6 Endodontie et état général O. LABOUX, A. GAUDIN É tat général et endodontie ? Il est normal, il est déontologique, il est professionnel de se poser la question. Les relations entre les thérapeutiques endodontiques et un certain nombre de pathologies sont connues, mais sont-elles réellement démontrées scientifiquement ? Par exemple, l’infection focale sur une valve cardiaque ou une prothèse articulaire reste théoriquement possible mais peu de preuves médicales et scientifiques permettent de la confirmer. Le plus souvent, et dans le meilleur des cas, des conférences de consensus sont établies aux dires d’experts qui se fondent sur la littérature scientifique disponible. Pour la cardiologie, ces consensus sont de plus en plus nombreux et parfois contradictoires. Quant aux prothèses articulaires, il n’y a actuellement aucun consensus à propos de la conduite à tenir. décrite à partir des corrélations retrouvées entre la flore endodontique et les bactéries prélevées sur les valves contaminées. L’utilisation de techniques de biologie moléculaire, telles que la transcription inverse de la réaction en chaîne par polymérase (RT-PCR, reverse transcription polymerase chain reaction) ou la PCR quantitative (q-PCR, quantitative PCR), a permis d’affiner les connaissances sur la microbiologie endodontique et, notamment, sur les biofilms. Dans le doute, seul le principe de précaution impose des recommandations, dont les conséquences sont un grand nombre d’avulsions et des prescriptions antibioprophylactiques préventives probablement excessives et sans preuve d’une réelle efficacité. Cette attitude préventive doit constamment être révisée. Les objectifs de ce chapitre sont de rappeler les recommandations actuelles concernant l’endodontie et de décrire leurs fondements afin de guider le praticien dans ses décisions thérapeutiques. Au quotidien, le patient considéré comme à risque, pour un acte réputé lui aussi à risque, est au cœur d’une décision médicale partagée entre le chirurgien-dentiste et le cardiologue, l’un ne maîtrisant que très peu les pathologies cardiaques, l’autre ne connaissant que très peu les actes bucco-dentaires et leurs complications éventuelles. I - Endodontie et endocardite infectieuse A - Théories, principe de précaution et recommandations La cavité buccale est considérée comme la porte d’entrée principale de nombreuses infections dites focales, notamment cardiaques, depuis de nombreuses années. À défaut de trouver l’origine de la pathologie, la bouche est souvent incriminée. Des générations de praticiens ont été formées à partir de ce modèle d’infection focale, considérant que des bactéries essentiellement d’origine endodontique pouvaient coloniser les valves cardiaques à l’issue d’une bactériémie peropératoire. L’origine de cette endocardite infectieuse (EI) a été À ce jour, les répercussions cardiaques des procédures endodontiques ne sont toujours pas scientifiquement démontrées et de nouvelles recherches cliniques restent nécessaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse. Cette rencontre entre deux « ignorances » conduit à une antibioprophylaxie presque systématique et des décisions draconiennes du type avulsion. À titre d’exemple, dans le cas d’un patient avec un prolapsus valvulaire mitral, le chirurgien-dentiste ne maîtrise peut-être pas totalement l’importance de cette pathologie en fonction de l’existence ou non d’un souffle, avec ou sans épaississement, caractérisé à l’échographie ou non. A contrario, le médecin généraliste ou le cardiologue auront du mal à évaluer le risque infectieux d’un retraitement endodontique. Dans ces conditions, le praticien doit se fonder sur les recommandations en vigueur dans son pays d’exercice même si, parfois, celles-ci peuvent se révéler être contradictoires (Horstkotte et al., 2004 ; Danchin et al., 2005 ; Gould et al., 2006 ; Naber et al., 2007 ; Wilson et al., 2007 ; Bonow et al., 2008 ; Nishimura et al., 2008 ; Richey et al., 2008). Ces recommandations sont régulièrement révisées, en fonction de l’évolution des connaissances en microbiologie, des recherches en santé publique, du vieillissement de la population et de l’accroissement de la population vieillissante et fragilisée par les pathologies cardiaques. En revanche, une meilleure prise en charge des pathologies infantiles influence 93 6684_.indb 93 01/08/12 15:35 6 Endodontie considérablement le nombre de patients ayant souffert d’un rhumatisme articulaire aigu (RAA) et justifiant une prise en charge préventive. En France, nous nous référons toujours à la conférence de 2002, elle-même évolution du consensus de 1992. Or, depuis quelques années, de nombreuses conférences de consensus sont publiées : il s’agit de recommandations établies aux dires d’experts, s’appuyant sur la littérature scientifique ; tous ces travaux insistent sur le fait que le niveau de preuve dans le domaine est faible. Récemment (en 2007), s’appuyant notamment sur le fait que depuis les premières recommandations la prévalence de l’endocardite infectieuse n’avait pas été modifiée, l’American Heart Association (American Heart Association, 2007) a bousculé les principes érigés depuis des années en se focalisant sur une définition de patients à risque beaucoup plus restreinte qu’auparavant. En 2008, la publication du National Institute for Health and Clinical Excellence (Richey et al., 2008) abonde en ce sens, en remettant grandement en cause nos protocoles. En 2009 enfin, l’European Society of Cardiology (ESC) (Habib et al., 2009) publie des recommandations. En 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (ANSM) publie des recommandations sur la prescription des antibiotiques en pratique buccodentaire et reprend les recommandations de l’ESC. Important ! L’endocardite infectieuse est une maladie qui présente les particularités suivantes : - ni l’incidence ni la mortalité n’ont baissé depuis 30 ans (Moreillon et Que, 2004) ; - les formes cliniques sont diverses, en fonction de la lésion cardiaque sous-jacente, des micro-organismes impliqués, de l’existence ou non de complications… ; - les recommandations préventives sont établies aux dires d’experts compte tenu d’un niveau de preuves scientifiques faible. - addiction à des substances illicites par voie intraveineuse ou nasale (Friedman et al., 2002). Un certain nombre d’études reflète l’accroissement des infections à staphylocoque au détriment des infections à streptocoques buccaux (Moreillon et Que, 2004). Cela est notamment le cas aux États-Unis d’Amérique et c’est probablement lié à la forte prévalence des hémodialyses (par le fait d’une voie veineuse), du diabète sucré et du fort nombre de patients porteurs d’un dispositif intracardiaque (Cabell et al., 2002 ; Fowler et al., 2005). Dans d’autres pays, la prévalence de l’endocardite infectieuse à Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) dépend davantage du nombre de consommateurs de stupéfiants par injection intraveineuse (Ribera et al., 1998). L’endocardite infectieuse touche majoritairement le cœur gauche, mais le cœur droit est atteint dans 5 à 10 % des cas (Frontera et Gradon 2000 ; Hoen et al., 2002 ; Wilson et al., 2002). Cette pathologie peut concerner, d’une part, les patients porteurs d’un stimulateur cardiaque (pacemaker) permanent, d’un défibrillateur implantable, d’une maladie cardiaque congénitale et, d’autre part, les consommateurs de stupéfiants par injection intraveineuse (Wilson et al., 2002 ; Gebo et al., 2006). Pour ces derniers, les particules de drogue injectée bombardent la valve tricuspide (cœur droit) et peuvent en altérer la surface. Dans de mauvaises conditions d’hygiène, qui plus est en cas de déficit immunitaire, une endocardite infectieuse peut apparaître, dans laquelle le staphylocoque doré est le plus souvent impliqué (Moss et Munt, 2003) (fig. 6.1). Valve mitrale Thrombus B - Épidémiologie de l’endocardite infectieuse Il y a plusieurs années, l’endocardite infectieuse concernait essentiellement des adultes jeunes présentant des lésions valvulaires identifiées, notamment associées à des antécédents de rhumatisme articulaire aigu. Aujourd’hui, l’endocardite infectieuse affecte principalement des patients âgés, sans antécédents cardiaques connus ou porteurs d’une valve prothétique. Une étude récente conduite dans des pays industrialisés montre une augmentation des endocardites infectieuses chez les patients porteurs d’une valve prothétique ou souffrant d’un prolapsus valvulaire mitral (Tleyjeh et al., 2007). De nouveaux facteurs de prédisposition se détachent désormais : - valve prothétique ; - dégénérescence valvulaire sclérotique ; Végétations Figure 6.1 Valve mitrale présentant des végétations consécutives à une endocardite infectieuse. Noter la présence d’un thrombus proche d’un feston vestibulaire altéré. Photographie peropératoire sans préparation (Pr J.F. Godin, CHU de Nantes). 94 6684_.indb 94 01/08/12 15:35 6 Endodontie et état général C - Incidence de l’endocardite infectieuse Selon les pays, l’incidence varie de 3 à 10 épisodes pour 100 000 personnes mais peut aller jusqu’à 14,5/100 000 pour nos aînés de 70 à 80 ans. Les hommes sont deux fois plus concernés que les femmes. Chez les secondes, la pathologie est généralement moins sévère et le recours à la chirurgie moins fréquent que chez les premiers (Aksoy et al., 2007). Important ! Une CNS peut toutefois provoquer une endocardite infectieuse sur valve native, donnant alors une forme clinique agressive : - endocardite infectieuse à culture négative due à un traitement antibiotique préalable ; - endocardite infectieuse fréquemment associée à une culture sanguine négative ; - endocardite infectieuse associée à une culture négative constante (5 % des endocardites infectieuses). D - Classification et pronostic (tableau 6.1) Remarque : le pronostic de l’endocardite infectieuse dépend d’un certain nombre de paramètres : - de la topographie (cœur droit ou cœur gauche) ; - du fait qu’il s’agit d’une infection nosocomiale ou non ; - de la sévérité du tableau clinique ; - de l’éventuelle récidive E - Microbiologie L’endocardite infectieuse avec cultures positives est majoritaire, représentant 85 % de la totalité des endocardites infectieuses. Les germes impliqués sont les streptocoques (sanguis, mutans, salivarius, mitis), les entérocoques (faecalis, faecium, durans) et les staphylocoques (aureus). Ces derniers, sur valve native, sont sensibles à l’oxacilline. Sur valve prothétique, le staphylocoque est le plus souvent résistant à cet antibiotique (coagulase négative staphylococcique, CNS). F - Physiopathologie de l’endocardite infectieuse L’endothélium valvulaire, normalement résistant à la colonisation bactérienne et à l’infection par les bactéries circulantes, peut devenir le siège de dépôts de fibrine et de plaquettes. Les modifications topographiques engendrées créent des zones de turbulences du flux sanguin (turbulences aggravées par la présence de sondes ou de cathéters) ainsi que des zones inflammatoires et peuvent engendrer une dégénérescence valvulaire chez les personnes âgées (une fois sur deux chez les plus de 60 ans). En cas d’inflammation associée ou non à une lésion préalable, des intégrines de la famille β1 se lient à la surface endo- Tableau 6.1 Classification des endocardites infectieuses à visée prothétique (d’après les recommandations de la Société européenne de cardiologie, 2009). En fonction de la localisation de l’infection et de la présence ou non de matériel intracardiaque Cœur gauche sur valve native Cœur gauche sur valve prothétique : ❒ précoce (< 1 an après chirurgie) ❒ tardive (> 1 an après chirurgie) Cœur droit Dispositif médical (pacemaker ou défibrillateur) En fonction du mode de contamination Endocardite infectieuse liée à un soin (nosocomiale ou non) Communautaire (symptômes d’endocardite infectieuse < 48 heures après une admission d’un malade ne présentant pas tous les signes d’endocardite infectieuse liée aux soins) Drogue par voie intraveineuse Endocardite Infectieuse active Avec fièvre persistante et culture positive Ou morphologie inflammatoire observée en chirurgie Ou patients toujours sous antibiothérapie Ou résultats histopathologiques d’endocardite infectieuse Récidive Rechute Réinfection 95 6684_.indb 95 01/08/12 15:35 6 Endodontie théliale et à la fibronectine circulante, facilitant ainsi le dépôt de S. aureus et autres pathogènes de l’endocardite infectieuse sur la valve concernée. Il y aurait de la sorte deux grandes situations d’infection primaire d’une valve : - sur un endothélium physiquement modifié, favorisant l’infection par la plupart des micro-organismes ; - sur un endothélium indemne, propice à l’endocardite infectieuse à S. aureus. G - Diagnostic de l’endocardite infectieuse L’endocardite infectieuse peut être suspectée cliniquement dans les situations suivantes : • apparition d’un nouveau souffle cardiaque ; • événement embolique de cause inconnue ; • bactériémie de cause inconnue ; • fièvre, notamment en cas : - de présence de matériel prothétique intracardiaque (valve prothétique, pacemaker, défibrillateur implanté), - d’antécédents d’endocardite infectieuse, - d’antécédent de maladie valvulaire ou de maladie cardiaque congénitale. Essentiel : le diagnostic d’endocardite infectieuse sera fondé sur l’observation clinique, l’échocardiographie transthoracique ou transœsophagienne et le prélèvement microbiologique (avec PCR, polymerase chain reaction). Le traitement consiste en une administration d’amoxicilline (de 100 à 200 mg/kg/j) par voie intraveineuse en 4 à 6 doses pendant 4 semaines. Environ 50 % des patients hospitalisés seront opérés (Castillo et al., 2000 ; Hoen et al., 2002 ; Wallace et al., 2002). La mortalité des patients hospitalisés varie entre 9,6 et 26 % (Hoen et al., 2002 ; Thuny et al., 2005 ; Delahaye et al., 2007 ; San Román et al., 2007). Ce taux variable s’explique par différents facteurs : le patient lui-même, la présence ou non de complications cardiaques et la nature du germe impliqué. H - Mesures préventives Le principe de l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse a été proposé, sur la base d’observations cliniques, au début du XXe siècle. Ces mesures préventives restent aujourd’hui sujettes à polémique, ainsi que l’implication des procédures odontologiques sur les risques de contamination pouvant conduire à une endocardite infectieuse. Pourquoi ? Parce que : - la mesure du risque lié à la procédure est mal évaluée. La bactériémie n’est pas seulement présente lors de procédures de soins invasives, au cours desquelles elle est quasiment systématique (Moreillon et al., 1988 ; Lockhart, 2000), mais elle peut également survenir au cours de la mastication et du brossage des dents. Ces bactériémies « spontanées » sont faibles et limitées dans le temps (de 1 à 100 CFU/ml de sang pendant moins de 10 minutes) mais pluriquotidiennes et donc très fréquentes. Cela expliquerait pourquoi la plupart des endocardites infectieuses ne seraient pas en rapport avec des procédures invasives (Van der Meer et al., 1992 ; Strom et al., 1998 ; Roberts et al., 1999 ; Duval et al., 2006 ; Forner et al., 2006) ; Il est ainsi établi que le risque de bactériémie serait de 1 000 à 8 000 fois plus important dans la vie quotidienne qu’à la suite d’une procédure thérapeutique dentaire (Pallasch et Wahl, 2003). Cela met l’accent sur l’importance du maintien d’une bonne hygiène orale et d’un suivi régulier. - le risque de choc anaphylactique lié à l’emploi d’antibiotiques ne peut être écarté, bien qu’aucun cas fatal n’ait été rapporté dans la littérature médicale à ce jour (Shanson, 2008) ; - cette antibioprophylaxie systématique pourrait favoriser l’apparition de résistances aux antibiotiques ; - les preuves scientifiques montrant l’intérêt de l’antibioprophylaxie sont inexistantes. En effet, les différentes études concernant ce sujet sont souvent contradictoires (Hall et al., 1993 ; Lockhart et al., 2008). À ce jour, aucune étude au niveau de preuve suffisant (prospective, randomisée, en double aveugle ) n’a permis de justifier une attitude thérapeutique par rapport à une autre. C’est ainsi que plusieurs recommandations ont été proposées par les sociétés cardio-vasculaires à travers le monde afin de définir des protocoles (Danchin et al., 2002 ; Wilson et al., 2007 ; Naber et al., 2007). Important ! Même si des divergences subsistent, toutes ces recommandations se rejoignent sur trois points : - la large prescription antibioprophylactique n’est plus d’actualité ; - l’antibioprophylaxie doit être limitée au haut risque d’endocardite infectieuse ; - une bonne hygiène bucco-dentaire et un suivi régulier des patients sont des éléments déterminants dans la prévention de l’endocardite infectieuse. II - Quels sont les principes des nouvelles recommandations ? Il convient finalement de distinguer les patients à risque, d’une part, et les procédures à risque, d’autre part. A - Patients à risque D’après l’ANSM, les patients à risque sont ceux : • qui sont porteurs d’une valve prothétique ou de matériel prothétique de réparation valvulaire. Ils présentent un haut risque d’endocardite infectieuse, un risque de mortalité accru et sont exposés à des complications particulièrement sévères (Anderson et al., 2005 ; Lalani et al., 2006) ; • qui ont déjà eu une endocardite infectieuse ; ils sont également exposés à une mortalité supérieure et des complica- 96 6684_.indb 96 01/08/12 15:35 6 Endodontie et état général tions plus sévères que les autres (Renzulli et al., 2001 ; Chu et al., 2005) ; • qui sont porteurs d’une cardiopathie congénitale cyanogène : - non opérée ou dérivation chirurgicale pulmonaire-systémique ; - opérée, mais présentant un shunt résiduel ; - opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par voie chirurgicale ou transcutanée, sans fuite résiduelle, seulement dans les 6 mois suivant la mise en place ; - opérée avec mise en place d’un matériel prothétique par voie chirurgicale ou transcutanée avec shunt résiduel. La Société européenne de cardiologie (Habib et al., 2009) ne recommande pas d’antibioprophylaxie pour les patients transplantés cardiaques ni pour ceux souffrant d’autres maladies sur valve native (incluant même les formes les plus courantes : bicuspidie aortique, prolapsus valvulaire mitral, sténose aortique) (fig. 6.2). Dent à pulpe non vitale RTE* Dent à pulpe vitale Endodontie strictement contre-indiquée Endodontie strictement contrôlée B - Procédures à risque Les procédures endodontiques à risque sont : - le sondage parodontologique à visée diagnostique ; - la chirurgie de la région péri-apicale ; - les thérapeutiques endodontiques. Essentiel : l’antibioprophylaxie, ciblée principalement contre les streptocoques, est dans ces cas recommandée pour les patients à risque décrits ci-dessus (tableau 6.2). Les fluoroquinolones et les glycopeptides ne sont pas recommandés car, d’une part, leur efficacité n’est pas démontrée et, d’autre part, ils présentent un potentiel important de développement de résistances bactériennes. En conclusion, les dernières recommandations limitent l’antibioprophylaxie aux seuls patients à risque devant subir des actes dentaires également à risque. Il apparaît qu’une bonne hygiène bucco-dentaire et un suivi régulier sont des éléments majeurs de réduction de la prévalence de l’endocardite infectieuse. L’information du patient, tant pour les décisions thérapeutiques que pour le suivi à instituer, reste un élément primordial de prévention. Antibioprophylaxie Asepsie stricte (digue étanche obligatoire) Séance unique Endodonte totalement accessible (monoradiculées) En tout temps : avis du cardiologue, information et consentement du patient, praticien compétent, instauration d’un suivi *RTE : retraitement endodontique. Figure 6.2 Résumé de la conduite à tenir chez un patient présentant un risque d’endocardite infectieuse. À l’exception des groupes à risque, les prescriptions antibioprophylactiques sont de plus en plus limitées et les précautions d’asepsie locale, notamment la pose du champ opératoire, restent les moyens les plus appropriés pour prévenir tout risque de dissémination bactérienne. Afin de préciser la ou les pathologies (tableau 6.1), le contact systématique avec le médecin traitant et/ou le cardiologue est indispensable. Dans l’exemple de gauche (tableau 6.3), le courrier conduira probablement le cardiologue à prescrire une antibioprophylaxie, le plus souvent parce qu’il ne connaît Tableau 6.2 Recommandations de prescription de l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse. Situation/pénicilline ou ampicilline Simple dose 30-60 min avant l’intervention (per os ou IV) Antibiotique Non allergique Amoxicilline ou ampicilline Allergique Clindamycine Adulte Enfant 2g 50 mg/kg 600 mg 20 mg/kg Tableau 6.3 Exemples de lettres du chirurgien-dentiste au cardiologue. Dr Meslah DIGUE Chirurgien-dentiste Dr Meslah DIGUE Chirurgien-dentiste Dr Jacoud OSLER Cardiologue Mon cher Confrère Dr Jacoud OSLER Cardiologue Mon cher Confrère Nous recevons en consultation ce jour M… Nous recevons en consultation ce jour M… Je vous remercie de m’indiquer si vous jugez qu’il y a un risque oslérien Je vous remercie de m’indiquer la nature exacte de l’affection dont M… nous déclare être porteur… 97 6684_.indb 97 01/08/12 15:35 6 Endodontie pas la nature du risque lié à l’acte dentaire à venir. L’exemple de droite, quant à lui, permet au chirurgien-dentiste de prendre une décision thérapeutique en toute connaissance de cause. III - Patients porteurs de prothèse articulaire Le remplacement d’une prothèse articulaire (hanche et genou principalement) est devenu une intervention courante en chirurgie orthopédique (fig. 6.3). Si le risque de contamination préopératoire a diminué grâce à l’amélioration des conditions d’asepsie et à l’utilisation des antibiotiques, le risque d’infection secondaire persiste et s’élève en raison du nombre croissant d’arthroplasties et de l’augmentation de la durée de vie des patients (Bauer et al., 2007). L’infection d’une arthroplastie constitue une complication dévastatrice, notamment en termes de fonctionnalité, dont les évolutions les plus dramatiques sont l’amputation du membre concerné et le décès du patient. Les soins bucco-dentaires représentent une cause potentielle d’infection de prothèse articulaire par contamination secondaire après les foyers cutanés et urinaires (Jacobson et al., 1986 ; Maderazo et al., 1988). Les infections d’origine dentaire sont cependant difficiles à incriminer de manière précise : pour confirmer le diagnostic étiologique, il faut retrouver le même micro-organisme au niveau de la prothèse et de la cavité buccale ainsi que dans les hémocultures, avec une relation chronologique entre les soins dentaires et la survenue de l’infection. Les infections d’origine dentaire sont donc rarement individualisées et on peut supposer qu’elles restent sous-estimées (Bauer et al., 2007). La fréquence de survenue d’une infection de prothèse articulaire à point de départ bucco-dentaire serait de l’ordre de 0,04 à 0,2 % et représenterait de 6 à 11 % des infections tardives survenant sur arthroplasties (Waldman et al., 1997 ; La Porte et al., 1999). Figure 6.3 Mise en place chirurgicale d’une prothèse du genou. A - Risque d’infection sur prothèse articulaire Le risque est multifactoriel et complexe à analyser. En résumé, il dépend de quatre facteurs : la bactériémie, le statut général du patient, la prothèse en elle-même et la nature des microorganismes impliqués. Les traitements endodontiques génèrent une bactériémie faible, notamment par rapport aux extractions et aux soins parodontaux. En revanche, les activités courantes (brossage, mastication) ont une probabilité plus élevée de déclencher une bactériémie, d’intensité plus importante (Olsen, 2008). Souvent comparé à l’endocardite infectieuse, le sepsis d’un implant articulaire se différencie par ses mécanismes physiopathologiques et sa bactériologie. Les travaux de Gristina et Costerton (1985) ont montré que la présence d’un corps étranger favorisait le développement d’un germe habituellement anodin. Ces auteurs décrivent une zone d’immunoincompétence autour de l’implant. Certaines particules de dégradation des matériaux de l’implant (métal, polyéthylène) saturent les macrophages et diminuent leurs capacités de phagocytose. De la même manière, les débris de ciment de méthacrylate réduisent le chimiotactisme et les fonctions des macrophages. La prothèse en elle-même constitue un substrat favorable pour la formation de biofilm. Important ! Les prothèses de grande taille (caractérisées par une grande cavité articulaire), les prothèses contraintes (entraînant une synovite) et les prothèses descellées présentent un risque accru d’infection par contamination secondaire. Blomgren et Lindgren (1981) ont démontré que la présence d’une prothèse articulaire provoquait une diminution des défenses locales antibactériennes et que le risque d’infection était plus important en postopératoire immédiat (première semaine) que tardif. Le délai pendant lequel les prothèses restent sensibles aux infections diffère selon les auteurs, allant de 3 semaines à 2 ans (Hanssen et al., 1997). Les streptocoques sont retrouvés dans 37 à 78 % des cas lors des hémocultures après infection sur prothèse associée à des soins dentaires. Les staphylocoques sont responsables de plus de 25 % des infections des prothèses articulaires après des soins dentaires alors qu’ils ne représentent que 0,05 % de la flore buccale. Leur pouvoir pathogène dans le risque de contamination d’une prothèse articulaire est donc certainement plus important que celui du streptocoque. (Kim et Weiss, 1993). Important ! La survenue d’une infection sur prothèse articulaire peut également être influencée par l’état pathologique du patient. Toutes les situations où il existe une diminution des défenses immunitaires (polyarthrite rhumatoïde, patients traités par immunosuppresseurs, corticothérapie, diabète) constituent un risque accru d’infection (American Dental Association, 2003). 98 6684_.indb 98 01/08/12 15:35 Endodontie et état général 6 Il semble donc difficile de déterminer précisément les situations à risques. Le risque d’infection secondaire dépend essentiellement de quatre facteurs (fig. 6.1) : - la nature prothèse ; - la nature des micro-organismes impliqués ; - l’état général du patient ; - les risques liés à la bactériémie. B - Suggestions pour la pratique endodontique Le dépistage et le traitement des foyers infectieux à distance, chez un patient porteur d’un implant articulaire, se font tout au long de la vie. Avant la pose d’une prothèse, l’ensemble des soins nécessaires à la remise en état de la cavité buccale doit être réalisé. Dans la mesure où, dans la plupart des cas, la pose d’une prothèse n’est pas une chirurgie urgente, il est préférable de réaliser les soins au moins 3 mois avant l’intervention. Si le patient est considéré comme « sain », tous les traitements peuvent être envisagés dans les conditions d’asepsie classique (champ opératoire étanche). En revanche, s’il présente un risque lié à son état général, les dents peu stratégiques ou ayant un pronostic incertain seront extraites sous antibioprophylaxie (Cottreel et al., 2006 ; Académie nationale de chirurgie dentaire, 2007). Après la pose de la prothèse, les recommandations par accord professionnel entre l’Association dentaire américaine et l’Académie américaine de chirurgiens de 2003 retiennent le délai de 2 ans comme période à risque. Les traitements endodontiques sur des dents stratégiques pourront être envisagés sous antibioprophylaxie tandis que pendant cette période, toute dent suspecte ou à pronostic réservé sera extraite avec les mêmes précautions. Au-delà de cette période « critique » de 2 ans, les traitements endodontiques pourront être envisagés ; se pose alors la question de la nécessité de l’antibioprophylaxie. Les patients porteurs de prothèse articulaire doivent-ils systématiquement recevoir une antibioprophylaxie ? À l’heure actuelle, les données scientifiques sont insuffisantes pour répondre de manière précise et péremptoire. Il existe en revanche des recommandations par accord professionnel entre l’Association dentaire américaine et l’Académie américaine de chirurgiens orthopédistes datées de 1997 et mises à jour en 2003. En l’absence de plus d’éléments scientifiques nous les retiendrons (American Dental Association, American Academy of Orthopedic Surgeons, 2003). Important ! L’antibioprophylaxie n’est pas indiquée pour les soins de routine, mais elle est recommandée dans toutes les situations où il existe un risque important de contamination des prothèses, c’est-à-dire lors de soins dentaires à haut risque de bactériémie réalisés chez certains patients dits à haut risque d’infection hématogène (fig. 6.4). Figure 6.4 Fracture au niveau du fémur sur une prothèse orthopédique. C - Controverses L’antibioprophylaxie chez le sujet porteur de prothèse articulaire reste cependant très controversée (indication, délai de l’intervention, choix de l’antibiotique). Les soins dentaires et notamment les traitements endodontiques entraînent théoriquement moins de bactériémie qu’un brossage de dents ou la mastication de chewing-gum mais ils sont soumis à une antibioprophylaxie. L’amoxicilline reste la référence dans quasiment toutes les recommandations pour la prévention de l’infection de la prothèse articulaire car son spectre est large mais, d’après Cioffi et al. (1988), la céphalosporine serait plus adaptée. Le délai de 2 ans après chirurgie comme période à risque est également un sujet à controverse et certains auteurs réduisent ce délai à plusieurs mois après l’intervention (Sandhu et al., 1997 ; Seymour et al., 2003 ; Scott et al., 2005). IV - Diabète et endodontie Le diabète est la première cause non seulement de cécité avant 65 ans mais aussi d’amputations non traumatiques, une des principales causes de dialyse et une source importante de complications cardio-vasculaires. À ce jour, en France, plus de 2 millions de personnes sont traitées pour cette pathologie. Ce chiffre est en constante augmentation et est corrélé avec l’accroissement de la préva- 99 6684_.indb 99 01/08/12 15:35 6 Endodontie lence de l’obésité. La prévalence du diabète augmente d’environ 3 % par an (www.diabete.fr). Le diabète se caractérise par un taux de sucre dans le sang (glycémie) trop élevé survenant lorsque l’organisme ne fabrique plus d’insuline ou qu’il ne l’utilise pas correctement. En l’absence d’insuline, le sucre entre mal dans le muscle et s’accumule dans le sang. Il existe deux types de diabètes (tableau 6.4) : celui de type 1 touche les sujets jeunes alors que celui de type 2 touche les personnes âgées de plus de 50 ans, souvent en situation de surpoids. Le dépistage du diabète se fait en mesurant le taux de sucre dans le sang. On parle de diabète lorsque la glycémie à jeun (le matin) est supérieure à 1,26 g/l lors de deux dosages consécutifs ou lorsque la glycémie est supérieure à 2 g/l, quel que soit le moment de la journée. En revanche, le suivi d’un patient diabétique se fait en mesurant un autre paramètre : l’hémoglobine glyquée (HBA1c). Celle-ci est réalisée tous les 3 ou 4 mois et reflète, l’équilibre des glycémies pendant une plus longue période que la glycémie à jeun (jusqu’à 6,5 %, le contrôle est optimal ; en dessous de 7 %, il est acceptable ; au-dessus de 8 % il est mauvais et il faut revoir le traitement). A - Implications orales Le diabète peut entraîner différentes complications orales : - une xérostomie ; - des infections ; - un retard de cicatrisation ; - une augmentation de la fréquence et de la sévérité des lésions carieuses ; - une augmentation des risques de candidose ; - une gingivite ; - une parodontite. B - Implications en endodontie Les patients diabétiques présentent une augmentation de la prévalence des parodontites apicales par rapport aux patients non diabétiques (Britto et al., 2003 ; Fouad, 2003). Les flambées infectieuses (flare-up) après traitement endodontique sont plus fréquentes chez les premiers (Fouad, 2003). En revanche, peu de données relatives à la pathogenèse, à la progression et à la cicatrisation des lésions péri-apicales en relation directe avec le diabète sont disponibles. Les auteurs d’une étude rétrospective sur des cas traités non chirurgicalement (Fouad et Burleson, 2003) ont noté que le pronostic des dents atteintes de lésions endo-parodontales était inférieur, chez les patients diabétiques, à celui des nondiabétiques. Ils ont également remarqué que le pourcentage de réussite des traitements endodontiques était inférieur chez eux lorsqu’une lésion était décelable radiologiquement au début du traitement. Les lésions péri-apicales chez les patients diabétiques anciens sont, en moyenne, plus importantes en taille que celles des sujets diabétiques récents ou non diabétiques (Falk et al., 1989). C - Conduite à tenir chez le patient diabétique Les patients diabétiques sont généralement suivis par leur médecin traitant en partenariat avec un diabétologue. Important ! Il est important de prendre contact avec l’un de ces deux médecins afin de connaître : - précisément le statut du patient (équilibré/non équilibré) ; - les éventuelles complications de la maladie (cardiaques, ophtalmologiques, nerveuses…). Le patient équilibré est considéré comme un sujet sain. Les traitements endodontiques initiaux et les retraitements endodontiques peuvent être réalisés en respectant les précautions d’usage, notamment la mise en place du champ opératoire étanche. Il n’y a pas non plus de contre-indication à un traitement chirurgical (fig. 6.5 et 6.6). Pour le patient non équilibré chez lequel un traitement endodontique d’urgence est nécessaire, deux cas de figure sont possibles : - s’il s’agit d’un traitement initial sur une dent pulpée, le traitement peut être envisagé ; - s’il s’agit d’un traitement initial ou d’un retraitement sur une dent infectée présentant une lésion osseuse péri-apicale, l’antibioprophylaxie fondée sur le protocole de l’endocar- Tableau 6.4 Les deux types du diabète. Type 1 (anciennement appelé diabète insulinodépendant ou diabète du sujet jeune) Il représente environ 10 % des diabétiques et est causé par une destruction auto-immune des cellules bêta-pancréatiques Le pancréas ne fabrique plus d’insuline. L’unique traitement possible consiste à administrer des injections d’insuline et à suivre un régime alimentaire spécial Il survient surtout dans l’enfance et peut durer pendant toute la vie Type 2 (anciennement appelé diabète non insulinodépendant ou diabète gras du sujet de plus de 50 ans) Le pancréas fabrique de l’insuline en quantité insuffisante ou l’organisme utilise mal l’insuline (défaut des récepteurs de l’insuline) Ce diabète se retrouve surtout chez les adultes et se traite par un régime alimentaire, de l’exercice physique et, parfois, des médications orales ou l’injection d’insuline Sa prévalence augmente en raison de l’évolution des comportements : sédentarité et alimentation déséquilibrée favorisant un surpoids 100 6684_.indb 100 01/08/12 15:35 Endodontie et état général a c 6 b Figure 6.5 Retraitement endodontique avec dépose d’un instrument fracturé chez un patient diabétique de type 1 équilibré. 101 6684_.indb 101 01/08/12 15:36 6 Endodontie a c b Figure 6.6 Traitement d’une parodontite apicale chronique chez une patiente diabétique de type 1 équilibrée. 102 6684_.indb 102 01/08/12 15:36 6 V - Endodontie et VIH A - Données acquises sur l’infection par le VIH Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovirus infectant l’homme et qui est responsable du syndrome d’immunodéficience acquise (sida). Celui-ci est défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une « déficience acquise de l’immunité cellulaire par l’infection au VIH, caractérisée par une numération des lymphocytes T CD4+ inférieure à 200/mm3 ou à 15 % des lymphocytes totaux, et une sensibilité accrue aux infections opportunistes et aux néoplasmes malins » (www.oms.org). Important ! Transmis par plusieurs fluides corporels (sang, sécrétions vaginales, sperme et lait maternel), le sida est une pandémie ayant causé à ce jour la mort d’environ 28 millions de personnes, soit 8 000 par jour. En France, 120 000 personnes sont porteuses du VIH et 6 500 personnes sont nouvellement contaminées tous les ans. Ces contaminations concernent de plus en plus les femmes. Si elles ne représentent que 20 % des cas de sida depuis le début de l’épidémie, plus de 42 % des nouvelles contaminations annuelles les concernent (www.invs.sante.fr). Une fois la séropositivité établie, un suivi régulier de l’infection doit être effectué pour assurer une bonne prise en charge de la maladie et, ainsi, évaluer au mieux l’état du malade. Deux facteurs sont pris en compte dans cette surveillance : - le taux de lymphocytes T4, pour définir le niveau de l’infection ; - la charge virale, indiquant le nombre de virions dans l’organisme et, par voie de conséquence, la vitesse de réplication du VIH dans l’organisme, permettant ainsi de prévoir l’évolution de l’infection. Le taux normal de lymphocytes T4 chez l’homme se situe entre 600 et 1 200/mm3. On considère que (CDC, mmwr 2006) : - jusqu’à 500 T4/mm3, le patient peut vivre dans des conditions normales et ne nécessite pas de traitement ; - entre 350 et 500 T4/mm3, un traitement antiviral est recommandé et la baisse de la charge virale est escomptée pour permettre une remontée du taux de lymphocytes T4 ; - en dessous de 200 T4/mm3, le patient est fortement immunodéprimé et a un risque important de souffrir de multiples maladies opportunistes liées au sida. L’infection par le VIH évolue en plusieurs phases qui peuvent se succéder dans le temps (fig. 6.7) : 1 200 1 100 1 000 900 800 700 600 500 400 300 200 100 0 Mort Primo-infection Infection aigüe Maladies opportunistes Latence clinique 107 106 105 104 103 0 3 6 9 12 Semaines 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 ARN viral par ml de plasma dite infectieuse peut s’avérer nécessaire si le risque de bactériémie est élevé (forte septicité buccale, longueur de la durée du soin ). On privilégiera alors des traitements en une séance afin de ne pas multiplier les antibioprophylaxies. Nombre de CD4 + lymphocytes T (cell/mm3) Endodontie et état général 102 Années Figure 6.7 Les différentes phases de la maladie en fonction de la charge virale et du taux de lymphocytes. - une primo-infection (de 50 à 75 % des cas) avec ou sans symptômes ; il s’agit de la phase de séroconversion qui suit la contamination ; - une phase de latence, parfois accompagnée d’un état de lymphadénopathie généralisée ; - une phase à symptômes mineurs de l’infection à virus de l’immunodéficience humaine ; - la phase d’immunodépression profonde, ou « stade de sida », généralement symptomatique. Dès la primo-infection, le virus se réplique activement dans l’organisme, avec une production quotidienne de 10 milliards de virions, entraînant la destruction d’environ 5 milliards de lymphocytes T CD4+. Cette réplication se stabilise, au bout de quelques semaines, à un niveau plus ou moins important selon les sujets. Le système immunitaire, hyperactivé, compense partiellement la destruction massive des lymphocytes T CD4+ en augmentant leur production. Mais l’infection à VIH persiste malgré tout et entraîne l’émergence et la sélection de virus mutants qui échappent à la réponse immune de l’hôte. Essentiel : pendant plusieurs années, les lymphocytes T CD4+ semblent se renouveler rapidement malgré leur destruction par le virus, jusqu’à ce que l’épuisement des organes lymphoïdes centraux (thymus) ne permette plus leur régénération. La destruction des lymphocytes T CD4+ est bien souvent due à l’hyperactivation de ces cellules, par interaction avec certaines structures du virus, et non à une destruction directe par le VIH. Après 10 à 15 ans d’évolution spontanée sans traitement, le sujet est immunodéprimé (stade sida), des pathologies infectieuses ou tumorales rares (dites opportunistes) surviennent et conduisent au décès. 103 6684_.indb 103 01/08/12 15:36 6 Endodontie Actuellement, les traitements antirétroviraux évitent ou retardent l’évolution vers le stade sida en maintenant les niveaux de réplication du virus le plus bas possible. Près d’un tiers des patients infectés par le VIH sont également infectés par le virus de l’hépatite C. Cette co-infection n’est pas sans conséquences puisqu’elle est devenue la première cause de mortalité chez ces patients (Singal et al., 2009). B - Répercussions orales et endodontiques Sur le plan dentaire, la séropositivité en tant que telle ne prédispose pas directement à la maladie carieuse. En revanche, l’hyposialie consécutive à la prise de certains médicaments psychotropes favorise la formation de lésions carieuse cervicales (Birnbaum 1995 ; Hegarty et al 2008 ; Cavasin Filho et al., 2009). Important ! Il n’existe pas de complications spécifiques directement liées au sida en rapport avec un acte endodontique (Suchina et al., 2006). Le pronostic des traitements endodontiques n’est pas affecté chez les patients porteurs du virus (Shetty et al., 2006, Alley et al., 2008). Il n’existe donc pas de contre-indication aux traitements endodontiques initiaux et aux retraitements endodontiques, ni à l’anesthésie locale ou locorégionale (Pourriat et al., 2001). C - Conduite à tenir Le contact avec le médecin traitant est important afin de préciser : - le taux sanguin de lymphocytes CD4+ (< 200/mm3 = risque infectieux majeur) ; - la charge virale ; - la numération des plaquettes ; - la numération des polynucléaires neutrophiles (< 800/mm3 = risque infectieux majeur) ; - la nature du traitement médicamenteux en cours. Remarque : lorsque le risque infectieux est réel, notamment en cas de neutropénie sévère, il faudra envisager de réaliser les soins endodontiques sous antibioprophylaxie. En cas de bilan d’hémostase perturbé et/ou de fonctions immunitaires perturbées, la chirurgie endodontique est contre-indiquée. VI - Endodontie et immunodéficience médicamenteuse Il existe trois principales situations dans lesquelles le chirurgien-dentiste peut être amené à prendre en charge des patients sous traitement immunosuppresseur. Le patient : - a bénéficié d’une allogreffe d’organe ou de cellules souches hématopoïétiques (CSH) ; - a besoin d’un traitement de fond pour une maladie auto-immune ; - a besoin d’un traitement de fond pour une maladie inflammatoire chronique. Les complications odontostomatologiques liées à un traitement immunodépresseur ou immunosuppresseur sont principalement dominées par des infections fongiques ou virales, des leucoplasies chevelues, des lésions cancéreuses, des gingivites, voire des ulcérations. Du point de vue des effets secondaires, on peut noter la classique hyperplasie gingivale sous traitement par cyclosporine associée à un inhibiteur calcique (Nifédipine®). Qu’en est-il exactement des complications endodontiques chez ces patients ? Actuellement, aucune étude ne montre de corrélation certaine entre ce type de traitement et des complications endodontiques inflammatoires ou infectieuses (Dodds et al., 1989 ; Teixeira et al., 2000). Dans ces conditions, quelle peut être la meilleure conduite à tenir avec ces patients ? La première démarche consiste à prendre contact avec le médecin traitant, afin de connaître les pathologies dont souffrent le patient et la nature de son traitement. En cas de greffe, il est recommandé d’effectuer les soins, notamment endodontiques, à distance de la greffe. Important ! Le principe de précaution faisant souvent loi, lorsqu’il y a allogreffe d’organe, le patient doit dès lors être placé sous antibioprophylaxie pour tout acte endodontique (Little et al., 1997). En dehors de ces allogreffes, le traitement initial et le retraitement n’imposeront pas de précautions particulières. En revanche, en cas de chirurgie endodontique, notamment si le patient est sous glucocorticoïdes, une prescription antibiotique s’impose. Une attention particulière sera portée aux greffés rénaux, pour lesquels certains médicaments pourraient être néphrotoxiques (Bots et al., 2006 ; Grassi et al., 2006). Plus généralement, il faut être très vigilant sur les interactions médicamenteuses entre traitement immunosuppresseur et traitement à visée odontostomatologique (tableau 6.5). 104 6684_.indb 104 01/08/12 15:36 6 Endodontie et état général Tableau 6.5 Interactions médicamenteuses entre les principaux médicaments immunosuppresseurs et des médicaments utilisés en odontologie. Famille (spécialité) Interactions Macrolides : • érythromycine (Érythrocine®), josamycine (Josacine®), spiramycine (Rovamycine®) • roxithromycine (Rulid®), clarithromycine (Zeclar®), azythromycine (Zithromax®) Inhibiteurs de la calcineurine et rapamycine Amphotéricine B (Fungizone®) Aciclovir (Zovirax®, Activir®) Spécialités Effet Cyclosporine A (Sandimmum®, Néoral®) Immunosuppression augmentée FK 506 tacrolimus (Prograf®) Immunosuppression augmentée Inhibiteurs de la calcineurine et rapamycine FK 506 tacrolimus (Prograf®) Synergie néphrotoxique Antiprolifératifs Mycophénolate mofétil (Cellcept®) Concurrence au niveau de la sécrétion tubulaire. Si insuffisance rénale, augmentation de concentration des 2 molécules VII - Conclusion Dans le domaine médical, en 7 ans, 50 % des connaissances deviennent obsolètes. C’est notamment pour cette raison que la formation continue régulière s’impose comme une évidence. Se pose en revanche le problème de pratiques qui, très souvent, ne sont pas assises sur des données scientifiques à niveau de preuve élevé ; c’est le cas des interrelations entre l’état général et l’endodontie. Dans ce concept, le principe de précaution prévaut le plus souvent. L’absence de mesure d’efficacité de nos pratiques peut néanmoins engendrer des effets négatifs tels que le développement de résistance aux antibiotiques ; celle-ci peut rester individuelle mais poser également un problème de santé publique. Le risque d’infection focale en est un très bon exemple ; les mesures prises depuis des années n’ont pas réduit le nombre d’endocardites infectieuses. Néanmoins, l’absence de preuve de haut niveau ne doit pas conduire le praticien à s’abstenir de toute précaution. L’objectif de ce chapitre était de rappeler les éléments de réflexion afin que chacun puisse prendre ses décisions en toute connaissance de cause, tout en gardant à l’esprit que les recommandations émises par les experts doivent toujours s’appliquer. Bibliographie Académie Américaine de chirurgiens, 2003. Académie nationale de chirurgie dentaire, Commission de l’exercice professionnel et Groupe de réflexion. Complications infectieuses des prothèses articulaires et infection bucco-dentaire. Le Fil Dentaire 2007 ; 43 : 14-15. Aksoy O, Meyer LT, Cabell CH, Kourany WM, Pappas PA, Sexton DJ. Gender differences in infective endocarditis : pre- and comorbid conditions lead to different management and outcomes in female patients. Scand J Infect Dis 2007 ; 39 : 1001-1007. Alley BS, Buchanan TH, Eleazer PD. Comparison of the success of root canal therapy in HIV/AIDS patients and non-infected controls. Gen Dent 2008 ; 56 : 155-157. 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