Défis sociaux de la jeune génération face au sida

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Connaissance et Vie d’Aujourd’hui
Namur
Le 18 septembre 2008
“Défis sociaux de la jeune génération face au sida”
Monsieur François DELOOZ, directeur de l’ONG Viva Africa
Monsieur François Delooz nous parle du problème du sida sur le continent africain à
travers le Projet DREAM (Drug Resource Enhancement against AIDS and
Malnutrition).
La situation du sida dans le monde globalisé :
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L’épidémie de sida n’est pas nouvelle.
Elle s’accompagne de nombreux préjugés dus essentiellement à une grande
ignorance de la maladie.
Le sida est l’illustration de notre monde globalisé : il touche toutes les régions,
toutes les catégories sociales, tous les peuples. On parle peu des conséquences
sociales et humaines de la globalisation. La pandémie du sida est probablement
la plus grande épidémie jamais connue dans le monde étant donné son étendue
et sa durée. Elle menace le développement de nombreux pays africains, et
probablement également de nombreux pays asiatiques.
Il existe une grande inégalité nord-sud au niveau de l’accès aux médicaments
antirétroviraux. L’accès universel au traitement constituerait une réponse au
problème du sida. « La vie d’un Africain a-t-elle moins de valeur que la vie d’un
Européen ? ». L’Europe va-t-elle encore rester longtemps insensible à ce
« génocide » ?
Le SIDA représente aujourd’hui un problème surtout africain ou, plutôt,
subsaharien, dans la mesure où les deux tiers des personnes malades et
infectées résident dans cette partie du continent.
Les chiffres en 2007
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33 millions d’adultes et d’enfants porteurs du virus HIV dans le monde, dont 22
millions en Afrique subsaharienne.
2 millions d’enfants de moins de 15 ans atteints, dont 1,8 million en Afrique
subsaharienne.
2 millions de décès liés au sida, dont 1,5 million en Afrique subsaharienne.
Plus de 7400 nouveaux cas par jour, essentiellement des femmes et des jeunes
entre 15 et 24 ans.
La situation africaine
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Les chiffres : 1 femme sur 10 atteinte du sida bénéficie d’un traitement, qui
permet d’éviter la transmission du sida à son enfant ; 1 jeune sur 3 a les
connaissances nécessaires pour éviter la transmission du sida ; 90% de
séropositifs ne connaissent pas leur statut.
Le sida a de lourdes répercussions essentiellement sur les orphelins au niveau
éducation, santé, bien-être, alimentation, angoisses, mauvais traitements. Ces
enfants sont plus exposés à la maladie et se retrouvent souvent à la rue. Il est
donc essentiel de leur assurer une éducation, une protection sociale, un système
d’état civil performant, la couverture de leurs frais scolaires.
Les femmes sont également fortement touchées (10% des femmes enceintes
entre 15 et 24 ans). En effet, les femmes et les jeunes filles sont plus exposées,
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pour des raisons biologiques. En outre, elles disposent de moyens financiers
limités ; elles font l’objet de mariages précoces et sont retirées plus tôt de l’école.
Les conséquences du sida sur la vie sociale africaine :
o Le sida est un multiplicateur de la pauvreté car il touche essentiellement des
personnes en âge de travailler. On assiste donc à des pénuries alimentaires
dues au manque de main d’œuvre.
o Le marché de l’emploi manque d’enseignants, d’infirmiers, de cadres
professionnels et de techniciens, de médecins. De nombreux médecins
restent à l’étranger ou deviennent fonctionnaires après leur formation.
o La détérioration de la situation sanitaire entraine une augmentation du risque
d’infections.
o Le sida entraine une exclusion de la vie sociale, communautaire et familiale.
Que faire ?
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Actuellement, il est essentiel que les jeunes Africains prennent le temps de se
former plutôt que de se lancer trop vite dans la vie professionnelle pour subvenir
à leurs besoins, surtout dans le monde médical.
Il faut créer une nouvelle culture de la solidarité : les jeunes générations doivent
prendre en compte les plus faibles, les plus pauvres afin d’éviter une dualisation
grandissante. Or, le volontariat est beaucoup plus répandu en Europe qu’en
Afrique.
Il faut changer les mentalités : éviter de stigmatiser la maladie.
Le projet DREAM
Né en 2002 du refus d’abandonner les malades du sida à leur sort, le projet DREAM
constitue un investissement à long terme au niveau infrastructure et traitement :
• Construction ou réhabilitation de centres de santé;
• Construction de laboratoires de biologie moléculaire : tests de dépistage et
analyse des paramètres permettant de proposer un traitement et son adaptation
en fonction de l’évolution de la maladie;
• Formation du personnel africain local (médecins, personnel de santé,
pharmaciens) ;
• Lutte contre la malnutrition afin d’éviter le développement du sida et d’améliorer
l’efficacité du traitement ;
• Développement des soins à domicile car certains malades affaiblis par la maladie
ont du mal à se déplacer ;
• Education à la santé concernant les risques de contamination et l’hygiène.
Les caractéristiques du travail de DREAM en Afrique :
• Programme basé sur des valeurs spirituelles et humaines : centralité du patient,
collaboration avec le pouvoir africain ;
• Nouvelle approche globale de la maladie : tests de dépistage, analyses en
laboratoire, lutte contre les maladies opportunistes, soins à domicile, éducation à
la santé (sensibilisation et information par des femmes séropositives) ; il s’agit de
prévention et de traitement ;
• Partenariat nord-sud, public-privé : réseau d’échanges entre le personnel médical
européen et africain ;
• Gratuité des services ;
• Traitements et analyses de laboratoires identiques à ceux proposés en Europe ;
• Prise en compte de l’immensité du continent africain. C’est pourquoi, DREAM va
à la rencontre des patients qui ne peuvent se déplacer, afin qu’ils puissent
adhérer au traitement ;
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Informatisation : chaque centre est informatisé et placé en réseau afin de
permettre des téléconsultations entre médecins africains et spécialistes
européens.
Résultats du programme DREAM :
• Prolongation de la vie des patients, baisse du taux de mortalité et stabilisation du
nombre d’adultes atteints ;
• Apport des laboratoires dans le dépistage et le traitement ;
• Prévention de la transmission mère-enfant du virus : objectif atteint dans 98%
des cas ;
• 3000 personnes de la santé formées ;
• 95% d’adhérence au traitement ;
• Grâce au traitement l’allaitement maternel n’est plus déconseillé ;
• Les investissements dans le domaine de la santé ont des effets positifs sur
l’économie : augmentation de la productivité des patients.
Mais les défis restent énormes :
• Lassitude des bailleurs de fonds ;
• Efficacité des destinataires de l’aide ;
• Les enfants ne profitent pas des progrès constatés pour les adultes suite à
l’absence de médicaments adaptés ;
• Problème d’accès à la possibilité de diagnostic précoce.
Le défi des jeunes générations africaines est de changer les mentalités et de
travailler pour l’avenir de leur pays dans leur pays.
Le défi des jeunes générations européennes est d’augmenter la conscientisation au
problème du sida et d’œuvrer à un destin commun entre l’Afrique et l’Europe.
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Quelques réponses aux questions
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Il n’existe pas de marché pour les médicaments pour les enfants. Il y a un
problème de licence pour les médicaments existants.
Il existe des partenariats entre DREAM et d’autres ONG (MSF).
DREAM se focalise sur le traitement du sida. Le préservatif reste l’outil le plus
efficace dans la prévention, mais les hommes ont plus tendance à cacher leur
séropositivité. D’où la nécessité d’un travail de conscientisation, d’acceptation de
la maladie, de changement du statut social. Les gouvernements africains
prennent en charge la prévention.
Chaque membre de l’UE devrait consacrer 0,7% de son PIB au développement.
Peu de pays atteignent ce quota. Il reste donc un travail important de mobilisation
au niveau national et local.
La Chine constitue probablement le prochain défi : forte progression du sida et
gros problème de conscientisation.
Les fonds de DREAM proviennent de différentes ONG (ONU Sida), de la CEE,
de la coopération belge, de fonds privés (Clinton, Bill Gates). Les sociétés
internationales offrent de plus en plus souvent le traitement gratuitement à leur
personnel.
La bataille internationale doit être la lutte contre la pauvreté car le sida est le fruit
du développement de cette pauvreté.
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