votre santé actualité © RUIZ / A.P.H.P. / SIPA PLAIES DE LA MAIN Savoir bien juger de leur gravité pour être capable de bien les traiter ccidents de travail, domestiques ou de loisirs : les blessures de la main sont très fréquentes et posent parfois des problèmes complexes. Dans certains cas, faute d’un regard expérimenté pour apprécier l’ampleur des dégâts et faute de soins appropriés pour permettre une récupération satisfaisante, ces lésions peuvent entraîner des handicaps sévères, surtout chez les travailleurs manuels. D’où la nécessité d’améliorer la prise en charge des patients, comme l’explique le docteur Emmanuel Masmejean, chef de l’Unité de chirurgie de la main et des nerfs périphériques à l’hôpital européen Georges Pompidou. A > Pourquoi les plaies de la main sont-elles considérées aujourd’hui comme un enjeu de santé publique dans notre pays ? > Les données recueillies par la Société française de chirurgie de la main, en 1998, montrent l’importance du phénomène. Il y a chaque année en France 1,4 million de blessés de la main au minimum, parmi lesquels 620 000 environ sont gravement atteints. Dans 38 % des cas, il s’agit d’accidents domestiques, 27 % d’accidents du travail et 25 % d’accidents survenus dans le cadre des loisirs. En milieu professionnel, un tiers des accidents concerne la main et 30 % des incapacités permanentes partielles sont dues à des lésions de la main. Au regard de ces chiffres, il est essentiel de favoriser une bonne prise en charge initiale du patient pour éviter les complications et il est important de 68 novembre 2004 ■ N° 68 ■ Prévention btp développer les centres spécialisés habilités à soigner les blessures graves. > Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans ce domaine ? > Le diagnostic n’est pas toujours facile à établir. Il y a des plaies de gravité évidente, telles l’amputation d’un doigt ou une fracture ouverte, et d’autres qui sont clairement bénignes nécessitant un simple pansement ou une suture aux Urgences. Mais il existe une troisième catégorie qui mérite une grande attention : ce sont les plaies douteuses, apparemment peu graves, sous lesquelles se cachent parfois des lésions profondes qui, faute d’être détectées, risquent d’avoir de lourdes DR Il y a chaque année en France 1,5 million de blessés de la main. Au regard de ce chiffre, il est essentiel de favoriser une bonne prise en charge initiale du patient pour éviter les complications. actualité votre santé DR Eminence thénar Eminence hypothénar Artère cubitale conséquences. C’est le cas par exemple de la section partielle d’un tendon, non décelée car le patient bouge malgré tout les doigts. Résultat : une suture de la blessure est pratiquée et quelque temps après on observe une rupture tendineuse. En raison de la complexité anatomique de la main, ces pathologies exigent souvent une chirurgie spécialisée qui s’accompagne de soins postopératoires relevant d’un travail d’équipe. Ainsi, pour les plaies tendineuses ou les fractures, des règles de rééducation désormais bien définies doivent être respectées pour obtenir un bon résultat. > Comment aider à repérer une plaie douteuse ? > Les circonstances de l’accident comme l’utilisation d’un instrument très tranchant, un mécanisme d’écrasement ou une morsure peuvent faire suspecter une plaie potentiellement grave ; l’aspect de la blessure également, lorsque celle-ci est souillée ou se situe sur le trajet d’un nerf, d’une artère, d’un tendon ou d’une articulation. Au moindre doute, il ne faut pas hésiter à demander l’avis d’un spécialiste. Ce sont les plaies mal traitées qui posent un problème de santé publique avec parfois des reprises chirurgicales, des prolongations d’arrêt de travail, de nouvelles séances de rééducation et des dépenses de soins élevées. PUB > Comment améliorer la situation ? > En informant davantage sur les Centres urgences mains qui regroupent des équipes compétentes avec des chirurgiens expérimentés qui s’emploient quotidiennement à prévenir séquelles et handicaps. En France, il existe aujourd’hui plus de 45 centres répartis dans presque toutes les régions. Il est hautement souhaitable que ce réseau national s’étende et soit mieux connu des généralistes, des médecins du travail, des urgentistes et de la population. Dans ce but, la Fédération européenne des services d’urgences mains a mis en place un numéro indigo 1 qui permet de joindre le centre spécialisé le plus proche. Propos recueillis par Michèle Durcy. 1 Fédération européenne des services d’urgences mains, numéro indigo : 0 825 00 22 21. Prévention btp ■ N° 68 ■ novembre 2004 69