les surfaces diélectriques (cf. enca-
dré 1). En fait, la présence de cette
couche capacitive au-dessus des élec-
trodes impose un fonctionnement en
régime alternatif. On distingue deux
catégories d’écrans à plasma alterna-
tifs : les écrans matriciels, AC-M, et
les écrans coplanaires, AC-C (cf. fi-
gures 1 et 2). La couche isolante au-
dessus des électrodes a environ
20 µm d’épaisseur, et est recouverte
d’une couche protectrice diélectrique
de MgO de moins de un micron.
Cette couche protectrice, qui est
bombardée par les ions de xénon et
de néon du plasma, doit également
avoir un coefficient d’émission élec-
tronique secondaire (nombre d’élec-
trons émis par ion incident) élevé.
Elle joue un rôle fondamental dans
un écran plasma car, d’une part, la
durée de vie de l’écran est directe-
ment liée à sa stabilité et à sa résis-
tance à la pulvérisation par impact
ionique, et, d’autre part, son coeffi-
cient d’émission électronique secon-
daire élevé doit permettre un
fonctionnement à basse tension d’en-
tretien. Le MgO est considéré actuel-
lement comme le matériau idéal en
raison de sa stabilité et de son coef-
ficient d’émission secondaire élevé,
de l’ordre de 0,3-0,5 pour des ions de
néon.
Comme décrit dans l’encadré 1,
l’état allumé d’une cellule d’écran
plasma alternatif est le résultat d’une
succession de décharges électriques
impulsionnelles. Pendant l’impulsion
de courant qui dure de 10 à 100 ns,
les électrons excitent et ionisent le
milieu. La décharge cesse rapidement
car la couche diélectrique recouvrant
les électrodes se charge, ce qui en-
traîne une chute de la tension au sein
du gaz. Les atomes excités libèrent
progressivement leur énergie en
émettant des photons pendant un
temps plus long, de l’ordre de 1 ou
2 µs après l’impulsion de courant. A
chaque changement de signe de la
tension appliquée entre les électro-
des, une nouvelle décharge impul-
sionnelle est activée.
Une cellule d’écran plasma fonc-
tionne dans un régime de décharge
luminescente caractérisé par un degré
d’ionisation (nombre d’électrons par
particule lourde) faible, inférieur à
10
–5
, et des énergies moyennes élec-
troniques inférieures à quelques eV.
Les tensions d’amorçage sont typi-
quement comprises entre 250 et
300 V, et les tensions d’entretien en-
tre 150 et 200 V. La densité de cou-
rant maximale dans une cellule
atteint 10 A/cm
2
, et les densités de
particules chargées dans le plasma
restent inférieures à quelque
10
14
cm
−3
. La tension de claquage
dépend du produit de la pression par
la distance interélectrode. Les valeurs
optimales de ce produit pour un
écran plasma sont de5à10torr.cm.
Au-delà, la tension d’amorçage
devient trop grande (également, la
décharge peut devenir instable et fi-
lamentaire) et, pour des valeurs infé-
rieures, la marge de l’écran (cf.
encadré 2) diminue.
LA COURSE AU RENDEMENT
Les écrans plasma ont actuelle-
ment un rendement lumineux limité,
de l’ordre de 1 lm/W, ce qui signifie
que seulement 0,5 % de l’énergie
électrique dissipée dans une cellule
est convertie en lumière visible utile.
Cechiffreest2à3fois plus faible
que celui caractérisant les tubes à
rayons cathodiques.
L’augmentation de l’efficacité
lumineuse est donc un thème priori-
taire de recherche. Plusieurs facteurs
affectent l’efficacité lumineuse : 1) le
rendement UV de la décharge (éner-
gie émise sous forme de photons UV
rapportée à l’énergie électrique dissi-
pée dans le plasma) ; 2) l’efficacité
de collection des photons UV par les
luminophores ; 3) le rendement de
conversion des photons UV en pho-
tons visibles par les luminophores ;
4) l’efficacité de collection des pho-
tons visibles. Le rendement de la
décharge est évalué par les modèles à
environ 10 %, pour un mélange
Xe-Ne (10 %-90 %). Le rendement
de conversion des luminophores est
estimé à 20 %. Puisque le rendement
global est de 0,5 %, on peut estimer
l’efficacité de collection géométrique
des photons UV et visibles à 25 %
(beaucoup de photons sont perdus
vers la face arrière de l’écran).
L’étude de matériaux luminopho-
res plus efficaces, et l’optimisation de
la géométrie de la cellule pour mieux
collecter les photons sont donc des
axes de recherches importants. L’ef-
ficacité de la production de photons
UV par le plasma doit également être
améliorée. Elle est conditionnée prin-
cipalement par le mélange de gaz et
sa pression, et par la géométrie des
électrodes et de la cellule. Ces para-
mètres sont cependant soumis à des
contraintes : 1) faible tension de
fonctionnement pour simplifier
l’électronique de commande ; 2) mé-
lange de gaz stable, uniforme et non
réactif ; 3) durée d’une impulsion de
décharge courte pour permettre un
adressage télévision ; 4) pulvérisa-
tion de la surface de MgO par bom-
bardement ionique minimisée (durée
de vie) ; 5) structure des cellules
simple pour que le coût de fabrica-
tion reste modéré.
La contrainte 2) impose l’utilisa-
tion de gaz rares. Le xénon est un
gaz émetteur d’UV efficace, mais sa
tension d’amorçage est élevée car les
ions de xénon sont peu efficaces pour
l’émission secondaire. L’utilisation
d’un mélange de xénon et de néon
permet de réduire la tension d’amor-
çage. La figure 4 montre que le choix
du mélange de gaz résulte d’un com-
promis entre rendement lumineux
élevé et tension d’amorçage
faible.
Figure 3 - Spectre UV typique d’un plasma de
décharge luminescente à haute pression dans le
xénon.
De la physique à la technologie
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