Communiqué des Laboratoires Eli Lilly Hypertrophie bénigne de la prostate Avec ou sans troubles érectiles avoués: le tadalafil (Cialis®, Eli Lilly) simplifie la vie du patient… et du médecin Dr Dominique-Jean Bouilliez Le Pr Pierre Costa, urologue et andrologue au CHU de Nîmes, président de la Société Française de Sexologie et de Santé sexuelle, s’est depuis longtemps impliqué dans la prise en charge des troubles sexuels de l’homme. Dans ce domaine, la mise sur le marché du tadalafil 5mg en prise quotidienne pour les troubles mictionnels liés à un adénome prostatique et pour la dysfonction érectile est pour lui un véritable progrès. En effet, cela va non seulement simplifier grandement la prescription, mais aussi supprimer le paradoxe qui voulait que, souvent, le traitement de l’adénome impactait négativement la sexualité du patient. La dysfonction érectile est un tabou pour beaucoup d’hommes. Les troubles mictionnels aussi, mais ils génèrent plus facilement une consultation… Comment appréhendez-vous cette problématique? Pr Pierre Costa: Les urologues consacrent en effet une grande partie de leurs consultations à des hommes qui présentent des problèmes mictionnels: besoins impérieux, mictions plus fréquentes, réveils nocturnes, le plus souvent liés à un adénome de la prostate. Mais ils ont aussi constaté depuis longtemps que ces hommes avec hypertrophie bénigne de la prostate présentent également très fréquemment des problèmes d’érection. Au départ, nous pensions qu’il s’agissait simplement d’une coïncidence liée à l’âge. Cette opinion a cependant été battue en brèche par des études épidémiologiques de très grande qualité qui ont montré que l’âge et les troubles mictionnels sont deux facteurs de risque indépendants de troubles sexuels. Ce qui se traduit notamment par le fait que les patients ‘jeunes’ (50-60 ans) qui ont des troubles mictionnels sévères ont autant de troubles sexuels que les patients très âgés sans troubles mictionnels ou avec une symptomatologie légère. MS7425F CI/ELB/01/2013/010 Et quel serait ce lien? Plusieurs équipes ont mis en évidence le fait que certaines comorbidités et maladies fréquentes chez l’homme (syndrome métabolique, diabète de type 2, hypertension artérielle, obésité, inactivité physique, stress, surmenage) favorisent les troubles de la relaxation et de la contraction de la cellule musculaire lisse. Or, on sait que cette cellule doit, au sein des vaisseaux de la verge, se relâcher pour qu’une érection puisse se produire. La cellule musculaire prostatique doit aussi se relâcher pour que le col vésical s’ouvre et permette une miction aisée et confortable. Lorsque les cellules musculaires disparaissent, remplacées par du tissu fibreux, il y a apparition d’un adénome dans la prostate. Comment expliquer ces phénomènes? On incrimine actuellement 4 pistes: 1) la diminution de l’oxyde nitrique (NO) qui est l’un des médiateurs les plus puissants de la relaxation de la fibre musculaire lisse; 2) l’hyperexpression d’un système enzymatique intracellulaire, le système rho-kinase. Lorsque ce système est activé, la prostate est beaucoup plus sensible et se contracte plus facilement; 3) l’hyperactivité du système autonome orthosympathique qui libère de la noradrénaline, ce qui contracte la prostate. Les comorbidités citées plus haut entraînent un état d’hyperexcitabilité du système orthosympathique; 4) l’athérosclérose, très fréquente chez l’homme présentant ces comorbidités, et qui entraîne une ischémie qui favorise le développement d’une fibrose. On comprend donc mieux l’association entre adénome de la prostate et trouble de l’érection. Mais quelle en est la fréquence? Ici encore, les études épidémiologiques nous sont d’une grande aide. Elles ont montré que 50-70% des hommes qui ont des troubles mictionnels ont aussi des troubles de l’érection. En d’autres termes, lorsqu’on voit en consultation un homme qui a des troubles prostatiques, il faut impérativement s’enquérir de sa fonction érectile. Et inversement. La difficulté vient de ce que les patients qui consultent pour troubles mictionnels ne s’attendent pas à entendre leur médecin s’enquérir de leur sexualité. Il arrive d’ailleurs souvent qu’ils répondent de manière négative ou ne répondent pas parce qu’ils se sentent mal à l’aise. C’est la raison pour laquelle les sociétés scientifiques conseillent de parler simplement et de poser la question directement et de manière compréhensible pour le patient en lui expliquant la comorbidité. Si le patient répond par la négative, il ne faut pas hésiter à reformuler et expliquer que la question ‘intrusive’ a été posée parce Pr Pierre Costa les études épidémiologiques montrent que les deux phénomènes sont très souvent associés et qu’il s’agit d’un problème de santé très fréquent. Il faut donc traiter. Comment procédez-vous? Bien que l’adénome soit très fréquent, les troubles mictionnels peuvent avoir de multiples origines. Cela dit, le diagnostic d’adénome repose sur deux constatations simples: une hypertrophie de la prostate (évaluée par toucher rectal ou par échographie) et l’absence d’autres causes. Lorsqu’on aura confirmé la présence d’un adénome et éliminé les autres causes sans oublier une infection urinaire toujours possible, on peut traiter sans risque. C’est cependant au moment de la prescription que la question d’une association avec des troubles de l’érection devient pertinente car on sait que le traitement d’une hypertrophie bénigne de la prostate avec les traitements traditionnels a des conséquences négatives sur la sexualité. Ainsi, les alphabloquants – qui bloquent de manière sélective les récepteurs alpha-1A qui se situent dans la paroi des vésicules séminales, des canaux déférents et des ampoules déférentielles – diminuent la production de sperme voire la suppriment: 20% des hommes ont des rapports anéjaculatoires (ils n’éjaculent plus)! Ce symptôme est par ailleurs souvent associé à une réduction de l’orgasme. Les inhibiteurs de la 5-alpha réductase de leur côté, qui ont montré une belle efficacité en prévention des complications chez les hommes à risque, provoquent des troubles du désir avec une réduction de la libido, des troubles de l’érection et une réduction des éjaculations. On se trouve ainsi devant un véritable dilemme, car en essayant d’aider d’un côté, on empire de l’autre côté une situation déjà vécue difficilement par 50-70% des patients. Quelle attitude faut-il adopter? Traiter malgré tout? Connaissant l’efficacité des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 sur la dysfonction érectile, la tendance était de les associer au traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate pour tenter d’éviter ces effets secondaires. Mais cela impliquait des problèmes d’observance. A présent, on sait que le tadalafil permet de grandement simplifier cette attitude, grâce à sa forme 5mg en prise quotidienne, depuis qu’il a obtenu l’autorisation mondiale de mise sur le marché pour le traitement des symptômes de l’adénome prostatique avec ou sans troubles de l’érection. Cette autorisation est logique puisque les mécanismes menant aux deux affections sont superposables. Comme les phosphodiestérases de type 5 sont retrouvées dans les 2 organes (prostate et verge), l’impact du tadalafil s’exerce sur les deux niveaux en provoquant une relaxation musculaire lisse. Neuf études pivotales incluant plus de 4.000 patients randomisés en double aveugle ont en effet montré de manière uniforme que le tadalafil a une efficacité sur les troubles mictionnels comparable aux alphabloquants. En conséquence, un homme qui présente des troubles mictionnels pourra prendre du tadalafil sans risquer de provoquer les effets secondaires sexuels des autres classes et en apportant un bénéfice majeur sur la qualité de l’érection. On perçoit rapidement l’intérêt de cette prescription pour le patient, surtout s’il n’ose pas parler de ses troubles de l’érection, car on sait que ces troubles sont souvent une souffrance psychologique (de l’homme comme de la femme), voire l’objet de mésententes dans le couple. Ce bénéfice permet aussi très souvent au médecin d’obtenir une meilleure compliance, y compris dans d’autres affections concomitantes. Comment passer outre la crainte de certains patients devant une prise quotidienne? La réponse est simple car le traitement quotidien ne répond pas uniquement au problème ponctuel d’érection. Il permet aussi une réapparition des érections spontanées du matin et de la nuit, il favorise également un retour à des relations sexuelles plus spontanées, sans calcul préalable. Enfin, les effets secondaires possibles sont nettement moins fréquents avec la prise quotidienne car les pics plasmatiques sont moins élevés. Lorsqu’un adénome de la prostate est présent, la plupart des patients ont, en plus de leurs problèmes mictionnels, une double difficulté: reconnaître qu’ils ont aussi un problème sexuel, et accepter de se traiter pour ce problème. Pouvoir prendre le tadalafil en prise quotidienne pour l’adénome aidera le patient à retrouver en même temps une meilleure estime de soi, et cette action sur la dysfonction érectile sera un bénéfice secondaire hautement apprécié tant par lui que par sa partenaire. Idéalement, le patient doit être revu, si tout va bien, après 3 mois. La plupart du temps l’anamnèse montrera qu’il se lève moins la nuit, urine plus facilement, présente moins d’urgences, et constatera une amélioration de son érection. Si ces symptômes ne sont pas franchement améliorés, une consultation spécialisée s’imposera car ces patients qui continuent à s’aggraver malgré un traitement efficace sont à risque de complications comme une rétention urinaire. Si vous deviez conclure, que diriez-vous? Deux mots: simplification, mieux-être.