Les accidents musculaires V ous êtes en randonnée à plus de 3 heures du stationnement, et votre ami perd l’équilibre en descendant un sentier. En tombant, sa cheville se retourne et il pousse un cri de douleur. Il est absolument incapable de se relever debout sans votre aide. Â Que s’est-il passé ? Â Que doit-on faire ? Â Est-ce simplement une petite «foulure» ? L’entorse En médecine sportive, l’entorse est une des blessures les plus fréquentes, et la cheville en est bien entendu le site de prédilection. Une entorse est tout simplement l’étirement d’un ligament (bandelette de tissu reliant 2 structures osseuses) accompagnée d’une déchirure plus ou moins importante de celui-ci. On la classifie habituellement en 3 niveaux : • L’entorse de 1er degré est caractérisée par un étirement et des micro déchirures du ligament causant un œdème léger (cheville peu ou pas gonflée), un mouvement normal de l’articulation, et aucune atteinte fonctionnelle. La personne peut habituellement se relever et marcher dans les secondes qui suivent la blessure. • L’entorse de 2ème degré représente une déchirure plus sévère. Si on pouvait visualiser le ligament, on verrait la rupture des fibres à l’œil nu. Le gonflement de l’articulation est plus important, la douleur est plus prononcée (la personne va avoir besoin de plusieurs minutes pour se remettre debout et va boiter de façon évidente). Les mouvements de l’articulation demeurent toutefois normaux. • L’articulation de 3ème degré est une déchirure complète du ligament. L’articulation gonfle immédiatement, la douleur est sévère (certaines personnes vont même avoir des nausées et vomissements), et le mouvement de l’articulation est anormal (la cheville a une amplitude beaucoup plus grande que la normale si on force les mouvements dans toutes les directions). Dans ce type de blessure, inutile de dire que la marche est impossible (si la cheville est touchée bien sûr !). On note aussi une fréquence élevée de fractures associées aux sites d’insertion des ligaments. Lorsqu’on parle de déchirure musculaire ou claquage, les trois paliers de déchirures sont semblables aux entorses sauf qu’un muscle et/ou son tendon sont touchés (le tendon est le prolongement du muscle qui relie à un os). C’est surtout par la localisation de la douleur et le mécanisme de la blessure qu’on peut différencier les deux. Que faire en cas d’urgence ? Sans généraliser exagérément, le traitement immédiat pour toutes ces blessures est similaire. Si l’enflure semble importante, il faut élever l’articulation et appliquer du froid le plus vite possible (neige ou glace en hiver à raison de 10 min/h, et immersion dans un ruisseau en été si vous êtes à la montagne). Dans le cas d’une entorse ou d’un claquage sévère, une compression est recommandée idéalement avec un bandage élastique. Vérifier la coloration et le pouls du membre affecté, 1 ou 2 fois par heure pour éviter que l’œdème et le bandage ne compromettent la circulation (la victime pourrait se plaindre d’avoir des fourmillements incessants ou de ne carrément plus sentir son membre). Si l’enflure et immédiate, ne pas retirer les chaussures (montantes de préférence) dans le cas d’une cheville, permettra de contenir l’enflure et probablement de mettre un peu de poids sur sa jambe si une longue évacuation est à prévoir. Les mêmes conseils que pour le bandage s’appliquent toutefois. La troisième partie du traitement consiste à immobiliser le membre atteint. Si la victime est incapable de mettre en charge le membre ou ne peut tolérer la douleur dans cette position, il faudra penser à utiliser des béquilles. Pour ceux qui sont en expédition ou en territoire isolé, il faut faire particulièrement attention aux blessures du 3ème degré. Dans la mesure du possible, on devra éviter une tension autour de la blessure, et la plupart des orthopédistes vont vous recommander la chirurgie autant dans le cas des tendons que des ligaments. Il est maintenant prouvé qu’un ligament recousu moins d’une semaine après la blessure sera beaucoup plus fort qu’un ligament qui a cicatrisé naturellement. Et dans toutes les situations qui précèdent, consultez les urgences ou votre médecin si la douleur et/ou l’enflure sont importants, dans le cas d’entorses répétées, si la mise en charge est impossible ou difficile, ou si le moindre doute persiste face à de petites fractures associées ou séquelles de la blessure. La tendinite La tendinite est-elle aussi fréquente ? Au niveau anatomique, le muscle se prolonge par une structure de jonction avec son attache ostéo-articulaire appelé tendon. Celui-ci est notamment composé de fibres riches en collagène et en élastine ; cela permet une adaptation physiologique du travail musculaire par une variation de sa longueur. Celle-ci peut être étirée de 4 à 8% en fonction de la région anatomique et de sollicitation. En cas d’efforts répétitifs d’un mouvement identique, des microtraumatismes structurels peuvent apparaître et provoquer des lésions de surcharge. Le tendon ne peut dès lors plus supporter des étirements supérieurs à 4% sans entretenir des douleurs liées aux altérations des fibres tendineuses et à la mauvaise vascularisation des structures. En résumé, le tendon coulisse mal ! Quels sont les facteurs favorisants ? Ils sont propres à l’individu et à ses pratiques sportives. En effet, un sportif peut développer une tendinite si, par exemple, sa course engendre une attaque du talon au sol en hyperpronation ; il en résultera une hyper sollicitation progressive du tendon d’Achille pris en cisaille dans sa graine avec une douleur rendant la pratique sportive difficile. Un déséquilibre ou une insuffisance musculaire peut progressivement entraîner l’apparition de douleurs d’insertion type «tendinite». L’hypersollicitation chez les individus mal entraînés (les joggeurs du dimanche matin) peut également être un facteur favorisant. Un mauvais entraînement peut être également à l’origine de problèmes musculaires. Le sportif qui outrepasse ses capacités musculaires (par exemple, en courant des distances excessives) prend bien sûr des risques supplémentaires. Un sol trop dur peut faire apparaître des lésions récurrentes au niveau du tendon d’Achille et du talon rotulien. Le matériel sportif utilisé peut aussi provoquer des traumatismes. En effet, un tennis elbow peut survenir uniquement par l’utilisation d’une raquette trop tendue ou de balles trop dures. De même, des chaussures trop ou trop peu amortissantes peuvent influencer l’apparition d’une lésion tendineuse du pied ou du genou. Comment reconnaître tendinite ? et traiter une La tendinite se caractérise par une douleur fonctionnelle et de repos, une inflammation locale et plus rarement une tuméfaction. Le diagnostic doit être confirmé par l’examen du médecin sportif ou du kinésithérapeute. Il nécessite des examens routiniers simples : tests de mobilité fonctionnelle, palpation, échographie comparée, RMN pour des tendinopathies rebelles... Le succès final du traitement d’une tendinite dépendra de la collaboration du patient et de la compétence du staff thérapeutique. Le sportif devra adapter son entraînement en réduisant son activité temporairement et en optant pour un stretching pré et post activité sportive. Le médecin sportif pourra traiter par anti-inflammatoires locaux ou oraux en fonction de la gravité et de la tolérance gastrique ; un traitement local par mésothérapie (multitude de petites piqûres anti-inflammatoires et anesthésiantes) pourra diminuer la douleur. Le kinésithérapeute pourra directement agir par l’application de cryothérapie gazeuse (analgésie par le froid et effet vasculaire secondaire), massage transversal profond ou crochetage afin de recréer des plans de glissements sains, évaluation et rééducation musculaire excentrique pour favoriser l’orientation du tissu cicatriciel (comme pour des déchirures musculaires). Les traitements de physiothérapie conventionnels (bains chauds, ionisations, ultrasons...) n’auront que des effets momentanés ne permettant pas de solutionner définitivement les problèmes. Peut-on prévenir la tendinite ? Principalement par l’enseignement de techniques de stretching adaptées aux sports pratiqués. Elles dépendent des compétences des entraîneurs et des thérapeutes. Le sportif doit avoir conscience des muscles et tendons qui sont les plus sollicités par son sport. Il doit connaître ses points faibles, liés à sa morphologie et à son équipement sportif. Il doit donner la priorité à une pratique sportive sans douleur et corriger son entraînement pour y parvenir. Actuellement il existe de nombreuses méthodes de prévention en dehors du stretching : des évaluations musculaires isocinétiques concentriques et excentriques permettent souvent de prévoir l’apparition des lésions tendineuses. En effet, les tendinites ne sont pas le fruit du hasard. Il suffit parfois d’un déséquilibre agonistes-antagonistes pour se trouver face à un terrain favorable à la tendinite. De nombreux centres médicaux permettent actuellement de réaliser ces types de tests préventifs et d’éviter ainsi les mauvaises surprises de l’improvisation.