Guillaume Gallienne: «Jouer ma mère, c’est très schizo»
CLÉMENT GHYS 20 MAI 2013 À 22:16 (MIS À JOUR : 21 MAI 2013 À 14:34),
HTTP://NEXT.LIBERATION.FR/CINEMA/2013/05/20/JOUER-MA-MERE-C-EST-TRES-SCHIZO_904352
Guillaume Gallienne. Des planches de théâtre à la réalisation
Pourquoi cette envie d’adapter votre spectacle, les Garçons et Guillaume, à table ! au cinéma ?
Au départ, je voulais en faire un film. Et puis, les choses se sont faites au théâtre. Je suis très cinéphile.
Ado, je séchais les cours pour aller au cinéma. Pas pour voir Bergman ou Tarkovski, mais quand
même. Sinon, je me souviens toujours de mes rêves de manière visuelle, de la lumière qui les habite.
J’ai toujours eu ce côté proustien d’imaginer des choses, de broder, autour de ce qui n’est pas vrai. Un
soir, au théâtre, après mon spectacle, Isabelle Adjani est venue me voir et m’a dit : «C’est
impressionnant d’assister à la naissance d’un acteur.» Ça a été le déclic pour faire ce long métrage.
J’avais pensé à faire un film à la Guitry avec des pages qui se tournent sur des épisodes de ma vie. Mais
j’ai abandonné l’idée.
Le cinéma permet aussi de recréer des souvenirs.
Là, j’ai pu faire agir les autres, moins me concentrer sur ma personne, raconter cette grande
bourgeoisie rarement décrite au cinéma. Quand j’étais en Espagne, je me croyais chez Almodóvar, en
Angleterre chez Ivory et, enfant, quand je mettais mon édredon autour de la taille, je m’imaginais en
crinoline à Schönbrunn [chez Sissi, ndlr] en Technicolor.
Vous jouez deux rôles, celui de vous adolescent et celui de votre mère…
Elle m’attendrit tellement que je savais que ma tendresse et mon humour allaient la défendre. J’aurais
été très mal à l’aise de devoir expliquer à une actrice comment jouer ma mère. C’est pour l’équipe que
c’était plus compliqué, très schizo même. Pendant trois semaines, ils me voyaient tous les matins sur le
tournage habillé en dame de 50 ans autoritaire et, l’après-midi, ils se faisaient diriger par un ado ahuri.
Faire ses premiers pas de mise en scène, après des années de théâtre, c’est compliqué ?
Les acteurs étaient formidables, les figurants aussi. Et surtout l’équipe technique. N’ayant jamais
réalisé un film, je ne connaissais pas grand-chose. Je leur jouais la scène. Et il y avait toujours
quelqu’un qui disait «D’accord Guillaume, mais la caméra on la met où ?» ou «Guillaume, pense au
champ-contrechamp».
Photo Audoin Desforges