Distribution B T et dimensionnement des installations électriques 4. Détermination de la section des conducteurs 4.1. Méthodologie L’ensemble d’un circuit électrique (conducteurs et protections associées) est déterminé de manière à satisfaire à toutes les contraintes de fonctionnement. L’étude de l’installation consiste à déterminer précisément les canalisations et leurs protections électriques en commençant à l’origine de l’installation (source) pour aboutir aux circuits terminaux (récepteurs). Chaque ensemble constitué par la canalisation et sa protection doit répondre simultanément à plusieurs conditions qui assurent la sûreté de l’installation : - Véhiculer le courant d’emploi permanent et ses pointes transitoires normales. - Ne pas engendrer de chutes de tension susceptibles de nuire au fonctionnement de certains récepteurs (période de démarrage d’un moteur par exemple). En outre, la protection (disjoncteur ou fusible) doit : - Protéger la canalisation pour toutes les surintensités ; - Assurer la protection des personnes contre les contacts indirects. 4.2. Définitions ♦ Courant d’emploi IB : Au niveau des circuits terminaux, c’est le courant qui correspond à la puissance apparente des récepteurs. Au niveau des circuits de distribution, c’est le courant correspondant à la puissance d’utilisation laquelle tient compte des coefficients de simultanéité et d’utilisation. ♦ Courant admissible IZ : c’est le courant maximal que la canalisation peut véhiculer en permanence sans préjudice pour sa durée de vie. Ce courant pour une section donnée dépend de plusieurs paramètres : Constitution du câble (cuivre, aluminium, isolation PVC ou PR, nombre de conducteurs actifs) Température ambiante Mode de pose Influence des circuits voisins (effets de proximité). ♦ Surintensité : il y a surintensité chaque fois que le courant traversant un circuit est supérieur à son intensité admissible. On distingue 2 types de surintensité : les surcharges : surintensités se produisant dans un circuit électriquement sain (courant de démarrage d’un moteur asynchrone, surabondance momentanée des récepteurs en fonctionnement). 58 Distribution B T et dimensionnement des installations électriques les courants de court-circuit : ils sont consécutifs à un défaut dans un circuit entre plusieurs conducteurs. 4.3. Détermination pratique de la section minimale d’une canalisation La section d’un conducteur de phase dépend du mode de pose et d’un coefficient d’influence noté K. Le coefficient K caractérise l’influence des différentes conditions de l’installation. K = K1 × K 2 × K 3 (4.9) Les valeurs des coefficients K1, K2, K3 sont données dans les tableaux ci-après. 4.3.1. Détermination de la lettre de sélection : La lettre de sélection de B à F dépend du conducteur utilisé et de son mode de pose. Les modes de pose sont très nombreux. La norme NFC 15 – 100 les a groupés en méthodes de référence et ils sont désignés par une lettre de sélection. Type d’éléments conducteurs Conducteurs et câbles multiconducteurs câbles multiconducteurs Câbles monoconducteurs Mode de pose Sous conduit, profilé ou goulotte, en apparent ou encastré Sous vide de construction, faux plafond Sous caniveau, moulures, plinthes, chambranles en apparent contre mur ou plafond Sur chemin de câbles ou tablettes non perforées Sur échelle, corbeaux, chemin de câbles perforé Fixés en apparent, espacés de la paroi Câbles suspendus Sur échelle, corbeaux, chemin de câbles perforé Fixés en apparent, espacés de la paroi Câbles suspendus Lettre de sélection B C E F Tableau 4.4. Détermination de la lettre de sélection. 4.3.2. Facteur de correction K1 : le facteur de correction K1 mesure l’influence du mode de pose et il est déterminé à partir du tableau 4.5. Lettre de sélection B C B, C, E, F Cas d’installation K1 Câbles dans des produits encastrés directement dans des matériaux thermiquement isolants. Conduits encastrés dans des matériaux thermiquement isolants. Câbles multiconducteurs 0.70 0.77 0.90 Vides de construction et caniveaux 0.95 Pose sous plafond Autres cas 0.95 1.00 Tableau 4.5. Détermination du facteur K1. 4.3.3. Facteur de correction K 2 : Ce facteur mesure l’influence mutuelle des circuits placés côte à côte. Lorsque les câbles sont disposés en plusieurs couches, appliquer en plus le facteur de correction suivant : 0.8 pour 2 couches, 0.73 pour 3 couches et 0.7 pour 4 ou 5 couches. 59 Distribution B T et dimensionnement des installations électriques Lettre de sélection Disposition des câbles jointifs K2 B, C C Encastrés ou noyés dans les parois Simple couche sur les murs ou les planchers ou tablettes non perforées Simple couche au plafond E, F Simple couche sur des tablettes horizontales perforées ou tablettes verticales sur des tablettes Simple couche sur des échelles à câbles, corbeaux, etc... Nombre de circuits ou de câbles multiconducteurs 1 2 3 4 5 6 7 1.00 0.80 0.70 0.65 0.60 0.57 0.54 1.00 0.85 0.79 0.75 0.73 0.72 0.72 8 0.52 0.71 9 0.50 0.70 12 0.45 0.70 0.95 0.81 0.72 0.68 0.66 0.64 0.63 0.62 0.61 0.61 1.00 0.88 0.82 0.77 0.75 0.73 0.73 0.72 0.72 0.72 1.00 0.87 0.82 0.80 0.80 0.79 0.79 0.78 0.78 0.78 Tableau 4.6. Détermination du facteur K2. 4.3.4. Facteur de correction K 3 : Il mesure l’influence de la température et il dépend de la nature de l’isolant. Température ambiante (°C) 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 Isolation Elastomère (caoutchouc) Polychlorure de vinyle (PVC) 1.29 1.22 1.15 1.07 1.00 0.93 0.82 0.71 0.58 - 1.22 1.17 1.12 1.07 1.00 0.93 0.87 0.79 0.71 0.61 Polyéthylène Réticulé (PR) Butyle, éthylène, propylène (EPR) 1.15 1.12 1.08 1.04 1.00 0.96 0.91 0.87 0.82 0.76 Tableau 4.7. Détermination du facteur K3. 4.3.5. Détermination de la section minimale Connaissant le courant admissible IZ (sinon choisir IB, courant d’emploi), on calcule l’intensité fictive : I Z′ = IZ K (4.10) Le tableau suivant permet de déterminer la section minimale en fonction de la lettre de sélection, du type de conducteur (nombre de phases et nature de l’isolant) et de l’intensité fictive : I’Z. 60 Distribution B T et dimensionnement des installations électriques Courants admissibles dans les canalisations (en A) Isolant et nombre de conducteurs chargés (3 ou 2) Caoutchouc ou PVC Butyle ou PR ou éthylène PR Lettre de sélection Section cuivre (mm2) Section Aluminium (mm2) B C E F 1.5 2.5 4 6 10 16 25 35 50 70 95 120 150 185 240 300 400 500 630 2.5 4 6 10 16 25 35 50 70 95 120 150 185 240 300 400 500 630 PVC3 PVC2 PVC3 PR3 PVC2 PVC3 15.5 21 28 36 50 68 89 110 134 171 207 239 17.5 24 32 41 57 76 96 119 144 184 223 259 299 341 403 464 18.5 25 34 43 60 80 101 126 153 196 238 276 319 364 430 497 PVC3 19.5 27 36 48 63 85 112 138 168 213 258 299 344 392 461 530 16.5 22 28 39 53 70 86 104 133 161 186 18.5 25 32 44 59 73 90 110 140 170 197 227 259 305 351 19.5 26 33 46 61 78 96 117 150 183 212 245 280 330 381 21 28 36 49 66 83 103 125 160 195 226 261 298 352 406 PR2 PR3 PVC2 22 30 40 51 70 94 119 147 179 229 278 322 371 424 500 576 656 749 855 23 31 39 54 73 90 112 136 174 211 245 283 323 382 440 526 610 711 PR2 PR3 PVC2 23 31 42 54 75 100 127 158 192 246 298 346 395 450 538 621 754 868 1005 25 33 43 59 79 98 122 149 192 235 273 316 363 430 497 600 694 808 PR2 PR3 24 33 45 58 80 107 138 169 207 268 328 382 441 506 599 693 825 946 1088 26 35 45 62 84 101 126 154 198 241 280 324 371 439 508 663 770 899 PR2 26 36 49 63 86 115 149 185 225 289 352 410 473 542 641 741 28 38 49 67 91 108 135 164 211 257 300 346 397 470 543 161 200 242 310 377 437 504 575 679 783 940 1083 1254 121 150 184 237 289 337 389 447 530 613 740 856 996 Tableau 4.8. Détermination de la section minimale de la canalisation. 4.4. Détermination de la chute de tension La norme NFC15-100 impose que la chute de tension entre l’origine de l’installation BT et tout point d’utilisation n’excède pas les valeurs suivantes : Cette chute de tension s’entend en service normal (en dehors des appels de courant au démarrage des moteurs) et lorsque les appareils susceptibles de fonctionner simultanément sont alimentés. Lorsque la chute de tension est supérieure à ces valeurs, il sera nécessaire d’augmenter la section de certains circuits jusqu’à ce que l’on arrive à des valeurs inférieures à ces limites. Il est recommandé de ne pas atteindre la chute de tension maximale autorisée pour les raisons suivantes : - Le bon fonctionnement des moteurs est garanti pour leur tension nominale (plus ou moins 5 % en régime permanent). - La chute de tension peut être importante lors du démarrage d’un moteur (si l’intensité de démarrage est importante). 61 Distribution B T et dimensionnement des installations électriques - La chute de tension est synonyme de pertes en ligne, ce qui va à l’encontre des économies l’énergie. Calcul de la chute de tension en ligne en régime permanent : Le tableau ci-dessous donne la chute de tension par km de câbles pour un courant de 1A en fonction : - Du type d’utilisation : force motrice avec cos ϕ voisin de 0,8 ou éclairage avec cos ϕ voisin de 1. - Du type de câble monophasé ou triphasé. La chute de tension dans un circuit s’écrit alors : ∆U (Volt ) = B × I B × L (4.11) B est donné par le tableau ; I B : courant d’emploi en A et L : longueur du câble en km. Section mm2 Cuivre 1.5 2.5 4 6 10 16 25 35 50 70 95 120 150 185 240 300 Aluminium 10 16 25 35 50 70 120 150 185 240 300 400 500 Circuit monophasé Force motrice Eclairage Service Normal Démarrage cos ϕ = 1 cos ϕ = 0.8 cos ϕ = 0.35 24 14.4 9.1 6.1 3.7 2.36 1.5 1.15 0.86 0.64 0.48 0.39 0.33 0.29 0.24 0.21 10.6 6.4 4.1 2.9 1.7 1.15 0.75 0.6 0.47 0.37 0.3 0.26 0.24 0.22 0.2 0.19 30 18 11.2 7.5 4.5 2.8 1.8 1.29 0.95 0.64 0.47 0.37 0.3 0.24 0.19 0.15 Circuit triphasé équilibré Force motrice Eclairage Service Normal Démarrage cos ϕ = 1 cos ϕ = 0.8 cos ϕ = 0.35 20 12 8 5.3 3.2 2.05 1.3 1 0.75 0.56 0.42 0.34 0.29 0.25 0.21 0.18 9.4 5.7 3.6 2.5 1.5 1 0.65 0.52 0.41 0.32 0.26 0.23 0.21 0.19 0.17 0.16 25 15 9.5 6.2 3.6 2.4 1.5 1.1 0.77 0.55 0.4 0.31 0.27 0.2 0.16 0.13 Tableau 4 .9. Détermination de la chute de tension. 62