MEDECIN
www.legeneraliste.presse.fr
DÉPENDRE UN PENDU
5
BURGER/PHANIE
La pendaison est une xtrème urgence
justifiant une équipe médicale extrahospitalière.
grand intérêt médico-légal. Même
coupé, le lien doit être retiré, car il
peut faire office de garrot veineux
s’il se coince dans le sillon cervical.
Le corps est soutenu afin d’éviter sa
chute qui risque d’aggraver le ta-
bleau clinique par de nouvelles lé-
sions traumatiques. Il faut s’effor-
cer de respecter l’axe tête-cou-
tronc, mettre en place, dès que
possible, un collier cervical, évi-
ter toute mobilisation intempesti-
ve de la victime et la considérer
d’emblée comme un traumatisé du
rachis cervical, jusqu’à preuve ra-
diologique du contraire. Certains
auteurs recommandent la position
proclive à 30° pour favoriser le
drainage céphalique.
L’alerte est passée rapidement
aux services concernés (15, 18,
112). L’adresse sera donnée préci-
sément, en particulier si l’accident
survient en milieu rural. Elle devra
faire état, au minimum, du bilan
fonctionnel de la victime (état de
conscience, état ventilatoire, état
circulatoire).
Avant l’hospitalisation,
agir vite
Le mécanisme essentiel est l’oc-
clusion des vaisseaux du cou. Le
facteur temps est décisif pour le
devenir du pendu « vasculaire »,
puisque l’anoxie débute dès la pre-
mière seconde, alors que l’anoxie
consécutive à un arrêt cardiaque
secondaire à un obstacle sur les
voies aériennes ne survient que
trois à cinq minutes plus tard. On
distingue quatre types de situa-
tions cliniques.
• Le patient est en arrêt car-
dio-respiratoire. L’origine de cet
arrêt cardio-respiratoire peut être
polyfactorielle (hypoxie, origine
neurovégétative, choc spinal, pri-
se de toxiques). La prise en char-
ge de tout arrêt cardiaque (massa-
ge cardiaque externe, ventilation
en oxygène pur, adrénaline en cas
d’asystolie, choc électrique exter-
ne en cas de fibrillation ventricu-
laire).
Dans ce contexte, l’intubation
trachéale peut être probléma-
tique, même à l’aide d’une sonde
de faible diamètre (sept milli-
mètres chez l’adulte), en raison
des particularités lésionnelles de
la victime (lésions laryngo-tra-
chéales, œdème cervical com-
pressif). Dans certains cas, l’intu-
bation naso-trachéale peut être
indiquée (trismus). L’écrasement
des cartilages laryngés et l’œdème
laryngé nécessitent, en principe,
une trachéotomie « de
sauvetage », dont l’indication res-
te exceptionnelle sur le terrain.
Le respect de l’axe tête-cou-
tronc interdit les mouvements
d’hyperextension du rachis.
L’intubation devra donc être réali-
sée « à quatre mains ». Une son-
de gastrique sera mise en place.
Le remplissage vasculaire a
pour objectif l’obtention d’une
pression artérielle systolique su-
périeure à 120 mmHg au maxi-
mum. Il faut cependant se méfier
d’un remplissage vasculaire trop
important qui risque de majorer
l’œdème cérébral. L’alcalinisation
(bicarbonate de sodium semi-mo-
laire) est à discuter dès que les
manœuvres de réanimation se
prolongent au-delà de dix mi-
nutes.
•Le patient présente une dé-
tresse respiratoire. Le traitement
dépend du mécanisme lésionnel
en cause. En cas d’œdème aigu du
poumon, l’intubation sera réali-
sée et la ventilation assistée pour-
ra se faire en pression expiratoire
positive (PEP) si la SpO2est infé-
rieure à 90%, malgré une ventila-
tion en oxygène pur. En cas d’œ-
dème laryngé ou
d’encombrement trachéo-bron-
chique, une corticothérapie pa-
rentérale sera proposée (méthyl-
prednisolone IV [Solu-Médrol®]:
1 mg par kilo).
•Le patient présente des
troubles de la conscience isolés.
L’intubation trachéale doit être pré-
coce et prudente (intubation à
« quatre mains »); elle peut être
compliquée par la présence d’une
hypertonie. La ventilation assistée
vise à obtenir une normoxie (au-
dessus de 80 mmHg) et une hypo-
capnie (voisine de 35 mmHg) des-
tinées à favoriser la régression de
l’œdème cérébral (effet vasocons-