
Le diagnostic
Le diagnostic du zona est essentiel-
lement clinique et se base sur l’his-
toire et le rash typique. À l’occasion,
surtout chez les immunocompromis,
la présentation peut être atypique et
on peut parfois avoir besoin d’un
laboratoire de confirmation (études
de recherche d’anticorps par immu-
nofluorescence du liquide des vési-
cules).
Quoique la culture soit possible,
elle est de peu d’intérêt en salle d’ur-
gence en raison des délais pour culti-
ver le zoster. On peut cependant
détecter l’ADN viral par une réaction
en chaîne par polymérase.
Le frottis de Tzanck ne fait pas la
distinction entre les différents types
d’herpès, mais la détection de cellules
géantes aux noyaux multiples dans le
liquide vésiculaire au moyen de la
coloration de Wright suggère une
infection herpétique. Le test est aussi
faussement négatif dans 20 % des cas.
On ne doit donc pas retarder un traite-
ment empirique devant une présenta-
tion clinique suggestive, même si le
frottis est négatif.
Le traitement
Les analgésiques
Le zona est douloureux et les antivi-
raux ne soulagent pas vraiment les
patients. Des analgésiques puissants
sont fréquemment nécessaires et on
doit souvent combiner AINS (anti-
inflammatoires non stéroïdiens) et
narcotiques.
L’utilisation des nouveaux anal-
gésiques, telle la gabapentine, ne
donne pas plus d’effet que le placebo.
Les lotions
Une trempette locale à l’eau claire
ou avec une solution à 5 % d’acétate
d’aluminium (Burrow’s solution)
ainsi que l’application de lotions,
telle la calamine, sur la peau affec-
tée, jusqu’à six fois par jour, pour
30 à 60 minutes, peut aider à
soulager un peu le prurit.
Les thérapies antivirales
Herpès zoster non compliqué
Les antiviraux acyclovir, valacyclovir
et famcyclovir sont efficaces pour
diminuer la durée du rash, de la
douleur aiguë et celle post-herpétique,
même lorsqu’ils sont donnés jusqu’à
72 heures après le début du rash.
L’acyclovir est un peu moins efficace
que les deux autres antiviraux et doit
être donné plus souvent. On recom-
mande 7 à 10 jours de traitement pour
l’acyclovir et 7 jours pour les deux
autres chez les patients dont l’immu-
nité est normale. Les patient immuno-
compromis nécessitent des traitements
plus longs.
Herpès zoster compliqué
Pour les patients à risque d’herpès
zoster disséminé secondaire, on
recommande de débuter la thérapie
antivirale même si le délai de
72 heures a été dépassé. On suggère
de privilégier les nouveaux antivi-
raux qui sont plus efficaces. Un
traitement intraveineux devrait être
envisagé chez les patients souffrant
d’une condition disséminée, de VIH
avancé ou après une transplantation.
Dans ces cas, une consultation en
médecine interne ou en infectiologie
est indiquée.
Herpès zoster ophtalmique
En plus de recevoir d’emblée des
antiviraux, ces patients devraient être
orientés vers un ophtalmologue.
Les corticostéroïdes
L’ajout de corticostéroïdes (predni-
sone, 40 à 60 mg/jour) de façon con-
commitante à l’acyclovir semble
accélérer le processus de guérison,
mais de façon très discrète. Il n’y a
aucun effet sur la réduction de névral-
gie post-herpétique. On n’a pas étudié
la combinaison de corticostéroïdes
avec les autres antiviraux. En raison du
risque théorique d’augmenter l’inci-
dence de surinfection cutanée et à
cause de l’efficacité très limitée,
l’utilisation de corticostéroïdes devrait
être réservée aux patients souffrant de
conditions très graves et douloureuses.
Les stéroïdes ne devraient jamais être
utilisés seuls en raison du risque d’aug-
mentation de la réplication virale.
La prophylaxie post-exposition
Elle consiste en l’utilisation de globu-
line immune de varicelle zoster. On
devrait la réserver aux immunocom-
promis, aux nouveaux-nés et aux
femmes enceintes.
Retour sur le cas
de Jérôme
Vous reconnaissez un zona et vous
décidez de traiter Jérôme avec un des
nouveaux antiviraux. Comme l’inconfort
est peu grave, vous le traiter avec un
AINS et de l’acétaminophène.
En quelques jours, le rash de Jérôme a
formé des croûtes qui sont par la suite
tombées. La douleur s’est résolue sans
récurrence.
C
le clinicien mars 2010
Défi diagnostic
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