l C h M a A m N p U i n g u i s t i q u e s s E L S Annick ENGLEBERT Phonétique historique et histoire de la langue Retrouvez l'intégralité de cet ouvrage et toutes les informations sur ce titre chez le libraire en ligne decitre.fr Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Phonétique historique et histoire de la langue Champs linguistiques Collection dirigée par Marc Wilmet (Université libre de Bruxelles) et Dominique Willems (Universiteit Gent) Recherches Corminboeuf G., L’expression de l’hypothèse en français. Entre hypotaxe et parataxe Demol A., Les pronoms anaphoriques il et celui-ci Heyna F., Étude morpho-syntaxique des parasynthétiques. Les dérivés en dé– et en anti– Horlacher A.-S., La dislocation à droite revisitée. Une approche interactionniste Huyghe R., Les noms généraux d’espace en français. Enquête linguistique sur la notion de lieu Jacquin J., Débattre. L’argumentation et l’identité au cœur d’une pratique verbale Marchello-Nizia Ch., Grammaticalisation et changement linguistique. Marengo S., Les adjectifs jamais attributs. Syntaxe et sémantique des adjectifs constructeurs de la référence Martin F., Les prédicats statifs. Étude sémantique et pragmatique Micheli R., Les émotions dans les discours. Modèle d’analyse, perspectives empiriques Rézeau P., (études rassemblées par), Richesses du français et géographie linguistique. Volume 1 de Saussure L., Temps et pertinence. Éléments de pragmatique cognitive du temps Schnedecker C., De l’un à l’autre et réciproquement…Aspects sémantiques, discursifs et cognitifs des pronoms anaphoriques corrélés Thibault A. (sous la coordination de), Richesses du français et géographie linguistique, Volume 2 Van Goethem K., L’emploi préverbal des prépositions en français. Typologie et grammaticalisation Manuels Bal W., Germain J., Klein J., Swiggers P., Bibliographie sélective de linguistique française et romane. 2e édition Bracops M., Introduction à la pragmatique. Les théories fondatrices : actes de langage, pragmatique cognitive, pragmatique intégrée. 2e édition Chiss J.-L., Puech C., Le langage et ses disciplines. XIXe -XXe siècles Delbecque N. (Éd.), Linguistique cognitive. Comprendre comment fonctionne le langage Englebert A., Phonétique historique et histoire de la langue Gaudin Fr., Socioterminologie. Une approche sociolinguistique de la terminologie Gross G., Prandi M., La finalité. Fondements conceptuels et genèse linguistique Klinkenberg J.-M., Des langues romanes. Introduction aux études de linguistique romane. 2e édition Kupferman L., Le mot «de». Domaines prépositionnels et domaines quantificationnels Leeman D., La phrase complexe. Les subordinations Mel’čuk I. A., Clas A., Polguère A., Introduction à la lexicologie explicative et combinatoire. Coédition AUPELF-UREF. Collection Universités francophones Mel’čuk I., Polguère A., Lexique actif du français. L’apprentissage du vocabulaire fondé sur 20 000 dérivations sémantiques et collocations du français Revaz Fr., Introduction à la narratologie. Action et narration Recueils Albert L., Nicolas L. (sous la direction de), Polémique et rhétorique de l’Antiquité à nos jours Bavoux C. (dir.), Le français des dictionnaires. L’autre versant de la lexicographie française Bavoux C., Le français de Madagascar. Contribution à un inventaire des particularités lexicales. Coédition AUF. Série Actualités linguistiques francophones Berthoud A.-Cl., Burger M., Repenser le rôle des pratiques langagières dans la constitution des espaces sociaux contemporains Bouchard D., Evrard I., Vocaj E., Représentation du sens linguistique. Actes du colloque international de Montréal Conseil supérieur de la langue française et Service de la langue française de la Communauté française de Belgique (Eds), Langue française et diversité linguistique. Actes du Séminaire de Bruxelles (2005) Corminboeuf G., Béguelin M.-J. (sous la direction de), Du système linguistique aux actions langagières. Mélanges en l’honneur d’Alain Berrendonner Dendale P., Coltier D. (sous la direction de), La prise en charge énonciative. Études théoriques et empiriques Evrard I., Pierrard M., Rosier L., Van Raemdonck D. (dir.), Représentations du sens linguistique III. Actes du colloque international de Bruxelles (2005) Englebert A., Pierrard M., Rosier L., Van Raemdonck D. (Éds), La ligne claire. De la linguistique à la grammaire. Mélanges offerts à Marc Wilmet à l’occasion de son 60e anniversaire Hadermann P., Van Slijcke A., Berré M. (Éds), La syntaxe raisonnée. Mélanges de linguistique générale et française offerts à Annie Boone à l'occasion de son 60e anniversaire. Préface de Marc Wilmet Rézeau P. (sous la direction de), Variétés géographiques du français de France aujourd’hui. Approche lexicographique Service de la langue française et Conseil de la langue française et de la politique linguistique (Eds), La communication avec le citoyen : efficace et accessible ? Actes du colloque de Liège, Belgique, 27 et 28 novembre 2009 Service de la langue française et Conseil de la langue française et de la politique linguistique (Eds), Pour un français convivial. S’approprier la langue. Actes du colloque de Bruxelles, Belgique, 21 et 22 novembre 2013 Simon A. C. (sous la direction de), La variation prosodique régionale en français Annick ENGLEBERT Phonétique historique et histoire de la langue C h a m p s l i n g u i s t i q u e s Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com © De Boeck Supérieur s.a., 2015 2e édition Fond Jean Pâques, 4 – B-1348 Louvain-la-Neuve Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Imprimé en Belgique Dépôt légal : Bibliothèque nationale, Paris : septembre 2015 Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2015/13647/115 ISSN 1374-089X ISBN 978-2-8073-0029-3 AVANT-­PROPOS Les étudiants appréhendent bien souvent l’apprentissage de la phonétique historique du français, matière ardue, qui implique des langues mortes dont ils ignorent généralement tout – latin vulgaire, gallo-­roman, ancien français – ou dont ce qu’ils savent ne leur est que de peu d’utilité – le latin classique, quand il est connu, ne l’est plus guère dans ses aspects phonétiques – et qui suppose une méthode, une gymnastique intellectuelle et une rigueur à laquelle des étudiants de lettres ne sont ni préparés ni, peut-­être, enclins. Pourtant, qui détient les clés de la phonétique historique du français, ce sont toutes les portes de la langue française qui s’ouvrent à lui : non seulement celles de sa grammaire, mais celles de son orthographe, si difficile à comprendre synchroniquement, celles de sa poésie, à nulle autre comparable. Ce manuel vise à mener les étudiants pas à pas vers les fondements de la phonétique historique, en inscrivant le parcours à travers les siècles sur la toile de fonds des événements sociaux et culturels qui l’éclairent, avec pour objectif de mettre au jour les conséquences de l’évolution phonétique sur la langue française comme sur sa littérature. Plutôt qu’une simplification, c’est une pédagogisation de la phonétique historique, une réflexion en mouvement qui sont proposées dans le but de faciliter l’appropriation de cette matière réputée difficile. Certes cette démarche dialectique a parfois comme corolaire la simplification de certaines notions, au moins au départ de l’exposé, puisque les notions utiles à la compréhension de l’évolution du phonétisme français sont construites progressivement ; mais cette concession de la science à la dialectique est toujours provisoire, les notions simplifiées au départ se complétant, s’affinant, se corrigeant au fil des pages, le manuel de phonétique devenant ainsi en un manuel d’initiation à la construction d’un savoir scientifique.1 1. La rédaction du présent manuel tient compte des recommandations orthographiques de 1990. 5 ABRÉVIATIONS ET CONVENTIONS LC Latin classique LV Latin vulgaire GR Gallo-­roman PF Protofrançais AF Ancien français MF Moyen français FC Français classique FM Français moderne * Forme reconstruite °Forme attestée en latin classique mais présentant des particularités phonétiques en latin vulgaire > sépare deux stades phonétiques d’une même forme (se lit ‘passe à’) ~sépare deux formes mises en contraste l’une avec l’autre (se lit ‘en regard de’) 7 Chapitre 1 LA GRAMMAIRE HISTORIQUE 1.1 Principes de base La grammaire historique est la discipline linguistique qui étudie une langue donnée dans son développement ; elle décrit et compare les états de cette langue à des époques différentes. Elle se décline en une phonétique, une morphologie, une syntaxe, une sémantique historiques, ainsi qu’une science étymologique dans laquelle convergent la phonétique et la sémantique historiques. Comme la grammaire comparée dont elle procède, la grammaire historique est née au xixe siècle dans la mouvance du Romantisme, mouvement culturel européen qui, rejetant Antiquité et Classicisme, invita à un retour aux sources des différentes cultures européennes : le terme même de Romantisme renvoie aux « romans », c’est-­à-­dire aux récits en langue romane de la fin du Moyen-­ Âge. L’une et l’autre disciplines convergent dans la philologie, étude d’une langue par l’analyse critique de ses manifestations écrites. La grammaire comparée a pour vocation principale d’établir la filiation entre plusieurs langues-­filles d’une même langue-­mère, c’est-­à-­dire issues d’un ancêtre commun. La grammaire historique cherche, elle, à établir la filiation entre une langue-­fille, indépendamment de ses éventuelles langues-­sœurs, et sa langue-­mère. La grammaire historique du français est donc la discipline qui vise à établir la filiation entre la langue française et sa langue-­mère. Se pose alors la question de l’identification de cette langue-­mère. 9 Phonétique historique et histoire de la langue 1.2 D’une langue-­fille à une langue-­mère La question de l’origine de la langue française n’a pas attendu l’émergence de la grammaire historique pour se poser. De tout temps, l’homme s’est interrogé sur l’origine du langage… et la question de l’origine de la langue française est presque aussi ancienne que la langue française elle-­même. Mais pendant de longs siècles, les tentatives de réponse à cette question ont été portées par des considérations essentiellement patriotiques dans lesquelles les érudits se sont fourvoyés. Le xvie siècle et le xviie siècle ayant vu naitre le mythe gaulois, le français fut d’abord rattaché au celtique, langue des Gaulois, hypothèse qui trouva des partisans jusqu’au xviiie siècle. La langue française jouissant aux xvie et xviie siècles du prestige grandissant de la France, se forgea aussi l’idée qu’elle ne pouvait provenir que de la langue d’une autre civilisation prestigieuse et on s’échina alors à démontrer que le français remontait à l’hébreu ou au grec. Et pourtant, très tôt, certains érudits entrevirent la vérité : Claude Fauchet fut peut-­être le premier, dès 1581, dans son Recueil de l’origine de la langue et poesie françoise, à développer l’hypothèse d’une origine latine du français. Mais comme ceux qui après lui soutinrent cette idée, il demeurait convaincu que le français descendait en droite ligne de la langue de Cicéron, c’est-­à-­ dire du latin classique. Or cette hypothèse mène rapidement à des impasses (ce qui est en partie responsable de son insuccès) : aucune filiation ne peut être établie entre le latin classique equum et le français cheval, entre edere et manger ; aucune forme du latin classique ne parvient à expliquer une forme française comme chanterait (notée d’abord chantereit jusqu’au xiie siècle, et ensuite chanteroit jusqu’au xixe siècle) ou des mots comme chemise, alouette, bleu, marcher, qui font pourtant partie du français courant. Il a fallu attendre la fin du xixe siècle et l’Allemand Hugo Schuchardt pour que soit établie l’extrême complexité que la langue française (ainsi d’ailleurs que ses langues-­sœurs, les langues romanes) entretient avec sa langue-­mère et pour que, abandonnant tout relent de patriotisme, soit admise l’évidence : le français s’ancre dans une variété sans prestige du latin, le latin vulgaire. 1.3 Les origines de la langue française Il est aujourd’hui admis que le latin vulgaire est la langue-­mère du français. On sait même que c’est d’une variété bien particulière de cette langue sans titre de noblesse que dérive le français, à savoir le gallo-­roman. Pour mieux comprendre ce dont il s’agit, un rapide détour par la préhistoire de la langue française s’impose. 10 La grammaire historique 1.3.1 Quelques jalons de la préhistoire du français Lorsque vers 500 avant notre ère, venus de leur Bavière et de leur Bohème natales, les Celtes envahirent toute l’Europe, ceux que l’on connait sous le nom de Gaulois envahirent et colonisèrent la région qui devint la Gaule et qui fut bien plus tard la zone d’éclosion de la langue française (la France, ainsi qu’une partie de la Belgique, de la Suisse et de l’Italie actuelles) ; ils utilisaient pour communiquer entre eux leur langue maternelle, le celtique, une langue dont nous n’avons conservé que des vestiges et dont nous ne savons presque rien. Lorsque, peu avant l’ère chrétienne, les Romains ont à leur tour envahi et colonisé la Gaule, ils utilisaient entre eux dans leurs relations quotidiennes une forme du latin apparentée au latin classique, mais qui ne se confond pas avec la langue de Cicéron ou Virgile, un latin de tous les jours. On suppose alors que les Gaulois ont continué d’utiliser leur langue maternelle, le celtique, dans le milieu familial et qu’ils ont appris la langue des Romains pour communiquer avec les Romains installés dans leurs régions. Il n’a alors fallu que quelques siècles pour que les Gaulois délaissent totalement le celtique pour utiliser le latin dans toutes les circonstances de la vie courante ; romanisés, latinisés, l’histoire les désigne alors sous le nom de Gallo-­Romains – d’où est tiré le nom de gallo-­roman pour désigner leur langue. Lorsqu’au ve siècle, les Francs ont à leur tour envahi et colonisé la Gaule romanisée, qu’on appelle plus souvent Gallo-­Romania dans le contexte de l’histoire des langues romanes et qui deviendra après eux la Francie, littéralement ‘pays des Francs’, puis la France, ils utilisaient pour communiquer entre eux leur langue maternelle, le francique. Les conséquences linguistiques de cette nouvelle colonisation furent toutefois bien différentes de celles qui viennent d’être décrites pour l’époque de la romanisation. Après les invasions franques, les Gallo-­Romains continuèrent d’utiliser leur latin non seulement en famille, mais également dans le domaine de l’administration ; certains apprirent sans doute le francique, guidés notamment par des besoins utilitaires, pour commercer et communiquer avec les Francs, mais c’est le latin des colonisés qui finit par s’imposer aux Francs, lesquels délaissèrent leur langue maternelle pour adopter le latin des habitants du territoire conquis. C’est ce latin de tous les jours, façonné une première fois au contact du celtique et une seconde fois au contact du francique que l’on appelle aujourd’hui gallo-­roman et qui donnera, en 842, naissance au français. En cette année historique, deux des petits-­fils de Charlemagne, Charles et Louis, se liguèrent contre un troisième, Lothaire, et se promirent une assistance mutuelle contre leur frère lors de serments qu’ils prêtèrent à Strasbourg, dans cette langue si particulière qui ne parvient plus à se faire passer pour du latin et dont nous avons conservé le texte, premier témoin de ce que nous continuerons 11 Phonétique historique et histoire de la langue d’appeler momentanément « français », témoin connu aujourd’hui sous le nom de Serments de Strasbourg. 1.3.2 Une langue parlée comme langue-­mère La langue française provient ainsi de la langue utilisée entre eux par les colons romains qui se sont installés en Gaule au début de l’ère chrétienne, c’est-­à-­ dire de la forme du latin que l’on désigne actuellement sous le nom de latin vulgaire ou que l’on appelle parfois latin populaire pour éviter la connotation péjorative qui s’attache à l’adjectif vulgaire – il s’agit simplement d’évoquer par ces adjectifs, dérivant l’un et l’autre de mots latins désignant la foule (vulgus) ou les habitants (populus), qu’il s’agit de la langue de tous et de la langue de tous les jours.2 Comme toutes les langues parlées, ce latin vulgaire se caractérisait vraisemblablement par d’importantes variations sociales (un avocat ne parlait sans doute pas tout à fait comme un soldat ou un domestique) et géographiques (les Romains qui ont colonisé la Gaule venaient de différentes régions de l’Empire romain, et un Romain du sud ne parlait sans doute pas tout à fait comme un Romain du nord). Mais vulgaire ou populaire, ce qui importe surtout ici c’est qu’il s’agissait d’une langue parlée, qui ne jouissait d’aucune mise par écrit, si l’on excepte quelques notes marginales3, ainsi que quelques graffitis, listes de commissions ou notes de restaurant dont certains ont presque miraculeusement été conservés (cf. Corpus Inscriptionum Latinarum). De cette ancienne langue parlée, nous n’avons – faut-­il le préciser ? – conservé aucun enregistrement, une caractéristique qui n’est pas sans conséquence pour la grammaire historique du français, puisqu’elle nous place devant cette évidence que le français remonte à une langue dont nous ne savons presque rien, ce qui décharge d’ailleurs a posteriori les premiers érudits de s’être fourvoyés dans des conjectures hasardeuses. 2. 3. 12 L’appellation de latin vulgaire est traditionnellement réservée par les latinistes à la variété du latin qui succède au latin classique et couvre la période qui va du iiie au viiie siècle, voire du ier au viiie siècle, pour ceux qui choisissent d’inclure dans le latin vulgaire le latin postclassique des ier et iie siècles ; le latin vulgaire est parfois dissocié en bas latin (iiie-­ e e e iv siècles de notre ère) et latin vulgaire au sens strict (v -­viii siècles). Dans la perspective qui est la nôtre, le latin vulgaire n’est pas une altération du latin classique au fil du temps, mais une langue synchrone du latin classique (cf. § 3.2). Marginales au sens premier du terme, c’est-­à-­dire figurant dans les marges des documents. La grammaire historique 1.4 Le défi méthodologique Bien que nous n’en ayons conservé que peu de traces tangibles, le latin vulgaire n’est pas pour autant une langue purement imaginaire, une langue qui aurait été inventée par les linguistes à seule fin de satisfaire une hypothèse de travail séduisante. Outre les graffitis et autres documents domestiques que nous avons conservés et qui étayent son existence, on trouve également les traces de ce que devait être ce latin dans divers documents écrits dans un latin tardif, un latin qui s’offre à nos yeux sous la forme du latin classique, mais qui, çà et là, présente quelques curiosités que ne présentait pas la langue d’un Cicéron ou d’un Virgile, qui préfigurent les langues romanes et qui attestent bien de l’existence d’un autre latin. Ainsi, quand saint Jérôme, qui entreprend au ive siècle une traduction latine de la Bible connue sous le nom de Vulgate, écrit si quis de foris venerit, la combinaison de foris qu’il utilise n’appartient pas au latin classique, qui se contentait du seul foris pour dire la même chose (‘à l’extérieur’, voire ‘à l’étranger’), mais elle préfigure l’adverbe dehors que l’on trouve en français. Il s’agit là de l’une des traces parmi d’autres que nous avons conservées du latin vulgaire. 1.4.1 Des données positives Si le latin vulgaire n’est pas une langue hypothétique, il n’en reste pas moins que, pour nous, il reste une langue reconstruite. La reconstruction d’une langue ou protolangue4 n’est pas une entreprise hasardeuse. Elle est réalisée à partir des méthodes de la grammaire comparée et de la grammaire historique, qui révèlent ici une de leurs principales caractéristiques, à savoir qu’elles s’appuient chaque fois que c’est possible sur des faits avérés et attestés, sur des données positives. Ainsi le latin vulgaire a-­t‑il pu être au moins partiellement reconstitué à partir des traces qu’il a laissées dans ses différentes langues-­filles, les langues romanes, par les recoupements qui ont pu se faire entre ses différentes filles. Dans certains cas, des chainons peuvent certes manquer dans la chaine reconstruite, ce qui autorise le comparatiste à des conjectures ; mais pour rester crédibles, la grammaire comparée et la grammaire historique minimisent ce recours à la conjecture et ne procèdent de la sorte que de manière méthodique, en respectant un protocole strict : entre autres choses, la grammaire historique a ainsi convenu de signaler expressément toute forme reconstruite en la faisant précéder de l’astérisque *. 4. Protolangue : ‘langue reconstruite’. 13 Phonétique historique et histoire de la langue 1.4.2 Le cas particulier de la phonétique Le latin vulgaire, langue-­mère du français, ayant comme caractéristique d’avoir été une langue parlée, on est ici légitimement en droit de s’interroger sur la nature des traces, des données attestées sur lesquelles va s’appuyer la phonétique historique pour en reconstruire le phonétisme. La question est même plus générale, car les procédés d’enregistrement du son ne datent, au plus tôt, que de 1877, ce qui semble ne fournir de matériau phonétique au phonéticien d’aujourd’hui que pour une période très courte de l’histoire de la langue. Ce n’est pas seulement la crédibilité du latin vulgaire qui est ici en jeu, ce sont toutes les formes de cette langue-­mère du français qui se succéderont jusqu’à l’époque moderne. L’enjeu est donc de taille. La réponse à la question de la nature des traces sur lesquelles peut s’appuyer la phonétique historique pour la période précédant l’existence d’Archives de la parole, inaugurées très officiellement pour le français en 1911 par l’éminent historien de la langue que fut Ferdinand Brunot, est différente selon la période de l’histoire sur laquelle on s’arrête. 1.4.2.1 La période prélittéraire Né d’une langue parlée, le français restera essentiellement une langue parlée jusqu’à la fin du xie siècle, époque où furent enfin réunies les conditions favorisant sa mise par écrit (cf. § 5.1). Certes, il y aura quelques tentatives précoces de mise par écrit de cette langue qui parviendront jusqu’à nous, comme la transcription des Serments de Strasbourg ou celle de la Séquence de sainte Eulalie au ixe siècle, ou encore, au e x siècle, ce curieux brouillon d’un prêtre qui, conscient que ses ouailles ne comprennent plus son latin, s’applique à mettre son sermon en français, un français qui glisse systématiquement vers le latin et qui montre bien à quel point l’idée même de mettre cette langue parlée par écrit était difficile à concevoir. Mais de tels documents demeurent des tentatives isolées, témoignages d’initiatives individuelles. Pour l’essentiel, durant toute la période dite prélittéraire (c’est-­à-­dire antérieure à la mise par écrit) qui va du latin vulgaire au début du xiie siècle, nous ne disposons que d’un nombre très limité de données attestées directement utilisables. Pour procéder à la reconstruction des caractéristiques phonétiques du « français » de la période prélittéraire, la phonétique historique aura alors à sa disposition essentiellement deux méthodes : le comparatisme et le raisonnement. 14 La grammaire historique 1.4.2.1.1 Le comparatisme La phonétique historique du français va trouver dans le comparatisme et dans l’étude des langues-­sœurs du français, un terrain solide sur lequel s’appuyer. En effet, si en grammaire historique la reconstruction d’une langue-­mère laisse forcément des chainons manquants, ceux-­ci ne figurent pas nécessairement à la même place dans la chaine de reconstruction de ses différentes langues-­ filles. Comparer l’évolution des différentes langues-­filles du latin vulgaire va ainsi permettre sinon de trouver tous les chainons manquants de l’histoire du français, au moins de se faire une idée de la forme que devaient prendre certains de ces chainons manquants et de s’assurer du fondement de certains postulats, ou paris théoriques. Mais, d’une manière peut-­être moins attendue, l’étude comparée du français et d’autres langues que ses langues-­sœurs va permettre, elle aussi, d’identifier certains chainons manquants de l’histoire du français. Dans l’histoire phonétique de la langue française, l’étude de l’anglais, entre autres, va ainsi, de manière peut-­être moins attendue, venir éclairer certaines observations. Un rapide détour par un des épisodes marquants de l’histoire externe de la langue française, et de l’anglaise, permettra d’éclairer ce constat à première vue déroutant. Lorsqu’en 1066, un noble anglais, Harold, et un bâtard normand, Guillaume, avancèrent des prétentions également légitimes à un trône d’Angleterre resté vacant, on résolut de régler la question en un combat qui se déroulerait dans le sud de l’Angleterre, à Hastings. C’est le Normand Guillaume qui sortira victorieux de ce qui restera dans l’histoire sous le nom de bataille de Hastings et qui deviendra ainsi le roi Guillaume Ier d’Angleterre. En guise de représailles contre la noblesse et le clergé anglais qui ne l’avaient pas soutenu, Guillaume évincera de la cour anglaise toute la noblesse anglo-­saxonne et favorisera ses barons normands ; il confiera en outre les archevêchés à des dignitaires normands. Guillaume et les Normands qui le rejoignirent sur le sol anglais (on en estime le nombre à environ 20 000) parlaient le normand, dialecte français (sur les dialectes français du Moyen-­Âge, cf. § 3.4.1). Ce normand se propagea dans toutes les classes supérieures de la société anglaise et, s’il finit par être rejeté au xive siècle dans un sursaut nationaliste des Anglais, il laissa sur la langue anglaise une marque indélébile, puisqu’on estime à l’heure actuelle que trois-­ quarts du lexique anglais sont encore d’origine française, alors que le lexique se renouvelle sans cesse, et que la grammaire de l’anglais est plus proche de celle du français que de celle des langues germaniques, ses langues-­sœurs (à tel point d’ailleurs que certains linguistes ont proposé de voir en l’anglais une langue tout simplement romane). Les nombreux mots français qui se sont immiscés dans la langue anglaise à partir de 1066 ont évidemment évolué depuis lors, mais ils n’y ont pas évolué de la même manière que les mots du français restés sur le continent, si bien que l’étude de l’anglais va dans certains 15 Phonétique historique et histoire de la langue cas, fournir de manière inattendue des chainons manquants de la reconstruction du français (cf. § 4.4). L’étude d’autres langues génétiquement non apparentées au français pourra ainsi venir éclairer l’étude du français. 1.4.2.1.2 Le raisonnement Malgré les apports du comparatisme, il subsistera de nombreux maillons manquants de la reconstruction du phonétisme français, vides qui ne pourront être comblés que par le raisonnement. En guise d’exemple, examinons le cas de la voyelle /y/ (comme dans ru). De toutes les langues romanes, le français est la seule à avoir intégré cette voyelle à son système vocalique, ce à quoi il y a lieu de chercher une explication. À première vue, le comparatisme ne semble pas pouvoir fournir sur cette exception le moindre éclaircissement, aussi s’est-­on, assez légitimement, attaché à raisonner sur la question. Deux paris théoriques s’offrent à nous : soit la présence de la voyelle /y/ dans le système du français s’explique par sa présence dans le système phonétique de sa langue-­mère, soit cette présence trouve ses racines dans le français lui-­même, c’est-­à-­dire dans l’ensemble des traits spécifiques que le français ne partage avec aucune de ses langues-­sœurs. Le premier pari théorique constitue une hypothèse assez peu économique ; en effet, si le /y/ français s’explique par le latin vulgaire, il faut trouver une explication à son absence en italien, en espagnol, en portugais, en roumain ; en définitive ce pari ne fait que déplacer le problème. On sait d’ailleurs que le système vocalique du latin ne connaissait vraisemblablement pas le /y/, notamment parce les mots grecs contenant originellement un /y/ qui ont été intégrés au latin présentent tantôt un /u/ (comme dans roux), tantôt un /i/ (comme dans riz) en latin là où le mot-­source grec avait un /y/. Le premier pari doit donc être abandonné (il n’a d’ailleurs pas trouvé d’adepte), et nous amène au second : expliquer la présence du /y/ français par le biais du français lui-­même. De toutes les filles du latin vulgaire, la langue française est la seule à avoir connu l’influence successive du celtique et du francique. La tentation est dès lors grande d’imputer le /y/ français au celtique ou au francique – en l’occurrence, c’est l’hypothèse celtique qui a été avancée. Malheureusement, ce celtique est une langue dont nous n’avons guère conservé de traces, ni anciennes, ni modernes5 de sorte que l’hypothèse d’un /y/ d’origine celtique, toute séduisante qu’elle est, ne trouve aucun réel point d’appui et place le linguiste dans une position totalement inconfortable, 5. 16 De ce point de vue, bien que nous n’ayons pas conservé davantage de traces du francique que du celtique, l’hypothèse d’une influence de la langue des Francs aurait été plus aisée à soutenir : les systèmes vocaliques des langues germaniques modernes (notamment le dialecte luxembourgeois, un des rares descendants actuels du francique) présentent généralement une voyelle /y/, ce qui peut être interprété comme le signe de la présence de cette même voyelle dans leur forme ancienne ; mais cette hypothèse n’a pas trouvé de défenseurs. La grammaire historique faisant de lui une sorte de visionnaire. C’est sans doute ce qui a conduit certains linguistes (Haudricourt et Juilland 1970) à formuler, à partir de ce même pari, une hypothèse structurale : la voyelle /y/ s’est installée en français parce que l’évolution de l’ensemble du système phonétique du français a fait en sorte que le /y/ y trouvait une place. Une telle hypothèse résiste bien mieux que la précédente à l’examen des faits et ses principes présentent l’avantage d’être transportables à d’autres langues romanes, pour montrer que si le /y/ n’y est pas apparu c’est qu’il n’y avait pas, structuralement, sa place –, si bien qu’in fine, le comparatisme, écarté ici a priori, pourra servir de garde-­fou a posteriori. En dépit de cet exemple particulièrement éclairant, le recours au raisonnement et à la spéculation en linguistique historique doit être tenu pour un dernier recours et en tout cas être manipulé avec circonspection. On se doit cependant de constater que l’engouement des phonéticiens du français pour ce mode d’explication a parfois été tel qu’il leur a fait abandonner toute prudence scientifique, les conduisant notamment à proposer des datations précises pour certains événements phonétiques reconstitués, des datations que l’on jugerait outrancières dans l’étude de toute autre langue. Nous veillerons à rester prudents en matière de datations. 1.4.2.2 Étudier l’écrit pour analyser l’oral À partir du moment où le français bénéficie d’une mise par écrit, l’étude de l’écrit va fournir à l’étude de l’oral, et donc de la phonétique, un nouveau point d’appui. Encore faut-­il voir comment… et apprendre à déjouer les nombreux pièges que tend l’écrit. 1.4.2.2.1 Les textes Aussi loin qu’on remonte dans l’histoire du français, on observe que les premiers textes écrits français parvenus jusqu’à nous – la Séquence de sainte Eulalie, les chansons de geste, les vies de saints, les traités de médecine et de fauconnerie… – ont pris la forme de poèmes. Cette particularité est essentiellement liée au fait que pendant longtemps la langue française, privée de mise par écrit, a été une langue de transmission orale et que la forme versifiée favorise la mémorisation et donc la transmission orale des savoirs, quels qu’ils soient ; elle a été encouragée par le contexte de l’époque, les positions de l’Église décourageant tout usage de la prose. Les premiers textes français ont ainsi pris la forme de poèmes plus ou moins longs, d’abord, à partir du xie siècle, en vers de 10 syllabes (chansons de geste, vies de saints), ensuite, à partir du xiie siècle, en vers de 8 syllabes (romans), d’emblée caractérisés par des rimes, c’est-­à-­dire par des sonorités communes aux fins de vers, deux spécificités qui ne doivent rien (ou si peu) à la poésie latine. Une aubaine pour le phonéticien, qui va, entre autres choses, pouvoir se 17 Phonétique historique et histoire de la langue livrer à une étude détaillée des syllabes et surtout de ces rimes, caractéristiques de la poésie française si riches d’enseignement pour la phonétique. Par exemple, on peut observer que chez Chrétien de Troyes, tranchanz (issu d’un probable *trinicantes, forme reconstruite) et genz (issu de gentes) riment ensemble, en dépit de leur graphie différenciée : Li autre ponz est plus malvés et est plus perilleus assez qu’ainz par home ne fu passez, qu’il est com espee tranchanz ; et por ce trestotes les genz l’apelent : le Pont de l’Espee. xii e s. – Chrétien de Troyes, Le chevalier de la charrete, v. 668‑673 et la récurrence de cette observation dans des œuvres de la même époque émanant de divers poètes nous apprend qu’au xiie siècle, /a/ suivi d’une nasale (trinicantes) et /e/ suivi d’une nasale (gentes) devaient avoir une prononciation identique, sans quoi ils ne rimeraient pas. L’étude des rimes des poèmes français va ainsi être systématisée, notamment au moment de l’essor de la philologie, cette discipline qui, rappelons-­le, consiste en l’étude d’une langue par l’analyse critique de ses manifestations écrites, c’est-­à-­dire au xixe siècle (la philologie nait en même temps que la grammaire historique) et dans la première moitié du xxe siècle ; de cette étude des rimes, les phonéticiens vont induire une grande partie des règles de la phonétique historique du français. Pourtant, le procédé a ses limites. En effet, si la rime de Chrétien nous apprend que l’évolution de /a/ et /e/ suivis de nasale ont au xiie siècle, un résultat phonétique commun, elle ne nous dit pas lequel et encore moins depuis quand il en est ainsi. Plus interpelant encore : dans son traité d’art poétique, l’Infortuné, sobriquet que se donne un poète de la fin du xve siècle, nous apprend que les « figures » de la poésie, c’est-­à-­dire ses procédés les plus caractéristiques, sont en fait des infractions à l’usage commun de la langue qui ne sont légitimées que dans la poésie : Figure est improprieté Licenciee et approuvee Par us ou par auctorité Et semblablement alouee Des docteurs expers […] xv 18 e s. – L’Infortuné, L’instructif de la seconde rethoricque, f° 4b La grammaire historique nous donnant ainsi à entendre qu’il existe une variété du français, le français poétique, différente d’un français « ordinaire », non poétique (nous y reviendrons au § 5.3). Dans ce cas, les règles que le phonéticien induit des poèmes français du Moyen-­Âge sont-­elles les règles du français poétique ou celles du français « ordinaire » ? Et lorsque ce même Infortuné condamne les « diphtongues picardes » à la rime, figure qui consiste, par exemple à faire rimer duire avec cire, c’est-­à-­ dire à mettre l’accent sur le [i] dans la diphtongue [yi] (sur les diphtongues, cf. § 2.4.2.) : Ainsi que seroit contre duire Ou comme seroit contre lieux. Rime ne vault guieres de cire Ne contre lieux cloz gracieux. xv e s. – L’Infortuné, L’instructif de la seconde rethoricque, f° 6d alors que l’usage voudrait que l’on fasse rimer duire avec dure, c’est-­à-­dire que l’on mette en relief le [y] de la diphtongue [yi] : Ne voi ge pas aleir la voie Ne moi conduire. Ci at doleur dolante et dure […] s. – Rutebeuf, Ci encoumence la complainte Rutebuef de son oeul, v. 24‑26 xiii e qu’entend-­il nous dire ? Qu’il existe une manière traditionnelle, conservatrice, de faire rimer les diphtongues, sur le premier segment vocalique, et une manière novatrice de les faire rimer, sur le second segment vocalique ? Qu’il existe une manière picarde et une manière non picarde de les faire rimer ? Qu’il existe une manière de prononcer les diphtongues qui appartient à la poésie et une autre, « picarde », qui appartient à la langue non poétique ? Qu’il existe une bonne manière de faire de la poésie et une mauvaise manière, dite picarde ? Comment savoir ? On le voit, si l’étude de la poésie est riche d’informations sur le phonétisme français, l’interprétation de ces informations n’est jamais garantie et c’est au phonéticien à faire preuve de discernement, et encore une fois de prudence. 1.4.2.2.2 Les grammaires L’étude des textes poétiques ne résout pas, tant s’en faut, tous les problèmes auxquels la phonétique historique du français reste confrontée, aussi peut-­on espérer que l’étude de ces textes tout à fait particuliers que sont les grammaires, 19 Phonétique historique et histoire de la langue c’est-­à-­dire les descriptions, de la langue française offrira les meilleures garanties. Et c’est effectivement le cas. Mais si la mise par écrit du français, entamée à grande échelle au xiie siècle, est un processus tout à fait révélateur d’une prise de conscience de la réalité de cette nouvelle langue, entre prendre conscience de l’existence d’une langue et en faire un objet d’étude, il y a un pas que l’on mettra encore plusieurs siècles à franchir. Les premiers ouvrages descriptifs de la langue française n’ont commencé à se répandre qu’à la toute fin du xiiie siècle, c’est-­à-­dire plus de quatre siècles après la « naissance » officielle du français. Ils ont pris à cette époque la forme de descriptions du français langue étrangère conçues surtout par des Anglais – rappelons qu’une partie de la société anglaise a été francophone entre le xie et le xive siècle (cf. § 1.4.2.1.1). Lexiques traductifs, traités de conjugaison, guides orthographiques, guides de prononciation du français… sont les premières formes qu’ont adoptées ces « grammaires », et parmi elles, les guides de prononciation sont des documents précieux pour le phonéticien, même si en l’occurrence ceux conçus par des Anglais décrivent surtout la prononciation de l’anglo-­normand, la variété spécifique du français qui s’est formée au contact de la langue des Anglais. Il faudra attendre le xvie siècle pour voir éclore les premières réflexions conscientes des « francophones natifs » sur leur propre langue, réflexions dispersées tout d’abord (comme celles que l’on trouve dans le Champfleury de Tory), systématisées ensuite, comme celles de Louis Meigret, Guillaume des Autels, Jacques Pelletier, Joachim du Bellay… – et ce n’est pas un hasard si l’on retrouve ici le nom de poètes, les lettrés qui ont toujours été les plus sensibles aux spécificités de la langue française (cf. § 5.3). Quand en 1550 un Louis Meigret, dans son Tretté de la grammęre françoęze, entend régler l’orthographe française sur sa prononciation : Je suys asseuré q’une bone partíe de çeus qi s’ęn męlet, sont si fríans de suyvre le stile Latin, ę d’abandoner le notre, qe combien qe leur’ parolles soęt nayvemęnt Françoęzes : la maouęz’ ordonançe rent toutefoęs le sens obscur, avęq un gran’ mecontęntemęnt de l’oręlle du lecteur, ę de l’assistęnçe. De vrey si nou’ consideron’ bien le stile de la lange Latin’ ę celuy de la notre, nou’ lę’ trouverons contręres en çe qe comunemęnt nou’ fęzons la fin de claoz’ ou d’un discours, de çe qe lę Latins font leur comęnçemęnt : ę si nou’ considerons bien l’ordre de nature, nou’ trouverons qe le stile Françoęs s’y ranje beaocoup mieus qe le Latin. Car lę’ Latins prepozent comunemęnt le souspozé ao vęrbe, luy donans ęn suyte le surpozé. Louis Meigret, Le tretté de la grammęre françoęze, f° 143r 20 La grammaire historique il nous livre, enfin, un document du plus haut intérêt, qui ne nous donne certes qu’une idée de la manière dont Meigret entendait prononcer le français, mais c’est bien plus qu’un simple début : un festin pour le phonéticien. Le xviie siècle verra la naissance d’une « grammaire normative » et dans la foulée, d’ouvrages en tout ou en partie voués à la prononciation « correcte » du français (notamment les ouvrages de ceux qui, comme le sieur de Grimarest, s’intéressent à la déclamation). À mesure que l’on avancera dans l’histoire du français, les descriptions de la langue se feront plus nombreuses ; le linguiste, le phonéticien pourront s’appuyer sur davantage de documents pour mener à bien leur entreprise. 1.5 En quelques mots La langue française remontant à une langue parlée, le latin vulgaire, dont on n’a conservé que de rares traces écrites, la phonétique historique du français s’ancre dans l’étude de cette protolangue dont la reconstruction mobilise les outils de la grammaire comparée et le raisonnement. Ces outils resteront précieux pour la description des premiers états de la langue française, même si à partir du xiie siècle le phonéticien pourra y ajouter les données issues d’une interprétation judicieuse des documents écrits, parmi lesquels les textes poétiques occupent une place privilégiée. Ils le resteront jusqu’au moment où le phonéticien pourra s’appuyer sur des descriptions de la langue en général et de sa prononciation en particulier (xvie siècle), et jusqu’au moment où, enfin, le progrès technologique mettra à sa disposition des documents sonores et des instruments d’étude du son (fin du xixe siècle). 21 Chapitre 2 LA PHONÉTIQUE HISTORIQUE Les conditions dans lesquelles la phonétique historique du français s’est déployée sont, comme nous l’avons vu au chapitre 1, des conditions difficiles, mais la phonétique historique a, heureusement, pu profiter des avancées parallèles de la phonétique générale. Tout apprentissage de la phonétique historique d’une langue débute donc par quelques rappels de phonétique générale. 2.1 Les organes phonateurs Les organes participant à la production des sons, autrement dite phonation, sont nombreux et le mécanisme complexe. Le cerveau et le système nerveux sont aux commandes ; les poumons fournissent l’air ; les bronches et la trachée artère canalisent l’air venu des poumons pour le mener dans le conduit vocal, qui s’étend de la glotte jusqu’aux lèvres et aux narines et qui en règle le débit (figure 1). Au passage de ce conduit vocal, l’air traverse les cordes vocales qu’il fait vibrer et qui produisent des sons, qui résonnent dans le canal vocal. Des changements de position de la langue, des dents, du palais et des lèvres, modifient le volume et la forme du canal vocal et déterminent le timbre des sons produits. Au long du canal vocal, certains organes (la lèvre inférieure, la langue et la partie avant du gosier) vont pointer vers différentes zones pour s’en rapprocher (la glotte, le pharynx, la luette et le voile du palais d’une part, le palais, les alvéoles dentaires, les dents et la lèvre supérieure d’autre part) et définir l’articulation des différents sons. 23 Phonétique historique et histoire de la langue 1 = pointe de la langue ou apex ; 2 = avant du dos de la langue ; 3 = milieu du dos de la langue ; 4 = arrière du dos de la langue ; 5 = passage formé par les cordes vocales ou glotte ; 6 = zone dentale ; 7 = zone labiale ; 8 = alvéoles dentaires ; 9 = fosses nasales ; 10 = partie antérieure du palais dur ou pré-­palatale ; 11 = partie médiane du palais dur ou médio-­palatale ; 12 = partie postérieure du palais dur ou post-­palatale ; 13 = voile du palais ou zone vélaire ; 14 = luette ou zone uvulaire ; (15 = épiglotte). Figure 1. Les organes phonateurs 2.2 Éléments de phonétique paradigmatique La phonétique articulatoire, branche de la phonétique qui s’intéresse à la production des sons de parole par les organes phonateurs, va classer les phonèmes selon leurs modes et lieux d’articulation, définissant ainsi le paradigme des phonèmes d’une langue, raison pour laquelle nous préférons l’appeler phonétique paradigmatique dans le cadre de ce manuel, ce qui nous permettra de l’opposer à une phonétique syntagmatique (§ 2.3). 2.2.1 Les voyelles Si l’air chassé par les poumons fait vibrer les cordes vocales, sans provoquer de bruit d’air, les sons produits sont appelés voyelles. Si le voile du palais est relevé, l’air sort uniquement par le canal buccal, les voyelles produites sont dites orales ; si ce voile est abaissé, une partie de l’air sort en outre par les fosses nasales, les voyelles produites sont dites nasales. Dans la cavité buccale, la langue pointe en direction du voile du palais. Le point vers lequel elle se soulève est dit point d’articulation. Si la langue pointe en direction de la partie antérieure du palais (partie dure), les voyelles produites sont dites antérieures (ou d’avant ou encore palatales). Si la langue pointe en direction de la partie postérieure du palais (voile), les voyelles produites sont dites postérieures (ou d’arrière ou encore vélaires). Par ailleurs, la langue pointe en même temps que la mâchoire inférieure s’abaisse ; la distance qui la sépare du palais est dite aperture. Si cette distance est grande, le 24 La phonétique historique passage de l’air est large, la voyelle est dite ouverte (ou plus rarement basse, parce que la langue est abaissée). Si cette distance est petite, le passage de l’air est étroit, la voyelle est dite fermée (ou haute, parce que la langue s’est élevée vers le palais). Enfin, les lèvres peuvent s’avancer en s’arrondissant ; les voyelles produites sont alors dites arrondies (ou labialisées). Si les lèvres restent en contact avec les dents, les voyelles sont non arrondies (ou non labialisées). Ces traits permettent de figurer les voyelles dans ce qu’on appelle habituellement un « triangle vocalique », mais qui prend, pour ce qui est du français, davantage l’allure d’un trapèze : Figure 2. Le trapèze vocalique du français À cette représentation traditionnelle en trapèze, nous préférerons la représentation sous forme de tableau, qui facilite une description plus complète de chaque voyelle du système, intégrant les voyelles nasales : Point d’articulation Antérieures Postérieures non arrondies Degré d’aperture orales nasale arrondies orales arrondies nasale orales fermées 1 i y u mi-­fermées 2 e ø o mi-­ouvertes 3 ɛ ouvertes 4 a ɛ̃ œ œ̃ nasales ɔ ɔ̃ ɑ ɑ̃ 6 (ə) Tableau I : Le système vocalique du français actuel 6. De nombreux locuteurs ne perçoivent plus aucune différence entre le /ə/ et le /œ/, et produisent un /œ/ là où la tradition des phonéticiens note un /ə/. 25 Phonétique historique et histoire de la langue 2.2.2 Les consonnes Si l’air chassé par les poumons s’accompagne d’un bruit, provenant des différents résonateurs, accompagné d’une vibration secondaire des cordes vocales ou non accompagné d’une telle vibration, le son produit est dit consonne. Au plan de l’articulation, les consonnes du système consonantique français connaissent les oppositions significatives suivantes : –– les sourdes (les cordes vocales ne vibrent pas au passage de l’air) s’opposent aux sonores (les cordes vocales vibrent) ; –– les nasales (le voile du palais est abaissé) s’opposent aux orales (le voile du palais est relevé) ; –– les occlusives (le canal buccal est d’abord fermé) s’opposent aux constrictives (le canal buccal est seulement resserré), ces dernières pouvant être latérales (l’air passe par les côtés) ou médianes (l’air passe par la partie médiane). Soit, en tableau, pour le français actuel : Nasales Constrictives Fricatives Latérales Vélaires Palatales Labiopalatale Postalvéolaires Alvéolaires Labiodentales Sonores b d g Sourdes p t k Sonores m n ɲ Sonores v z ʒ Sourdes f s ʃ Sonores ɥ j Uvulaire Occlusives Orales Labiovélaire Mode d’articulation Bilabiales Point d’articulation w ʁ (ŋ) l Tableau II : Le système consonantique du français actuel 2.3 Éléments de phonétique syntagmatique La classification paradigmatique des phonèmes selon leur mode et point d’articulation que l’on utilise en phonétique articulatoire ne satisfait pas pleinement les besoins de la phonétique historique. 26 La phonétique historique Certes, les phonèmes vont évoluer différemment en vertu de leurs caractères articulatoires propres : un /a/ ne va pas évoluer comme un /i/, un /k/ ne va pas évoluer comme un /p/. Mais on a pu observer qu’un même phonème n’évolue pas toujours de la même manière ; d’autres facteurs que les facteurs articulatoires entrent ici en jeu. Les voyelles et les consonnes évoluent ainsi différemment selon leur position d’une part dans le mot et d’autre part dans la syllabe : des considérations d’ordre syntagmatique doivent être prises en considération. 2.3.1 Les mots et les syllabes Dans l’usage courant, le mot est défini comme une suite de sons ou de signes graphiques formant une unité sémantique et pouvant être distingués par des séparateurs. Cette définition, qui conjugue plan graphique et plan phonétique, n’est pas pleinement satisfaisante si nous la considérons sous le seul angle phonétique : dans la langue parlée, il n’existe en effet qu’une chaine de phonèmes, séparés parfois par des pauses mais, comme nous aurons l’occasion de le montrer, ces pauses ne coïncideront pas nécessairement avec les limites de ce que nous considérons comme des mots, surtout en français moderne. Toutefois, comme la phonétique historique du français s’appuie sur l’étude de l’écrit pour une grande partie de la période qu’elle a à explorer (cf. § 1.4.2.2), nous pourrons nous contenter au départ d’une définition intuitive qui voit dans le mot phonétique l’image sonore d’un mot graphique. Nous définirons donc le mot phonétique comme étant l’équivalent sonore d’une suite de graphèmes isolée d’autres par des blancs, même si nous aurons l’occasion de voir que certains « mots » de la phonétique historique ne correspondent pas toujours aux mots des dictionnaires. La chaine parlée peut être décomposée en une séquence de syllabes, une notion capitale en phonétique historique. Contrairement au mot, unité linguistique dont elle n’est pas solidaire, la syllabe est une unité phonétique7 abstraite (elle ne fait pas sens, mais présente néanmoins des caractéristiques observables), constituée d’un noyau autour duquel elle se construit. Dans le cas du français, 7. La notion phonétique de syllabe a fait l’objet d’une transposition à l’écrit, qui sert notamment à déterminer la position de la marque graphique de coupure de mot. Dans le cas du français, langue dont l’orthographe est fortement désolidarisée de la prononciation, le découpage en syllabes graphiques d’un mot peut ne pas coïncider avec le découpage en syllabes phonétiques d’un mot (petite comptera trois syllabes graphiques mais une, deux ou trois syllabes phonétiques, selon les locuteurs ou selon les situations de communication), si bien que la transposition de la notion phonétique de syllabe sur le plan graphique est devenue une source de confusion. Dans ce manuel, lorsque nous parlerons de « syllabe », nous nous situerons toujours strictement sur le plan de la phonétique. 27 Phonétique historique et histoire de la langue ce noyau est toujours une voyelle, simple ou complexe (cf. § 2.4.2 pour une définition des voyelles complexes, autrement dites diphtongues) ; par ailleurs, une syllabe peut se limiter à son noyau vocalique (autrement dit, il suffit d’une voyelle pour former une syllabe), mais peut également avoir des extrémités précédant ou suivant ce noyau, extrémités qui sont, elles, toujours constituées de consonnes. Une syllabe sera dite ouverte si son noyau vocalique n’est suivi d’aucune consonne ; sa voyelle sera alors dite libre. Une syllabe sera dite fermée si son noyau vocalique est suivi d’au moins une consonne ; sa voyelle sera dite entravée. gu-­ber-­na-­to-­res SYLLABE → ouverte fermée ouverte ouverte – VOYELLE → libre entravée libre libre – Figure 3 : Structure syllabique La distinction qui vient d’être faite entre syllabe ouverte ou fermée, voyelle libre ou entravée, n’est pas pertinente pour qualifier la syllabe finale d’un mot, dont le caractère ouvert ou fermé va pouvoir dépendre du mot suivant, ce qui illustre bien la non-­dépendance de la notion de syllabe et de celle de mot. Ainsi, l’adjectif bon, qui se prononce /bɔ/̃ lorsqu’il est pris comme mot isolé, se prononcera /bɔn/ lorsqu’il sera suivi d’un mot commençant par une voyelle : bon étudiant /bɔnetydjɑ̃/. Réactivée à la faveur de la liaison (cf. § 3.5.2), la consonne nasale latente de /bɔ/̃ va constituer une syllabe avec la voyelle initiale du mot qui suit, contribuant à le dénasaliser en /ɔ/ (nous reviendrons sur le processus de nasalisation au § 2.4.4). Le caractère libre ou entravé d’une voyelle dans sa syllabe est pertinent en phonétique historique, où on observe qu’une voyelle libre n’évolue pas de la même manière qu’une voyelle entravée ; l’entrave (c’est-­à-­dire la présence d’une consonne en queue de syllabe) a généralement une action conservatrice sur la voyelle qui précède et tend à en préserver le timbre : pro-­ba > preuve pra-­tum > pré pe-­dem > pied 28 mais mais mais por-­tam > porte par-­tem > part tes-­tam > tête La phonétique historique 2.3.2 Les voyelles Nous venons de voir que la structure de la syllabe a une incidence sur la manière dont les voyelles vont évoluer. Il va en être de même du caractère accentué ou non de la voyelle, ainsi que de la place que la voyelle occupe dans le mot (ou plus précisément de la place que la syllabe dont elle est le noyau occupe dans le mot). 2.3.2.1 Voyelle tonique et voyelle atone Selon les langues, on distingue essentiellement trois types d’accent : –– un accent de durée, qui allonge la durée ou longueur de la voyelle qui en est frappée, –– un accent dynamique ou d’intensité, qui fait émettre la voyelle qui en est frappée avec plus de force, –– un accent mélodique, qui fait varier le ton de la voix vers l’aigu ou le grave. Selon le type d’accentuation dominant dans une langue, un mot peut être doté d’un ou plusieurs accents, dont la place est ou non prévisible. Dans le cas du latin classique, qui était une langue à accent mélodique, la place de l’accent (ou des accents pour les polysyllabes8) est calculable à partir de la quantité des voyelles – nous y reviendrons au § 3.1.1.2. Dans le mot touché par cet accent mélodique, accent que nous notons ici au moyen de l’italique, chaque voyelle était prononcée distinctement, qu’elle soit ou non accentuée : fe-­mi-­nam. On sait que si les mots du latin vulgaire et du gallo-­roman ont d’une manière générale leur accent principal sur la même voyelle que les mots du latin classique (cf. § 3.1.1 pour le latin classique et § 3.2.1 pour le latin vulgaire), le latin vulgaire et le gallo-­roman se différencient du latin classique par la nature de leur accent. Pour le latin vulgaire et le gallo-­roman, l’accent était un accent dynamique d’intensité, qui avait pour effet de mettre une voyelle en valeur au détriment de toutes les autres et de démarquer au sein du mot une seule voyelle, dite tonique, l’opposant aux autres voyelles, dites atones ; on note conventionnellement cet accent d’intensité au moyen de l’accent aigu : fé-­mi-­nam. Cette spécificité de l’accent du latin vulgaire et du gallo-­roman est importante, car on observe que le changement de nature de l’accent va entrainer des changements phonétiques syntagmatiques. Ainsi, les voyelles toniques ne vont pas évoluer de la même manière que les voyelles atones, même lorsqu’il s’agit de voyelles de même timbre : pástam > pâte pédem > pied 8. (fiches no 11 et 32) (fiches no 53 et 74) Polysyllabe = littéralement ‘mot qui compte plusieurs syllabes’ ; dans le contexte de la phonétique historique du français, ‘mot qui compte plus de deux syllabes’. 29 Phonétique historique et histoire de la langue 2.3.2.2 La différenciation des voyelles atones La caractéristique fondamentale de l’accent d’intensité est de démarquer une unique voyelle, tonique, des autres voyelles, atones, du mot. Les polysyllabes contiennent donc plusieurs syllabes atones, et on a pu observer que ces syllabes atones ne vont pas toutes évoluer de la même manière : *baccalárem > AF bacheler > bachelier sacraméntum > serment (fiches no 22 et 25) (fiches no 20 et 25) aussi est-­il apparu utile de les dissocier dans la terminologie, ce qu’on a fait en se fondant tout d’abord sur la position des voyelles atones de part et d’autre de la voyelle tonique : –– la voyelle prétonique (ou protonique), précède la voyelle tonique (plus exactement, la voyelle prétonique est le noyau de la syllabe qui précède la syllabe dont le noyau est la voyelle tonique) ; –– la voyelle post-­tonique (ou posttonique), suit la voyelle tonique. Comme, de surcroit, il peut y avoir plusieurs voyelles atones de part et d’autre de la voyelle tonique, on les différencie en fonction de leur position dans le mot : –– une voyelle prétonique qui coïncide avec la tête du mot est dite simplement initiale9 ; lorsqu’elle ne coïncide pas avec la tête de mot, elle est nécessairement enfermée entre la voyelle initiale et la voyelle tonique, aussi est-­elle dite prétonique interne ; un mot peut contenir plusieurs voyelles prétoniques internes ; –– une voyelle post-­tonique qui coïncide avec la queue du mot est dite simplement finale10 ; lorsqu’elle ne coïncide pas avec la queue de mot, elle est nécessairement enfermée entre la voyelle tonique et la voyelle finale, aussi est-­elle dite post-­tonique interne ; en raison des règles d’accentuation des mots latins (cf. § 3.1.1), un mot ne peut compter plus d’une voyelle post-­ tonique interne. 9. Il ne serait pas incorrect de dire « prétonique initiale », mais ce n’est pas l’usage. 10. Il ne serait pas incorrect de parler de « post-­tonique finale », mais ce n’est pas l’usage. 30 La phonétique historique a-­ma-­ri-­tú-­di-­nem ACCENTUATION → POSITION PAR RAPPORT À LA TONIQUE POSITION DANS LE MOT atone atone atone → (prétonique) prétonique prétonique post-­ tonique (post-­ tonique) → interne finale initiale atone interne atone tonique interne Figure 4 : Qualification des voyelles selon la position Enfin, on observe que, dans les polysyllabes, la partie prétonique du mot fonctionne, accentuellement, comme un mot à part entière et qu’on peut donc lui appliquer comme tel les règles d’accentuation, d’où l’appellation de contrefinale pour la voyelle finale de la partie prétonique du mot et contretonique pour la voyelle de la partie prétonique qui est frappée d’un accent secondaire : a-­mà-­ri-­tú-­di-­nem ACCENTUATION → atone POSITION PAR RAPPORT À LA TONIQUE → atone atone contretonique contrefinale tonique atone atone Figure 5 : Qualification des voyelles de la partie prétonique du mot Comme dans tous les cas la contrefinale sera une prétonique interne et que dans la majorité des cas la voyelle contretonique va coïncider avec la voyelle initiale, cette terminologie est assez peu utilisée. Nous ne l’utiliserons que pour désigner la contretonique lorsque celle-­ci ne coïncide pas avec l’initiale et nous noterons alors la voyelle contretonique au moyen de l’accent grave : ămā̀ rĭtū́dĭnĕm > *amertune > amertume sēcū̀ rĭtā́tĕm > seürtet > surté > sûreté Soyons vigilants : le caractère initial ou final d’une voyelle se définit en tant que la voyelle est le noyau d’une syllabe ; ces étiquettes ne présument nullement de la structure d’ensemble de la syllabe. Ainsi le /a/ sera-­t‑il semblablement initial dans arbre ou arborem et dans part ou partem et semblablement final 31 Phonétique historique et histoire de la langue dans voilà ou rosa et dans encart ou rosas. Pour éviter toute ambiguïté, on parle d’initiale absolue ou de finale absolue pour indiquer qu’aucun phonème ne précède ou ne suit le phonème donné dans le mot considéré – /a/ est à l’initiale absolue dans arbre, mais non dans part, il est à la finale absolue dans voilà mais non dans encart. En phonétique, cette limite absolue se note conventionnellement au moyen du signe # (‘limite de mot’). 2.3.2.3 En synthèse Si nous faisons le point sur ce que nous savons déjà de l’évolution des voyelles du latin vulgaire vers le français, nous avons qu’une même voyelle latine n’évoluera pas de la même manière vers le français : –– selon qu’elle est libre ou entravée : prá-­tum > pré pár-­tem > part (fiche no 1) (fiche no 6) –– selon qu’elle est tonique ou atone : pástam > pâte pédem > pied (fiches no 11 et 32) (fiches no 53 et 74) –– et si elle est atone, selon sa position dans le mot et selon sa position par rapport à la voyelle tonique : *băccălā́rĕm > AF bacheler > bachelier (fiches no 22 et 25) S’il fallait le montrer rapidement, le dernier exemple donné serait particulièrement éclairant puisqu’il nous montre un /a/ initial qui s’est préservé (fiche no 22), un /a/ prétonique interne qui a évolué vers /œ/ (fiche no 25) et un /a/ tonique qui a évolué vers /e/ (fiche no 1)11. 2.3.3 Les consonnes De même que les voyelles, les consonnes vont évoluer différemment en fonction d’éléments qui ne relèvent pas seulement de leurs caractères articulatoires. Ainsi, il ne suffira pas de dire qu’un /m/ est un /m/ pour pouvoir identifier, une fois pour toutes, la manière dont ce /m/ va évoluer : múrum > mur cómputum > conte (fiches no 174 et 185) (fiches no 178 et 185) 11. Le mot bacheler a connu une substitution de suffixe, la finale –ier étant plus fréquente pour les noms que la finale –er (fiche no 12). 32 La phonétique historique Deux éléments vont être essentiellement pris en compte pour isoler les différents cas de figure. Il y a tout d’abord la position, au sein du mot, de la consonne que l’on se donne à étudier. Comme on observe qu’une même consonne ne va pas évoluer de la même manière selon qu’elle est au début ou à la fin du mot, on opposera les consonnes initiales aux consonnes finales. Mais cela ne suffit pas. On observe par ailleurs que certaines consonnes vont évoluer diversement selon qu’elles sont dans un environnement vocalique ou consonantique : crínem > crin cáusăm > chose (fiche no 286) (fiche no 293) On distinguera ainsi les environnements suivants : –– une consonne située entre deux voyelles est dite intervocalique ; –– une consonne située entre deux consonnes est dite interconsonantique ; –– une consonne précédée d’une voyelle et suivie d’une consonne est dite préconsonantique (plus rarement antéconsonantique12) ; –– une consonne précédée d’une consonne et suivie d’une voyelle est dite postconsonantique (parfois initiale de syllabe)13. Ainsi, dans le mot gubernatorem : g u initiale b e intervocalique r n préconsonan- postconsonantique tique a t intervocalique o r intervocalique e s finale Figure 6 : Qualification des consonnes selon la position et l’environnement Les positions initiale et postconsonantique sont considérées comme des positions fortes en ce sens que les consonnes s’y montrent moins sujettes à évoluer ; en revanche, les positions intervocalique, préconsonantique et finale sont des positions faibles, dans lesquelles les consonnes évolueront aisément : múrum > mur 12. Elle est également, et très souvent, dite implosive, un adjectif qui renvoie à des caractéristiques paradigmatiques et non syntagmatiques, de même que son revers, explosive, souvent utilisé pour désigner la postconsonantique. 13. L’appellation « initiale de syllabe » vient d’un souci d’économie théorique : les consonnes initiales et les consonnes postconsonantiques évoluant globalement de la même manière, en les appelant les unes et les autres initiales, on se dispense de les décrire distinctement. Nous préférons toutefois maintenir la dissociation, puisque nous avons vu que le concept de syllabe n’a pas le même statut linguistique que celui de mot. 33 Phonétique historique et histoire de la langue La qualification des consonnes selon leur position et leur environnement n’épuise toutefois pas tous les cas de figure auxquels la phonétique historique va nous confronter, car même dans une position et un environnement identiques, une consonne va pouvoir suivre des évolutions divergentes : cánem > chien céram > cire cúram > cure (fiche no 295) (fiche no 297) (fiche no 288) Lorsque de telles situations se présentent, on s’appuie essentiellement sur les caractéristiques articulatoires des phonèmes environnants, ce qui suffit généralement à expliquer tous les cas de figure. 2.4 Premiers pas vers la phonétique historique Nous avons vu que les voyelles évoluent différemment selon leurs caractéristiques articulatoires, selon leur caractère tonique ou non, selon leur position dans la syllabe et dans le mot ; que les consonnes évoluent différemment selon leurs caractéristiques articulatoires, selon leur position et selon leur environnement. Une des dernières caractéristiques du changement phonétique qu’il nous reste à examiner avant d’entrer plus avant dans la phonétique historique du français est le caractère organisé des changements phonétiques, un constat qui a conduit les premiers phonéticiens à formuler ces changements en termes de « lois » s’appliquant de manière mécanique et donc prévisible. À l’heure actuelle, les phonéticiens se montrent plus réservés face à l’idée de « lois phonétiques » (Aitchison 1981), mais il n’en reste pas moins que la phonétique historique est régie par des principes généraux (comme l’assimilation ou la dissimilation – § 2.4.1) ou connait des processus récurrents (comme la diphtongaison, la palatalisation, la nasalisation – § 2.4.2‑4), qui se décomposent en différentes phases se succédant toujours dans le même ordre, quel que soit le phonème concerné. La description de ces mécanismes réguliers va dès lors se révéler particulièrement utile pour comprendre non seulement l’ensemble du processus évolutif qui a conduit du latin vulgaire au français (chapitre 3), mais aussi l’évolution au cas par cas des voyelles et consonnes du latin vulgaire vers le français (chapitres 6 et 7). 2.4.1 L’assimilation et la dissimilation L’être humain, pour parler, tend à dépenser le moins d’énergie possible tout en devant satisfaire à cette exigence que l’information doit rester compré­hensible. On tient là deux des principes fondamentaux de l­’évolution phonétique. 34 La phonétique historique Prenons un exemple bien connu en phonétique du français. Si on prononce distinctement et successivement les deux sons /nb/, on constate que la langue va d’abord toucher les dents (pour prononcer l’alvéolaire /n/) puis elle va s’effacer et les lèvres vont prendre le relais (pour prononcer la bilabiale /b/), soit deux mouvements distincts de la langue. On se rend toutefois compte que l’on tend à prononcer /mb/ plutôt que /nb/. C’est le principe d’économie articulatoire ou loi du moindre effort qui est en cause ici : les consonnes /m/ et /b/ étant toutes deux bilabiales, c’est-­à-­dire prononcées au moyen des lèvres, la langue n’a plus besoin de toucher les dents comme elle le fait pour prononcer /n/ ; en prononçant /mb/ plutôt que /nb/, on économise un mouvement de la langue. Ce processus articulatoire, qui veut que les sons qui se suivent dans la chaine parlée tendent à être prononcés d’une manière proche, processus appelé assimilation, est l’un des principaux moteurs des modifications phonétiques. Mais l’économie articulatoire n’est pas seule en cause – si c’était le cas, les langues auraient toutes évolué, en vertu de cette loi du moindre effort, vers une simplification réduisant étape par étape le nombre des éléments phonétiques pertinents. Si aucune langue n’en est arrivée au cours de son évolution à une réduction extrême du nombre de ses phonèmes, c’est que les langues ont de tout temps été partagées entre l’économie articulatoire et la nécessité de rendre la communication efficace ; or un lexique constitué de séquences ne combinant que deux ou trois phonèmes ne permet pas de communiquer efficacement ; l’économie articulatoire se voit ainsi contrecarrée par une tendance à la dissimilation, c’est-­à-­dire par une force différenciatrice, qui éloigne des phonèmes devenus trop proches et évite de les confondre. 2.4.2 La diphtongaison Assimilation et dissimilation sont deux forces articulatoires qui vont se trouver particulièrement bien illustrées dans le processus de diphtongaison que vont connaitre de nombreuses voyelles du latin vulgaire dans leur évolution vers le français. Une diphtongue est, en phonétique, une voyelle dont le point d’articulation varie entre deux sons de base pendant sa réalisation, de sorte qu’elle se réalise sous la forme de deux semi-­voyelles distinctes. Dans le cas du français, l’une des semi-­voyelles a tendance à s’affaiblir en semi-­consonne (nous utiliserons pour la noter le micron inversé souscrit – nous reviendrons sur ce signe conventionnel au § 2.5.1). 35 Phonétique historique et histoire de la langue 2.4.2.1 La diphtongaison spontanée Les voyelles toniques libres du latin vulgaire vont connaitre une diphtongaison généralisée dans le passage au français : /ɛ/, /ɔ/, /e/, /o/ et /a/ seront touchées, seules /i/ et /u/ étant épargnées. La diphtongaison des voyelles toniques entravées est en outre généralisée au Moyen-­Âge dans certains dialectes comme le picard et le wallon14. Il n’en subsiste en français moderne que la diphtongaison de certains des /ɛ/ et des /ɔ/ toniques entravés ; dans la majorité des cas (pour /a/ et toutes les voyelles fermées), ce sont les formes non diphtonguées issues des autres dialectes qui se sont conservées (sur les dialectes français du Moyen-Âge, cf. § 3.4.1). Cette diphtongaison des voyelles toniques libres, liée à la présence de l’accent d’intensité qui caractérise le latin vulgaire (cf. § 2.3.2.1), est appelée diphtongaison spontanée ou diphtongaison par segmentation. Elle se décompose invariablement en une succession ordonnée d’étapes, dont certaines sont bien attestées et d’autres peuvent être reconstruites en s’appuyant sur la phonétique générale ou parfois sur des considérations purement physiologiques (les limites des organes phonateurs), étapes qui illustrent particulièrement bien les actions contrecarrées de l’économie articulatoire et du besoin de communiquer efficacement, c’est-­à-­dire de l’assimilation et de la dissimilation. Dans une première étape, durant la phase gallo-­romane de l’évolution (entre le ve et le ixe siècle), la voyelle tonique va se segmenter en deux semi-­ voyelles identiques, dont la seconde sera plus faiblement accentuée que la première : /ɛ/ > /ɛɛ̯/ /ɔ/ > /ɔɔ̯/ Les deux segments vocaliques contigus nés de cette segmentation vont aussitôt être soumis à la dissimilation : /ɛ/ > /ɛɛ́ ̯ / > /íɛ̯/ /ɔ/ > /ɔɔ́ ̯ / > /úɔ̯/ > /uo̯/ > /ue̯/ Puis, au début de la période littéraire (à partir du xiie siècle), l’économie articulatoire va intervenir pour réduire la distance que la dissimilation aura créée entre les caractéristiques articulatoires des deux semi-­voyelles : 14. Elle s’est d’ailleurs conservée en picard et en wallon modernes. 36 INDEX DES MOTS TRAITÉS A abbé 81, 162, 222 abé (AF) 81 abevrer (AF) 125 abreuver 125, 223 adonner 236 affubler 221, 235 âge 160 agneau 282 ai 152 aider 218, 240 aigle 287 aigre 280 aile 151 aimai 80, 284 aiment 153 aimer 102, 186, 259 aire 74, 152, 259 alloue 57 alun 80, 186, 217, 233 amant 162 âme 154, 174, 232, 248 amer 102, 162, 259 amertume 31 ami 80, 162, 273 amie 80, 166, 230, 277 amour 72, 189 ample 76, 155, 197 an 248 ancêtre 252, 276 âne 66, 154, 156, 174, 197, 253 angoisse 74, 163, 191, 246, 255, 268 Anjou 184, 284 apôtre 243 appeler 227 approcher 78, 207, 227, 228 aprechier (AF) 207 aprochier (AF) 207 araignée 156 arbalète 164 arbre 76, 154, 223, 258 ardoir (AF) 58 ardre (AF) 58 argent 269 argentier 157 argile 260 argille 269 arme 232 armeüre (AF) 93, 164 armure 93, 164 assied 57 aube 73, 155, 223 aujourd’hui 175 aune 155 autre 197 Autun 207 avenir 237, 284 avoine 65, 283 avoir 65, 220 avril 160, 212, 226, 262 297 Phonétique historique et histoire de la langue B bachelier 30, 32, 163 baie 220, 277 baignent 156 bailler 195 bain 156, 265 baiser 63, 74, 87, 151, 161, 255 baisier (AF) 151 baisser 252, 255 balance 289 beaux 73, 92, 179, 261 bele (AF) 81 belle 81, 220 bénir 184, 212 bien 76, 88, 178, 186, 220, 250 blâmer 214, 220, 232 bœuf 285 bœufs 37, 198 bois 223 boive 243 bon 88, 199, 250 bonne 199 bonté 76, 173, 206, 244 bougre 73, 165, 191, 268 boulangère 159 Boulogne 290 Bourgogne 193, 240, 250, 268 brailler 162, 271 branche 220, 275 bras 154, 220 brebis 125 bref 177, 220 Bretagne 156, 241, 265 brief (AF) 177 brume 80, 217, 230 brun 92, 101, 106, 217 brune 101, 217 buen (AF) 88 C cacher 204 cage 78, 286 cailler 82, 94, 204 Cambrai 231 campagne 156 carquois 289 carrefour 94, 174, 235, 236 ceignent 170 ceindre 170, 276 298 ceinture 173 céleste 182 cendre 64, 72, 169, 185, 186, 249, 276 cent 276 cerchier (AF) 289 cerf 40, 64, 276, 285 cerveau 220 cervelle 77, 184 cervoise 168, 255, 284 ceüe (AF) 273 chaire 58 challenge 234 challonge (AF) 267 chambre 77, 81, 231, 275 champ 71, 155, 228, 230 Champagne 156 chance 94, 161, 236, 245, 275 chandeleur 174 change 197 changer 75, 151, 224, 233 changier (AF) 75, 151 chant (AF) 196 chantais 92 chantait 105, 221 chante 196, 243 chanté 244 chanteie (AF) 92 chanteor (AF) 164 chanter 163, 242, 259 chantèrent 57 chanteur 164 chantoie (AF) 92 chapitre 241 char 154 charbon 162, 190, 223, 258 charger 277 Charles 76, 162, 197, 258 charme 231 charrue 80, 162, 216, 258, 272 châsse 154, 227 chasser 162 châtaigne 156, 162, 265 châteaux 73, 260 châtier 214, 270 chaud 66, 92, 155, 261 chaude 237 chaume 165, 232 chausse 279 chauve 284 cheance (AF) 82, 94, 161 Index des mots traités chef 228 chenille 160, 196, 213, 247, 280 cheoir (AF) 58 cheptel 227 cher 151 chercher 289 chère 151 chetel (AF) 227 chétif 242 cheval 40, 118, 160, 220, 275 chevalier 157, 260 chevalière 158 chevaucher 165 chevaux 119, 155 cheveux 65, 73, 80, 160, 169, 225 chèvre 75, 151, 226 chèvrefeuille 77, 174, 200, 226 chien 34, 47, 153, 250 chier (AF) 151 chiere (AF) 151 chiés (AF) 227 chievre (AF) 75, 151 choir 58 chose 33, 63, 77, 80, 166, 209, 252, 275 ciel 176, 276 cinq 82, 287 cire 34, 167, 257, 276 cité 276, 284 clarté 242, 272 clé 72, 151, 186, 272, 285 clerc 66, 169, 274 clergé 172 cloitre 210, 247, 256, 272 clos 100, 209 clot 175, 209 code (AF) 98 coi 287 coin 192, 265 comble 231 combler 87, 195 compte 88, 196, 202 compter 77, 206, 227, 230 comte 100, 202, 230, 272 conduis 216 confondre 235 congé 151, 233 congié (AF) 151 connaitre 190, 205, 253 conseil 66, 169, 264 conte 32, 88, 196, 202, 243 conter 77, 206, 227, 230 contre 88, 202, 242 convient 57 corbeille 169, 205, 272 cormoran 289 corneille 249 coste (AF) 116 côte 116, 200, 253 couche 57 coucher 206, 272 coude 63, 98, 174, 190 coup 201 coupe 227, 272 cour 272 couronne 80, 190, 204, 257 cours 254, 272 cous 73, 201 couture 218 couvercle 225, 274 craie 92, 167, 272 crêper 172, 253 crève 177, 225 cribler 290 crieve (AF) 177 crin 33, 272 croire 236, 272 croix 75, 190, 274 cueille 200 cuiller 151 cuillier (AF) 151 cuir 75, 87, 199, 259 cuire 287 cuisse 256, 281 cuivre 199, 225, 229 cure 34, 272 D daigner 173, 251, 282 damoiseaux 231, 290 danger 158, 234, 267, 290 dangier (AF) 158 dauphin 290 défaire 173 dehors 254 dent 72, 180, 186, 236 désert 171 désir 171, 236 dette 63, 169, 222 deux 72, 100, 189, 254 299 Phonétique historique et histoire de la langue devais 167 devait 221 devin 171 devise 283 devoir 171, 220 dieu 187 Dijon 78, 190, 286 dire 74, 212, 280 dit 244 dix 102, 107, 177, 236 dolor (AF) 99 dommage 160, 231, 249 don 88, 190 dort 199, 232 dortoir 190, 232 double 226 douce 191 douleur 99, 204, 236, 259 douter 77, 194 doyen 182, 277 dragon 236 drap 236 dû 171, 221 –duire 216 dur 259 durer 217 E eau 287 écarquiller 289 échanger 165, 254, 273 échapper 164, 227, 254, 273 échelle 62, 173 échine 275 écrire 173, 274 écrit 212, 227 écrivain 220, 251 écrouelles 235 écu 62, 173, 274 elle 169 émeraude 251 empereor (AF) 164 empereur 164, 172, 227 enduit 216 enfant 172, 235, 244 enfler 235 engin 172, 181, 267, 269 enseigne 251, 254 enseigner 82, 251, 282 300 ensorceler 290 entier 58 entre 169, 197 épieu 187 épine 47, 62, 213 épître 182, 243 épouse 72, 189 époux 189, 251 errer 183 eschangier (AF) 254, 273 eschaper (AF) 254, 273 eschiele (AF) 62, 173 escrire (AF) 173 escrivre (AF) 173 escu (AF) 62, 173, 274 Espagne 156 espine (AF) 62 essai 64, 152, 183, 271, 281 estable (AF) 173 estrange (AF) 254, 273 étable 173, 221 étain 156 étincelle 125, 290 étoile 81, 167, 260 étrange 254, 273 être 81, 252 étroit 168 eu 161, 221 eü (AF) 161 eür (AF) 161 eux 39, 73, 169, 261 F face 64, 67, 154, 279 faible 67, 92, 167, 221 faim 153, 233 faire 185, 186, 280 fais 196, 274 fait 66, 152, 246, 281 farouche 290 fée 241 feignent 170 feindre 170, 266 femme 169, 231, 234, 249 fendre 172, 237, 248 fenêtre 178, 182, 242 fenouil 171, 190, 280 férir 182 fermement 163 Index des mots traités fermer 172 ferté (AF) 232 feuille 66, 200 fève 65, 220, 234 fiente 178, 230 fier 100, 176 fièvre 176, 186, 221, 234 filer 80, 214, 260 fille 213, 264 filleul 189, 262 fils 213 firent 57 flairer 161, 234, 270, 290 flamber 163, 195 flamme 100, 155, 230, 234 fléau 234, 270 fleur 100, 189 flun (AF) 217 foi 236, 238 foire 74, 168, 259 foison 194 fondre 87, 192 forest (AF) 116 forêt 116 fosse 252 fours 249 frais 169, 253 français 274 France 234, 248, 279 François 274 frein 168, 234 frêne 256 frère 186 frères 151, 175, 234, 254 fresne (AF) 256 frileux 189, 290 frire 270 frisson 190, 245 fromage 160, 290 fruit 74, 216, 246, 281 fuis 64, 216, 271 fusil 262 fut 71, 216 G gaaingnier (AF) 161 gagner 161, 265 gaine 79, 270, 283 garder 79, 162 Gascogne 162, 203, 274 gâter 79 gaulois 253, 283 gel 64, 269 geler 182 géline 213 geline (AF) 160 gencive 276 gendre 269 genièvre 226 genoux 190 gent 64, 269 gentil 262 gentils 213 Georges 199, 271 gésir 167, 262, 278 girofle 197 glace 154, 267, 279 glaiëul 198, 240, 267 glas 274 gloire 267 goute (AF) 81 goutte 81, 241, 267 gouverner 185, 193, 220, 267 gouverneur 164, 185 governeor (AF) 164 grain 267 graisse 255 grand 71, 79, 100, 155, 238, 267 grant (AF) 79 grève 177 grieve (AF) 177 grille 213 groin 266 gros 200, 267 grosse 252 guêpe 79, 283 guerre 79, 178, 258, 283 gueule 189, 267 gui 283 guise 212, 283 guivre 185 H hache 154, 288 haleine 125, 290 harengère 159 hausser 162 haut 78, 244, 288 301 Phonétique historique et histoire de la langue heaume 179, 197, 232, 282, 288 herbe 93, 98, 178 hériter 290 heur 161, 268 hier 176, 215 histoire 190, 214 hiver 214, 220, 250 homme 48, 66, 100, 174, 186, 202, 231, 249 honnête 197, 205 honneur 205, 247 honte 78, 210 hôte 63, 174, 186, 200 hôtel 205, 227, 262 houe 209, 288 huem (AF) 88 hui 68 huile 201 huis 199, 246 huissier 157 huit 75, 199, 281 humaine 153, 218 Huon 217, 268 hurler 78, 288 I ile 82, 116, 196, 212, 253 Iseut 169, 175, 214 isle (AF) 82, 116, 196 ivre 41, 177, 221, 224 ivrogne 193 J jambe 155, 223, 230, 269 jardin 77, 88, 213, 237, 269 jaune 155, 222, 269 jeu 179, 202, 262, 274 joie 77, 209, 240, 269 joster (AF) 273 jouer 80, 272 jour 69, 190, 238, 250 jours 196, 249 jouxter 194, 273 juge 216, 239 jugez 239 jument 217, 262 jurer 80, 217, 257 302 L là 62 ladre 154 laisser 256, 281 laitue 260, 272 lance 279 langue 72, 82, 169, 286 langueur 286 larcin 77, 93, 196, 214, 267, 276 lard 238, 258 large 269 larrecin (AF) 77, 93, 196 laver 65, 283 le 62 leçon 245, 279 léger 158, 286 legier (AF) 158 lentille 183, 248 lettre 169, 185 lèvre 221 lien 270 lieux 273 lièvre 207, 226 lime 213, 230 lion 263 lire 270 lit 66, 177, 260 livraison 164, 184, 245 livre 147, 212, 221 livrer 214, 260 loer (AF) 211 loge 210 loi 270 loin 76, 175, 203, 282 lointain 173, 206 loisir 75, 167, 171, 278 long 268 loue 209 louer 211, 272 luisant 74, 216, 218, 278 lune 80, 217, 247 M mai 87, 152 maigre 280 mail 154, 264 maille 66, 154, 280 main 43, 153 maindre (AF) 58 Index des mots traités maire 152, 208, 263 mais 270 mâle 154, 253 manche 275 mander 163, 229, 237 manger 218, 239, 277 manoir 58 maraichère 159 marché 93, 183 Mathieu 187 maux 155 meilleur 57, 58, 183 mêler 253 mémoire 182, 190 menace 64, 154, 279 ménage 160, 195, 253 mener 171 menu 80, 216 meole (AF) 290 mer 100, 151 merci 75, 167, 183, 238, 276 mercière 158 mère 79, 241 merveille 163, 169 messe 169 mettre 169 meule 198, 229, 260 meür (AF) 82, 94, 161 meurt 243 Meuse 37, 80, 198, 252 meut 82, 87, 198 meuvent 283 mi 74, 177 mie 212, 229, 277 mien 101, 187 mieudre (AF) 57, 58, 180 mieux 180 moelle 290 mœurs 175 mois 167, 254 moisson 182, 255 moitié 182 monnaie 167, 205 mont 202 montagne 156, 265 mort 199 moudre 81, 261 mouiller 190, 264 mouvoir 204, 283 muer 217, 241 mur 32, 33, 71, 196, 216 mûr 94, 161 murs 196 musaraigne 156 N nacelle 173, 276, 284 nage 154 nager 87, 151, 284 nagier (AF) 87, 151 naïf 79, 160, 241, 285 nappe 230 natte 230 nef 151, 285 nèfle 230 nette 169, 242 neuve 198, 283 neveu 37, 72, 87, 182, 189, 225, 244 nez 38, 87, 151, 247 nid 212, 247 nier 270 nœud 189 noir 270 noire 168 noise 74, 209, 255 nombre 66, 192, 197, 231 norreture (AF) 215 nouer 79, 193, 236 nourrir 193 nourriture 215 nouveaux 101, 179, 204, 283 noyer 74, 182, 277 nue 80, 221 nuire 199 nuit 246, 247 nul 216 nuls 73, 217 nus (AF) 73, 217 O œil 200, 280 œuvre 60, 198, 226 offrir 184, 235 ognon 195 oïr (AF) 99, 211 oiseaux 74, 179, 211, 278 ombre 192, 223 on 76, 88, 199, 208 onc (AF) 287 303 Phonétique historique et histoire de la langue oncle 210, 274, 284 ongle 192 onguent 82, 286 onques (AF) 287 onze 278 or 100, 209 oreille 169, 211, 280 orge 238 orgueil 200 ornement 76, 163, 205 orner 205 ose 209 ossement 163, 205 Osteün (AF) 207 ouïr 99, 211 ouïs 284 ourse 190 outre 73, 166, 191 P païen 153, 270 paille 63, 66, 154 pain 88, 101, 153 paire 152 paix 152, 274 palais 152, 245 panier 157, 162 parer 151 parole 209 part 28, 32, 154 pâte 29, 32, 156 pâtre 156 Paul 209 pauvre 209, 225 pauvreté 211 pavillon 225 payer 277 pays 270 peaux 92, 179 pêcher 151, 172, 276 pécheur 273, 275 pêcheur 164, 275, 276 peignent 170 peindre 170, 266 peine 168 peler 171, 260 pendre 180 peor (AF) 82, 161 percer 183, 218, 242 304 perdre 93, 98, 178, 237 perdrix 183, 212 père 76, 79, 151, 186 pères 175 péril 117, 182, 213 peril (AF) 213 perresil (AF) 207, 213 persil 183, 207, 213 personne 183, 190 pert (AF) 237 perte 237 pescheor (AF) 164 peschier (AF) 151 pétrin 173, 213, 253 pétrir 173 peu 209 peuple 198 peur 80, 82, 161, 284 peut 60, 198 pie 212, 225 pied 28, 29, 32, 37, 60, 100, 176 pierre 60, 176, 241 pin 213 pire 208 pis 263 plaie 74, 152, 225, 270 plaignent 156 plaindre 156, 266 plaine 153, 225 plaisir 161, 167, 278 plein 88, 101, 168 pleine 101, 168 plume 217, 225 poil 37, 72, 167, 225 poindre 192 poing 192, 251, 282 point 192 poison 64, 194 poisson 152, 171, 256 Poitou 66, 171 poitrine 207, 242 Pol 209 pomme 190 pondre 192, 249 pont 192 porc 199, 274 port 76 porte 28, 76, 166, 199 poser 211 pou (AF) 209 Index des mots traités poudre 185, 191, 261 poulain 153, 233, 260 poumon 88, 190, 194, 232 pourceaux 205, 276 pourir 193 pousser 194, 254 poverté (AF) 185 pré 28, 32, 72, 100, 151, 225 prêcher 172, 238 preuve 28 prier 277 prime 213 prix 74, 177, 225, 245 prochaines 228 proie 167, 225 promettre 193 psautier 162 puce 73, 186, 217 pucelle 217 puis 246, 255 puits 216 purge 216 purger 217, 269 Q quand 82, 155, 287 quatre 208, 241 quenouille 190 quérir 171 qui 287 quinze 278 R racine 213, 214, 237, 239, 276 rage 67, 78, 154, 224 raie 152, 263 raison 39, 40, 64, 74, 161 rasoir 257 rebours 258 reille (AF) 271 Reims 168 reine 257, 270 reins 168 rêne 178, 242, 249 reont (AF) 82, 94 repérer 247 Rhône 165, 237 riche 212, 257 rire 58 rive 65, 76, 80, 166, 212, 225 rivière 158, 214 rogner 193, 240, 242, 250 rognon 195 roi 270 Rome 190 rompre 192, 227 rompt 243 rond 94, 204 roont (AF) 82, 94 rou (AF) 209 rouge 224 route 190, 227 royal 171, 270 rue 80, 268 S sache 78, 228 saine 153 saint 156 sainte 156 sait 151, 243 sangle 196 sangsue 268 santé 163 Saône 190 sauce 101, 155, 251 sauf 73, 155 sauge 282, 286 sauvage 160, 162, 284, 289 saveur 160, 189, 225 savoir 58, 225 sécher 273, 275 seigneur 184, 189 seing 170, 251, 282 sel 251 semaine 153, 173, 242 semble 231 sente 169, 230 sept 82 serement (AF) 93 serf 79, 285 sergent 286 serment 30, 93, 161, 163, 280 serour (AF) 290 serpent 227, 251 set (AF) 82 seür (AF) 82, 94 sied 37, 86, 176 305 Phonétique historique et histoire de la langue singe 78, 233 sœur 259 soin 266 soir 72, 87, 167 soleil 66, 169, 193, 264, 280 somme 202, 231 songe 267 songer 234 soudain 194, 222 –soudre 73, 201 soufre 191, 196, 235 soupçon 185, 194, 245, 279 souvenir 82, 222, 284 souvent 193, 220 stratagème 289 su 226 suivre 287 sûr 94, 171, 273 sûreté 31, 171 T table 67, 154, 221 taie 277 taillé 162, 264 taise 152 taon 161, 221 tarquois (AF) 289 taupe 39, 92, 155, 227, 240 teigne 170 témoigner 173, 242, 265 témoin 192, 267 temple 180, 227 temprer (AF) 125 temps 72, 180, 227 tendre 240, 249 tête 28 tiède 227 tiegne (AF) 181 tiennent 178 tient 178 tige 212, 224 titre 241 toit 66, 168, 240 tondre 58, 202, 237 tonlieu 187 tonnerre 58, 205 torble (AF) 125 torner (AF) 99 tôt 200 306 tourment 205 tourner 99, 205, 249 tout 190 tracer 279 travail 154, 264 travaux 155 trèfle 240 trembler 183, 195, 231 tremper 125, 290 trésor 171, 209 triste 212, 240 trois 240 trou 209 trouble 125, 223, 290 trouver 204, 225 U un 92, 217 une 217 V vache 78, 154, 273, 275, 282 vain 88, 153 vaine 101 valeur 160, 259 veaux 171 veiller 271 veine 168 vendange 78, 169, 233 vendent 180 venger 172, 277 venin 182, 213 venir 78, 182, 259, 282 vent 282 verbe 223 Verdun 172, 207, 217 verge 172, 269 verger 158, 172, 238 vergier (AF) 158 vergogne 193, 240, 250 verre 37, 167, 241 vert 172 vertu 172, 216 verve 223 verveine 168, 223 vie 79 viegne (AF) 181 vieil 179 vieille 179 Index des mots traités vient 178, 181 vieux 180 vigne 63, 214 vilain 214 ville 260 vin 213 vive 283 vivre 283 voir 79, 171, 259 voisin 101, 171, 278 voisine 101, 278 voiture 182 voix 75, 190 Y yeux 202 307 Table des matières Avant-­propos 5 Abréviations et conventions 7 Chapitre 1 La grammaire historique 1.1 Principes de base 1.2 D’une langue-­fille à une langue-­mère 1.3 Les origines de la langue française 1.3.1 Quelques jalons de la préhistoire du français 1.3.2 Une langue parlée comme langue-­mère 1.4 Le défi méthodologique 1.4.1 Des données positives 1.4.2 Le cas particulier de la phonétique 1.4.2.1 La période prélittéraire 1.4.2.1.1 Le comparatisme 1.4.2.1.2 Le raisonnement 1.4.2.2 Étudier l’écrit pour analyser l’oral 1.4.2.2.1 Les textes 1.4.2.2.2 Les grammaires 1.5 En quelques mots 9 9 10 10 11 12 13 13 14 14 15 16 17 17 19 21 Chapitre 2 La phonétique historique 2.1 Les organes phonateurs 2.2 Éléments de phonétique paradigmatique 2.2.1 Les voyelles 2.2.2 Les consonnes 2.3 Éléments de phonétique syntagmatique 2.3.1 Les mots et les syllabes 23 23 24 24 26 26 27 309 Phonétique historique et histoire de la langue 2.3.2 Les voyelles 2.3.2.1 Voyelle tonique et voyelle atone 2.3.2.2 La différenciation des voyelles atones 2.3.2.3 En synthèse 2.3.3 Les consonnes 2.4 Premiers pas vers la phonétique historique 2.4.1 L’assimilation et la dissimilation 2.4.2 La diphtongaison 2.4.2.1 La diphtongaison spontanée 2.4.2.2 La diphtongaison par soudure 2.4.3 La palatalisation 2.4.4 La nasalisation 2.5 La notation phonétique 2.5.1 Les alphabets phonétiques 2.5.2 Les autres signes conventionnels 2.5.3 Autres conventions de notation 2.5.4 De l’image visuelle à l’image sonore 2.6 En quelques mots Chapitre 3 Les grandes étapes de l’évolution phonétique du français 3.1 Le latin classique 3.1.1 Le calcul de la place de l’accent 3.1.1.1 Les dissyllabes 3.1.1.2 Les polysyllabes 3.1.2 L’identification de la quantité vocalique 3.1.2.1 Méthode directe 3.1.2.2 Méthode indirecte ou inductive 3.1.3 La prononciation du latin classique 3.1.4 Pour conclure sur ce point 3.2 Du latin classique au latin vulgaire 3.2.1 Accentuation 3.2.2 Différences touchant les voyelles 3.2.2.1 Différences paradigmatiques 3.2.2.2 Différences syntagmatiques 3.2.2.2.1 Différences liées à la nature de l’accent 3.2.2.2.2 Différences d’origine articulatoire 3.2.3 Différences touchant les consonnes 3.2.3.1 Différences paradigmatiques 3.2.3.2 Différences syntagmatiques 3.2.4 Différences touchant la structure syllabique 3.2.5 En synthèse 3.3 Du latin vulgaire au français prélittéraire 3.3.1 Quelques jalons de l’histoire du français 3.3.2 Évolution des voyelles 3.3.2.1 Évolutions paradigmatiques 3.3.2.2 Évolutions syntagmatiques 310 29 29 30 32 32 34 34 35 36 38 39 41 43 44 46 47 47 48 49 49 50 50 51 52 52 53 54 56 56 57 58 59 60 60 61 62 62 65 66 67 68 69 71 71 75 Table des matières 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 3.3.3 Évolutions des consonnes 3.3.3.1 Évolutions paradigmatiques 3.3.3.2 Évolutions syntagmatiques 3.3.3.2.1 Évolutions d’origine articulatoire 3.3.3.2.2 Évolutions liée à la nature de l’accent 3.3.4 En synthèse L’ancien français 3.4.1 Nouveaux jalons de l’histoire du français 3.4.2 Évolution des voyelles 3.4.2.1 Évolutions paradigmatiques 3.4.2.2 Évolutions syntagmatiques 3.4.3 Évolution des consonnes 3.4.3.1 Évolutions paradigmatiques 3.4.3.2 Évolutions syntagmatiques 3.4.4 En synthèse Le moyen français 3.5.1 Évolution des voyelles 3.5.1.1 Évolutions paradigmatiques 3.5.1.2 Évolutions syntagmatiques 3.5.1.2.1 Évolutions d’origine articulatoire 3.5.1.2.2 Évolutions liées à l’accent 3.5.2 Évolution des consonnes 3.5.3 En synthèse Le français classique 3.6.1 Derniers jalons de l’histoire du français 3.6.2 Évolution des voyelles 3.6.2.1 Les changements infléchis par les grammairiens 3.6.2.2 Les changements d’origine articulatoire 3.6.2.3 Les changements paradigmatiques 3.6.3 Évolution des consonnes 3.6.3.1 Évolutions syntagmatiques 3.6.3.2 Évolutions paradigmatiques 3.6.4 En synthèse Le français moderne 3.7.1 Les voyelles 3.7.2 Les consonnes 3.7.3 Au final En quelques mots Chapitre 4 Dix mots qui ont une histoire 4.1 Un peu de jaune 4.2 Pour le plaisir 4.3 Une femme 4.4 Jour de fête 4.5 En péril 4.6 Un cheval, des chevaux 77 77 79 79 82 83 84 85 86 86 89 89 89 89 90 91 91 92 93 93 93 94 95 96 96 98 98 100 101 101 101 103 104 105 105 106 107 108 109 109 111 113 115 117 118 311 Phonétique historique et histoire de la langue 4.7 Un chanteur, une chanteuse 4.8 Une histoire d’amour 4.9 Tout un fromage 4.10 Le français 121 123 125 128 Chapitre 5 Les conséquences de l’évolution phonétique 5.1 Les conséquences graphiques 5.2 Les conséquences grammaticales 5.3 Les conséquences littéraires 131 131 138 144 Chapitre 6 Fiches de phonétique historique : les voyelles 6.1 La voyelle /a/ 6.1.1 Tonique 6.1.2 Initial 6.1.3 Prétonique interne 6.1.4 Post-­tonique interne 6.1.5 Final 6.2 La voyelle /e/ 6.2.1 Tonique 6.2.2 Initial 6.2.3 Prétonique interne 6.2.4 Post-­tonique interne 6.2.5 Final 6.3 La voyelle /ɛ/ 6.3.1 Tonique 6.3.2 Initial 6.3.3 Prétonique interne 6.3.4 Post-­tonique interne 6.3.5 Final 6.4 La voyelle /ɛ/ issue du LC eu 6.5 La voyelle /o/ 6.5.1 Tonique 6.5.2 Initial 6.5.3 Prétonique interne 6.5.4 Post-­tonique interne 6.5.5 Final 6.6 La voyelle /ɔ/ issue du LC ŏ 6.6.1 Tonique 6.6.2 Initial 6.6.3 Prétonique interne 6.6.4 Post-­tonique interne 6.6.5 Final 6.7 La voyelle /ɔ/ issue de la diphtongue /au/ 6.7.1 Tonique 6.7.2 Initial 6.8 La voyelle /i/ 149 150 150 160 163 165 166 166 166 170 173 174 174 175 176 181 184 185 185 186 188 188 193 195 196 196 197 197 204 207 207 208 208 208 210 212 312 Table des matières 6.8.1 Tonique 6.8.2 Initial 6.8.3 Prétonique interne 6.8.4 Final 6.9 La voyelle /u/ 6.9.1 Tonique 6.9.2 Initial 6.9.3 Prétonique interne Chapitre 7 Fiches de phonétique historique : les consonnes 7.1 Les bilabiales /b/, /p/, /m/ 7.1.1 /b/ 7.1.1.1 /b/ initial 7.1.1.2 /b/ intervocalique 7.1.1.3 /b/ géminé 7.1.1.4 /b/ préconsonantique 7.1.1.5 /b/ interconsonantique 7.1.1.6 /b/ postconsonantique 7.1.1.7 /b/ final 7.1.1.8 Palatalisations 7.1.2 /p/ 7.1.2.1 /p/ initial 7.1.2.2 /p/ intervocalique 7.1.2.3 /p/ géminé 7.1.2.4 /p/ préconsonantique 7.1.2.5 /p/ interconsonantique 7.1.2.6 /p/ postconsonantique 7.1.2.7 /p/ final 7.1.2.8 Palatalisations 7.1.3 /m/ 7.1.3.1 /m/ initial 7.1.3.2 /m/ intervocalique 7.1.3.3 /m/ géminé 7.1.3.4 /m/ préconsonantique 7.1.3.5 /m/ interconsonantique 7.1.3.6 /m/ postconsonantique 7.1.3.7 /m/ final 7.1.3.8 Palatalisations 7.2 La labiodentale /f/ 7.2.1 /f/ initial 7.2.2 /f/ intervocalique 7.2.3 /f/ géminé 7.2.4 /f/ postconsonantique 7.3 Les alvéolaires /d/, /t/, /n/, /s/, /r/, /l/ 7.3.1 /d/ 7.3.1.1 /d/ initial 212 214 214 215 215 215 217 218 219 220 220 220 220 222 222 222 223 223 224 225 225 225 226 227 227 227 228 228 229 229 230 230 230 232 232 232 233 234 234 235 235 235 236 236 236 313 Phonétique historique et histoire de la langue 7.3.2 7.3.3 7.3.4 7.3.5 7.3.6 314 7.3.1.2 7.3.1.3 7.3.1.4 7.3.1.5 7.3.1.6 7.3.1.7 7.3.1.8 /t/ 7.3.2.1 7.3.2.2 7.3.2.3 7.3.2.4 7.3.2.5 7.3.2.6 7.3.2.7 7.3.2.8 /n/ 7.3.3.1 7.3.3.2 7.3.3.3 7.3.3.4 7.3.3.5 7.3.3.6 7.3.3.7 7.3.3.8 /s/ 7.3.4.1 7.3.4.2 7.3.4.3 7.3.4.4 7.3.4.5 7.3.4.6 7.3.4.7 7.3.4.8 /r/ 7.3.5.1 7.3.5.2 7.3.5.3 7.3.5.4 7.3.5.5 7.3.5.6 7.3.5.7 /l/ 7.3.6.1 7.3.6.2 7.3.6.3 /d/ intervocalique /d/ géminé /d/ préconsonantique /d/ interconsonantique /d/ postconsonantique /d/ final Palatalisations /t/ initial /t/ intervocalique /t/ géminé /t/ préconsonantique /t/ interconsonantique /t/ postconsonantique /t/ final Palatalisations /n/ initial /n/ intervocalique /n/ géminé /n/ préconsonantique /n/ interconsonantique /n/ postconsonantique /n/ final Palatalisations /s/ initial /s/ intervocalique /s/ géminé /s/ préconsonantique /s/ interconsonantique /s/ postconsonantique /s/ final Palatalisations /r/ initial /r/ intervocalique /r/ géminé /r/ préconsonantique /r/ postconsonantique /r/ final Palatalisations /l/ initial /l/ intervocalique /l/ géminé 236 236 237 237 237 237 238 240 240 241 241 242 242 242 243 244 247 247 247 248 248 249 249 250 250 251 251 252 252 252 254 254 254 254 257 257 257 257 258 258 258 259 259 260 260 260 Table des matières 7.3.6.4 /l/ préconsonantique 7.3.6.5 /l/ postconsonantique 7.3.6.6 /l/ final 7.3.6.7 Palatalisations 7.4 Les palatales /j/, /ʎ/, /ɲ/ 7.4.1 /j/ 7.4.1.1 /j/ initial 7.4.1.2 /j/ intervocalique géminé 7.4.1.3 /j/ préconsonantique 7.4.1.4 /j/ postconsonantique 7.4.1.5 /j/ final 7.4.2 /ʎ/ 7.4.3 /ɲ/ 7.4.3.1 /ɲ/ intervocalique 7.4.3.2 /ɲ/ préconsonantique 7.4.3.3 /ɲ/ postconsonantique 7.4.3.4 /ɲ/ final 7.5 Les vélaires /g/, /k/, /ŋ/, /ɫ/ 7.5.1 /g/ 7.5.1.1 /g/ initial 7.5.1.2 /g/ intervocalique 7.5.1.3 /g/ postconsonantique 7.5.1.4 /g/ final 7.5.1.5 Palatalisations 7.5.2 /k/ 7.5.2.1 /k/ initial 7.5.2.2 /k/ intervocalique 7.5.2.3 /k/ géminé 7.5.2.4 /k/ préconsonantique 7.5.2.5 /k/ interconsonantique 7.5.2.6 /k/ postconsonantique 7.5.2.7 /k/ final 7.5.2.8 Palatalisations 7.5.3 /ŋ/ préconsonantique 7.5.4 /ɫ/ préconsonantique 7.6 Les labiovélaires /w/, /kw/, /gw/ 7.6.1 /w/ 7.6.1.1 /w/ initial 7.6.1.2 /w/ intervocalique 7.6.1.3 /w/ préconsonantique 7.6.1.4 /w/ postconsonantique 7.6.1.5 /w/ final 7.6.1.6 Palatalisations 7.6.2 /gw/ 7.6.3 /kw/ 7.6.3.1 /kw/ initial 260 261 261 262 262 262 262 262 263 263 263 263 264 264 265 266 267 267 267 267 268 268 268 269 272 272 272 273 273 273 274 274 275 281 282 282 282 282 283 284 284 285 286 286 287 287 315 Phonétique historique et histoire de la langue 7.6.3.2 /kw/ intervocalique 7.6.3.3 /kw/ postconsonantique 7.7 La glottale /h/ 287 287 288 Chapitre 8 Phénomènes sporadiques 289 Références bibliographiques Phonétique historique Histoire de la langue française Poésie Archives Documents philologiques 291 291 292 293 293 293 Annexe : L’alphabet phonétique international appliqué au français moderne 295 Index des mots traités 297 316 C a M m A u s «Champs linguistiques» crée un nouvel espace de réflexion sur tous les aspects du langage en éclairant la u recherche contemporaine en linguistique française, sans g a priori théorique et en ne négligeant aucune discipline. n Pour les linguistes professionnels : une occasion de donner li libre champ à leurs recherches. s S p Pour les amoureux de la langue : une manière d’élargir le champ de L E leurs connaissances. U N Pour les étudiants : un outil de travail et de réflexion. is h q ti e Bien que la phonétique historique du français soit une matière universitaire qui conjugue rigueur de méthode et virtuosité d’esprit, elle fascine car sa maitrise permet de percer le mystère de l’évolution de la langue française et de sa différenciation d’avec le latin. Ce manuel retrace le parcours du latin vulgaire au français moderne en l’inscrivant sur la toile de fonds des événements sociaux et culturels qui peuvent l’éclairer. Il inclut : - une introduction épistémologique et méthodologique ; - des mises au point conceptuelles et terminologiques ; - une présentation claire et détaillée de l’évolution phonétique, suivant un axe chronologique. Il fournit des fiches méthodiques reprenant les règles les plus significatives de la phonétique historique et s’arrête sur des cas concrets, particulièrement révélateurs des problèmes de méthode inhérents à la phonétique historique – de la fête à l’amour, en passant par le plaisir ou la femme. Pour les étudiants en lettres. Docteur en philosophie et lettres, agrégée de l’enseignement supérieur en linguistique française, Annick Englebert est professeur à l’Université libre de Bruxelles où elle enseigne la grammaire historique du français et la poésie médiévale française. http://noto.deboecksuperieur.com : la version numérique de votre ouvrage • 24h/24, 7 jours/7 • Offline ou online, enregistrement synchronisé • Sur PC et tablette • Personnalisation et partage PHOHIS ISBN 978-2-8073-0029-3 ISSN 1374-089X www.deboecksuperieur.com