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avait bénéficié d'une suture de la rupture gastrique par un surjet au
polyglactin 910 (vicryl*2/0), une ligature des branches terminales
de l'artère gastrique gauche qui saignaient, une toilette et un
drainage avec une lame de Delbet. Il était ensuite transféré à la
réanimation, intubé, ventilé, sous noradrénaline. Le décès était
survenu au 2ieme jour post-opératoire dans un tableau de collapsus
cardiovasculaire irréversible.
Discussion
La dilatation aiguë de l'estomac est une pathologie rare. Dans la
littérature, 37 cas ont été retrouvés sur 10 ans [3, 4]. Ce sont les
mêmes constats de Lee et al qui ont retrouvé une vingtaine de cas
entre 1985 et 2004 [5]. Sa fréquence est passée de 1 cas par an en
moyenne il y a dix ans à 3,9 cas par an actuellement d'après la
littérature [6]. Si on se base sur les 37 cas retrouves dans la
littérature dont le sexe n'a pas été spécifié dans 1 cas, on note 26
femmes et 10 hommes. Ceci rejoint les considérations de Aydinet al
pour qui la dilatation aiguë de l'estomac concerne la femme dans
37% des cas [7]. C'est une pathologie qui peut se voir à tout âge
[4, 8]. C'est une affection ubiquitaire intéressant toutes les races.
Les causes sont diverses. Les causes les plus fréquentes dans la
littérature sont l'anorexie mentale, l'aérophagie et la polyphagie, un
repas ponctuel excessif, le syndrome de la pince aorto-mésentérique
etc... [8]. Les circonstances étiologiques ne sont pas connues chez
notre premier patient. Elle pourrait être secondaire à une
polyphagie. Celle-ci pourrait ne pas être avouée par la patiente du
fait de la discrétion culturelle des comportements alimentaires de
nos populations. Chez notre deuxième patient, la rupture gastrique
était survenue au décours d'une boulimie après la rupture du jeûn.
Chez ce malade, le jeûn peut être assimilé à une anorexie mentale.
Au cours des anorexies, il est démontré à la manométrie une
diminution du péristaltisme duodénale et antrale entrainant un
allongement du temps de vidange gastrique responsable de la
dilatation gastrique lors d'une alimentation massive. Benson et Ward
ont rapporté l'association d'une dilatation aiguë de l'estomac à une
pancréatite à la suite d'une rupture de jeûn pendant le Ramadan
qu'il suggère dénommer «Ramadan syndrome» [9]. Les signes
fonctionnels les plus retrouvés sont des signes d'occlusion
intestinale haute [5]. Ceci a été retrouvé chez un de nos patients.
Les signes fonctionnels peuvent être moins marqués. Ainsi,
Algiakrishnan et al ont rapporté un sexagénaire diabétique qui
présentait une diarrhée et une distension gastrique indolore [4]. Les
signes de choc retrouvés chez nos patients étaient aussi retrouvés
par Watanabe et al dans 12/20 patients [10]. Ces signes de choc
sont dus au troisième secteur, aux vomissements et à la
compression de la veine cave inferieure par l'estomac dilaté [11]. La
distension abdominale est constante dans la dilatation aiguë de
l'estomac. Elle est souvent asymétrique prédominant à
l'hypochondre gauche et l'épigastre. La nécrose de l'estomac sur
dilatation aiguë est suspectée devant l'aggravation du tableau
clinique et à partir des explorations radiologiques qui retrouvent une
dilatation gastrique associée à une pneumatose pariétale avec ou
sans aéroportie, une absence de rehaussement de la paroi gastrique
au scanner après injection de contraste [12]. Comme chez notre
premier cas, Lunca et al stipulent que la majorité des cas de
nécrose surviennent le long de la grande courbure et sur le fundus
[13]. Ce pendant, la richesse vasculaire de l'estomac l'expose moins
à la nécrose. Comme chez notre deuxième patient, Adam et al ont
avancé que le siège de la rupture se situe dans 80% des cas au
niveau de la petite courbure sous cardiale dans une zone de fragilité
appelée locus minorisresistentiae [3]. Par contre, Ourfali et al ont
décrit que la rupture intéresse dans 40% la face antérieure, 23% la
grande courbure et 15 % la face postérieure ou la petite courbure
[14]. L'image évocatrice à la radiographie de l'abdomen sans
préparation est la présence d'une volumineuse poche à aire
gastrique allant de l'hypochondre gauche à l'hypochondre droit. La
TDM abdominopelvienne a une meilleur sensibilité pour poser le
diagnostic, de retrouver les complications et la cause [13]. La
réanimation médicale est la première étape de la prise en charge
avec une bonne correction des troubles hydro-électrolytique surtout
en cas de choc hypovolémique. La mise en place d'une sonde
nasogastrique en aspiration douce associée à une correction hydro-
électrolytique est l'attitude la mieux partagée [11]. La chirurgie est
indiquée en cas de complication comme une nécrose, une
perforation et une rupture. Dans les nécroses gastriques, une
gastrectomie atypique ou non est indiquée. Chez notre patiente, on
avait réalisé une gastrectomie atypique. Ce pendant, Ammori et al
avait réalisé une gastrectomie totale [15]. Le traitement de la
rupture gastrique reste chirurgical par une suture. Dans la
littérature, on a retrouvé 1 cas de rupture gastrique qui a été traitée
avec succès selon la méthode de Taylor [3]. Cette dernière se fait
en milieu chirurgical et demande une disponibilité de l'imagerie
diagnostique et interventionnelle, une bonne stabilité
hémodynamique, en dehors de toute irritation péritonéale et à
l'absence de toute défaillance viscérale. Les suites opératoires de la
gastrectomie atypique étaient marquées par la survenue d'une
sténose gastrique étendue. Cette sténose était probablement due à