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Éditeur responsable : H. Van Oyen, Institut Scientifique de la Santé Publique, Section d
’Épidémiologie, rue J. Wytsman 14 - 1050 Bruxelles - Email :
[email protected]VERS UNE SURVEILLANCE EUROPÉENNE DES INFECTIONS NOSOCOMIALES DANS LES UNITÉS DE SOINS
INTENSIFS : LE PROJET HELICS-ICU
Introduction
Les infections acquises aux soins intensifs augmentent la
morbidité du patient, la durée de séjour et les coûts hospitaliers.
En 1994, les instituts régionaux et nationaux de Santé Publique
chargés de la coordination des réseaux de surveillance des
infections nosocomiales ont créé le réseau de collaboration
HELICS (Hospitals in Europe Link for Infection Control through
Surveillance). Ce projet, financé par la Commission
Européenne, est entré dans sa troisième phase. Il a pour
objectif principal la création d’une base de données destinée
à l’analyse comparative des taux d’Infection Nosocomiale (IN)
dans les 15 pays de l’Union Européenne (UE).
Méthodes
A l’occasion de la 3ème phase du projet, un groupe de travail a
été constitué avec deux représentants par pays (un intensiviste
et un épidémiologiste du réseau de surveillance ou d’un institut
de Santé Publique) ainsi que des membres de la société
européenne de soins intensifs. Les protocoles de chaque pays
ont été analysés pour estimer la faisabilité d’une comparaison
rétrospective des indicateurs entre réseaux nationaux/
régionaux. En outre, un questionnaire a été distribué aux
membres du groupe de travail, afin de parvenir à un consen-
sus nécessaire à l’élaboration d’un nouveau protocole
standardisé. Des discussions régulières en groupe d’experts
ont été programmées.
Résultats
Les réseaux nationaux/régionaux pour la surveillance des in-
fections nosocomiales dans les unités de soins intensifs exis-
tent dans six Etats membres de l’UE (Belgique, Allemagne,
Portugal, Espagne, Pays-Bas et 5 régions de France). Deux
pays (Finlande, Royaume-Uni) ont une surveillance
hospitalière complète (« hospital-wide ») qui permet de calculer
les indicateurs spécifiques aux soins intensifs. Les protocoles
de surveillance diffèrent à maints égards, en particulier par le
type d’infections qu’ils renseignent, les définitions de cas qu’ils
utilisent (surtout pour la pneumonie), la population étudiée (e.a.
tous les patients ou uniquement ceux qui ont séjourné plus de
48 heures aux soins intensifs), la définition de la journée
d’utilisation d’un appareillage (e.a. inclusion ou non de la ven-
tilation mécanique non invasive, 24 heures d’appareillage ou
moins, deux lignes centrales par patient comptées comme une
ou deux journées), le type de surveillance effectuée (basée
sur l’unité ou le patient), et, dans ce dernier cas, les facteurs
de risque recueillis pour chaque patient. La nouvelle analyse
des données brutes permet de comparer quelques indicateurs
entre deux ou trois réseaux mais ne peut être utilisée comme
méthode générale de comparaison des taux européens
d’infection nosocomiale, même en stratifiant pour tenir compte
des profils de patients. Les résultats du questionnaire et les
discussions d’experts relatives au nouveau protocole plaident
en faveur d’une surveillance combinée des patients et des
unités, qui utilise les ressources humaines de manière
optimale. Un accent particulier doit être donné à l’ajustement
du score de risque d’infection nosocomiale. Il a été décidé de
rendre systématique l’enregistrement des bactériémies et
pneumonies dans le réseau HELICS, alors que celle des in-
fections urinaires et des colonisations de cathéter restaient
optionnelles. Une collaboration avec le programme des infec-
tions hospitalières du CDC a été considérée comme utile par
75% des membres du groupe de travail.
Conclusion
L’hétérogénéité des protocoles régionaux et nationaux de sur-
veillance des infections nosocomiales aux soins intensifs est
trop importante pour permettre une comparaison internationale
des taux d’infection. Le protocole européen standardisé des
infections acquises aux soins intensifs est en développement
et sera testé en 2002.
http://helics.univ-lyon1.fr/
C. Suetens1, A. Savey2, J. Labeeuw 1, I. Morales1 pour le groupe
de travail HELICS-ICU
(1)HELICS-ICU secrétariat, ISP
(2)C. Clin Sud-Est, Centre Hospitalier Lyon-Sud, Pierre-Benite Cedex,
France
Y. enterocolitica
1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999
0
2000
4000
6000
8000
12000
N / an
2001
Campylobacter
10000
S. enteritidis
Figure 4:évolution du nombre de cas par an des
Campylobacter, Y. enterocolitica et des S.
Enteritidis* (1986-2001)
* :données du Laboratoire de Référence (ISP - Section de
Bactériologie)
BExemple de foyer d’infections : recrudescence de la
syphilis
Suite à l’augmentation du nombre de cas de syphilis
diagnostiqués par les cliniciens à Antwerpen, une enquête
a été menée en mai 2001, en collaboration avec le réseau
des Laboratoires Vigies, pour connaître le nombre de cas
diagnostiqués de janvier 2000 à avril 2001 sur l’ensemble
du pays. Soixante-huit Laboratoires Vigies ont répondu à
l’enquête; 137 cas de syphilis active ont été diagnostiqués
pendant cette période. Le nombre de cas diagnostiqués
par mois montre une nette augmentation à partir de juillet
2000. Pour les cas dont la date de diagnostic était connue
(83% des cas), près de 4 fois plus de cas ont été enregistrés
lors des 4 premiers mois de 2001 (N=27) en comparaison
avec la même période de 2000 (N=7). Cette recrudescence,
observée sur l’ensemble du pays, a amené à inclure depuis
le mois d’octobre 2001 Treponema pallidum dans la liste
des germes enregistrés par le réseau des Laboratoires
Vigies.
CDiffusion des données
Les données récoltées et analysées sont diffusées tous
les mois et globalisées dans un rapport annuel. Ces 2 types
d’information sont disponibles sur le site de l’ISP.
Conclusion
Le réseau de surveillance des maladies infectieuses par les
Laboratoires Vigies est un outil d’une importance capitale sur
le plan national et même international; en effet, il permet de
suivre l’évolution d’un certain nombre de micro-organismes et
de détecter la présence de foyers d’infections. Si vous
souhaitez participer à ce réseau de surveillance ou recevoir
de plus amples informations, n’hésitez pas à nous contacter.
http://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index8.htm
Geneviève Ducoffre