Toscane et sur la plaine du Pô et qu'ils avaient été repoussés dans la montagne
par des peuples nouveaux. Ils ne formaient pas une seule nation, chaque ville
était un petit État. Mais ils parlaient la même langue et cette langue ressemblait
au latin, à peu près comme le français ressemble à l'italien.
Les Sabins. — Au sud de l'Ombrie s'élève un énorme massif de montagnes
sauvages, entouré de tous côtés par des murailles de rochers qui en font une
sorte de forteresse naturelle ; ce sont les Abruzzes, un pays de brigands. En
avant, vers l'ouest, s'avance une longue rangée de montagnes plus basses en
pente plus douce, coupée par la vallée où coule l'Anio ; ce sont les monts de la
Sabine.
C'était autrefois le pays des Sabins, paysans guerriers ; réputés comme des
cultivateurs sobres, honnêtes, laborieux ; ils travaillaient à la bêche le sol
pierreux et aride de leurs montagnes, et vivaient dans de pauvres maisons
groupées en villages ouverts.
Leur langue ressemblait au latin.
Les Sabelliens. — De ce pays des Sabins étaient sortis, disait-on, la plupart des
peuples qui habitaient les montagnes de l'Italie ; on les appelait Sabelliens
(c'est
le même nom que Sabins)
, et on expliquait leur origine par des légendes.
Les Sabins, disait-on, dans des moments de malheur, croyant les dieux
irrités, avaient cherché à les apaiser par un grand sacrifice. Ils
vouaient, c'est-à-dire consacraient d'avance à leur dieu tout ce qui
naîtrait pendant une année ; cela s'appelait un printemps voué. Tous
les enfants nés en cette année appartenaient au dieu. Arrivés à l'âge
d'homme, ils s'en allaient au loin s'établir où ils pouvaient. Ainsi
étaient parties de la Sabine, à diverses époques, plusieurs bandes ;
chacune avait suivi un animal sacré, un loup, tin taureau, un pivert,
comme un envoyé du dieu ; là où l'animal s'arrêtait, la bande
s'établissait et devenait un peuple.
Plusieurs peuples portaient ainsi un nom d'animal ; les Picentins
(c'était le peuple
du pivert)
, les Hirpins
(peuple du loup)
; d'autres avaient un nom de dieu
(Marses,
Vestins)
.
Ces Sabelliens avaient peuplé toutes les montagnes de l'Italie. Ils tenaient le
massif du centre. Ils occupaient le pays qui descend sur l'Adriatique. Ils
habitaient les chaînes de montagnes qui s'avancent vers la plaine
(pays des
Herniques et des Èques)
. Ils finirent même par descendre dans la plaine et s'établir
dans les collines qui longent la côte
(pays des Volsques)
.
Isolés dans leurs montagnes, ils restaient barbares et belliqueux, élevant leurs
troupeaux, cultivant des coins de terre. Presque tous vivaient dans la campagne,
sans villes, ayant seulement sur des montagnes escarpées quelques forteresses
où en temps de guerre ils mettaient à l'abri leurs familles et leurs troupeaux. Ils
se groupaient en petits peuples sous des chefs qui les menaient à la guerre, mais
chaque peuple formait un État indépendant.
Les Samnites. — De tous ces Sabelliens, les plus puissants furent les
Samnites. C'était une confédération de quatre peuples établis au milieu de
l'Apennin, dans un pays couvert de montagnes sauvages, d'accès difficile,
séparés par des gorges étroites, un pays de pacages où l'herbe est courte, faite
plutôt pour les chèvres et les moutons que pour les bœufs.