Evaluer, corriger, pondérer, noter, classer…..
février 2004
Tous les enseignants ont une connaissance empirique des examens qu’ils font passer aux
étudiants et des règles de notation qui conduisent à la réussite ou à l’échec, au passage ou au
redoublement.
Il peut cependant être utile d’en rappeler les termes principaux.
La docimologie désigne la « science » des examens et en particulier, l’étude du comportement
des examinateurs et des examinés. Il s’agit d’un néologisme proposé par un chercheur
français , Henri Piéron , professeur au Collège de France, qui a accompli entre 1935 et 1965
une bonne partie des travaux sur lesquels se fondent les connaissances docimologiques (1).
Initialement, la docimologie avait un objet limité à l’étude critique du déficit de validité et de
fidélité qui caractérisait la plupart des méthodes d’examen.
On parle aussi de docimastique, terme imposé par le Belge De Landsheere (2), qui recouvre la
technique de construction et de correction des examens et de doxologie, qui est l’étude du rôle
que l’évaluation joue dans la formation.
Après avoir fait passer une épreuve aux étudiants, l’enseignant doit encore l’exploiter, c’est à
dire, parvenir au jugement et le cas échéant à la décision qui s’appliquera à chaque étudiant
ayant passé l’épreuve. Pour parvenir à ce jugement, l’enseignant doit s’astreindre à trois
étapes successives principales :
- La première étape est la correction. Cela consiste à identifier dans la réponse de
l’étudiant chaque élément (de réponse ) qui était attendu, puis à porter sur chacun
d’eux un jugement binaire « correct ou incorrect ». Les enseignants savent bien –
dès lors que l’épreuve revêt une certaine importance – qu’il est préférable d’établir
une grille pour accomplir cette première étape de correction.
- La deuxième étape est la pondération. Cela consiste à affecter à chaque élément de
réponse une valeur numérique variable en fonction de sa pertinence (utile,
important, essentiel, absolument indispensable, etc…). C’est à ce stade que se pose
éventuellement la question de la pondération négative, pour des éléments de
réponse inappropriés, dangereux , coûteux, etc…
- La troisième étape est la notation. Cela revient à attribuer à chaque étudiant une
appréciation globale sur sa performance ou son comportement. Le plus souvent,
cette appréciation résulte d’une totalisation simple, arithmétique, des points
correspondant aux éléments de jugement corrects et incorrects présents dans la
réponse de l’étudiant. Mais à ce stade, peuvent également intervenir différentes
opérations permettant d’établir des séries de notes en évitant les ex-aequo. Ces
opérations qui utilisent – en toute transparence – des coefficients de dispersion ou
des formules de calcul de note, sont particulièrement utiles dans le cadre de
concours où le nombre de place est limité.
Reste que l’examen (ou plus largement l’évaluation ) est avant tout une mesure. Selon J-P
Guilford cité par De Landsheere, mesurer signifie assigner un nombre à un événement, ou à
un objet, selon une règle logiquement acceptable.
Pour autant, ces mesures peuvent être soumises à des biais, qui ont été patiemment mis en
évidence par les travaux de docimologie. En voici quelques exemples.
Sources de biais mis en évidence par la docimologie critique