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Enfin, une information sur le risque anesthésique du phéo sera donnée à la
patiente. Un plan anesthésique (en fonction des différents résultats des
examens et consultations) sera expliqué à la patiente afin qu'elle adhère au
projet.
Plusieurs des problèmes posés par cette patiente ont des implications
anesthésiques importantes :
1/ L'HTA du phéo est l'une des formes chirurgicalement curables d'HTA
(0,1 %). Mais elle nécessite d'être mise sous traitement médical efficace
avant toute chirurgie. Une HTA contrôlée présente statistiquement moins de
risque de complications cardiaques et cérébrales périopératoires. Le
traitement se base en grande partie sur des données physiopathologiques.
Rappelons que le relargage des catécholamines dans la circulation sanguine
et leur recapture par les terminaisons nerveuses présynaptiques nécessite
l'action du calcium. En outre, l'action des catécholamines sur les organes
cibles est une action alpha et bêta adrénergique. Cette action est
principalement vasculaire (vasoconstriction périphérique) et cardiaque
(chronotrope, dromotrope, inotrope positive). Notons aussi que les actions
bronchodilatatrices, hyperglycémiantes existent et sont non négligeables.
Enfin, ces actions (surtout alpha) surexposent notre patiente aux risques
cérébral (hémorragique), cardiaque (coronarien, arythmogène). Certaines
médications peuvent majorer ces risques : sympathomimétiques, opiacés,
bêtabloquants, amphétamines. Il en est de même pour certaines situations
tels un traumatisme, une émotion, une intervention chirurgicale (même
minime), un effort physique, certains aliments à base de tyramine. La
majoration de tous ces risques passe par le biais de l'HTA souvent
paroxystique.
Le traitement anti-HTA sera une étape importante dans la préparation
préop de la patiente. Il devra s'attacher à contrôler l'effet alpha-adrénergique
avant le bêta car ce premier contrôle alpha induit une mortalité périopératoire
moindre. D'autres facteurs de risques de complications périopératoires sont à
noter : taille de la tumeur (supérieure à 6cm dans un des axes), taux de
catécholamine, durée de l'anesthésie (après 4 heures).
Le blocage alpha se fait de façon usuelle par l'intermédiaire de la
Phentolamine (Régitine) : alpha 1- et alpha 2-. Le traitement sera débuté une
semaine avant l'opération et en hospitalisation, avec des doses progressives
et par voie intraveineuse. Seule la forme parentérale de la Phentolamine
existe. L'obtention d'une tension artérielle (T.A.) correcte sans hypotension
sera exigée comme critère d'efficacité, mais très souvent au prix d'une
tachycardie réflexe.
Parallèlement, un blocage bêta-adrénergique est nécessaire. Le choix
est vaste : les bêtabloquants en l'absence de contre-indications sont une
excellente alternative. De plus, ils entraînent une bradycardie qui permet de
contrôler la tachycardie réflexe de la Phentolamine. La place des calciums
bloqueurs est de plus en plus prépondérante. Cela s'explique par leur grande