votre santé actualité Accidents - Service de chirurgie de la main, du

68 novembre 2004 N° 68 Prévention btp
votre santé actualité
A
ccidents de travail, domestiques ou de loisirs : les
blessures de la main sont très fréquentes et posent
parfois des problèmes complexes. Dans certains cas,
faute d’un regard expérimenté pour apprécier l’ampleur des
dégâts et faute de soins appropriés pour permettre une
récupération satisfaisante, ces lésions peuvent entraîner des
handicaps sévères, surtout chez les travailleurs manuels. D’où
la nécessité d’améliorer la prise en charge des patients,
comme l’explique le docteur Emmanuel Masmejean, chef de
l’Unité de chirurgie de la main et des nerfs périphériques à
l’hôpital européen Georges Pompidou.
> Pourquoi les plaies de la main sont-elles considérées
aujourd’hui comme un enjeu de santé publique dans notre
pays ?
>Les données recueillies par la Société française de
chirurgie de la main, en 1998, montrent l’importance
du phénomène. Il y a chaque année en France 1,4 mil-
lion de blessés de la main au minimum, parmi lesquels
620 000 environ sont gravement atteints. Dans 38 %
des cas, il s’agit d’accidents domestiques, 27 % d’ac-
cidents du travail et 25 % d’accidents survenus
dans le cadre des loisirs. En milieu professionnel, un
tiers des accidents concerne la main et 30 % des inca-
pacités permanentes partielles sont dues à des lésions
de la main. Au regard de ces chiffres, il est essentiel
de favoriser une bonne prise en charge initiale du patient
pour éviter les complications et il est important de
développer les centres spécialisés habilités à soigner les bles-
sures graves.
> Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans ce
domaine ?
>Le diagnostic n’est pas toujours facile à établir. Il y a des
plaies de gravité évidente, telles l’amputation d’un doigt ou
une fracture ouverte, et d’autres qui sont clairement bénignes
nécessitant un simple pansement ou une suture aux Urgences.
Mais il existe une troisième catégorie qui mérite une grande
attention : ce sont les plaies douteuses, apparemment peu
graves, sous lesquelles se cachent parfois des lésions pro-
fondes qui, faute d’être détectées, risquent d’avoir de lourdes
PLAIES DE LA MAIN Savoir bien juger de leur gravité
pour être capable de bien les traiter
Il y a chaque année en France 1,5 million de blessés de la
main. Au regard de ce chiffre, il est essentiel de favoriser une
bonne prise en charge initiale du patient pour éviter les
complications.
© RUIZ /A.P.H.P./SIPA
DR
69
Prévention btp N° 68 novembre 2004
votre san
actualité
Eminence hypothénar
Artère cubitale
Eminence
thénar
PUB
conséquences. C’est le cas par exemple de la sec-
tion partielle d’un tendon, non décelée car le
patient bouge malgré tout les doigts. Résultat :
une suture de la blessure est pratiquée et quelque
temps après on observe une rupture tendineuse.
En raison de la complexité anatomique de la main,
ces pathologies exigent souvent une chirurgie spé-
cialisée qui s’accompagne de soins postopéra-
toires relevant d’un travail d’équipe. Ainsi, pour
les plaies tendineuses ou les fractures, des règles
de rééducation désormais bien définies doivent
être respectées pour obtenir un bon résultat.
> Comment aider à repérer une plaie douteuse ?
>Les circonstances de l’accident comme l’utili-
sation d’un instrument très tranchant, un méca-
nisme d’écrasement ou une morsure peuvent faire
suspecter une plaie potentiellement grave ; l’as-
pect de la blessure également, lorsque celle-ci est
souillée ou se situe sur le trajet d’un nerf, d’une
artère, d’un tendon ou d’une articulation. Au
moindre doute, il ne faut pas hésiter à demander
l’avis d’un spécialiste. Ce sont les plaies mal trai-
tées qui posent un problème de santé publique
avec parfois des reprises chirurgicales, des pro-
longations d’arrêt de travail, de nouvelles séances
de rééducation et des dépenses de soins élevées.
> Comment améliorer la situation ?
>En informant davantage sur les Centres urgences
mains qui regroupent des équipes compétentes
avec des chirurgiens expérimentés qui s’emploient
quotidiennement à prévenir séquelles et handi-
caps. En France, il existe aujourd’hui plus de 45
centres répartis dans presque toutes les régions.
Il est hautement souhaitable que ce réseau natio-
nal s’étende et soit mieux connu des généralistes,
des médecins du travail, des urgentistes et de la
population. Dans ce but, la Fédération européenne
des services d’urgences mains a mis en place un
numéro indigo 1qui permet de joindre le centre
spécialisé le plus proche.
Propos recueillis par Michèle Durcy.
1Fédération européenne des services d’urgences mains,
numéro indigo : 0 825 00 22 21.
DR
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!