Leusiere Victoria, le grade du docteur en sciences philosophiques

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Leusiere Victoria,
le grade du docteur en sciences
philosophiques,
Forcalqueiret, France
Leusiere Victoria Alexandrovna, le grade du docteur en sciences
philosophiques, professeur de la chaire de philosophie. Les intérêts scientifiques
de Leusiere Victoria sont centrés sur la recherche des problèmes de l’histoire de la
philosophie, de l’esthétique, des sciences des religions, de la philosophie de la
culture, de l’anthropologie philosophique.
L'énergie de la foi dans la voie philosophique de Léon Chestov
Dans l'article on examine la philosophie de la foi du penseur existentialiste
Lev Chestova. L'auteur montre que la vision de la réalité divine, dans
l'interprétation rationnelle et philosophique, est à la base de toutes les réflexions
de Lev Chestova sur la nature de la liberté humaine et le potentiel créateur.
Mots clés : conviction et raison, existentialisme religieux, philosophie de
Bible.
La conversation de Léon Chestov, c’est une aspiration d'évaluer
adéquatement la contribution à la culture de l'un des représentants les plus brillants
d'émigrés russes, dont la philosophie a été formée en France. Dans la philosophie
contemporaine, la question de l'importance des idées philosophiques et religieuses
de L. Chestov, de la recherche même d’une voie religieuse, où les notions de foi,
de révélation, de clairvoyance créative géniale en tant que la capacité de désespoir,
de balancement sur le bord de l'abîme au nom de la Vérité ne perd pas sa
pertinence.
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La philosophie de Léon Isaakovich Chestov (1866-1938) est une philosophie
existentielle véritable, car la vérité existentielle chez lui est une réponse à un acte
du désespoir humain. Chestov répète les mots de S. Kierkegaard: si la philosophie
grecque a commencé par la "surprise", la philosophe existentielle commence par le
désespoir. La foi dans la compréhension de Chestov est inséparable du désespoir,
et seulement dans l'acte d'une lutte désespérée et irréfléchie l’homme est capable
de se livrer le passage vers la vérité. "La foi commence au moment écrit
Chestov, où toutes sortes de possibilités sont évidemment nulles, quand, au
moment où notre expérience et notre entendement témoignent sans hésiter qu’il n’y
a aucun espoir pour l’homme»[1]. Ce n'est que lorsque l'esprit s'est éteint, et les
forces sont épuisées, la foi fait naître la vérité non pas comme la connaissance,
mais comme une nouvelle réalité. Et la philosophie existentielle a affaire à cette
réalité. «La philosophie existentielle, souligne Chestov, est une philosophie de
profundis. Elle ne demande pas, n’interroge pas, mais appelle, en enrichissant
l'esprit de la dimension, totalement étrangère et incompréhensible à la philosophie
spéculative. Elle n’attend pas la réponse de notre entendement, de la vision, mais
de Dieu. De Dieu, pour qui rien n'est impossible, qui est en possession de toutes les
vérités, qui a le pouvoir sur le présent, sur le passé et sur l'avenir» [2].
L’existentialisme, selon Chestov, est une philosophie, qui correspond aux
aspirations profondes de l'homme. C'est une philosophie qui résout les questions
fondamentales de son existence au moment où elles sont insolubles par tous les
moyens connus.
L’opposition nette de la foi et de la raison, qui est si caractéristique de toute
l’oeuvre de l'auteur, apparaît, en effet, pour la première fois en 1908-1910, dans les
recueils philosophiques «Les Grandes Veilles» et «Les Commencements et les
Fins». Chestov n’acceptait pas le rationalisme, quelques soient ses formes: «Il est
strictement interdit à la foi de s'approcher des domaines où règne une recherche
scientifique rigoureuse» [3]. Chestov raille une telle compréhension de la foi, avec
laquelle elle est interprétée comme l’insuffisance de la connaissance ou une
connaissance, prise à crédit. À son avis, le fait que la foi n’a pas besoin de preuves,
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car elle vit de l'autre côté des preuves, est l'essence même de la foi, sa prérogative
merveilleuse. Au contraire, la foi prend naissance quand l’homme a mis en doute
l'existence d'une vérité commune, a rejeté les consolations métaphysiques, comme
étrangères, et s’est convaincu de l'impuissance de la raison devant toutes les
difficultés et les privations de la vie, pleine de solitude et de désespoir. Chestov
écrit: «Et alors, et seulement alors, quand l'homme a senti l’impossibilité absolue
de vivre avec la raison, apparaît sa foi. Le plus souvent, il ne le sait pas, c’est-à-
dire il ne pense pas que son attitude changée envers le monde mérite un tel nom,
qu'elle a une certaine valeur, qu’elle vaut quelque chose! Il pense qu’on doit
appeler ainsi l’attachement de l’homme à une église, à une certaine dogme, aux
doctrines éthiques, ou, du moins, l'intérêt pour les questions dites ultimes de l’être.
Et tout ce qui se trouve en lui est si sauvage, ignoble, chaotique, absurde,
abominable, il convient de tout exterminer et de détruire. <...> Et ce qui nous
déséquilibre, qui brise notre expérience en parties infiniment petites, ce qui nous
prive de joies, de sommeil, de règles, de convictions et de fermeté, tout cela est la
foi, tout cela sont les moments de contact avec d'autres mondes, d’après les mots
de Dostoïevski» [4].
Ainsi, l’homme vient à la foi lui-même, après les tentatives douloureuses et
vaines de restaurer l'harmonie détruite et l'unité du monde, après «les épreuves
dures, qui réduisent en cendres l'âme humaine» [5]. On peut comparer cette
conviction de Chestov avec l’opinion de Gabriel Marcel qu'un homme entend la
voix de Dieu, mais seulement en étant blessé. La foi ne peut être que personnelle:
c'est une création humaine, la création d'un certain monde véritable, du monde de
sentiments intimes, d’émotions, d’expériences, dans lesquelles la personne
conserve son caractère unique et sa valeur. Cette interprétation de la foi est
considérée par L. Chestov comme le résultat de la combinaison organique des
approches antérieures: la compréhension de la foi comme d’un phénomène de
l'orientation terrestre et la compréhension de la foi comme d’une création
personnelle, qui crée un autre monde de l’homme. Si la foi va aider à entrer en
contact avec d'autres mondes, avec Dieu, la solitude et le vide de l'incrédulité sont
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liés à la négation de Dieu, à la reconnaissance de sa mort. Ainsi, en 1923, dans
l’ouvrage «Le pouvoir des clefs», L. Chestov écrit: «Dieu est toujours absent. Il...
apparaît et disparaît. Il est impossible de dire même à propos de Dieu qu'il apparaît
souvent. Quel que soit un abîme où l’homme tombe..., il ne s’adresse pas avec une
prière à un moteur immobile, bien qu’il lui soit évident que le moteur a toujours
été, est et sera» [6].
Dans la compréhension du philosophe, «l’homme, ayant senti qu'il n'y a pas
de Dieu, comprend soudain l'horreur cauchemardesque et la folie sauvage de
l’existence terrestre de l'homme et, l’ayant compris, ne se réveille pas pour la
dernière connaissance, mais pour la connaissance avant-dernière» [6]. Ainsi, selon
L. Chestov, la négation de Dieu est la condition nécessaire et essentielle de la
transformation ontologique du Moi humain sur le chemin vers l'Être Absolu.
Puisque le rationalisme et la pensée logique sont initialement vouées à l'échec dans
la tentative de trouver Dieu, une ignorance apophatique devient la seule alternative
qui puisse résoudre ce problème chez Chestov.
Léon Chestov comprend l’apophase dans la tradition des doctrines
religieuses et mystiques de la théologie orthodoxe jusqu’à la mystique allemande
peu orthodoxe des XIV-XVIII siècles. La connaissance négative de Dieu est
opposée à la connaissance positive comme plus parfaite, car elle conduit à la
Sagesse Divine, qui, pour l’homme, c'est «l'ignorance». En niant toutes les
connaissances qui ne se rapportent nécessairement qu'à l’existence, en niant soi-
même, se fait une mystérieuse union avec Dieu comme le but de la théologie
apophatique. Pourtant, l’apophatisme, ne se réduit pas seulement à la théologie de
l'extase, car il est avant tout un état d'esprit qui refuse de faire des notions
abstraites de Dieu. Ainsi, la théologie apophatique a pour but d'exprimer au
maximum adéquatement la transcendance absolue de la divinité. En se penchant
pour l’apophase comme une forme de la recherche de Dieu, Chestov postule les
critères du rationalisme éthique, religieux, épistémique, la percée à travers le
"manque de fondement" vers une nouvelle dimension de la pensée et de l'être qui
est de plus en plus identifié par le philosophe avec la foi religieuse. Dans les
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œuvres ultérieures, en caractérisant son idée comme une «philosophie de la
révélation biblique», le penseur développe la critique de la notion philosophique de
Dieu. La formule de la recherche de Dieu, qu'il a empruntée au penseur français B.
Pascal, est significative: «Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, et non pas
le Dieu des philosophes» [7]. Avec raison, l’hymne de la nuit de son «Apothéose
du manque de fondement» peut être considéré comme le manifeste apophatique de
Chestov: «La nuit est sombre, noire, peuplée d’horreurs nocturnes, ne vous
semble-t-elle parfois infiniment belle? Et ne vous attire-t-elle pas plus par sa
beauté calme, mystérieuse et insondable qu’un jour borné et criard? Il semble
encore un peu, et l’homme sentira que la même force étrange, mais attentive qui
nous a jetés dans ce monde et nous a appris à atteindre la lumière, comme des
plantes, en nous préparant peu à peu à une vie libre, nous emmène dans une
nouvelle sphère, où nous allons trouver une nouvelle vie avec ses nouvelles
richesses...» [8]. Il est à noter que les «ténèbres» et l’«obscurité» sont les symboles
apophatiques les plus importants dans les doctrines religieuses et mystiques.
Mais notons l’importance de l'appel de Chestov qu'il met dans la bouche du
héros de l’oeuvre un poète inspiré, qui «en jetant pour la dernière fois un regard
d'adieu à son passé, s'écriera audacieusement et joyeusement: que soleil se cache,
vive l'obscurité» [9]. Cette image et le sens, caché dans le salut de la nuit,
rappellent le symbolisme romantique, exprimant l'univers à travers l’unité de la
poésie, de la philosophie et de l'esthétique. La nuit «terrible» est le symbole du
romantisme tardif. Chestov le répète littéralement, en distribuant les épithètes:
«noire, peuplée d'horreurs» [10]. Là, les horreurs et les ténèbres sont pleins du
même sentiment de la «transition» d'un état de la nature et de l'homme à un autre,
duquel étaient pleins les sentiments de Novalis. Le romantique allemand dans «Les
Hymnes à la nuit» a également parlé de «l'abîme» et des «adieux au jour» qui sont
pour lui «bons» comme un seuil de grandes révélations nocturnes. Pour Chestov, la
nuit est le dépôt de la vie, de la mystère de la naissance de l'univers et de sa
couronne l’homme. La nuit avec son obscurité est le symbole ontologique de
l'acte irrationnel, initial de Dieu dans la philosophie de Chestov, dans lequel se
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