la compensation liée à suppression
progressive de la taxe d’habitation ?
Durant les trois premières années,
l’Etat prend la place du contribuable.
Ensuite, avec la réforme de la fiscali
locale, qui va s’ouvrir au printemps,
nous allons réfchir à des pistes pour
compenser cette suppression. Et en
discuter avec les associations de col-
lectivis concernées. Une possibilité
pour les communes pourrait consis-
ter à leur donner la totali des recettes
liées à la collecte de l’imt sur le fon-
cier bâti partagée aujourd’hui avec les
départements.
Plusieurs études montrent
que la moit des maires ne veulent
pas se représenter en 2020. Comment
répondre à cette crise des vocations ?
Nous allons mieux les accompagner.
qui exprime moins d’envie de dialo-
guer avec le gouvernement et semble
dans une posture plus politique.
Accusez-vous François Baroin, son
psident, de ne pas jouer le jeu ?
Je constate que certains dirigeants de
cette association refusent la main que
nous leur tendons pour avancer sur
les sujets que nous avons en partage.
Je n’ai cessé d’avoir des réunions de
travail avec toutes les autres associa-
tions d’élus locaux. Et je suis à la dis-
position de l’AMF pour travailler ainsi.
Les maires se plaignent de voir
leurs dotations baisser. Quen est-il ?
La réali, cest que l’enveloppe natio-
nale est stable. Après, elle est répartie
chaque année sur les communes
avec des crires bien établis : l’évolu-
tion de la population, le nombre d’en-
fants dans les écolesIl faut y ajouter
leffet de la solidarité entre communes
ALORS QUE
les relations entre exécu-
tif et élus locaux sont plus que ten-
dues, la ministre de la Cohésion des
territoires reproche à l’Association
des maires de France (AMF) d’être
dans « une posture politique ».
Contrairement à l’engagement pris
lan passé, Emmanuel Macron ne
se rendra pas au congrès des maires
de France. Pour éviter une bronca ?
JACQUELINE GOURAULT.
Non. Le prési-
dent de la publique n’est pas du
genre à se fausser. Il sétait engagé à
rendre compte de ses engagements
chaque ane devant les maires, il ho-
nore sa parole en leur ayant adres
une lettre personnelle et en les rece-
vant à l’Elysée mercredi soir. Emma-
nuel Macron les rencontre par ailleurs
en permanence sur le terrain.
Les maires se sentent malgré tout
maltrais par le pouvoir
Il y a peut-être eu des maladresses
liées à un manque de pédagogie de
notre part. Mais je distingue la relation
avec les maires que je vois sur le ter-
rain et avec qui les rapports sont bons
et très constructifs, et celle avec l’AMF,
« Avançons main dans la main ! »
LP/DELPHINE GOLDSZTEJN
Jacqueline Gourault
MINISTRE DE LA COHÉSION
DES TERRITOIRES ET DES
RELATIONS AVEC LES
COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
ILS EN ONT
RAS LÉCHARPE
PAR
JANNICK ALIMI ET NICOLAS BERROD
DÉSILLUSIONS,
couragement,
missions… Le malaise des
maires va croissant. Et leur con-
grès, qui s’ouvre aujourd’hui à
Paris, devrait servir de caisse de
résonance à cette colère. Sifflé
l’an passé par le même cénacle,
déjà présidé par François Ba-
roin, maire les Républicains de
Troyes (Aube) et à la tête de l’As-
sociation des maires de France
(AMF), le chef de l’Etat a cidé
ne pas s’y rendre cette ane. Il a
envoyé aux 36 000 premiers
édiles de France une lettre et re-
cevra une gation de maires
demain à lElysée. Charge à
Edouard Philippe, présent jeudi,
de renouer le dialogue avec les
élus des territoires, irrités par
des années de baisse continue
de concours de l’Etat.
Depuis un an et demi, la ten-
sion entre les maires et l’exécutif
est à son comble. Diminution
des emplois aidés, baisse des
dotations pour les communes
qui ne s’engagent pas dans une
politique de ralentissement des
penses… La fiance a tourné
au bras de fer le mois dernier,
lorsque quelque 6 000 maires
ont décidé de relever leur taxe
d’habitation alors que sa sup-
pression progressive avait é
décie par le gouvernement.
« On na plus aucun moyen de
travailler et l’Etat, qui devrait
nous aider, joue dans le camp
adverse et nous met des tons
dans les roues », peste Philippe
Rion. L’ancien maire — divers
droite de Castillon, un village
de 400 habitants des Alpes-
Maritimes, a démissionné en fé-
vrier. Car c’est dans les petites
communes que le désarroi est le
plus fort, comme le montrent
plusieurs récentes études.
UNE FONCTION DÉVALORISÉE
Les moignages sont conver-
gents et alarmants : un maire sur
deux ne compte pas se repré-
senter en 2020. Et la proportion
monte à 55 ou à 60 % pour les
co m mu n es d e m o i n s d e
1 000 habitants. « C’est inqu-
tant car cela traduit une vraie
sillusion, une vraie fatigue et
un sentiment que la fonction
d’élu est valorie », s’alarme
le sénateur socialiste des Lan-
des Eric Kerrouche, auteur d’un
essai publié aujourd’hui par la
Fondation Jean Jaurès. Pour
aboutir à ce constat, il s’est ap-
pu sur un questionnaire mis
en ligne par le Sénat, auquel
17 500 maires ont pondu.
Manque de considération,
difficulté de concilier mandat de
maire et vie personnelle ou pro-
fessionnelle« Aujourd’hui, les
seuls qui peuvent vraiment être
maires sont les retraités. Les ac-
tifs ne sont pas en situation
d’être élus, il faut que ce mandat
devienne un véritable morceau
du parcours professionnel », es-
time Kerrouche. Lui plaide, no-
tamment, pour une augmenta-
tion de lamunération des
maires, laquelle reste inférieure
à 1 350 dans les villes de
moins de 1 000 habitants.
A un an et demi des élections
municipales et en plein mouve-
ment des Gilets jaunes, la césure
est plus que jamais sensible en-
tre le monde politique et les ci-
toyens. « Le président de la -
publique avouait n’avoir pas
réussi à réconcilier le peuple
fraais avec ses dirigeants,
souligne Jean-François Vigier,
maire UDI de Bures-sur-Yvette
(Essonne). Il a raison, mais le
malaise est beaucoup plus an-
cien et il touche désormais l’un
des piliers de la démocratie
française : les maires. » A bon
entendeur
@JannickAlimi1
@nicolasberrod
« DANS LES PETITES
COMMUNES, […] TROUVONS
LE MOYEN DE RÉÉVALUER
LES INDEMNITÉS
DES MAIRES »
AUJOURD’HUI,
LES SEULS QUI PEUVENT
VRAIMENT ÊTRE MAIRES
SONT LES RETRAITÉS
ÉRIC KERROUCHE,
SÉNATEUR PS DES LANDES
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MARDI 20 NOVEMBRE 2018
LE PARISIEN
05
POLITIQUE
www.leparisien.fr
nent moins directement le quo-
tidien de Guy Lefrand, à la tête
d’une ville de 50 000 habitants.
A Evreux, il enchne visites, in-
terviews et unions… Mais si la
situation de ces élus varie selon
leur commune, ils se rejoignent
à ses yeux sur un point : « Le
maire est le seul élu à portée de
baffes. »
s’agace le maire d’Iville. Son ho-
mologue d’Harcourt s’emporte,
de son té, contre l’interdiction
des produits phytosanitaires.
« Comment fait-on si on na pas
les moyens d’embaucher un
jardinier ? », s’interroge-t-il en
signant les mauvaises herbes
sur la place du village.
Des problèmes qui concer-
de voisinage, ou aider un habi-
tant à faire une démarche en li-
gne. Cette fois, c’est le président
de lAssociation des anciens, à la
peine pour se trouver un suc-
cesseur, qui a pris rendez-vous
à la mairie. « Il veut que je l’aide
car il n’y a pas de candidat. Cest
un peu comme pour nous, les
maires, dans certains en-
droits ! », regrette-t-il.
Ces élus ruraux se plaignent
aussi de cisions prises au plus
haut niveau, mais aux répercus-
sions bien concrètes pour eux.
« Le règlement européen sur la
protection des données, qui en-
traîne son lot de galères pour les
petites associations », se désole
Jean-Paul Legendre. Il y a aussi
le fastidieux passage aux signa-
tures électroniques. « Pour nous
y obliger, la préfecture vient de
nous envoyer un courrier nous
demandant daffranchir les
courriers qu’on lui envoie »,
DE NOS ENVOS SCIAUX
TEXTE : NICOLAS BERROD
PHOTO S : YANN FOREIX
À IVILLE, HARCOURT ET ÉVREUX (EURE)
« JE N’AI PAS
de baguette magi-
que pour trouver largent ! » Sur
le parvis de la mairie d’Harcourt
(Eure), Bernard Aubry énure
les demandes de rénovations
qui lui sont faites : trottoirs, li-
gnes téléphoniques, salle des -
tes… « Cest compliqué de satis-
faire tout le monde », se sole le
maire, en scrutant une chause
grae. Cet ancien responsa-
ble commercial médical de
68 ans vient dêtre élu, le 5 octo-
bre, à la tête de ce village de
1 000 habitants, situé au milieu
des champs de colza et de lin.
Son prédécesseur, épuisé par la
fonction, avait je l’éponge.
La baisse des dotations globa-
les de fonctionnement est le
principal point d’achoppement
entre les maires quelle que
soit la taille de la commune et
l’Etat. A Evreux, Guy Lefrand file
de bon matin à la rencontre des
équipes logistiques. Dans des
anciens abattoirs, le maire les
Républicains s’adresse à la di-
zaine de fonctionnaires qui
viennent de retirer les gradins
installés pour une fête locale.
« Allez-y, profitez de ma pré-
sence », lance-t-il à ses interlo-
cuteurs intimidés. Les revendi-
cations arrivent : meilleure prise
en compte de la nibilité, com-
pensations au fait de devoir tra-
vailler plus Le maire opine,
sans pouvoir pondre positive-
ment à tout. « L’Etat m’a enlevé
15 Men quatre ans », se plaint
celui qui est par ailleurs prési-
dent de la fédération locale des
Républicains.
Malgré les difficultés finan-
cières de son village, Bernard
Aubry sest présenté à la mairie
d’Harcourt pous par « [sa]
passion de rendre service ».
C’est aussi ce qui guide Jean-
Paul Legendre, maire d’Iville de-
puis 1981 ! Cet avocat de 69 ans
assure prendre toujours autant
de plaisir à sa fonction. « En mi-
lieu rural, un maire est la figure
Iville (Eure),
le 9 octobre.
Maire depuis
1981, Jean-Paul
Legendre
travaille
ce jour-là avec
un de ses
adjoints
sur les plans
de la nouvelle
maison
communale.
Harcourt (Eure),
le 9 octobre.
Bernard Aubry
est maire de
ce village depuis
un mois et demi,
son prédécesseur
ayant abandonné
son poste.
SEINE!MARITIME
EURE!
ET!LOIR
SE
SE
SE
SE
SE
SE
SE
EURE
EvreuxEvreux
IvilleIville
HarcourtHarcourt
25 km
« LA PASSION
DE RENDRE SERVICE »
BERNARD AUBRY, MAIRE D’HARCOURT
Vis ma vie de maire
la plus connue du village », sou-
rit lélu, dont le bureau, au 1er éta-
ge de ltel de ville, est situé au-
dessus dune salle de classe.
Ce matin-, il scrute avec
deux adjoints les plans de la
nouvelle maison communale,
qui sera bientôt bâtie au centre-
bourg. « On a dé eu une longue
discussion dessus jusqu’à mi-
nuit et demi hier soir », souffle le
maire aux sept mandats en re-
posant son café sur la toile cirée
verte. Il part ensuite saluer les
trois ouvriers de l’intercommu-
nalité, Pays du Neubourg, qui
s’affairent, gilet orange sur le
dos, sur un chantier de para-
tion d’un sanctuaire. « Heureu-
sement qu’ils sont pour nous
aider. Tout seul, je n’aurais pas
les moyens », glisse le maire.
Pour nover une voirie, la
mairie d’Harcourt a trouver
150 000 €. A ce prix-là, pas
question de laisser les camions
chargés de maïs ou de bettera-
ves l’abîmer. Alors, en attendant
la construction du futur con-
tournement poids lourds, Ber-
nard Aubry, 68 ans, joue chaque
après-midi au gendarme à l’en-
te du village. Mains sur les
hanches et flanqué de son ad-
joint un ancien routier , il
mouline des bras pour guider
les camions qui mauvrent en
file indienne pour emprunter
une étroite viation.
De retour à son sobre bureau
sans ordinateur, il signe les di-
zaines de documents que ses
deux secrétaires lui apportent
dans d’épais parapheurs. De-
mande d’acte d’état civil, instal-
lation d’un panneau publicitaire,
autorisation de refaire une tom-
be au cimetière Un maire
d’une commune rurale se mue
aussi souvent en assistant so-
cial, pour résoudre un problème
« LE SEUL ÉLU À PORTÉE
DE BAFFES »
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