Médecine Clinique endocrinologie & diabète • n° 56, Janvier-Février 2012 33
traitements pharmacologiques bien
conduits (iPDE5 et injections intraca-
verneuses). L’IRM est indiquée dans le
bilan d’une séquelle de priapisme, une
suspicion de tumeur ou de rupture trau-
matique de l’albuginée ou une mala-
die de Lapeyronie avec déformation
complexe. L’artériographie est indi-
quée dans le traitement des priapismes
par fistule artério-caverneuse lors de
l’embolisation ou dans le bilan d’une
dysfonction érectile après fracture du
bassin.
Au terme de l’interrogatoire et de
l’examen clinique plusieurs éléments
doivent être identifiés :
– La nature et la gravité des troubles
sexuels chez le patient et dans le couple.
– Les facteurs de risques cardiovas-
culaires et métaboliques.
– Les traitements médicamenteux.
– La demande du patient et du couple
en matière de sexualité.
Recours à un avis spécialisé
Le recours à un avis spécialisé
peut dans certain cas s’avérer néces-
saire avant la prescription d’un trai-
tement.
Cardiologue
En cas de facteur de risques cardio-
vasculaires et selon les recommanda-
tions de la conférence de Princeton,
seuls les patients à faible risque peuvent
reprendre une activité sexuelle et
physique, donc bénéficier de la pres-
cription d’un traitement de la dysfonc-
tion érectile. Les patients dont l’état
cardiovasculaire est instable ou grave
doivent être pris en charge par un
cardiologue et être équilibrés avant
de pouvoir reprendre une activité
physique (dans le cadre par exemple de
la prévention de l’insulino-résistance)
et sexuelle. Il peut être également utile
de demander un avis cardiologique pour
tenter de supprimer une prescription de
dérivés nitrés qui contre-indique l’uti-
lisation d’IPDE5 ou de modifier un
traitement antihypertenseur iatrogène
(Figure 2).
Urologue
En cas d’anomalie des organes géni-
taux ou de pathologie prostatique, ou en
cas de syndrome de déficit en testosté-
rone, pour évaluer le risque prostatique
l’avis d’un urologue est nécessaire.
L’avis de l’urologue peut également
être utile pour modifier une prescription
d’antiandrogène tels que les inhibiteurs
de la 5 alpha réductase (dutastéride ou
finastéride) utilisés dans le traitement de
l’adénome prostatique et parfois respon-
sables de DE.
Endocrinologue
En cas, d’endocrinopathie l’avis
d’un endocrinologue est nécessaire.
Psychiatre-Sexologue
La prise en charge psycho-sexolo-
gique est à discutée en cas de dysfonc-
tionnement conjugal, de conflit
personnel ou infantiles à résoudre, de
perturbation des conceptions concer-
nant la sexualité, de paraphilie ou d’an-
xiété de performance interférant de
façon durable et persistante avec le
comportement sexuel du patient. L’avis
du psychiatre sera également demandé
pour modifier une prescription d’anti-
dépresseur (Amineptine, Mirtazapine,
Moclobemide sont moins générateurs de
dysfonctions sexuelles) ou alléger une
prescription de neuroleptiques dans la
mesure du possible
Approches Thérapeutiques
Les concepts thérapeutiques s’orien-
tent aujourd’hui vers une prise en charge
globale du couple intégrant les dysfonc-
tions sexuelles féminines, les co-morbi-
dités, la prévention, et associent pharma-
cothérapies, sexothérapie et méthodes
physiques
Prévention
La prise en charge des facteurs de
risque est importante car les change-
ments d’habitudes alimentaires, l’ini-
tiation d’une activité physique régulière,
la perte d’un surpoids, l’équilibre du
diabète, l’arrêt du tabagisme, le traite-
ment de l’hypertension, d’une dyslipidé-
mie permettent de prévenir la survenue
ou d’améliorer une dysfonction érec-
tile déjà présente et réduisent à terme la
morbidité cardiovasculaire. Enfin, l’obé-
sité et le syndrome métabolique sont
fréquemment associés à une diminu-
tion des taux de testostérone au-dessous
des valeurs normales et parfois associés
à des symptômes spécifiques (diminu-
tion du désir sexuel, DE, ostéopénie).
L’augmentation des taux de SHBG avec
l’âge et de l’aromatisation en œstrogène
dans le tissu adipeux favorise dans cette
population d’homme la diminution de
la testostérone libre. Il est donc impor-
tant de rechercher, chez ces hommes,
un syndrome de déficit en testosté-
rone qui compromet l’équilibre glycé-
mique, génère des dysfonctions érectiles
résistantes aux inhibiteurs de PDE5 et
augmente le risque de décès par cause
cardiovasculaire
Une perte de poids de 10 % par
exemple permet une amélioration de
l’ordre de 30 % de la fonction érec-
tile. Débuter une activité physique à la
cinquantaine permet de réduire le risque
de survenue d’une DE d’environ 70 %.
Pharmacothérapie
Les inhibiteurs de Phosphodiestérase
de type 5 :
Les iPDE5 d’action rapide en prise
à la demande (Sildénafil, Tadalafil et
Vardenafil) sont le traitement de première
intention en dehors des contre-indica-
tions (prise de dérivés nitrés et donneurs
de NO, états cardiovasculaires graves et
instables). Ils doivent être essayés à dose
progressivement croissante pour évaluer
l’efficacité du traitement au cours de 6
à 8 tentatives. Le patient et éventuelle-
ment sa partenaire doivent être infor-
més de la nécessité d’une stimulation
sexuelle pour obtenir une érection après
la prise du médicament (au moins 30 à 60
minutes avant). Ils doivent également être
informés des effets secondaires fréquents
des iPDE5 (céphalées, congestion nasale,
flush facial) et rassuré en ce qui concerne
leur sécurité d’utilisation et notamment
l’absence de risque cardiaque. Le patient
JNDES Droupy C1.indd 33 03/01/12 16:16