Les Garçons et Guillaume, à table!
Avec ce film hilarant, Guillaume Gallienne adapte son one-man-show à succès lancé
en 2008, dans lequel il évoquait son éducation très particulière. Un pari réussi pour ce
sociétaire de la Comédie Française.
19/11/13 - 15 H 49
Thierry Valletoux / Gaumont - Rectangle Productions - LGM Cinéma
LES GARÇONS ET GUILLAUME, À TABLE *** de Guillaume Gallienne.
Film français, 1 h 25
Ceux qui ont adoré le spectacle du même nom se demandent peut-être pourquoi l’adapter au cinéma
même histoire, mêmes dialogues. Et pourtant, si le film s’ouvre sur une scène de théâtre, il n’est en rien du
théâtre filmé. Avec le long métrage, ce récit hilarant et parfois douloureux d’une quête d’identité prend une
nouvelle ampleur.
Guillaume Gallienne donne corps aux décors de son enfance et de son adolescence : les grandes
demeures bourgeoises dans lesquelles il a grandi, l’Espagne des films d’Almodovar et l’Angleterre de
James Ivory telles qu’il les voyait lors de ses séjours. Surtout, en confiant les rôles qu’il jouait sur scène à
de magnifiques acteurs comme André Marcon et Françoise Fabian, il laisse davantage de place à
l’émotion.
Mais comme au théâtre, il passe en 1 h 30 de manière convaincante de ses 12 ans à ses 30 ans ; il
interprète toujours sa mère, entre élégance racée, exaspération hautaine et humour assassin, avec une
telle justesse qu’on en oublie le travestissement. On retrouve, enrichi, tout ce qu’on a tant aimé sur scène :
l’autodérision réjouissante qui rappelle celle de Woody Allen à ses débuts, la confession émouvante et
sensible, la générosité et la sincérité d’un comédien qui donne sans compter.
Et pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir le spectacle, c’est le moment d’une découverte
euphorisante.
CORINNE RENOU-NATIVEL, http://www.la-croix.com/Culture/Cinema/Les-Garcons-et-Guillaume-a-
table-!-2013-11-19-1062900 19/11/13 - 15 H 49
« Les garçons et Guillaume, à table ! » :
étincelant***
Publié le 20.11.2013, http://www.leparisien.fr/cinema/critiques-cinema/les-garcons-et-guillaume-a-table-
etincelant-20-11-2013-3332871.php
La comédie autobiographique de Guillaume Gallienne a déjà été récompensée dans plusieurs festivals.|
Vous avez bien ri avec « Neuf mois ferme », d'Abert Dupontel? Apprêtez-vous à remettre le couvert
avec cette histoire d'adolescent qui ne sait plus très bien sur quel pied grandir. Dans une famille
éminemment bourgeoise où l'on ne badine pas avec les codes, Guillaume ne ressemble en effet ni à
son père ni à ses frères, icônes de la virilité. Résultat, il cherche refuge dans l'imitation de sa mère,
laquelle, plus qu'agacée, envoie constamment aux fraises ce fiston atypique.
Adaptation à l'écran d'une pièce autobiographique à succès, « Les garçons et Guillaume, à table! » est
une comédie étincelante et, parfois, courageusement déculottée qui raconte la belle aventure d'un
jeune homme et de ses amours flous. Certaines scènes, en équilibre instable entre la finesse et la
Grosse Bertha, sont à hurler de rire. Quant à Gallienne, à la fois dans la peau de la mère et du fils, il
gagne son ticket pour le César du meilleur acteur. On allait écrire : les doigts dans le nez. Mais ça ne
se fait pas, à table.
Comédie française de Guillaume Gallienne, avec Guillaume Gallienne, Françoise Fabian, André Marcon…
Durée : 1h25.
*Un peu **Beaucoup ***Passionnément °Pas du tout
Le Parisien
Guillaume Gallienne: «Jouer ma mère, cest très schizo»
CLÉMENT GHYS 20 MAI 2013 À 22:16 (MIS À JOUR : 21 MAI 2013 À 14:34),
HTTP://NEXT.LIBERATION.FR/CINEMA/2013/05/20/JOUER-MA-MERE-C-EST-TRES-SCHIZO_904352
Guillaume Gallienne. Des planches de théâtre à la réalisation
Pourquoi cette envie d’adapter votre spectacle, les Garçons et Guillaume, à table ! au cinéma ?
Au départ, je voulais en faire un film. Et puis, les choses se sont faites au théâtre. Je suis très cinéphile.
Ado, je séchais les cours pour aller au cinéma. Pas pour voir Bergman ou Tarkovski, mais quand
même. Sinon, je me souviens toujours de mes rêves de manière visuelle, de la lumière qui les habite.
J’ai toujours eu ce côté proustien d’imaginer des choses, de broder, autour de ce qui n’est pas vrai. Un
soir, au théâtre, après mon spectacle, Isabelle Adjani est venue me voir et m’a dit : «C’est
impressionnant d’assister à la naissance d’un acteur.» Ça a été le déclic pour faire ce long métrage.
J’avais pensé à faire un film à la Guitry avec des pages qui se tournent sur des épisodes de ma vie. Mais
j’ai abandonné l’idée.
Le cinéma permet aussi de recréer des souvenirs.
Là, j’ai pu faire agir les autres, moins me concentrer sur ma personne, raconter cette grande
bourgeoisie rarement décrite au cinéma. Quand j’étais en Espagne, je me croyais chez Almodóvar, en
Angleterre chez Ivory et, enfant, quand je mettais mon édredon autour de la taille, je m’imaginais en
crinoline à Schönbrunn [chez Sissi, ndlr] en Technicolor.
Vous jouez deux rôles, celui de vous adolescent et celui de votre mère…
Elle m’attendrit tellement que je savais que ma tendresse et mon humour allaient la défendre. J’aurais
été très mal à l’aise de devoir expliquer à une actrice comment jouer ma mère. C’est pour l’équipe que
c’était plus compliqué, très schizo même. Pendant trois semaines, ils me voyaient tous les matins sur le
tournage habillé en dame de 50 ans autoritaire et, l’après-midi, ils se faisaient diriger par un ado ahuri.
Faire ses premiers pas de mise en scène, après des années de théâtre, c’est compliqué ?
Les acteurs étaient formidables, les figurants aussi. Et surtout l’équipe technique. N’ayant jamais
réalisé un film, je ne connaissais pas grand-chose. Je leur jouais la scène. Et il y avait toujours
quelqu’un qui disait «D’accord Guillaume, mais la caméra on la met où ?» ou «Guillaume, pense au
champ-contrechamp».
Photo Audoin Desforges
Gallienne à la colle
maternelle
OLIVIER SÉGURET 20 MAI 2013 À 22:16 (MIS À JOUR : 21 MAI 2013 À 10:48)
Guillaume Gallienne (à gauche) version mère couleur. (Photo Thierry Valletoux.)
CANNES
Fard. Le comédien réussit l’adaptation de son coming out hétéro théâtral.
Quelle surprise : les gens ont envie de rire ; ils aiment ça ! On pouvait encore vérifier ce goût vieux
comme le monde, hier à la Quinzaine des réalisateurs, oùles Garçons et Guillaume, à table ! a soulevé
l’enthousiasme hilare de la salle et recueilli, sous la forme d’une ovation, cette gratitude unique que
nous, genre humain, savons manifester à ceux qui nous font bien marrer.
Premier film du charismatique et exorbitant acteur Guillaume Gallienne, les Garçons…reprend l’exacte
matière d’un spectacle qu’il a écrit lui-même et copieusement joué, mais qu’il a fait bien mieux que
transposer. Avant d’en arriver à la réussite proprement comique du film, c’est d’abord cette bonne
surprise que l’on voudrait souligner : avec une appétence qui fait plaisir à voir, Gallienne empoigne
sans mollir le volant de la machine cinéma, appuie sur tous ses klaxons et en pelote toutes les
manettes. Tant de fantaisie atteste qu’il fait le cinéaste sérieusement, donc, mais évidemment sans se
prendre au sérieux, puisque la sorte d’autobiographie qu’il nous livre est avant tout un monumental
exercice d’autodérision.
Triangulation. L’argument paradoxal des Garçons… tout entier dans son titre : comment un jeune
homme de bonne famille bourgeoise, excentrique et cultivée, va-t-il s’y prendre pour négocier la place
du fils un peu spécial et probablement homosexuel que tout le monde, sans le consulter, semble lui
avoir assignée ? Va-t-il l’accepter, la refuser, la renverser ? Question subsidiaire avec queue de Mickey
à la clé : le concept de coming out hétéro a-t-il un sens ?
L’acteur si talentueux du Français profite de son nouveau costume de cinéaste pour se reconstruire ici
tout un petit théâtre dont les multiples scènes se jetteraient au-dessus des grands moments de sa vie.
Essentiellement autobiographique, l’histoire du spectacle, puis du film, repose pourtant sur un
personnage central qui n’est pas Guillaume, mais sa mère. C’est néanmoins Gallienne qui interprète les
deux personnages, et cette triangulation, aussi folle que rarissime, entre le cinéaste, l’acteur-
personnage qu’il autodirige et la mère dragon qu’il incarne, donne auxGarçons… son statut étrange, sa
définition assez unique et forcément troublante.
Payant vraiment de sa personne dans les audaces comiques les plus extrêmes ou évidentes (un
anthologique épisode Sissi pourrait trôner parmi de nombreux sommets), le frégolien Gallienne donne
le sentiment d’une plasticité paradoxale, son ADN à lui toujours affleurant sous les métamorphoses, le
corps galvanisé, rythmé par une jubilation vibrante (et même très émouvante dans un certain épisode
de déception amoureuse). La mère excessive de Gallienne, folle et merveilleuse, finalement équanime
dans sa déraison, se manifeste dans toutes les pièces du palais mental qu’habite l’enfant Guillaume, et
il donne en retour diverses formes à ses interventions.
Don de soi. Parfois, on a le sentiment que le film revisite des effets de dédoublements à la Henri
Salvador, avec deux incarnations différentes du même acteur dans un même plan. Ailleurs, c’est à
Woody Allen et aux intrusions psychanalytiques sauvages qui perturbent parfois ses films que l’on
songe, le cinéaste new-yorkais ayant, lui aussi, plus d’une fois convoqué, pour en rire et pour s’en
venger, l’envahissante figure de sa mère abusive.
Sans doute Gallienne, tout en générosité, voire en don de soi, s’expose-t-il parfois avec ce premier film
au fameux dicton pisse-froid «Qui trop embrasse mal étreint». Pour notre part, on préférera toujours
être trop embrassé que pas assez.
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