Uvéites postérieures et vasculites rétiniennes

21-230-B-10
Uvéites
postérieures
et
vasculites
rétiniennes
Posterior
uveitis
and
retinal
vasculitis
C.
Fardeau
Mots
clés
:
Vasculites
rétiniennes
Uvéite
Angiographie
rétinienne
Rétinite
Toxoplasmose
Sarcoïdose
Les
vasculites
rétiniennes
au
cours
des
uvéites
postérieures
posent
des
problèmes
d’ordre
diagnostique,
étio-
logique
et
thérapeutique
qui
sont
successivement
exposés.
Le
diagnostic
positif
est
biomicroscopique
et
angiographique.
L’angiographie
rétinienne
à
la
fluorescéine
a
des
intérêts
multiples,
qui
sont
de
mettre
en
évidence
des
vasculites
passées
inaperc¸ues
à
l’examen
ophtalmoloscopique,
préciser
l’extension
des
vasculites
en
dehors
du
territoire
occlus,
évaluer
leur
activité
inflammatoire
par
l’importance
de
l’imprégnation
pariétale
tardive,
puis
du
leakage
par
rupture
de
la
barrière
hématorétinienne
interne,
préciser
le
mode
d’atteinte,
pure-
ment
veineux
ou
mixte
artériel
et
veineux,
préciser
leur
caractère
occlusif
et
les
complications
néovasculaires,
apporter
des
arguments
étiologiques
et,
enfin,
évaluer
la
réponse
thérapeutique.
Le
diagnostic
étiologique
des
vasculites
rétiniennes
s’appuie
sur
des
arguments
sémiologiques
initiaux
permettant
d’orienter
le
bilan.
Il
est
guidé
par
les
aspects
sémiologiques
associés
de
la
sphère
oculaire,
les
arguments
étiologiques
apportés
par
l’angiographie
rétinienne
en
fluorescéine
complétée
par
l’infracyanine,
le
terrain
du
patient,
les
signes
associés
systémiques,
connus
ou
non.
Devant
toute
vasculite
rétinienne,
comme
devant
tout
aspect
inflammatoire
du
vitré,
il
faut
éliminer
une
cause
infectieuse
et
une
cause
tumorale
qui
relèvent
de
traitement
spécifique
et
qui
peuvent
mettre
en
jeu
le
pronostic
vital.
Le
traitement
est
le
plus
spécifique
possible.
Y
sont
associés
des
traitements
symptomatiques
anti-inflammatoires
si
nécessaire.
La
gravité
potentielle
des
effets
secondaires
des
immunosuppresseurs
a
amené
à
évaluer
l’intérêt
thérapeutique
de
molécules
immunomodulatrices.
Elles
comprennent
les
anticorps
polyclonaux
ou
immunoglobulines
polyvalentes,
les
anticorps
monoclonaux
et
les
interférons
alpha.
Le
pronostic
des
vasculites
rétiniennes
dépend
de
leur
localisation,
de
leur
étiologie,
de
leur
traitement
et
des
complications.
Le
suivi
au
long
cours
permet
des
adaptations
thérapeutiques
permettant
de
préserver
la
fonction
visuelle
en
contrôlant
les
effets
secondaires
des
traitements
effectués.
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2012
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droits
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Keywords:
Retinal
vasculitis
Uveitis
Retinal
angiography
Retinitis
Toxoplasmosis
Sarcoidosis
Retinal
vasculitis
during
posterior
uveitis
represents
diagnostical,
etiological
and
therapeutical
problems,
which
are
successively
exposed.
The
positive
diagnosis
is
biomicroscopic
and
angiographic.
The
fluorescein
angio-
graphy
has
multiple
interests,
which
are:
to
highlight
vasculitis
missed
by
optical
tests,
specify
the
extension
of
vasculitis
outside
the
occluded
territory,
evaluate
their
inflammatory
activity
by
the
importance
of
late
parietal
impregnation,
evaluate
the
leakage
due
to
the
internal
blood
retinal
barrier’s
rupture,
specify
the
achievement
mode,
purely
venous
or
mixed,
arterial
and
venous,
specify
their
occlusive
nature
and
neovas-
cular
complications,
make
causal
arguments,
and
finally
evaluate
the
therapeutical
response.
The
etiological
diagnosis
of
retinal
vasculitis
is
based
on
initial
semiological
arguments,
which
will
guide
the
assessment.
It
is
guided
by
the
semiological
aspects
associated
with
the
ocular
sphere,
the
etiological
arguments
of
the
fluo-
rescein
retinal
angiography
supplemented
by
infracyanine,
the
patient’s
conditions,
associated
systemic
signs,
known
and
unknown.
In
response
to
any
retinal
vasculitis
and
any
inflammatory
aspect
of
the
vitreous,
we
must
eliminate
infectious
and
tumoral
causes
that
are
under
specific
treatment
and
can
be
life-threatening.
Treatment
is
as
specific
as
possible,
and
can
associate
anti-inflammatory
drugs
if
necessary.
Potential
seve-
rity
of
the
side
effects
of
immunosuppressants
has
allowed
the
assessment
of
the
therapeutical
benefits
of
immunomodulatory
molecules.
They
include
polyclonal
antibodies,
or
polyvalent
immunoglobulins,
mono-
clonal
antibodies
and
interferon
alpha.
The
prognosis
of
retinal
vasculitis
depends
on
their
location,
their
etiology,
treatment
and
complications.
Long-term
monitoring
allows
therapeutical
adaptations
to
preserve
visual
function
by
controlling
the
side
effects
of
the
treatments
performed.
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Plan
Définition
et
physiopathologie
2
Diagnostic
clinique
et
paraclinique
2
Diagnostic
biomicroscopique
des
vasculites
rétiniennes
2
Angiographie
rétinienne
à
la
fluorescéine
2
Diagnostic
différentiel
2
Orientations
étiologiques
2
Vasculites
rétiniennes
2
Aspects
sémiologiques
5
Angiographie
rétinienne
en
fluorescéine
complétée
par
l’infracyanine
5
Terrain
du
patient
6
Signes
associés
6
Complications
6
Formes
étiologiques
6
Sarcoïdose
6
Tuberculose
7
Maladie
de
Behc¸et
7
Rétinochoroïdite
toxoplasmique
par
Toxoplasma
gondii
7
Herpèsvirus
7
Sclérose
en
plaques
7
Traitements
7
Traitements
spécifiques
7
Traitements
symptomatiques
7
Traitement
des
complications
8
Conclusion
8
EMC
-
Ophtalmologie 1
Volume
9
>
n2
>
avril
2012
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(12)54204-8
21-230-B-10 Uvéites
postérieures
et
vasculites
rétiniennes
Définition
et
physiopathologie
Les
vasculites
rétiniennes
sont
caractérisées
par
une
inflamma-
tion
des
vaisseaux
rétiniens
pour
laquelle
Ben
Ezra
a
distingué
trois
mécanismes
d’atteinte
vasculaire [1] :
la
réaction
inflammatoire
n’est
pas
dirigée
directement
contre
les
structures
vasculaires,
la
cascade
inflammatoire
a
lieu
dans
la
lumière
vasculaire
avec
deux
conséquences
:
facilitation
de
la
formation
de
thrombus
et
un
appel
avec
séquestration
des
cellules
inflammatoires
sur
le
site,
avec
des
conséquences
isché-
miques
sur
le
tissu
irrigué
;
l’inflammation
est
dirigée
contre
des
antigènes
spécifiques
des
cellules
endothéliales
vasculaires
et
de
leurs
jonctions
intercellulaires,
provoquant
une
rupture
de
la
barrière
héma-
torétinienne
et
un
œdème
rétinien.
Lorsque
la
réaction
immune
est
induite
par
un
stimulus
spécifique,
l’extravasation
cellulaire
est
surtout
composée
de
cellules
immuno-
compétentes [1,
2] ;
la
réponse
immunitaire
est
médiée
par
des
complexes
immuns
qui
ont
une
forte
affinité
avec
les
cellules
endothéliales,
selon
une
réaction
qui
peut
être
spécifique
ou
aspéci-
fique [1,
2].
Ces
complexes
immuns
peuvent
être
circulants
ou
formés
in
situ
dans
les
vaisseaux
rétiniens.
Une
fois
fixés
aux
parois
vasculaires,
ces
complexes
immuns
activent
la
voie
du
complément
et
provoquent
des
lésions
pariétales
vasculaires [1–4].
Concernant
les
vasculites
oculaires,
la
classification
des
vas-
culites
systémiques
a
été
appliquée
à
la
sphère
oculaire.
Sont
ainsi
distinguées
les
vasculites
primitives,
le
vaisseau
est
la
cible
première
de
la
réaction
inflammatoire,
des
vasculites
secondaires,
l’inflammation
du
vaisseau
est
secondaire
à
un
autre
phénomène
inflammatoire,
infectieux,
auto-immun
ou
d’origine
tumorale.
Une
classification
reposant
sur
les
bases
issues
de
la
conférence
de
consensus
de
Chapel
Hill
en
1992
et
de
ses
applications
ophtalmologiques
a
été
propo-
sée
par
Carl
Herbort
et
al [5].
Le
terme
de
vasculites
oculaires
s’applique
aux
phénomènes
de
vasculites
de
la
sphère
ocu-
laire
incluant
épisclérite,
sclérite,
kératite
ulcérante
périphérique,
vasculites
rétiniennes,
choroïdiennes,
du
nerf
optique
et
de
l’orbite [5].
Diagnostic
clinique
et
paraclinique
Diagnostic
biomicroscopique
des
vasculites
rétiniennes
Le
diagnostic
biomicroscopique
des
vasculites
rétiniennes
est
fait
devant
des
engainements
vasculaires
blanchâtres
réduisant
plus
ou
moins
la
lumière
du
vaisseau.
Le
terme
de
phlébite
décrit
une
inflammation
de
toute
l’épaisseur
de
la
paroi
veineuse,
celui
de
périphlébite
décrit
une
inflammation
prédominant
sur
la
paroi
externe.
Les
engainements
sont
focaux
ou
diffus,
segmentaires
ou
en
longs
manchons,
actifs
ou
cicatriciels.
Ils
peuvent
aboutir
à
des
segments
complètement
déshabités
sous
forme
de
cordons
blanchâtres.
Ces
engainements
vasculaires
correspondent
à
une
infiltration
de
cellules
inflammatoires
des
parois
vasculaires
et
des
zones
périvasculaires.
Elles
sont
souvent
associées
à
une
inflam-
mation
vitréenne.
Les
vasculites
rétiniennes
font
partie
des
uvéites
intermédiaires
ou
postérieures.
En
cas
d’uvéite
intermédiaire,
les
atteintes
vascu-
laires
sont
périphériques
et
veineuses.
En
cas
d’uvéite
postérieure,
l’atteinte
est
veineuse,
artérielle
ou
mixte.
L’exudation
plasmatique
entraine
un
œdème
intercellulaire
dif-
fus
le
long
des
vaisseaux
enflammés.
Les
exsudats
localisés
sont
en
règle
absents.
L’exsudation
peut
être
maculaire
et
s’organiser
en
logettes.
Les
vasculites
rétiniennes
peuvent
n’être
vues
qu’en
angiogra-
phie
en
fluorescéine,
au
cours
de
laquelle
la
paroi
s’imprègne
progressivement
de
colorant
(staining)
puis
laisse
diffuser
le
colo-
rant
(leakage)
dans
l’espace
périvasculaire [1–3].
Angiographie
rétinienne
à
la
fluorescéine
L’angiographie
rétinienne
à
la
fluorescéine
a
des
intérêts
mul-
tiples,
qui
sont
les
suivants
:
mettre
en
évidence
des
vasculites
passées
inaperc¸ues
à
l’examen
ophtalmoloscopique
;
préciser
l’extension
des
vasculites
en
dehors
du
territoire
occlus
;
évaluer
leur
activité
inflammatoire
par
l’importance
de
l’imprégnation
pariétale
tardive,
puis
du
leakage
par
rupture
de
la
barrière
hématorétinienne
interne
;
préciser
le
mode
d’atteinte
purement
veineux
ou
mixte
artériel
et
veineux
;
préciser
leur
caractère
occlusif
et
les
complications
néovascu-
laires
;
apporter
des
arguments
étiologiques
;
évaluer
la
réponse
thérapeutique [4].
Le
compartiment
capillaire
est
aisément
analysé,
pouvant
mettre
en
évidence
les
territoires
ischémiques
ou
une
capilla-
rite
œdémateuse.
Les
complications
néovasculaires
sont
aisément
mises
en
évidence.
L’analyse
du
remplissage
de
la
choriocapil-
laire
et
du
fond
choroïdien
peuvent
apporter
des
arguments
étiologiques.
Enfin,
l’angiographie
rétinienne
est
un
élément
d’évaluation
de
la
réponse
thérapeutique.
Sont
systématiquement
associés
un
examen
maculaire
par
optical
coherence
tomography
(OCT)
et
un
champ
visuel.
Diagnostic
différentiel
L’engainement
des
vaisseaux
et
la
modification
irrégulière
de
calibre
peut
être
secondaire
à
une
ischémie
par
hypoxie
chronique,
qui
engendre
un
mécanisme
ischémique
pariétal
dégé-
nératif.
Dans
ce
cas
il
n’y
a
pas
d’autre
signe
inflammatoire,
en
particulier
dans
l’humeur
aqueuse,
dans
le
vitré,
au
niveau
de
la
pars
plana,
et
il
y
a
d’autres
signes
d’ischémie
chronique,
en
particulier
d’hémorragies
rondes
intrarétiniennes,
des
dilatations
veineuses
irrégulières
en
chapelet,
des
anomalies
de
la
microvas-
cularisation
rétinienne
à
type
de
dilatations
vasculaires
bordant
les
territoires
d’occlusion
capillaire.
Les
autres
diagnostics
diffé-
rentiels
incluent
certaines
hyperlipidémies,
qui
donnent
ophtal-
moloscopiquement
un
aspect
blanchâtre
à
la
paroi
vasculaire.
Le
reflet
de
la
paroi
vasculaire
contrastant
avec
le
fond
pigmenté
de
l’épithélium
pigmentaire
et
de
la
choroïde
donne
un
aspect
de
faux
engainement
chez
les
jeunes
patients
pigmentés [1,
3].
Orientations
étiologiques
L’enquête
étiologique
est
guidée
par
des
arguments
sémiolo-
giques
initiaux
:
type
de
vasculites
rétiniennes
;
aspects
sémiologiques
associés
de
la
sphère
oculaire
;
arguments
étiologiques
apportés
par
l’angiographie
rétinienne
en
fluorescéine
complétée
par
l’infracyanine
;
terrain
du
patient
;
signes
associés
systémiques
connus
ou
non
et
recherchés
par
l’interrogatoire,
les
examens
cliniques
et
paracliniques [6].
Vasculites
rétiniennes
Les
vasculites
rétiniennes
touchent
le
compartiment
veineux
ou
artériel
ou
les
deux
(vasculites
mixtes)
;
elles
peuvent
être
occlu-
sives
ou
présenter
un
aspect
d’angéite
givrée.
Chacune
de
ces
caractéristiques
a
une
valeur
d’orientation
étiologique.
Les
principales
étiologies
des
vasculites
rétiniennes
veineuses
sont
résumées
dans
le
Tableau
1.
La
maladie
de
Vogt-Koyanagi-Harada,
souvent
incluse
dans
les
causes
de
vasculites,
se
présente
sous
forme
d’une
uvéite
postérieure
avec
décollements
séreux
rétiniens
polylobés
et
un
vitré
inflammatoire.
S’y
associe
une
choroïdite
avec
épaississe-
ment
diffus
et
retard
de
perfusion
choroïdien
touchant
les
artères
choroïdiennes
et
la
choriocapillaire,
mais
à
l’étage
rétinien
il
n’y
a
pas
de
vasculite
veineuse [7,
8].
2EMC
-
Ophtalmologie
Uvéites
postérieures
et
vasculites
rétiniennes 21-230-B-10
Tableau
1.
Principales
étiologies
des
vasculites
rétiniennes
veineuses.
Dysimmunité
systémique
Sarcoïdose
(granulomatose
systémique
Maladie
de
Behc¸et
(vascularite
systémique)
Sclérose
en
plaques
Collagénoses
:
lupus
erythémateux
disséminé,
sclérodermie,
polychondrite
atrophiante
Connectivite
avec
vascularite
nécrosante
:
granulomatose
de
Wegener,
polyarthrite
rhumatoïde,
périartérite
noueuse
Maladie
de
Crohn
Kawasaki
syndrome
(vascularite
aigüe
autolimitée
de
l’enfant
avec
possibles
séquelles
cardiovasculaires)
Maladie
de
Sjögren
A,
maladie
de
Churg-Strauss
Dysimmunité
oculaire
Choriorétinopathie
de
type
Birdshot
Uvéite
intermédiaire,
pars
planite
Choroïdite
multifocale
Ophtalmie
sympathique
Syndrome
d’Irvine-Gass
Infections
Virales
Herpèsvirus,
VIH,
HTLV-1,
West
Nile,
dengue,
virus
de
la
fièvre
de
la
vallée
du
Rift
Bactériennes
Syphilis,
Lyme,
tuberculose,
endophtalmie,
rickettsies
Bartonnellose,
Whipple,
leptospirose,
brucellose
Endophtalmies
bactériennes
Parasitaires
Toxoplasmose,
toxocarose,
onchocercose
Mycotiques Candida,
coccidioïdomycose
Tumeurs
Lymphome
intraoculaire
Primitif
oculocérébral
non
hodgkinien
Systémique,
hodgkinien
ou
non
Métastases
Syndrome
paranéoplasique
Leucémie
aiguë
Idiopathiques
(pas
de
cause
retrouvée
et
aucune
atteinte
extraoculaire)
VIH
:
virus
de
l’immunodéficience
humaine
;
HTLV-1
:
human
T-cell
lymphotro-
phic
virus
type
1.
La
forme
particulière
de
périphlébite
rétinienne
active
en
taches
de
bougie
sous
forme
d’un
large
manchon
segmentaire
relative-
ment
translucide
est
l’apanage
d’une
cause
sarcoïdosique.
Les
principales
étiologies
des
vasculites
artérielles
sont
résumées
dans
le
Tableau
2.
Les
principales
étiologies
des
vasculites
rétiniennes
atteignant
le
compartiment
veineux
et
artériel
sont
résumées
dans
le
Tableau
3.
L’artérite
de
Kyrieleis
se
voit
essentiellement
au
cours
des
choriorétinites
toxoplasmiques
(Fig.
1)
;
elle
a
été
décrite
aussi
au
cours
des
infections
herpétiques,
de
la
tuberculose
et
de
la
lèpre.
Le
caractère
occlusif
a
aussi
une
valeur
d’orientation
étiologique
(Tableau
4).
La
cause
la
plus
fréquente
est
la
sarcoïdose.
Cepen-
dant,
les
vasculites
veineuses
et
occlusives
n’ont
rien
de
spécifique
et
peuvent
être
liées
à
une
maladie
systémique
ou
à
une
pathologie
oculaire
infectieuse,
tumorale
ou
auto-immune [4,
6].
L’aspect
d’angéite
givrée
(frosted
branch
angeitis)
est
évocateur
de
certains
diagnostics [9] (Fig.
2,
3,
Tableau
5).
Tableau
2.
Principales
étiologies
des
artérites
rétiniennes.
Infections
Herpèsvirus
Lyme,
syphilis,
tuberculose
Maladie
de
système
Behc¸et
Connectivites
:
lupus,
sclérodermie
Angéites
nécrosantes
Périartérite
noueuse,
Wegener
Artérites
systémiques
Maladie
de
Takayashu
Syndrome
de
Susac
(ou
small
infarcts
of
cochlear,
retinal
and
encephalic
tissues
[SICRET])
Artérites
ectasiantes
(ou
idiopathic
retinitis,
vasculitis,
aneurysms
and
neuroretinitis
syndrome
[IRVAN])
Tableau
3.
Principales
étiologies
des
vasculites
rétiniennes
artérielles
et
veineuses.
Maladie
de
Behc¸et
Infections,
en
particulier
par
herpèsvirus
et
syphilis
Connectivite
avec
vascularites
nécrosantes
(Wegener,
polyarthrite
rhumatoïde,
périartérite
noueuse)
Figure
1.
Artérite
de
Kiriellis
adjacente
à
un
foyer
de
choriorétinite
toxoplasmique.
Tableau
4.
Principales
étiologies
des
vasculites
veineuses
rétiniennes
occlusives.
Sarcoïdose
Maladie
de
Behc¸et
Infections
Toxoplasmose
Herpèsvirus
(HSV,
VZV,
CMV)
Syphilis
Tuberculose
Rickettsiose
HSV
:
herpes
simplex
virus
;
VZV
:
varicelle-zona
virus
;
CMV
:
cytomégalovirus.
Aspects
sémiologiques
Les
aspects
sémiologiques
associés
de
la
sphère
oculaire
ont
une
valeur
d’orientation
étiologique [1,
3,
6].
Hypertrophie
des
glandes
lacrymales
et
salivaires
Elle
est
évocatrice
de
sarcoïdose
ou
de
lymphome.
EMC
-
Ophtalmologie 3
21-230-B-10 Uvéites
postérieures
et
vasculites
rétiniennes
AB
Figure
2.
Angéite
givrée
unilatérale
chez
un
homme
de
35
ans
immunocompétent.
A.
Rétine
en
nasal
de
la
papille.
B.
Rétine
en
temporal
de
l’aire
maculaire.
AB
C
Figure
3.
Évolution
à
10
jours
chez
le
même
patient
:
occlusions
vasculaires
rétiniennes
artérielles
et
veineuses,
tableau
rapporté
à
une
infection
herpétique
(clichés
du
docteur
Cardillo).
A.
Hémorragie
intrarétinienne
au
pôle
postérieur,
engainement
blanchâtre
artériel
et
veineux,
nodules
cotonneux.
B,
C.
Angiographie
rétinienne
à
la
fluorescéine
montrant
les
vastes
territoires
non
perfusés.
4EMC
-
Ophtalmologie
Uvéites
postérieures
et
vasculites
rétiniennes 21-230-B-10
Tableau
5.
Principales
causes
d’angéite
givrée.
CMV,
VIH,
herpèsvirus
Hémopathies
malignes
Lupus
érythémateux,
Crohn
CMV
:
cytomégalovirus
;
VIH
:
virus
de
l’immunodéficience
humaine.
Tableau
6.
Principales
étiologies
des
vasculites
rétiniennes
et
sclérite.
Connectivites Polychondrite
atrophiante,
lupus
Vascularites
systémiques
Wegener,
polyarthrite
rhumatoïde,
Behc¸et,
périartérite
noueuse
Entéropathie
Crohn
Infections Herpèsvirus,
en
particulier
VZV,
syphilis,
Lyme,
tuberculose
Inflammation
granulomateuse Sarcoïdose
VZV
:
varicelle-zona
virus.
Tableau
7.
Principales
orientations
diagnostiques
des
vasculites
rétiniennes
et
préci-
pités
rétrocornéens
(PRC).
PRC
larges
PRC
fins
Sarcoïdose
Maladie
de
Behc¸et
Tuberculose
Sarcoïdose,
collagénoses
Infections
:
-
toxoplasmose
-
herpèsvirus
-
syphilis,
BK
Infections
débutantes
Ophtalmie
sympathique Choriorétinopathie
de
type
Birdshot
Lymphomes
Lymphomes,
métastases
Association
à
une
sclérite
Elle
oriente
le
diagnostic
étiologique [10] (Tableau
6).
Association
à
des
précipités
rétrocornéens
L’association
à
des
précipités
rétrocornéens
(PRC)
larges
ou
fins
oriente
vers
certaines
étiologies
(Tableau
7).
Présence
de
synéchies
postérieures
Elle
est
aspécifique
;
cependant,
les
synéchies
postérieures
excluent
le
diagnostic
de
choriorétinopathie
de
type
Birdshot
et
sont
exceptionnelles
au
cours
des
lymphomes
primitifs
oculo-
cérébraux [11].
Association
à
des
nodules
iriens
L’association
à
des
nodules
iriens
oriente
vers
la
sarcoïdose,
la
tuberculose,
la
syphilis,
la
lèpre
et,
selon
le
contexte,
vers
une
ophtalmie
sympathique.
Uvéite
à
hypopion
Les
vasculites
rétiniennes
peuvent
survenir
dans
le
cadre
d’une
uvéite
à
hypopion
(Tableau
8).
L’atteinte
du
segment
antérieur
peut
masquer
une
atteinte
postérieure
comme
au
cours
de
la
mala-
die
de
Behc¸et,
d’une
endophtalmie
ou
d’une
affection
tumorale.
Association
à
un
ou
plusieurs
foyers
rétiniens
Elle
oriente
le
diagnostic
vers
une
infection
:
toxoplasmose,
toxocarose,
herpèsvirus,
syphilis,
tuberculose,
mycoses
en
par-
ticulier
candidose
–,
maladie
de
Lyme,
rickettsiose,
cysticercose,
onchocercose,
leptospirose,
brucellose,
etc.,
mais
est
aussi
compa-
tible
avec
une
maladie
de
Behc¸et.
Tableau
8.
Principales
étiologies
de
l’uvéite
à
hypopion.
Spondylarthropathies
Spondylarthropathie
ankylosante
Reiter
Rhumatisme
psoriasique
Crohn
Maladie
de
Behc¸et
Infections Endophtalmie
Corps
étranger
intraoculaire
Néoplasies
Rétinoblastome
Leucémie
Aspect
plus
ou
moins
inflammatoire
du
vitré
Cet
aspect
oriente
également
le
diagnostic.
Un
vitré
non
inflam-
matoire
oriente
vers
un
lupus
érythémateux
disséminé,
une
périartérite
noueuse,
une
maladie
de
Takayashu,
un
syndrome
de
Cogan
ou
un
syndrome
de
Susac.
Association
à
des
lésions
choroïdiennes
multiples
Elle
oriente
le
diagnostic
:
pseudohistoplasmose,
choroïdite
multifocale,
choriorétinopathie
de
type
Birdshot,
sarcoïdose,
tuberculose,
bartonellose,
ophtalmie
sympathique [12].
Association
à
une
névrite
optique
Elle
expose
à
un
risque
relatif
de
survenue
de
sclérose
en
plaques
de
14,4
%[13].
La
névrite
optique
peut
être
contemporaine
de
l’uvéite
mais,
le
plus
souvent,
la
précède,
comme
en
témoignent
l’interrogatoire,
la
vision
des
couleurs
et
les
potentiels
évoqués
visuels.
Angiographie
rétinienne
en
fluorescéine
complétée
par
l’infracyanine
Elle
peut
apporter
des
arguments
étiologiques [5,
6,
14].
Association
de
vasculites
artérielles
et
veineuses
rétiniennes
L’association
de
vasculites
artérielles
et
veineuses
rétiniennes
est
en
faveur
de
certains
diagnostics
(cf.
Tableau
3).
Anomalies
de
remplissage
du
compartiment
vasculaire
ou
stromal
choroïdien
Les
anomalies
de
remplissage
du
compartiment
vasculaire
ou
stromal
choroïdien
ont
une
valeur
étiologique
:
les
nodules
choroïdiens
apparaissant
sous
forme
de
lésions
rondes
hypofluorescentes
bien
visibles
à
10
minutes,
s’imprégnant
progressivement
de
colorant,
sont
présents
dans
80
%
des
choriorétinopathies
de
type
Birdshot,
ils
sont
disposés
en
quinconce
et
sont
plus
nombreux
que
les
taches
dépigmentées
visibles
au
fond
d’œil [15].
Au
cours
de
la
sarcoïdose,
des
nodules
de
même
évolution
angiographique
sont
irrégulièrement
disposés
dans
le
fond
d’œil
et
dans
l’épaisseur
du
stroma
choroïdien.
Certains
sont
donc
muets
en
fluorescéine,
d’autres
sont
visibles.
Au
cours
de
la
tuberculose,
les
lésions
choroïdiennes
ou
rétinochoroïdiennes
s’imprègnent
intensément
de
colorant.
Au
cours
de
l’ophtalmie
sympathique,
des
nodules
choroïdiens
sont
visibles
avec
un
retentissement
sur
la
perfusion
de
la
choriocapillaire
à
leur
niveau [12].
Au
cours
d’infections
rétinochoroïdiennes
comme
la
toxoplas-
mose,
de
nombreuses
lésions
hypofluorescentes
nodulaires
choroïdiennes
plus
ou
moins
coalescentes,
visibles
en
dehors
du
foyer
actif
choriorétinien
hypofluorescent
s’imprégnant
par
les
bords,
évoquent
des
infiltrats
inflammatoires
réactionnels
périlésionnels [6] ;
un
masquage
de
la
fluorescence
choroïdienne
en
multiples
mottes
de
50
m
de
diamètre
est
évocateur
d’une
infiltration
lymphomateuse
non
hodgkinienne [11] ;
EMC
-
Ophtalmologie 5
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