© Pharma-News page 1 Numéro 67, septembre 2009
P h a r m a - N e w s
Le journal de l'équipe officinale
Sommaire
Editorial :
Les bons conseils…
Nouveautés : MEFENACIDE° cpr sécables
Enfin un article sur l’acide méfénamique !
STRATTERA°
Nouveauté pour le traitement du THADA
Pour en savoir plus : Pilules et thrombose
Au delà de la presse,qu’en est-il vraiment ?
Les vermifuges
Est-ce utile de vermifuger à tout-va ?
Le diabète de type 1
Quelles différences avec le type 2 ?
En bref : PERINDOPRIL SANDOZ° - VERRUKILL°
Tests : C’est la rentrée, les tests ne sont plus des jeux…
L’image du mois :
Septembre 2009
Numéro 67
Finies les mini
-jupes !
© Pharma-News page 2 Numéro 67, septembre 2009
Editorial
Idées reçues
Bien souvent en pharmacie, nous sommes confrontés aux remèdes de bonnes femmes mis en
avant par nos clients. Si nombre d’entre eux sont infondés, il arrive que certains reposent sur
de réelles actions médicalement prouvées de tel processus ou de telle substance. Il arrive
également que l’effet placébo d’une méthode soit suffisant.
Nous ne faisons pas dans le Pharma-News une revue systématique de ces croyances, mais
nous essayons de combattre certaines idées reçues. Car si nos clients fondent leurs pratiques
sur des habitudes héritées de leurs ancêtres, force est d’avouer que nous aussi, en tant que
praticiens de la santé, transmettons des conseils à nos clients fondés sur des formations reçues
dans le passé, mais plus forcément d’actualité. C’est ce que nous allons mettre en évidence
ici, notamment dans les articles sur le PONSTAN° (pardon, sur son générique ! Mais est-ce
que les jeunes savent encore que c’était du PONSTAN° ?) et sur les vermifuges.
Bonne lecture et bonne reprise à tous !
Pierre Bossert Caroline Mir Christophe Rossier
Marie-Thérèse Guanter Germanier Martine Ruggli Marie-Laure Savoia Bossert
Nouveautés
MEFENACIDE° 500 mg comprimés pelliculés sécables
(acide méfénamique)
La maison Streuli remplace ses anciens
comprimés d’acide méfénamique par de
nouveaux comprimés sécables sans
phtalate
1
. Encadré
2
C’est l’occasion pour nous de faire le
point sur cet AINS largement prescrit,
aussi bien en médecine générale qu’en
médecine dentaire.
L’acide méfénamique (PONSTAN°, MEFENACIDE°, MEPHADOLOR°, SPIRALGIN°,
SPORTUSAL TABS°) fait partie de la famille des dérivés de l’acide anthranilique, comme
1
Courrier Streuli, 18 mai 2009
2
Office fédéral de la santé publique OFSP, février 2006
© Pharma-News page 3 Numéro 67, septembre 2009
l’acide flufénamique (ASSAN°, MOBILISIN°) et l’étofénamate (RHEUMON° gel,
TRAUMALIX°). Comme tous les AINS, l’acide méfénamique est utilisé pour différents types
de douleurs. Il est indiqué notamment en cas de douleurs moyennes à modérées telles que
maux de tête, douleurs dentaires, douleurs
post-opératoires, dysménorrhées, etc., ainsi
qu’en cas de fièvre et d’arthrite chronique
juvénile chez l’enfant. Son pouvoir anti-
inflammatoire est considéré comme léger
3
.
Le mécanisme d’action de tous les AINS
passe par une inhibition générale de la
synthèse des prostaglandines (substances de
type hormonal ayant une action locale
ciblée). Etant donné que celles-ci sont
présentes dans de nombreux organes et que
leur fonction et leur régulation varient selon
la localisation, les effets résultant d’une
inhibition de leur synthèse sont très
nombreux
4
. Ceci explique les effets
indésirables, parfois sévères, qui peuvent
être rencontrés dans pratiquement tous les
systèmes d’organes : cardio-vasculaire, rénal, gastro-intestinal et respiratoire.
Tous les AINS ayant le même effet contre la douleur, l’efficacité antalgique n’est pas un
critère de choix. Les AINS se différencient surtout par leurs effets indésirables et leur
pharmacocinétique qui conditionne la durée de leur effet
5
. Le choix dépendra donc
principalement de la toxicité du produit, de sa durée d’action et de la réponse individuelle du
patient. En effet, la réaction à un AINS varie d’un individu à l’autre : un patient non
répondeur à un AINS peut répondre à un autre.
Reste à savoir quelle place attribuer à l’acide méfénamique face à la panoplie d’AINS
différents que nous propose l’industrie. Il ressort de différentes publications les données
suivantes
5
:
- l’acide méfénamique ne présente pas d’efficacité supérieure aux autres AINS,
- il existe des AINS similaires du point de vue pharmacocinétique, moins toxiques
(ibuprofène, diclofénac, p.ex.),
- la gastrotoxicité de l’acide méfénamique est importante; en plus des effets indésirables
gastro-intestinaux habituels des AINS, il peut provoquer une entérite ou une colite
chez des patients sans prédisposition,
- l’acide méfénamique est toxique déjà avec un faible surdosage par rapport à la dose
maximale quotidienne et peut causer des convulsions.
Son usage encore fréquent, tant en médecine générale qu'en médecine dentaire, semble donc
plutôt se baser sur des (mauvaises) habitudes que sur l'évaluation du rapport bénéfice-risque
de ce médicament qui est plutôt défavorable.
3
Martindale, 32
ème
Ed., 1999
4
Forum médical suisse, 2006 ; 6 : 284-290
5
CQ PharmaSuisse, update 2009
Les phtalates
2
:
Les phtalates sont des subst
ances chimiques largement
utilisées dans d’industrie, notamment pour les
revêtements de sol, les tuyaux, les câbles, les peintures,
les vernis et certains cosmétiques comme les vernis à
ongles et les laques pour les cheveux, car ils confèrent
aux matières
plastiques souplesse et élasticité. Ils peuvent
également être employés comme lubrifiants, agents anti-
mousse, solvants et comme excipients dans certains
médicaments
: ils entrent dans la composition des
capsules gastro-résistantes.
Quelques phtalates (BB
P, DBP) sont considérés comme
des perturbateurs endocriniens, bien que n’ayant qu’un
faible effet œstrogènique et n’étant absorbés qu’en
quantité infime par l’être humain.
Il n'est donc pas du tout évident que leur retrait, dans cette
nouvelle formulation
du MEFENACIDE°, apporte
vraiment quelque chose. Cela ne suffit en tout cas pas,
selon nous, à rendre ce générique préférable à un autre
lors de la substitution du PONSTAN°.
© Pharma-News page 4 Numéro 67, septembre 2009
La posologie usuelle de l’acide méfénamique est de 500 mg trois fois
par jour chez l’adulte (ne pas dépasser la dose maximale de deux
grammes par jour)
6
et de 25 mg/kg/j en plusieurs prises (soit environ
8 mg/kg/dose toutes les 8 heures) chez les enfants de plus de 6
mois
3
. L’acide méfénamique ne doit pas être administré aux enfants
en dessous de 6 mois. Les suppositoires ne devraient pas être utilisés au-delà de sept jours
consécutifs, afin d’éviter des irritations locales
6
.
En conclusion, lorsqu’un AINS est jugé nécessaire, l’ibuprofène reste le premier choix car,
tout en étant aussi efficace, il présente moins de risques gastro-intestinaux que les autres
AINS et, à faible dose (<1200 mg), il ne semble pas présenter de risques cardio-vasculaires.
MEFENACIDE° 500 mg – A retenir pour le conseil :
comprimés sécables sans phtalate
efficacité pas supérieure à celle de l’ibuprofène
toxicité gastro-intestinale importante
ne pas dépasser 2000 mg par jour
ne pas délivrer pour les enfants en dessous de six mois
STRATTERA° (atomoxetine)
7,8
STRATTERA° est médicament
nouvellement enregistré en Suisse pour
le traitement des troubles déficitaires de
l’attention avec hyperactivité (THADA)
chez l’enfant de plus de six ans et de
l’adolescent. Jusqu’à présent, seul le
méthylphénidate (RITALINE°,
CONCERTA°) était reconnu pour cette
indication.
STRATTERA° est un inhibiteur de la
recapture de la noradrénaline. Dans ce
sens, il agit en augmentant la quantité de noradrénaline disponible dans le cerveau.
Contrairement au méthylphénidate, il n’est pas soumis au contrôle des stupéfiants. Il est
enregistré en liste A et est hors liste (HL).
Chez les enfants et les adolescents de moins de 70 kilos, le traitement doit être initié avec une
posologie de 0.5 mg/kg/j. Par la suite, une dose quotidienne de 1.2 mg/kg/j ne devrait pas être
dépassée. Chez les enfants et les adolescents de plus de 70 kilos, le traitement peut être initié
6
Compendium suisse du médicament, 2009
7
pharmaJournal 06, 3.2009
8
www.swissmedic.ch, Stratter
Acide méfénamique
5
:
demi-vie = 2–4 h
durée de l’effet = 6 h
élimination = 52% rénale
© Pharma-News page 5 Numéro 67, septembre 2009
directement avec une dose quotidienne de 40 mg, qui ne devrait pas dépasser 80 mg par la
suite. L’augmentation de dosage se fait par paliers, un changement ne devant pas intervenir
avant 7 à 14 jours.
Le délai d’action du STRATTERA° est de deux à quatre semaines (il est important d’en
informer les patients !). Par contre, la durée optimale du traitement n’est pas encore connue ;
la plupart des études disponibles ont été réalisées sur de courtes périodes allant de six à dix
semaines. Les éventuels effets indésirables à long terme ne sont, de même, pas encore bien
déterminés : impact sur la croissance, effets sur le système cardio-vasculaire, influence sur le
cerveau en plein développement, etc.
8
?
Une étude a montré que le méthylphénidate avait un effet plus marqué sur les symptômes liés
au THADA que l’atomoxétine et que chacun des deux produits était plus efficace que le
placebo. Cette même étude a montré également qu’une partie des enfants qui ne répondaient
pas au méthylphénidate ont par contre répondu à un traitement à l’atomoxétine
9
.
Actuellement les recommandations proposent donc le méthylphénidate comme traitement de
première ligne et l’atomoxétine en cas d’échec avec celui-ci ou en cas de risque d’abus de ce
dernier
7
.
STRATTERA° n’est pas dépourvu d’effets indésirables :
- les plus fréquents sont : douleurs abdominales, maux de tête et baisse de l’appétit. Des
nausées, des vomissements et de la somnolence peuvent également survenir, surtout en
début de traitement,
- la prise de STRATTERA° a été associée à une augmentation des idées suicidaires et
autres troubles psychiatriques, en particulier chez les enfants et les adolescents. Il est
dès lors recommandé, particulièrement pendant les premiers mois de traitement ou en
cas de modification de dosage, d’être attentif à l’apparition de tout signe d’agitation,
d’instabilité ou de comportement suicidaire,
- quelques cas d’hépatotoxicité grave ont été signalés : attention en cas de douleurs
abdominales, nausées, urines foncées ou ictère,
- il existe une certaine inquiétude en ce qui concerne le risque cardio-vasculaire. Il est
dès lors recommandé aux médecins, avant d’instaurer le traitement, d’évaluer le risque
cardiaque : anamnèse personnelle et familiale, examens cliniques,
électrocardiogramme, etc.
10
.
Dans tous les cas, le traitement au STRATTERA° doit être inscrit dans le cadre d’une
stratégie globale. Cela signifie qu’il ne devrait être prescrit qu’à des patients ayant un suivi
psychologique, éducatif et éventuellement social. Le traitement doit être initié et surveillé par
un médecin spécialisé dans le traitement du THADA.
9
www.cbip.be, Folia Pharmaceutica, décembre 2008
10
www.cbip.be, Bon à savoir, 29.4.08
1 / 21 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!