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IIIème république

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La IIIème République, notre histoire
Philippe Orsel
REGION OCCITANIE Association des Arts et Spectacles Toulousains
LA IIIEME REPUBLIQUE, NOTRE HISTOIRE
Présentation du projet
IIIème République, notre histoire sera le thème d’une journée centrée sur les grands évènements de
la IIIème république de 1870 à 1914, qui se tiendra le lundi 11 novembre 2019, à l’occasion de
l’anniversaire de l’armistice. Dans une mise en scène sobre, jouée par un comédien, chaque
personne importante de cette république s’exprimera sur un fait marquant de cette époque.
I)
Déroulement d’une séance
Le personnage déclamera son texte s’adressant au public, qui représentera les français ou mes
députés. A la fin de son discours, un autre personnage dans le public (il pourra être le même acteur
tout au long de la journée, donnant ainsi un repère au public), représentant également les français
ou les députés, posera des questions sur le discours, et incitera les participants à en poser de
semblable manière. Une séance durera environ 45 minutes, permettant ainsi une pause d’un quart
d’heure avant la suivante. Chaque acteur devra donc maîtriser l’histoire et les idées de son
personnage, de même que son interlocuteur qui pourra l’aider à répondre de la manière suivante :
« Vous vous êtes exprimé sur ce sujet de telle manière, êtes-vous toujours d’accord avec ceci ?»,
amenée de manière discrète. L’idéal serait que les interlocuteurs n’aient pas à parler, et laisse les
participants poser les questions, et il faudra donc dès la première séance les inciter à questionner les
personnages. Dans ce but, on définira un rôle pour le public distinct de celui de l’acteur lors des
séances de l’après-midi.
II)
Journée du 11 Novembre 2019
A) 10:00 : Ouverture de la journée, présentation des thèmes.
B) 10:30 : La commune. Personnage de Adolphe Thiers
Texte : Proclamation du 8 mai 1871 d’Adolphe Thiers
"Aux Parisiens :
La France, librement consultée par le suffrage universel, a élu un gouvernement qui est le seul
légal, le seul qui puisse commander l'obéissance, si le suffrage universel n'est pas un vain mot. Ce
gouvernement vous a donné les mêmes droits que ceux dont jouissent Lyon, Marseille, Toulouse
Bordeaux, et, à moins de mentir au principe de l'égalité, vous ne pouvez demander plus de droits
que n'en ont toutes les autres villes du territoire. En présence de ce gouvernement, la Commune,
c'est-à-dire la minorité qui vous opprime et qui ose se couvrir de l'infâme drapeau rouge, a la
prétention d'imposer à la France ses volontés. Par ses œuvres, vous pouvez juger du régime qu'elle
vous destine. Elle viole les propriétés, emprisonne les citoyens pour en faire des otages, transforme
en désert vos rues et vos places publiques, où s'étalait le commerce du monde, suspend le travail
dans Paris, le paralyse dans toute la France, arrête la prospérité prête à renaître, retarde
l’évacuation du territoire par les Allemands et vous expose à une nouvelle attaque de leur part
qu’ils se déclarent prêts à exécuter sans merci, si nous ne venons pas nous—mêmes comprimer
l’insurrection.
Nous avons écouté toutes les délégations qui nous ont été envoyées et pas une ne nous a offert une
condition qui ne fût rabaissement de la souveraineté nationale devant la révolte, le sacrifice de
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toutes les libertés et de tous les intérêts. Nous avons repéré à ces délégations que nous laisserions
la vie sauve à ceux qui déposeraient les armes, et que nous continuerions le subside aux ouvriers
nécessiteux. Nous l’avons promis, nous le promettons encore, mais il faut que cette insurrection
cesse, car elle ne peut se prolonger sans que la France y périsse. Le gouvernement qui vous parle
aurait désiré que vous pussiez vous affranchir vous—mêmes des quelques tyrans qui se jouent de
votre liberté et de votre vie. Puisque vous ne le pouvez pas, il faut bien qu’il s‘en charge, c’est pour
cela qu'il a réuni une année sous vos murs, armée qui vient au prix de son sang, non pas vous
conquérir, mais vous délivrer. Jusqu’ici, il s’est borné à l’attaque des ouvrages extérieurs. Le
moment est venu où, pour abréger votre supplice, il doit attaquer l'enceinte elle-même. Il ne
bombardera pas Paris..., il ne tirera le canon que pour forcer une de vos portes...
Il dépend de vous de prévenir les désastres qui sont inséparables d'un assaut. Vous êtes cent fois
plus nombreux que les sectaires de la Commune... Si vous n’agissez pas, le gouvernement sera
obligé de prendre, pour vous délivrer, les moyens les plus prompts et les plus surs.
Parisiens, pensez-y mûrement, dans très peu de jours... Nous serons dans Paris. La France veut en
finir avec la guerre civile. Elle le veut, elle le doit, elle le peut.
Elle marche pour vous délivrer. Vous pouvez contribuer à vous sauver vous—mêmes en rendant
l’assaut inutile et en reprenant votre place dès aujourd‘hui au milieu de vos concitoyens et de vos
frères. »
Interlocuteurs : parisiens.
Pistes pour les questions : Pourquoi céder face à l’Allemagne ; êtes-vous plus royaliste que
républicain ; quelles revendications jugez vous bon de ne pas écouter.
C) 11:30 : Les Hussards Noirs. Personnage de Jules Ferry
De l’égalité d’éducation, Jules Ferry, 10 avril 1870 extrait
Mais nous sommes un grand siècle à de certaines conditions : nous sommes un grand siècle à la
condition de bien connaître quelle est l’œuvre, quelle est la mission, quel est le devoir de notre
siècle. Le siècle dernier et le commencement de celui-ci ont anéanti les privilèges de la propriété, les
privilèges et la distinction des classes ; l’œuvre de notre temps n’est pas assurément plus difficile. A
coup sûr, elle nécessitera de moindres orages, elle exigera de moins douloureux sacrifices ; c’est
une œuvre pacifique, c’est une œuvre généreuse, et je la définis ainsi : faire disparaître la dernière,
la plus redoutable des inégalités qui viennent de la naissance, l’inégalité d’éducation. C’est le
problème du siècle et nous devons nous y rattacher. Et, quant à moi, lorsqu’il m’échut ce suprême
honneur de représenter une portion de la population parisienne dans la Chambre des députés, je
me suis fait un serment : entre toutes les nécessités du temps présent, entre tous les problèmes,
j’en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j’ai d’intelligence, tout ce que j’ai d’âme, de
cœur, de puissance physique et morale, c’est le problème de l’éducation du peuple. (Vifs
applaudissements.)
L’inégalité d’éducation est, en effet, un des résultats les plus criants et les plus fâcheux, au point de
vue social, du hasard de la naissance. Avec l’inégalité d’éducation, je vous défie d’ avoir jamais
l’égalité des droits, non l’égalité théorique, mais l’égalité réelle, et l’égalité des droits est pourtant
le fond même et l’essence de la démocratie. (…)
À un autre point de vue, l’inégalité d’éducation est le plus grand obstacle que puisse rencontrer la
création de mœurs vraiment démocratiques. Cette création s’opère sous nos yeux ; c’est déjà
l’œuvre d’aujourd’hui, ce sera surtout l’œuvre de demain ; elle consiste essentiellement à
remplacer les relations d’inférieur à supérieur sur lesquelles le monde a vécu pendant tant de
siècles, par des rapports d’égalité. Ici, je m’explique et je sollicite toute l’attention de mon
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bienveillant auditoire. Je ne viens pas prêcher je ne sais quel nivellement absolu des conditions
sociales qui supprimerait dans la société les rapports de commandement et d’obéissance. Non, je
ne les supprime pas : je les modifie. Les sociétés anciennes admettaient que l’humanité fût divisée
en deux classes : ceux qui commandent et ceux qui obéissent ; tandis que la notion du
commandement et de l’obéissance qui convient à une société démocratique comme la nôtre, est
celle-ci : il y a toujours, sans doute, des hommes qui commandent, d’autres hommes qui obéissent,
mais le commandement et l’obéissance sont alternatifs, et c’est à chacun à son tour de commander
et d’obéir. (Applaudissements.)
Interlocuteurs : Français, députés.
Pistes pour les questions : éducation des femmes ; pallier à la main d’œuvre que représente les
enfants ; éducation religieuse ; formations des éducateurs.
D) 12:30 : Pause repas. Réservation possible au Café du commerce.
E) 15:00 : Affaire Dreyfus. Personnage de Zola
J’accuse, Emile Zola, 1 3 janvier 1898, extrait.
Ils ont rendu une sentence inique, qui à jamais pèsera sur nos conseils de guerre, qui entachera
désormais de suspicion tous leurs arrêts. Le premier conseil de guerre a pu être inintelligent, le
second est forcément criminel. Son excuse, je le répète, est que le chef suprême avait parlé,
déclarant la chose jugée inattaquable, sainte et supérieure aux hommes, de sorte que des
inférieurs ne pouvaient dire le contraire. On nous parle de l’honneur de l’armée, on veut que nous
l’aimions, la respections. Ah ! certes, oui, l’armée qui se lèverait à la première menace, qui
défendrait la terre française, elle est tout le peuple, et nous n’avons pour elle que tendresse et
respect. Mais il ne s’agit pas d’elle, dont nous voulons justement la dignité, dans notre besoin de
justice. Il s’agit du sabre, le maître qu’on nous donnera demain peut-être. Et baiser dévotement la
poignée du sabre, le dieu, non !
Je l’ai démontré d’autre part : l’affaire Dreyfus était l’affaire des bureaux de la guerre, un officier
de l’état-major, dénoncé par ses camarades de l’état-major, condamné sous la pression des chefs
de l’état-major. Encore une fois, il ne peut revenir innocent sans que tout l’état-major soit
coupable. Aussi les bureaux, par tous les moyens imaginables, par des campagnes de presse, par
des communications, par des influences, n’ont-ils couvert Esterhazy que pour perdre une seconde
fois Dreyfus. Quel coup de balai le gouvernement républicain devrait donner dans cette jésuitière,
ainsi que les appelle le général Billot lui-même ! Où est-il, le ministère vraiment fort et d’un
patriotisme sage, qui osera tout y refondre et tout y renouveler ? Que de gens je connais qui,
devant une guerre possible, tremblent d’angoisse, en sachant dans quelles mains est la défense
nationale ! Et quel nid de basses intrigues, de commérages et de dilapidations, est devenu cet asile
sacré, où se décide le sort de la patrie ! On s’épouvante devant le jour terrible que vient d’y jeter
l’affaire Dreyfus, ce sacrifice humain d’un malheureux, d’un « sale juif » ! Ah ! tout ce qui s’est agité
là de démence et de sottise, des imaginations folles, des pratiques de basse police, des mœurs
d’inquisition et de tyrannie, le bon plaisir de quelques galonnés mettant leurs bottes sur la nation,
lui rentrant dans la gorge son cri de vérité et de justice, sous le prétexte menteur et sacrilège de la
raison d’État !
Et c’est un crime encore que de s’être appuyé sur la presse immonde, que de s’être laissé défendre
par toute la fripouille de Paris, de sorte que voilà la fripouille qui triomphe insolemment, dans la
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défaite du droit et de la simple probité. C’est un crime d’avoir accusé de troubler la France ceux qui
la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes, lorsqu’on ourdit soi-même l’impudent
complot d’imposer l’erreur, devant le monde entier. C’est un crime d’égarer l’opinion, d’utiliser
pour une besogne de mort cette opinion qu’on a pervertie jusqu’à la faire délirer. C’est un crime
d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les passions de réaction et d’intolérance, en
s’abritant derrière l’odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme
mourra, si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des œuvres de
haine, et c’est un crime, enfin, que de faire du sabre le dieu moderne, lorsque toute la science
humaine est au travail pour l’œuvre prochaine de vérité et de justice.
Interlocuteurs
Public : dreyfusard ; acteur : anti-dreyfusard.
Pistes pour les questions : que pensez-vous de la presse ; que conseillez-vous au président.
F) 16:00 : La Grande Guerre. Personnage de Clemenceau
Dans l'énorme partie qui s'engage, ce n'est pas la France seulement, pas plus que la Russie ellemême, ou l'Angleterre qu'il faut considérer.
Non. C'est la destinée de toute la civilisation européenne sur laquelle le sort des armes va prononcer.
Le maintien d'une belle diversité de culture, dans l'indépendance des peuples, ou l'exécrable
tentative d'une unité de germanisation mécanique sous un talon de fer. Ainsi notre cause est devenue
celle de toutes les nations, de tous les gouvernements qui ne séparent pas le sentiment de la dignité
nationale de leur conception d'une vie commune selon les lignes directrices des traditions de
nationalité.
Beaucoup se tairont, essayeront de cacher leur tremblement intérieur en pensant qu'ils regardent,
les bras croisés, les soldats de la France tomber sur les champs de batailles où se joue, avec la vie
même de la nationalité française, la vie aussi des petits peuples assez faibles de cœur pour consentir
à succomber sans avoir combattu. Et nous qui envoyons nos fils à la sanglante mêlée, nous qui
sommes traîtreusement menacés dans les racines les plus profondes de notre vie, nous avons résolu
de sauver tout ce qui peut être sauvé de nos glorieux apports de civilisation, auxquels notre plus
haute ambition est de toujours ajouter.
En nous défendant, nous sommes les champions de la cause de tous. Si, dans le passé, nous avons
eu des torts envers l'Europe, assez de malheurs nous les ont fait cruellement expier. Et nous nous
présentons avec l'Angleterre qui, dans des âges de fer, avait, elle aussi conçu l'ambition de nous
dominer. Il nous fallut cent ans de guerre pour conquérir l'indépendance de notre sol, et quand les
hommes furent défaits, ce fut une femme, une pauvre paysanne lorraine au cœur simple et grand
qui prononça les paroles et fit les actes d'où la victoire allait sortir. L'Angleterre s'est lancée dans la
conquête économique du monde, et s'est taillée, par son labeur, par son audace, une obstination que
rien n'a pu fléchir, un immense Empire qui fait sa juste fierté et dont la civilisation ne peut que
s'enorgueillir. Aujourd'hui, elle a noblement tirée l'épée, pour la dignité, dans l'indépendance des
peuples de l'Europe. Elle entre avec nous dans la noble épopée, ennemie de Napoléon ou de
Bismarck, amie de la France moderne qui ne demande en rien en Europe qu'un équilibre des libertés.
L'Italie reste neutre, et je ne crois pas me risquer en prédisant que ce grand spectacle fera bientôt
une pleine lumière dans l'âme du peuple italien, que des gouvernements à courte rue avaient
follement engagés au service du germanisme contre tout ce qui nous sert de latinité.
Interlocuteurs
Public : députés ; acteur : soldat « fleur au fusil »
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Pistes pour les questions : vous considérer que la guerre va être difficile ; pensez-vous qu’une alliance
avec l’Angleterre n’est pas contre nature ; vous parlez d’une latinité mais l’Angleterre est plus
saxonne que latine, quels sont les hommes qui mèneront l’armée, et pourquoi ;
G) 17:00 : Final
Fin de journée. Questionnaire de satisfaction sur la journée : avez-vous apprécié, que pourrions-nous
améliorer. A l’oral pour permettre un peu de débat pendant cinq, dix minutes. Les acteurs ensuite se
retrouvent sur la scène pour débattre entre eux sur le sujet suivant : La IIIème république doit-elle
être prendre exemple sur le monarchisme ? Thiers, en raison de sa position et de la date de son
arrivée sur la scène politique, prendra parole en premier. Le débat se clôturera à 18:00 et marquera
la fin de la journée.
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