L’ACTUALITÉ PHARMACEUTIQUE /FÉVRIER2006 5
L’ACTUALITÉ PHARMACEUTIQUE / MAI 2006 5
en oncologie. Cependant, peu de données
scientifiques appuient cette façon de faire,
puisque la dompéridone n’est pas com-
mercialisée aux États-Unis et que la docu-
mentation concernant la dompéridone est
limitée
8
. De plus, la dompéridone et le
métoclopramide sont utiles lorsque les
nausées sont accompagnées de symp-
tômes de reflux gastro-œsophagien ou
de plénitude gastrique.
Les phénothiazines, comme le
pro-
chlorpérazine (Stémétil)
, agissent en
antagonisant les récepteurs D2 de la
dopamine situés au CTZ, les récepteurs
M1 muscariniques et les récepteurs H1
de l’histamine. Le prochlorpérazine est
l’agent le plus utilisé en oncologie. À
faibles doses, il est généralement efficace
lors de chimiothérapies à potentiel émé-
tique faible à modéré pour maîtriser
l’émèse différée. Un des avantages de la
prochlorpérazine est sa disponibilité sous
différentes formes pharmaceutiques, dont
les suppositoires. La voie rectale est
fréquemment utilisée lorsque les patients
sont incapables de prendre leur médi-
cament par la bouche. Les effets indési-
rables rapportés sont la sédation, la
photosensibilité, la constipation et les
réactions extrapyramidales, lesquelles
peuvent être prévenues ou traitées par
la diphenhydramine (Benadryl) ou la
benztropine (Cogentin)
1,2,9
.
L’
halopéridol (Haldol)
offre un bon taux
d’efficacité dans l’émèse liée à la
chimiothérapie, mais il est peu utilisé.
Son profil d’effets indésirables et celui du
prochlorpérazine sont similaires. Par
contre, sa longue demi-vie lui permet une
administration uni- ou biquotidienne
1,9
.
L
’aprépitant (Emend)
, premier agent
des antagonistes des récepteurs des neu-
rokinines 1, devrait être commercialisé
au Canada en 2006. Les données d’effica-
cité en font une option intéressante lors-
qu’associé à la thérapie standard (antisé-
rotoninergique et dexaméthasone) dans
la prévention des nausées et des vomisse-
ments survenant dans la phase aiguë et,
plus particulièrement, dans la phase dif-
férée après l’administration d’une chimio-
thérapie à base de cisplatine
1-3,5,7-11
. Les
résultats préliminaires d’études randomi-
sées proposent qu’il soit efficace dans la
maîtrise des nausées et des vomissements
liés à des chimiothérapies modérément à
hautement émétisantes, comme l’asso-
ciation cyclophosphamide-anthracycline.
Il s’administre par voie orale et ses effets
indésirables (fatigue, perte d’appétit,
hoquet) sont considérés comme accep-
tables par les patients. Il est un substrat,
un inducteur modéré et un inhibiteur du
cytochrome P450 3A4. On doit considérer
son potentiel d’interactions médicamen-
teuses lors de la rédaction de l’ordon-
nance
1-3,5,7-11
. La dose de dexaméthasone
doit être réduite de 50% si elle est asso-
ciée à l’aprépitant, puisque celui-ci
augmente les concentrations sériques
du stéroïde
1-3,5,7-11
. Les personnes prenant
de la warfarine et de l’aprépitant doivent
avoir une surveillance de leur RNI pen-
dant deux semaines à la suite de la
prise d’aprépitant
1.2,9
.
Les
cannabinoïdes
, dont la
nabilone
(Cesamet)
et le
dronabinol (Marinol)
, ont
une efficacité modeste dans les nausées
associées à la chimiothérapie. Leurs effets
indésirables (dysphorie, hallucinations
et hypotension) en limitent l’utilisation
chez les personnes âgées
1,2,9
. Ils sont
sélectionnés dans les cas de nausées
réfractaires ou pour des patients ayant
déjà consommé de la marijuana
1,9
.
Les anticholinergiques comme le
dimenhydrinate (Gravol)
ou la s
copola-
mine (Transderm V)
agissent au niveau
du centre vestibulaire, lequel n’est pas
impliqué dans l’émèse liée à la chi-
miothérapie. Ils sont donc peu efficaces
dans cette situation. Cependant, le
dimenhydrinate peut être utile lors de
chimiothérapies à potentiel émétique
faible ou lorsque l’administration d’an-
tidopaminergiques est contre-indiqué,
par exemple lors d’antécédents de réac-
tions extrapyramidales.
L
’olanzapine (Zyprexa)
est un anti-
psychotique qui agit sur différents récep-
teurs, soit les récepteurs dopaminergiques
cérébraux, sérotoninergiques, alpha-
adrénergiques, histaminiques et musca-
riniques. Les résultats d’études ont
montré que l’olanzapine en association
avec la dexaméthasone et un antiséroto-
ninergique serait efficace pour maîtriser
l’émèse aiguë et différée lors de chimio-
thérapies modérément et hautement
émétisantes. Ses principaux effets indé-
sirables sont le gain de poids, la somno-
lence et le diabète de type 1
1,2,17
.
Émèse réfractaire lors de
l’administration de chimiothéra
pie
malgré une thérapie initiale dite
«optimale »
Mme Belhumeur, âgée de 48 ans, se pré-
sente à la pharmacie communautaire
où vous travaillez. Il y a cinq jours, elle
a reçu son premier cycle de chimiothé-
rapie pour un cancer du poumon (cis-
platine-gemcitabine). Mme Belhumeur
dit avoir eu des nausées très incommo-
dantes les trois jours suivant la chimio-
thérapie et quatre épisodes de vomisse-
ments, soit deux le soir du traitement et
le lendemain, malgré la prise orale plus
ou moins régulière d’antiémétiques à la
maison (Decadron et Stémétil) en raison
des nausées. Durant cette période, elle
affirme avoir eu de la difficulté à accom-
plir ses tâches quotidiennes. La phar-
macienne note à son dossier que Mme
Belhumeur a le mal des transports. Elle
dit présenter encore des nausées, mais
celles-ci ne nuisent pas à son alimenta-
tion (nausées légères). Elle demande si
le Gravol Gingembre serait utile dans
son cas puisqu’elle n’aime pas beaucoup
l’effet du prochlorpérazine (somno-
lence). Elle vous dit avoir reçu en pré-
chimiothérapie du lorazépam, du gra-
nisétron et de la dexaméthasone.
L’émèse réfractaire représente un défi
de taille pour les professionnels de la
santé. Les nausées et les vomissements
sont généralement plus faciles à prévenir
qu’à traiter
1,2,15,16
. Lors d’un soulagement
inadéquat de l’émèse, on peut envisager
différentes options dès maintenant et
lors des cycles subséquents de chimio-
thérapie (voir la
figure 1
). D’abord, en
présence de nausées ou de vomissements,
la voie rectale ou la voie intraveineuse
doivent être privilégiées. L’utilisation de
la prochlorpérazine par voie rectale ou
de la dexaméthasone orale pendant
quelques jours supplémentaires pourrait
être envisagée
1,2,15,16
.Comme la patiente
présente des nausées légères, nous lui
suggérons dès maintenant de pour-
suivre l’utilisation de prochlorpérazine
régulièrement. Nous assurerons un suivi
dans 24 heures. Si les nausées avaient
nui à son alimentation, nous aurions
contacté l’oncologue afin d’obtenir une
ordonnance de dexaméthasone pour
quelques jours supplémentaires.
Lors des cycles subséquents
, on devra
rassurer le patient et vérifier s’il n’y a pas
d’autres causes possibles de nausées et
de vomissements (métastases cérébrales,
débalancements électrolytiques, reflux
gastro-œsophagiens, étourdissements
ou autres). On doit réévaluer la thérapie
antiémétique autant en préchimiothérapie
qu’en postchimiothérapie. Les antiémé-
tiques doivent toujours présenter des
mécanismes d’action différents
1,2
. Il est
important d’encourager une prise régu-
lière de ces agents. Bien que la docu-