4.2 Les traitements (Taxonomie de Leung)
Un autre type d’approche pour classifier les systèmes de visualisation repose sur l’analyse
des différents traitements proposés par ces systèmes. Un exemple possible concerne l’analyse des
interactions en entrée, la classification s’effectuant en fonction de leur nature (sélection par
manipulation directe ou indirecte), de leur niveau (singleton, groupe ou intégralité des objets ou des
attributs) et de leur conséquence en terme de transformation graphique, de présentation et
d’organisation. Plusieurs approches orientées traitements ont été proposées. Parmi celles-ci, la
taxonomie de Leung classe les systèmes de visualisation en fonction des techniques utilisées pour
faire évoluer la représentation au cours de l’exploration.
Leung classe les systèmes de visualisation en deux catégories en fonction des techniques
utilisées pour accéder à l’information. La première catégorie regroupe l’ensemble des techniques qui
permettent de déformer la représentation, la seconde regroupe les techniques non déformantes. La
principale caractéristique des techniques de déformation consiste à permettre aux utilisateurs
d’examiner en détail une région particulière de la représentation tout en gardant une vision globale
de l’espace, ceci afin de faciliter la navigation. Leung affine cette classification en différenciant les
données de nature graphique (i.e. qui possèdent des relations spatiales implicites), des données non
graphiques, ces dernières pouvant toutefois être représentées sous une forme graphique abstraite
dans de nombreux cas. Les cartes et les plans sont de bons exemples de données graphiques, alors
qu’un graphe hypertexte correspond à une donnée non graphique.
La méthode utilisée pour transformer la représentation semble être un critère de classification bien
adapté à l’exploration hyper-documentaire. Par exemple, l’utilisateur peut visualiser une
représentation globale pour comprendre l’organisation des documents, puis passer à une vue locale
montrant le détail de certains documents afin de trouver celui qui l’intéresse le plus. Le passage du
global au local peut être réalisé de plusieurs manières, notamment au moyen d’une déformation de
l’affichage ou d’un zoom.
4.3 Les tâches (Taxonomie de Bruley)
L’usage des données conditionne souvent la représentation de ces données. Cependant, peu
de taxonomies existantes se basent sur l’analyse des tâches que les systèmes de visualisation
permettent d’effectuer. La taxonomie de Shneiderman, décrite à la section 4.1, repose en partie sur
la définition d’un ensemble de tâches de bas niveaux (zoomer, filtrer, associer, extraire, etc.). Cette
étude masque toutefois l’importance des tâches de haut niveau (trouver, comprendre, organiser,
retrouver) dans le processus de conception d’un système de visualisation. Selon Bruley, la manière
de représenter des données dépend fortement des tâches que l’utilisateur souhaite effectuer sur ces
données. Il introduit donc la notion de point de vue, un même ensemble de données pouvant être
représenté par différents points de vues.
Sur la base des travaux de Shneiderman, Bruley définit donc une taxonomie induite par le
point de vue sur les données, plutôt que par leur type. Il met en avant la manière de représenter
l’organisation des données plutôt que leur organisation réelle. Bruley propose deux nouvelles
catégories (le point de vue spatial et le point de vue non structuré), afin de séparer les données de
type 1D, 2D, 3D et nD qui ont une géométrie, de celles qui n’en ont pas. Cette séparation est
d’ailleurs à rapprocher de celle proposée par Leung sur les données graphiques et non graphiques.
Bruley déduit de son étude une démarche à suivre pour la conception de représentations graphiques
qui est basée sur quatre éléments :
l’espace des informations qui contient les données à représenter,
le (ou les) point(s) de vue qui résulte(nt) de l’analyse de cet espace et de la nature de la
tâche à réaliser,
l’espace géométrique de représentation qui fixe la position des objets graphiques,
l’espace géométrique de construction qui est la sous-partie de l’espace de représentation
réellement affichée.