328 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
LES BONNES PRATIQUES DHYGIENE
DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
Rôle des mains dans
la transmission de l'infection
Du fait de leur fonction, les mains du personnel
soignant représentent la voie principale de trans-
mission des micro-organismes responsables des
infections nosocomiales (1 ,2), la flore étant acquise
au contact des patients ou de l’environnement
(Tableau V).
Comment abaisser le niveau
de contamination des mains ?
Par un lavage simple
Les objectifs sont l’élimination des souillures,
matières organiques, squames cutanées et réduc-
tion de la flore transitoire par activité mécanique :
savon doux sans activité antimicrobienne,
savonnage pendant 15 à 30 secondes environ,
mains et poignets sont concernés.
Par un lavage antiseptique*
ou hygiénique (3)
L’objectif est la réduction de la flore transitoire :
savon antiseptique (activité détergente et an-
timicrobienne),
savonnage de 30 secondes à 1 minute suivant
les recommandations du fabricant,
mains et poignets (parfois avant-bras) sont
concernés, ou
lavage simple suivi d'un traitement hygiénique
des mains par frictions.
Par un traitement hygiénique des mains
par frictions
L’objectif est la réduction de la flore transi-
toire sur des mains peu contaminées et non
souillées :
friction des mains et des poignets avec une
solution ou un gel alcoolique pendant le temps
préconisé par le fabricant du produit.
Comment organiser
le lavage des mains ?
Disposer de points
de lavage des mains fonctionnels
Un équipement minimum est nécessaire au la-
vage des mains. Un programme de rénovation ou
d’aménagement de locaux doit impérativement in-
tégrer la fonction lavage des mains en installant
des points de lavage fonctionnels.
la vasque doit être profonde (50 cm au moins)
et large, sans trop plein ni bonde obturable,
le robinet doit être muni d’un long col de cygne,
chaque point d’eau doit être équipé de savon
liquide,
les essuie mains à usage unique en distribu-
teur sont une nécessité,
chaque point de lavage doit être équipé d’une
poubelle sans couvercle pour éliminer les
essuie mains à usage unique,
une protection murale contre les éclaboussures
doit entourer chaque point d’eau
2.2
Hygiène des mains
Flore résidente
de chaque individu
Staphylocoques
à coagulase négative
Microcoques
Corynebacterium sp
Flore transitoire
acquise au contact
du patient
Staphylococcus aureus
Entérobactéries
P. aeruginosa
Virus (rotavirus)
Flore transitoire
acquise au contact
de l’environnement
Bacillus sp
Acinetobacter sp
Pseudomonas sp
Tableau V -
Origine de la flore
des mains chez
le personnel de santé.
329
HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE DES MAINS
Utiliser des produits adaptés
Le choix des produits est un facteur important
pour la réussite d’une politique de lavage des mains :
aussi, il faut retenir des produits efficaces, bien to-
lérés, présentés dans un conditionnement ap-
proprié évitant la contamination du savon. Leur
choix doit être confié à une personne ayant une
compétence dans le domaine (pharmacien, hygié-
niste, dermatologue).
Définir une politique de lavage des
mains dans chaque service ou institution
La mise en place d’une politique dans laquelle
la dimension collective du lavage des mains oc-
cupe une large place est à même d’améliorer l’ob-
servance du lavage des mains : le rôle du groupe,
l’exemple donné par l’encadrement, en particulier
par les médecins, sont des atouts sur lesquels il
faut s’appuyer pour créer une dynamique permet-
tant à tous les acteurs de s’impliquer dans une cam-
pagne sur le lavage des mains. On peut ainsi re-
commander :
la prise en charge de la politique de lavage des
mains par le personnel concerné lui même,
l’analyse systématique en équipe des situa-
tions nécessitant un lavage des mains en fonc-
tion des postes de travail et des différents mé-
tiers,
l’adaptation du type de lavage de mains au be-
soin,
l’organisation d’une communication dynamique
et non culpabilisante sur le lavage des mains,
l’information des patients, des visiteurs et des
bénévoles,
le suivi des problèmes de tolérance cutanée
du lavage des mains.
Bibliographie
1 - LARSON E. A causal link between handwashing and risk
of infection ? Examination of the evidence. Infect Control
Hosp Epidemiol 1988, 9 (1): 28-36.
2 -VANDERVEIKEN F, GOBERT E, ERNOULD A,
et al
. Les mains :
le transport en commun des infections hospitalières.
Bull.Inf.Hyg.Hosp., XV, n°2, 26-28.
3 - Antiseptiques et désinfectants chimiques. Lavage hy-
giénique des mains. Méthode d’essai et prescription.
NFT 72 - 501 (EN1499). Juin 1997.
4 - HOFFMAN P, COOKE E, MCCARVILLE M,
et al
. Micro-or-
ganisms isolated from skin under wedding rings worn by
hospital staff. Br med J 1985, 290: 206-207.
5 - GIRARD R. Solutions antiseptiques hydro-alcoolique
pour les mains : quelle place devons nous leur faire? Hy-
giènes,1994, 4, 14-16.
La technique
du lavage des mains
ongles courts et absence de bijoux et de vernis (4),
savonnage de toutes les zones de la main,
rinçage abondant,
séchage complet,
absence de recontamination immédiate à partir
de l’environnement.
OPTIMISER
L’équipement
commande d’ouverture de l’eau autre que
manuelle,
savon liquide présenté en réservoir jetable,
commande de distribution du savon autre que
manuelle,
équipement disponible sur le lieu même des
soins (chambre, salle de kinésithérapie...),
installer des distributeurs de produits hydro-
alcooliques dans tous les points stratégiques (5).
OPTIMISER
Le choix et l’utilisation
des produits
absence de parfums et de colorants dans le
savon,
pour le lavage antiseptique, choisir un produit
bactéricide* et pas seulement bactériostatique*,
pas d’excès de savon et rinçage soigneux,
respecter les consignes du fabricant (quantité
de savon et temps de savonnage),
prévoir la possibilité d'utiliser une crème hydra-
tante pour les mains du personnel après les
soins ; l’idéal est qu’elle soit fournie dans des
distributeurs placés dans les offices de soins.
OPTIMISER
330 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE DES MAINS
La politique de lavage des mains
OPTIMISER
Analyser périodiquement les difficultés
d'application de la politique préétablie.
Porter une attention particulière
à l'hygiène des mains lors des soins en série.
Hiérarchiser le niveau de contamination
des mains lors des soins les plus fréquents
et associer cette réflexion à celle sur
l’utilisation des gants.
Mesurer l'observance du lavage des mains
et communiquer les résultats.
Éduquer au lavage des mains l'ensemble
des professionnels soignants ou non,
les patients et les visiteurs.
364 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
AFNOR
Association Française de Normalisation.
Association ayant pour mission de coordonner
les programmes de normalisation en France et d’en-
courager la diffusion et l’application des normes.
antisepsie
Opération au résultat momentané permettant,
au niveau des tissus vivants, dans la limite de leur
tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-orga-
nismes et/ou d’inactiver les virus, en fonction des
objectifs fixés. Le résultat de cette opération est li-
mité aux micro-organismes présents au moment
de l’opération (AFNOR NF T 72 101).
antiseptique
Selon AFNOR NF T 72 101, un antiseptique est
un produit ou un procédé utilisé pour l’antisepsie
dans des conditions définies. Si le produit ou le pro-
cédé sont sélectifs, cela doit être précisé. Ainsi, un
antiseptique ayant une action limitée aux champi-
gnons est un antiseptique à action fongicide.
bactéricide
Produit ou procédé ayant la propriété de tuer les
bactéries dans des conditions définies (AFNOR,
Comité Européen de Normalisation).
bactériostatique
Produit ou procédé ayant la propriété d’inhiber
momentanément les bactéries dans des conditions
définies (AFNOR).
biocontamination
Contamination d’une surface (biologique ou
inerte) ou d’un fluide par des micro-organismes vé-
hiculés par l’air (contamination aéroportée ou aé-
robiocontamination), par des êtres vivants (la conta-
mination par contact avec les mains en est la
modalité majeure) ou par les objets. (Association
pour la Prévention et l’Étude de la Contamination)
biofilm
Ensemble de micro-organismes et de leurs sé-
crétions macromoléculaires qui sont présents sur la
surface d’un matériau (Association pour la Préven-
tion et l’Étude de la Contamination).
bionettoyage
Procédé de nettoyage, applicable dans une zone
à risques, destiné à réduire momentanément la bio-
contamination d’une surface. Il est obtenu par la
combinaison appropriée d’un nettoyage, d’une éva-
cuation des produits utilisés et des salissures à éli-
miner, de l’application d’un désinfectant.
cas acquis
Le caractère acquis d’une bactérie multirésis-
tante peut être affirmé si un dépistage systéma-
tique à l’entrée dans un service a été réalisé et si
celui-ci est négatif. La découverte d’une telle bac-
térie au cours du séjour plus de 48 à 72 heures
après l’admission chez un patient antérieurement
négatif laisse présumer que la bactérie a été ac-
quise par transmission au cours du séjour.
cas importé
Le caractère importé depuis un autre établisse-
ment d’une bactérie multirésistante peut être af-
firmé si un dépistage systématique à l’entrée du
patient dans le service a été réalisé et si celui-ci est
positif. La découverte d’une telle bactérie chez un
patient moins de 48 à 72 heures après l’admission
laisse présumer que la bactérie a été transmise an-
térieurement par rapport au séjour actuel.
colonisation (colonisé)
Présence d’une bactérie dans un site qui en est
normalement exempt, mais cette bactérie n’est
responsable d’aucun symptôme local ou général
d’infection ; exemple : présence d’une bactériurie
isolée à Staphylococcus aureus dans les urines sans
aucun signe d’infection urinaire.
Lexique
365
HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
désinfectant
Produit ou procédé utilisé pour la désinfection,
dans des conditions définies. Si le produit ou le pro-
cédé est sélectif, ceci doit être précisé. Ainsi, un
désinfectant ayant une action limitée aux champi-
gnons est désigné par : désinfectant à action fon-
gicide (AFNOR NFT 72 101).
désinfection
Opération au résultat momentané permettant
d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou
d’inactiver les virus indésirables portés par des mi-
lieux inertes contaminés, en fonction des objec-
tifs fixés. Le résultat de cette opération est li-
mité aux micro-organismes présents au moment
de l’opération (AFNOR NFT 72 101). L’usage du
terme « désinfection » en synonyme de « dé-
contamination » est prohibé.
Terme générique désignant toute action à visée
antimicrobienne, quel que soit le niveau de ré-
sultat, et utilisant un produit pouvant justifier
in
vitro
des propriétés autorisant à le qualifier de
désinfectant ou d’antiseptique. Il devrait logi-
quement toujours être accompagné d’un qualifi-
catif et l’on devrait ainsi parler de :
désinfection des dispositifs médicaux (= du
matériel médical)
désinfection des sols,
désinfection des surfaces par voie aérienne,
et même désinfection des mains ou d’une plaie
(Société Française d’Hygiène Hospitalière et
Comité Européen de Normalisation).
Élimination dirigée de germes destinée à empê-
cher la transmission de certains micro-organismes
indésirables, en altérant leur structure ou leur
métabolisme indépendamment de leur état phy-
siologique (CEN)
nettoyage
Opération d’élimination des salissures (particu-
laires, biologiques, liquide,...) avec un procédé fai-
sant appel dans des proportions variables les unes
par rapport aux autres, aux facteurs suivants : action
chimique, action mécanique, temps d’action de ces
deux paramètres et température.
nettoyage-désinfectant
Produit présentant la double propriété de déter-
gence et de désinfection (Société Française d’Hy-
giène Hospitalière).
porteur (portage)
Présence d’une bactérie dans un site où sa pré-
sence est habituelle sans qu’elle soit responsable
d’infection ; exemple : présence de Staphylococ-
cus aureus dans les narines ou dans d’entérobac-
téries dans les selles.
précautions standard
Ensemble des précautions d’hygiène qui s’ap-
pliquent à tout patient sans tenir compte de l’exis-
tence d’une éventuelle infection. Ces précautions
intègrent la protection du personnel vis à vis des li-
quides biologiques, la prévention des accidents
d’exposition au sang et les bonnes pratiques d’hy-
giène visant à limiter la transmission des micro-or-
ganismes hospitaliers lors des soins. Les précau-
tions standard concernent l’hygiène des mains, les
techniques de soins, le nettoyage et la désinfec-
tion du matériel de soins, l’entretien des locaux ,
de la vaisselle et du linge, la prévention des acci-
dents d’exposition aux liquides biologiques dont le
sang. L’application des précautions standard est in-
dispensable à l’efficacité d’une politique de contrôle
des infections nosocomiales.
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