2 Physique des dispositifs pour circuits intégrés silicium
2.1.1.1. Les mécanismes de relaxation des porteurs : les interactions
Nous avons vu au chapitre 1 précédent que la structure de bande d'un cristal s'établit en résolvant l'équation de
Schrödinger pour un électron dans un cristal parfait (Eq. 1.12) décrit par le potentiel cristallin périodique. Cette
équation « simple » est en fait une approximation de l'équation globale pour le système d'atomes et d'électrons
constituant le cristal. Cette approximation consiste notamment à négliger dans l'hamiltonien principal les couplages
entre électrons, entre électrons et vibrations du réseau (phonons) ou entre électrons et impuretés. Ces couplages jouent
cependant un rôle très important car ils constituent les mécanismes de relaxation qui tendent à replacer un système hors
d'équilibre dans son état d'équilibre. Ils sont traités comme de faibles perturbations (au sens de la mécanique quantique)
par rapport au potentiel cristallin. Autrement dit, ils ne modifient pas la structure de bandes du matériau, c'est-à-dire les
états d'énergie permis, mais induisent des transitions entre ces états. Chaque processus est décrit comme une interaction
(ou collision) instantanée caractérisée par une densité de probabilité par unité de temps pour que l'électron passe d'un
état initial r à un état final k
r. Cette densité de probabilité
k′
kksi′
,, où i repère le processus considéré, est donnée par
la règle d'or de Fermi (voir par exemple [COH 73]) :
()
(
εεδρ
π
′
−=
′′
kii Mkks 2
2
,h
)
[2.2]
où kVkM ii
′
= est l'élément de matrice de transition, Vi est le potentiel de coupla , k′
ρ
est la densité d'états ge
finals,
et
ε
′ sont les énergies initiale et finale. En sommant sur tous les états finals possibles on peut déduire de [2.2]
pour chaque processus i et pour chaque électron dans un état k
une fréquence d'int ion eract
k
i
λ
et un temps de
relaxation de tesse la vi
k
i
τ
définis respectivement par (pour un matériau non dégénéré dans lequel les états sont
faiblement occupés) :
() ( )
∫′′
=kdkksk ii 3
,
λ
et
()
)
∫′
⎟
⎠
⎞
⎜
⎝
⎛′
−
′
=kd
k
k
kks
ki
i
3
cos1,
1
θ
τ
rr
r [2.3]
où
θ
est l'angle entre et . Pour aller plus loin dans la description de ces processus il faut expliciter pour chacun
d'eux le potentiel de perturbation Vi, ce qui sort du cadre de ce chapitre. Nous nous contenterons d'une brève description
des interactions prépondérantes pour les électrons dans le silicium. On peut en trouver un développement complet dans
de nombreux ouvrages tels que [LUN 00].
k
r
k′
r
D'une manière générale, l'effet d'une interaction subie par un porteur est de modifier la direction de son vecteur
d'onde et éventuellement, dans le cas d'une interaction inélastique, son énergie. Les principales interactions subies par
les électrons dans Si sont les suivantes :
– interaction porteurs – impuretés ionisées : la fréquence (ou l'inverse du temps de relaxation) de ce processus
élastique (sans échange d'énergie) varie en 1/
ε
3/2 et en NI, où NI est la concentration d'impuretés. Cette interaction a un
effet important sur la relaxation de la vitesse, notamment dans les zones dopées ainsi qu'à faible température où elle est
prédominante ;
– interactions porteurs – phonons : dans le silicium on distingue essentiellement deux mécanismes suivant la nature
du phonon échangé :
- phonon acoustique intravallée : cette interaction met en jeu des phonons acoustiques de faible vecteur d'onde et
donc de faible énergie. La fréquence de ce mécanisme est proportionnelle à
ε
1/2. Le processus est quasi-élastique avec
une déviation isotrope du vecteur d'onde. Il joue un rôle important dans la relaxation des porteurs de faible énergie,
- phonon intervallée : cette interaction met en jeu un phonon acoustique ou optique de grand vecteur d'onde et
d'énergie constante qui fait passer les électrons d'une vallée X à une autre vallée X. La fréquence de ce mécanisme
inélastique est proportionnelle à
ε
1/2. L'émission de phonons intervallée est le processus de relaxation dominant pour les
électrons de forte énergie.
2.1.1.2. Fonction de distribution – Equation de Boltzmann
L'état du système que forme la population d'électrons d'un semiconducteur est entièrement décrit par la fonction de
distribution
trkf ,,
qui représente à l'instant t la probabilité de présence d'un électron aux points r de l'espace
réciproque et
k
de l'espace réel. La connaissance de cette fonction permet de déterminer toutes les grandeurs locales
liées aux porteurs telles que la concentration
)
trn ,
)
trA ,
ou la valeur totale de toute grandeur transportée (vitesse,
énergie,…) via les expressions suivantes :