Innervation des processus articulaires lombaires

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2002-2003
UNIVERSITE DE NANTES
Innervation des processus articulaires lombaires
Par
PINEAU Samuel
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE
NANTES
Président du jury :
Pr. J. LEBORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. Y. HELOURY
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
Ceran :
Mlle M. GARCON – Assistant Ingénieur
Laboratoire :
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
0
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2002-2003
UNIVERSITE DE NANTES
Innervation des processus articulaires lombaires
Par
PINEAU Samuel
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE
NANTES
Président du jury :
Pr. J. LEBORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. Y. HELOURY
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
Ceran :
Mlle M. GARCON – Assistant Ingénieur
Laboratoire :
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
1
Remerciements
A monsieur Le Professeur Roger ROBERT
Pour m'avoir proposé un sujet original.
Pour avoir su me transmettre votre motivation.
A messieurs les anatomistes de la faculté de Nantes
Pour nous avoir transmis le goût de la recherche et de la persévérance.
A messieurs Stéphane LAGIER et Yvan BLIN
Pour leurs conseils techniques et leur simplicité.
A tous les étudiants du laboratoire d'anatomie
Pour leur soutien et leur bonne humeur.
A mes parents et à Simon
Pour leur apport technique et moral.
2
Sommaire
Introduction………………………………………………p.4
Chapitre I : Rappels anatomiques………………………p.5
1.) Les articulations interapophysaires lombaires
2.) Les racines et rameaux du nerf spinal
a. racines
b. rameaux
3.) Innervation du rachis lombaire
a. le système sympathique
b. le système somatique
4.) Rapports entre le massif articulaire et les structures adjacentes
Chapitre II : Matériel et méthodes………………………p.11
1.) Matériel de dissection
a. sujets
b. instruments
2.) Méthodes de dissection
a. abord dorsal
b. abord ventral
Chapitre III : Résultats des dissections………………….p.15
1.) Dissections en L2
2.) Dissections en L3
3.) Dissections en L4
4.) Dissections en L1
Chapitre IV : Discussion clinique………………………..p.28
1.) Douleurs d'origine sympathique
2.) Douleurs d'origine somatique
3.) Hypothèses
Conclusion…………………………………………………p.31
3
Introduction
Les processus articulaires sont les éléments des articulations interapophysaires qui
unissent les arcs postérieurs des vertèbres et sont soumis à de nombreuses contraintes.
La connaissance du mode d'innervation de ces articulations représente un intérêt
dans la compréhension globale de la genèse des différentes douleurs d'origine
rachidiennes, et tout particulièrement à l'étage lombaire.
Différentes études ont été menées pour tenter de caractériser l'existence, puis le
type de cette innervation.
Dans le schéma d'opposition classique des douleurs lombaires d'origine viscérale et
celles d'origine somatique, l'hypothèse retenue est celle selon laquelle les articulations
interapophysaires sont à rapprocher du système somatique.
En effet, elles semblent impliquées dans la genèse et la transmission, par des
structures nociceptives, de douleurs aiguës et bien localisées, de type somatique.
Cette caractéristique fait déjà de ces articulations une cible thérapeutique.
4
Chapitre I : Rappels anatomiques
1.) Les articulations interapophysaires lombaires
Ces articulations, encore appelées zygapophysaires, sont des articulations
synoviales, de type arthrodies, unissant le processus articulaire inférieur de la vertèbre
sus-jacente au processus articulaire supérieur de la vertèbre sous-jacente.
Au sein de l’arc vertébral postérieur d’une vertèbre, ces processus forment une
colonne située à la jonction entre le pédicule, le processus transverse et la lame.
Corps vertébral
Processus articulaire
supérieur
Capsule
Disque intervertébral
Processus articulaire
inférieur
Foramen intervertébral
Processus transverse
Fig.1 : schéma d'un articulation interapophysaire en vue latérale
5
Au niveau lombaire, la disposition des surfaces articulaires de ces processus (en
dedans pour le supérieur et en dehors pour l’inférieur) induit une orientation sagittale des
interlignes articulaires, à l’exception des articulations entre L5 et S1, plus frontales car
elles participent à la stabilité de la jonction lombo-sacrée.
Fig.2 : vue crâniale
d'une
vertèbre
lombaire
Orientation sagittale des surfaces articulaires
Fig.3 : vue latérale
du rachis lombaire
Surface articulaire avec S1,
beaucoup plus frontale
6
2.) Les racines et branches du nerf spinal
Fig.4 : vue du foramen
intervertébral et des structures
nerveuses qui y cheminent
Processus articulaire
= Rameau dorsal du nerf spinal
a.) Racines
Au niveau lombaire, les deux racines ( dorsale sensitive et ventrale motrice ) d’un
nerf rachidien, à l’issue de leur trajet vertical au sein de la « queue de cheval »,
convergent à travers leur orifice dure-mérien, traversent le foramen intervertébral
correspondant et s’unissent en aval du ganglion spinal, occupant lui-même la partie de la
racine dorsale située dans le foramen.
b.) Rameaux
Le nerf spinal ainsi constitué se divise rapidement en un rameau ventral et un
rameau dorsal.
Le rameau ventral, volumineux, continue la direction du nerf et se destine au
plexus lombaire.
Le rameau dorsal, plus grêle, se dirige dorsalement par rapport au processus
transverse et se destine aux parties molles en arrière du rachis lombaire.
7
3.) Innervation du rachis lombaire
Comme le confirme Higuchi [1] , on trouve deux systèmes innervant le rachis
lombaire :
- Le système sympathique avec le nerf sinu-vertébral et les rameaux
communicants.
- Le système somatique avec le rameau dorsal du nerf spinal.
Rameau
dorsal du nerf
spinal
Rameau
communicant
Seul L2
(et un peu L1)
a des rameaux
cutanés
Surface
cutanée
Chaîne
sympathique
paravertébrale
Fig.5 : innervation du rachis lombaire
8
a.) Le système sympathique
Il innerve la dure mère ventrale, le ligament longitudinal dorsal et l’annulus
fibrosus postérieur. Sa stimulation provoque une douleur diffuse, mal systématisée, en
barre, de type viscéral.
b.) Le système somatique
Il prend en charge les structures musculo-aponévrotiques postérieures et le
revêtement cutané. Seules les branches dorsales de L2 et un peu de L1 et L3 possèdent
des ramifications cutanées alors que L4 et L5 ne rejoignent pas la peau. Ce trou
d’innervation cutanée pour les niveaux lombaires bas expliquent d’ailleurs que les
douleurs à ces niveaux seront projetées.
Concernant les articulations interapophysaires, la présence de filets nerveux
sensitifs dans la capsule a été mise en évidence par Buckill [3], Ashton [4], et Gronbald
[5], respectivement par immunomarquage, marquage protéique et imprégnation
argentique.
Au sujet du type d'innervation qu'ils recoivent, S.Raoul [10] émet l’hypothèse
selon laquelle le rameau dorsal du nerf spinal libère une branche médiale à destination
des articulations interapophysaires.
Chua [9] affirme quant à lui que ce rameau dorsal passe à distance des
articulations. Mais pour d'autres auteurs, d'abord Budgell [8] chez le rat, puis Bogduk
[11], elles bénéficient bien d'une innervation par ce rameau dorsal et sa branche médiale.
De plus, Giles [6] et [7], par la mise en évidence de production de substance
algogène, et Maigne [2], par ses travaux de traitement de douleurs rachidiennes par
capsulectomie, affirment que ces articulations sont impliquées dans la genèse et la
transmission douloureuse.
Ainsi, la mise en évidence d'une telle innervation de type somatique, pour ces
articulations, pourrait être le support anatomique des douleurs aiguës et bien localisées à
type de facet syndrom, déclenchées par la stimulation d'un système somatique.
9
4.) Les rapports entre le massif articulaire et les structures
adjacentes
La partie antérieure de la capsule articulaire constitue, avec le bord latéral du
ligament jaune, la face postérieure du foramen intervertébral. Celui-ci est situé entre les
pédicules des vertèbres sus et sous-jacentes et la face postérieure du corps vertébral.
Au niveau lombaire, le nerf spinal cheminant dans ce foramen correspond en terme
d’appellation à la vertèbre sus-jacente et apparaît à la partie supérieure du foramen, juste
sous le pédicule. Durant ce trajet intraforaminal, les racines, le ganglion spinal et le tronc
nerveux maintiennent une direction oblique vers le bas et le dehors.
Ainsi, pour schématiser sur une vue ventrale du foramen intervertébral, le massif
articulaire apparaît au centre d’un triangle dont les trois cotés sont :
- le bord latéral du fourreau dural médialement
- le bord inférieur des racines spinales et du ganglion spinal, du côté latéro crânial.
- le bord supérieur du pédicule de la vertèbre sous-jacente caudalement
Haut
Face antérieure
de la capsule
articulaire
Médial
Ganglion spinal
Bord latéral du
fourreau dural
Nerf spinal
Pédicule de la vertèbre
sous-jacente
Fig.6 : schéma de la vue ventrale du foramen intervertébral
10
Chapitre II : Matériel et méthodes
1.) Matériel de dissections :
a.) Sujets :
N° 1 : frais - homme de 90 ans
N° 2 : formolé - femme de 90 ans
N° 3 : formolé et congelé - homme de 61 ans
b.) Instruments :
manche de bistouri n° 4 et lames 23
manche de bistouri n° 3 et lames 15
pince à disséquer, ciseaux
pince pour laminectomie
Matériel de microscopie :
microscope optique Zeiss
pinces fines à griffes et sans griffe
ciseaux de microscopie
Fils à suturer 8/0 monté sur aiguille courbe
2.) Méthodes
a.) Abord dorsal - sujet 1 frais :
Le sujet est placé en décubitus ventral. On réalise une incision cutanée médiane
de Th 12 à S1, puis on récline les muscles paravertébraux latéralement de façon à dégager
les arcs postérieurs des vertèbres lombaires.
Ensuite, on effectue une laminectomie afin d’exposer le fourreau dural. Compte
tenu du caractère de la recherche, les massifs articulaires doivent être préservés et la
laminectomie élargie se révèle impossible.
On envisage alors une laminectomie étroite, mais celle-ci ne permettant pas
d’exposer les ganglions spinaux et à fortiori les branches du nerf spinal, cet abord s’est
avéré difficile et aucun résultat n’a pu être obtenu avec cette technique.
11
b.) Abord antérieur :
Sujet 2 :
Le sujet est placé en décubitus ventral. On réalise une incision cutanée,
musculaire et osseuse au niveau cervical et au niveau lombaire entre L3 et L4. On
sectionne ensuite les 10 premières côtes au niveau de leurs arcs postérieures et on réalise
des incisions cutanées verticales des flancs droits et gauches. On soulève le volet ainsi
obtenu par sa partie crâniale et on décolle les organes thoraciques et le sac péritonéal de
la partie ventrale du rachis dorsal et lombaire. On peut alors extraire une pièce
anatomique abordable par l’avant.
Sujet 3 :
Le sujet préalablement formolé et amputé des membres est mis en congélation
afin d’être coupé à la scie circulaire. On effectue ainsi une section transversale au niveau
Th12 - L1 suivie d’une section frontale au niveau de la partie ventrale du rachis lombaire
bas. Suite à la décongélation, le sujet est éviscéré et le rachis lombaire ainsi révélé
ventralement.
La poursuite de l’abord fut identique pour les sujets 2 et 3 : les corps vertébraux
sont réséqués et les pédicules sectionnés afin d’obtenir une vue ventrale du foramen
intervertébral et exposer ainsi les ganglions spinaux (cf. Fig.).
12
Fig.7 : vue ventrale des trois dernières racines lombaires
après ablation des corps vertébraux
Haut
1
Latéral
2
3
4
6
7
5
8
9
10
11
1.) Disque L2-L3
2.) Os spongieux du corps de L3
3.) Pédicule vertébral de L3
4.) Ganglion spinal L3 droit
5.) Racine L3 sectionnée
6.) Dure mère
7.) Pédicule L4
8.) Ganglion spinal L4 gauche
9.) Pédicule L5
10.)Ganglion spinal L5
11.) Os spongieux du corps de S1
13
Le foramen est ensuite exploré au microscope ( grossissement moyen ) pour enlever
méticuleusement le tissu cellulo-graisseux afin de révéler la partie ventrale de la capsule
de l’articulation interapophysaire.
Nous recherchons des filets nerveux témoins d’une innervation sensitive somatique de ces
articulations. Nous cherchons donc à mettre en évidence des filets nerveux en provenance
de la capsule articulaire et à destination du ganglion spinal ou de la branche dorsale du
nerf spinal.
Ainsi durant l’extraction du tissu cellulo-graisseux nous sommes attentifs à la découverte
de filets nerveux répondant à ces critères.
Une fois révélé, le filet nerveux est dégagé latéralement afin de montrer sa connexion au
système somatique, au niveau de la branche dorsale.
La mise en évidence du caractère interarticulaire de la provenance du filet nerveux, plus
délicate, est effectuée dans un second temps. Afin de bien dégager cette origine, nous
avons ôté les tissus vasculaires et graisseux entourant le nerf, tout en prenant soin de
conserver sa position par rapport à la capsule articulaire.
A l’aide d’un bistouri (lame 15), la capsule est incisée de manière rectangulaire autour du
point de sortie du nerf. On ôte ensuite très soigneusement ce volet capsulaire afin de
révéler les rameaux profonds efférents qui constituent le nerf.
14
Chapitre III : Résultats des dissections
Le but de ces dissections est de tenter de mettre en évidence des filets nerveux à
destination des articulations interapophysaires, de déterminer leur éventuel caractère
somatique et d'observer leur distribution sur le rachis lombaire. Nous avons ainsi aborder
plusieurs niveaux radiculaires lombaires, afin d'évaluer le caractère bilatéral et
multimétamérique de cette innervation.
1.) Dissections en L2 à droite
Au terme de nos dissections, le niveau L2 est le mieux documenté et représente un
bon exemple de la systématisation de l'innervation mise en évidence.
Nous sommes en accord avec la littérature, puisqu'on retrouve en effet un filet
nerveux d'origine capsulaire en relation avec le système somatique par l'intermédiaire du
rameau dorsal du nerf spinal.
Le nerf est situé dans la partie postérieure du foramen intervertébral, ventralement
par rapport à l'articulation.
Après avoir ôté le tissu cellulograisseux intraforaminal , nous révélons la capsule
articulaire et les repères anatomiques (cf. FIG. et ) et nous constatons que le nerf a un
trajet global horizontal et transverse, de sa sortie de la capsule jusqu'au rameau dorsal,
avec un cheminement au plus près de la capsule.
15
a.) Repères anatomiques
Une fois le foramen intervertébral libéré des structures graisseuses et vasculaires,
nous révélons le triangle formé par le fourreau dural, le ganglion spinal et le pédicule
vertébral sectionné, et au centre duquel apparaît la capsule articulaire.
Fig.8 et 9 : vue ventrale du foramen intervertébral en L2,
avant et après dissection
Haut
Latéral
2
3
1
4
1.) Tissu cellulograisseux
2.) Ganglion spinal L2 droit
3.) Dure mère
4.) Pédicule vertébral L3 sectionné
2
3
Capsule
articulaire
Filet
nerveux
4
16
b.) Trajet du filet nerveux
Afin de montrer la continuité du nerf entre l'articulation et le nerf spinal, nous
l'avons délicatement décollé de la capsule
Fig.10 : vue supéro-médiale montrant le trajet du nerf
Latéral
Bas
Ganglion
spinal L2
Rameau
dorsal du nerf
spinal
Terminaison
dans le
rameau dorsal
ORIGINE
DU NERF
Pédicule
vertébral
17
c.) Origine intracapsulaire du nerf
L'observation du point de sortie semble montrer au moins deux racines capsulaires
différentes.
Fig.11 : vue ventrale de la capsule, montrant le point de sortie du nerf
1
2
3
Haut
Latéral
1.) Capsule
2.) Sortie du nerf - racine 1
3.) Sortie du nerf - racine2
18
Après incision de la surface capsulaire et extraction d'un volet autour de ce point
de sortie, on constate que le nerf est formé par la réunion de trois fins filets nerveux en
provenance de la profondeur articulaire et ceci selon des orientations différentes. Ceci
semble révéler une innervation intracapsulaire entourant l'ensemble de l'articulation et à
point de sortie antérieur.
Fig.12 : distribution intracapsulaire des racines du nerf
Haut
Latéral
Capsule
articulaire
après incision
Racine en
provenance
crâniomédiale
Racine en
provenance
crâniolatérale
Racine en
provenance
caudale
19
La figure qui suit a été obtenue précédemment par rapport à la figure, mais elle
présente l'intérêt de mieux mettre en évidence les trois orientations des racines du nerf,
notamment la racine en provenance caudale.
Fig.13 : distribution des racines du nerf
2
1
3
Haut
Latéral
1.) Racine crânio-latérale
2.) Racine crânio-médiale
3.) Racine caudale
20
d.) Terminaison somatique
Afin d'objectiver le caractère somatique de cette innervation, il nous faut montrer
la connexion de ce nerf avec le nerf spinal et plus particulièrement son rameau dorsal.
Fig.14 : vue médiale de la naissance du rameau dorsal du nerf spinal
Ganglion
spinal L2
Rameau
dorsal du nerf
spinal
Nerf
articulaire
Latéral
Bas
Comme vu sur la figure ci-dessus, la connexion semble se réaliser sur la face
postérieure du rameau dorsal. Aussi afin de montrer clairement cette terminaison
somatique, nous avons sectionné le rameau dorsal en aval de la connexion avec le nerf
articulaire. Puis en appliquant une rotation externe au rameau sectionné, la connexion
apparaît alors évidente.
Fig.15 : mise en évidence de la terminaison somatique du nerf
Nerf
articulaire
Rameau
dorsal
sectionné et
retourné
Latéral
Bas
21
2.) Dissections en L3 à droite
Afin d'évaluer le caractère multimétamérique de cette innervation, nous avons
réitérer la recherche effectuée en L2 à droite, sur le niveau L3.
Les résultats sont apparus équivalents, avec un nerf d'origine intracapsulaire, au
trajet intraforaminal postérieur et transverse, et à la terminaison somatique.
Fig.16 : vue ventrale du foramen intervertébral en L3
Ganglion
L3 droit
Dure mère
Rameau
dorsal
sectionné
puis
retourné
Nerf
d'origine
articulaire
Haut
Pédicule
vertébral
Latéral
L'observation fine de sa sortie de la capsule révèle , comme en L2, plusieurs
racines.
Fig.17 : vue ventrale de la capsule articulaire,
montrant le point de sortie du nerf
Nerf
articulaire
Dure
mère
Capsule
Sortie du
nerf,
racine2
Sortie du
nerf,
racine1
Haut
Latéral
22
L'ouverture de la capsule nous révèle une distribution proche de celle observée en
L2, avec deux racines principales pour le nerf, avec des orientations intracapsulaires
différentes.
Fig.18 : distribution intracapsulaire des racines du nerf
Haut
Latéral
Ganglion
spinal
Racine
d'origine
crâniocaudale
Racine
d'origine
crâniolatérale
Dure mère
Pédicule
vertébral
sectionné
23
3.) Dissections en L4 à gauche
Pour mettre en évidence la bilatéralité de ces structures nerveuses, nous avons
effectué une recherche du côté gauche, en L4
.
Nous trouvons des structures identiques, dans leur trajet dans le foramen.
Fig.19 : vue ventrale du foramen intervertébral en L4,
montrant la découverte du nerf
Haut
Médial
1
4
5
2
3
4.) Repérage du filet nerveux
5.) Tissu cellulograisseux
1.) Ganglion spinal L4
2.) Dure mère
3.) Pédicule vertébral
24
La terminaison du nerf semble s'effectuer juste en aval du ganglion spinal et la
systématisation observée précédemment, avec le rameau dorsal du nerf spinal, semble
moins évidente. Malgré cela, la connexion au système somatique reste évidente compte
tenu de la continuité des structures.
Fig.20 : mise en évidence de la terminaison somatique du nerf
1
2
Haut
Médial
1.) Ganglion spinal
2.) Terminaison du nerf articulaire
Le nerf s'est révélé beaucoup plus grêle et délicat à disséquer que pour les niveaux
supérieurs. Aussi, si la relation étroite avec la capsule articulaire est visible (cf. Fig.), la
distribution intracapsulaire du nerf a été difficile à évaluer à ce niveau. Les racines, très
fines et cassantes n'ont pu être explorées dans la profondeur de la capsule (cf. Fig.).
25
Fig.21 : vue ventrale de la capsule montrant la sortie du nerf
Haut
Médial
1
4
5
2
6
Fig.22 : visualisation de la sortie après ouverture de la capsule
Haut
4
Médial
5
3
6
4.) Capsule
5.) Dure mère
6.) Pédicule vertébral
1.) Point de sortie capsulaire
2.) Nerf articulaire dénaturé
3.) Nerf articulaire rompu
26
4.) Dissections en L1 à droite
Avant d'obtenir les résultats en L2, nous avions effectué une recherche en L1. Les
mêmes résultats avaient été trouvés, toujours sous forme d'un filet nerveux unique au
trajet horizontal transverse postérieur.
Fig.23 : vue ventrale du foramen intervertébral en L1,
montrant le trajet du nerf articulaire
Dure
mère
Ganglion
spinal L1
Capsule
Fibre en
provenance
de la
capsule
Nerf
décollé
de la
capsule
Pédicule
vertébral
Haut
Latéral
La technique de dissection étant alors peu évidente et les structures non encore
observées, l'exploration intracapsulaire du nerf, s'est révélée fructueuse mais difficile.
Aussi le nerf, pourtant observé dans la profondeur de la capsule, n'a pu être conservé dans
son intégralité.
Haut
Intérieur
de la
capsule
Latéral
Racine
intracapsulaire
du nerf
Poursuite
du trajet
du nerf
L'intérêt d'une telle mise en évidence est de confirmer le caractère
multimétamérique de cette innervation.
27
Chapitre IV : Discussion clinique
La caractérisation de l'innervation des processus articulaires lombaires représente
un intérêt dans la connaissance globale de l'innervation du rachis et dans la
compréhension de l'expression clinique, de la physiopathologie et de la thérapeutique des
douleurs d'origine rachidienne.
Nous sommes parvenus, à l'issue de nos travaux, à montrer un support somatique à
la transmission des informations sensitives en provenance des articulations
interapophysaires, et c'est en considérant la clinique que l'on comprend l'importance que
cette innervation pourrait avoir.
1.) Douleurs lombaires d'origine sympathique
Ces douleurs, diffuses, de type végétatif, représentant la majorité des lombalgies
rencontrées, trouvent leur origine dans le complexe disco-corporéal, le ligament commun
vertébral postérieur et la face antérieure de la dure mère. Comme l'a montré S. Raoul
[10], elles ont pour support le nerf sinuvertébral en relais avec les rameaux communicants
et la chaîne sympathique paravertébrale.
Cette systématisation permet de comprendre la projection des douleurs. Les influx
nociceptifs en provenance de ces structures sont transmis au système somatique au niveau
des rameaux communicants et du ganglion spinal en L2. Ainsi l'information est portée à
la conscience, sous forme d'atteinte en barre, viscérale et mal systématisée.
2.) Douleurs lombaires d'origine somatique
La stimulation du système sympathique entraîne une symptomatologie à type de
facet syndrom, avec une douleur aiguë et bien localisée.
Selon Maigne [2], l'implication des articulations interapophysaires dans la genèse
de douleurs est importante, ce qui l'a amené à envisager l'extraction de la capsule comme
solution thérapeutique antalgique. De même Giles [7], en affirmant l'existence de
structures nociceptives intra-articulaires au niveau de ces processus, renforce cette idée
du pouvoir algogène de ces articulations, lorsqu'elles se trouvent en souffrance.
En nous appuyant sur l'hypothèse de S. Raoul [10], les travaux de Bogduck [11] et
les résultats de nos recherches, nous avons conclu que ces articulations bénéficiaient
d'une innervation somatique, par le biais d'une branche médiale du rameau dorsal du nerf
spinal.
28
Ainsi, en unissant les deux idées, nous pouvons penser que les articulations
interapophysaires constituent une des principales structures algogènes responsables des
douleurs du type facet syndrom qui traduisent la souffrance du système d'innervation
rachidienne somatique.
La systématisation d'une douleur rachidienne aiguë d'origine articulaire pourrait
ainsi être la suivante :
La souffrance de l'articulation interapophysaire sera perçue par les nocicepteurs
intracapsulaires qui sont eux-mêmes en relations avec les fibres nerveuses que nous avons
mises en évidence.
Ces fibres, qui semblent s'organiser en différentes orientations, constituent les
racines intracapsulaiures et périarticulaires d'un nerf qui émerge à la face antérieure de la
capsule.
L'influx nociceptif remonterait donc le long des ces racines, puis le long de ce nerf
qui chemine dans la partie postérieure du foramen intervertébral avant de se terminer dans
le rameau dorsal du ganglion spinal.
A partir du ganglion spinal, l'information douloureuse peut ainsi remonter , par la
branche dorsale sensitive de la racine correspondante, vers les centres nerveux supramédullaires (thalamus, formation réticulée). Elle pourra alors éventuellement être portée à
la conscience.
Il en résultera une sensation douloureuse très systématisée, à la topographie
précise, en regard de l'articulation en souffrance.
Schéma de la systématisation du cheminement de l’influx nociceptif
Haut
Latéral
29
3.) Hypothèses
Cette systématisation et ses conséquences en physiopathologie semblent pouvoir
s'exprimer à tous les niveaux rachidiens.
Le rachis est un site privilégié de douleurs du fait des contraintes très importantes
dont il fait l'objet, mais c'est également le cas pour le rachis cervical , et dans une moindre
mesure pour le rachis thoracique.
Ainsi cette innervation somatique pourraient se retrouver tout au long de la
colonne vertébrale et s'exprimer plus ou moins proportionnellement aux forces de
contraintes qui s'y appliquent.
Cette distribution somatique a montré son caractère multimétamérique, mais elle
pourrait être variable selon les niveaux radiculaires.
En effet, au cours de nos explorations de l'étage lombaire, les structures nerveuses
mises en évidence aux niveaux L2 et L1 semblent d'un calibre supérieur par rapport aux
niveaux plus bas situés.
On peut alors émettre l'hypothèse d'une inégalité d'innervation entre les niveaux
radiculaires, ce qui pourrait avoir des conséquences en terme de variabilité de sensibilité.
30
Conclusion
Les processus articulaires bénéficient d'une innervation sensitive transmise par le
système somatique.
Le support de cette systématisation est un nerf dont les racines sont multiples,
intracapsulaires et distribuées selon plusieurs orientations autour de l'articulation.
Il a un trajet court, horizontal et postérieur dans le foramen intervertébral.
Il se termine juste en aval du ganglion, dans le rameau dorsal du nerf spinal dont il
constitue une branche médiale.
Concernant les douleurs d'origine rachidienne, il faut faire la distinction entre les
lombalgies d'origine sympathique et celles d'origine somatique.
Cette structure nerveuse représente un support anatomique à la compréhension de
l'expression clinique des douleurs de type somatique, aiguës et bien localisées, à type de
facet syndrom.
On comprend alors que ces articulations puissent faire office de cible
thérapeutique, chirurgicale ou médicale, dans le cadre de traitements à visée antalgique.
Notre étude anatomique nous a permis d'émettre deux hypothèses. D'une part, si on
considère que ces structures nociceptives s'étendent tout au long du rachis, on pourrait
penser qu'elles ne s'expriment qu'à la hauteur des contraintes soumises aux différents
étages rachidiens. D'autre part, et cette idée vient en complément de la première, on
pourrait considérer qu'il existe une variabilité dans la distribution de cette innervation
entre les différents niveaux radiculaires.
Ces hypothèses demandent à être confirmées par des études anatomiques portant
sur tout le rachis et des études cliniques portant sur des patients atteints de lombalgies
d'origine somatique.
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