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L’équipe ERIC est une des voies dans laquelle les équipes
psychiatriques peuvent s’engager pour répondre aux exigences
conjointes et pressantes de prises en charge de l’urgence
psychiatrique et de la désinstitutionnalisation.
Il existe aussi des tours de garde organisés par des psychiatres
libéraux se déplaçant à domicile. L’appel du patient ou de son
entourage est réceptionné, fait l’objet d’une régulation, puis un
psychiatre se rend à domicile, sur les lieux mêmes de la crise. Ce
dispositif s’articule nécessairement avec les structures prenant en
charge l’urgence psychiatrique, mais aussi les structures classiques
de soin spécialisé.
Centres d’accueil et de crise
Ici encore, la création de ces centres est le résultat de la réflexion des
équipes de psychiatrie face à la nécessité éthique et la pression
politique et sociale de désinstitutionnalisation. Leur mise en place a
été motivée avant tout par le projet d’une réponse plus efficace et
dynamique à la demande d’hospitalisation
[1]
. Le domaine
d’application de tels centres est l’intervention de crise, ils ont une
fonction d’alternative à l’hospitalisation : les objectifs de prévention,
d’accueil, d’intervention en urgence et de traitement intensif, hors
hospitalisation traditionnelle, sont liés, de par ce dispositif, à la
continuité des soins nécessaire au patient et à son entourage et à la
mission de psychiatrie publique. Une équipe à Genève a ainsi mis
en place une expérience novatrice
[2]
sous la direction d’Andréoli. Il
s’agissait de créer une structure véritablement alternative à
l’hospitalisation, alliant thérapeutiques psychiatriques de type
résidentiel ou occupationnel. Le dispositif de prise en charge de la
crise se nomme Centre de thérapie brève ou CTB, et regroupe des
professionnels de santé formés à la prise en charge de la crise :
psychiatres, psychanalystes et infirmiers psychiatriques. Cette
équipe se veut disponible et mobile. Elle s’est dotée de locaux dont
l’infrastructure est souple : une pièce peut être bureau d’entretien,
chambre ou lieu de traitement spécialisé selon le moment et le
besoin de l’équipe. Le CTB a pour objectif de prendre en charge les
patients sollicitant massivement les équipes de soins, selon des
modalités cliniques aussi bien médicales que sociales ou
psychothérapeutiques. La prise en charge proposée est donc
polyvalente, elle est singulière à chaque patient, ses buts sont établis
précisément et font l’objet d’une réflexion menée par l’ensemble des
intervenants du CTB. Elle se limite à 2 mois et nécessite une
articulation avec les soins psychiatriques d’aval.
Des centres d’accueil et de crise ont vu le jour à la suite de cette
expérience d’Andréoli et de son équipe, que ce soit au Canada, en
France ou en Suisse. La plupart n’ont pas opté pour une solution de
soins de crise en ambulatoire quasi exclusifs, et ont choisi l’option
du centre de crise avec hébergement pour une durée limitée. Dans
le cadre d’un fonctionnement 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et d’un
accès facilité par une implantation hors les murs de l’hôpital
psychiatrique, les centres d’accueil et de crise interviennent donc
idéalement dans le dispositif de l’urgence. Ils peuvent l’accueillir,
l’évaluer sans trop de contraintes de temps, porter un diagnostic de
la situation ou du trouble en cause, mettre en place une stratégie
thérapeutique qui peut comprendre une hospitalisation brève sur
place avec un relais ultérieur sur d’autres structures. Ils permettent
d’éviter de multiplier les hospitalisations classiques, représentant
une des structures alternatives à l’hospitalisation.
Il est là encore important de noter l’indispensable inscription d’une
telle unité dans le réseau des soins de l’urgence psychiatrique. En
effet, pour être une réponse à l’urgence, ces centres se doivent de ne
pas être centrés sur leur fonctionnement propre et de s’inscrire dans
le projet général de politique des soins.
Unités d’accueil et d’orientation
Ces unités répondent à une demande de soins s’inscrivant dans le
circuit psychiatrique spécifique. Il s’agit d’unités de filtrage
secondaire de l’urgence psychiatrique situées dans l’enceinte des
hôpitaux psychiatriques ; néanmoins tous n’en sont pas dotés. Les
patients reçus dans ces unités sont souvent déjà connus des équipes
spécialisées. Ces sujets ou leurs familles connaissent l’organisation
de l’accueil de l’urgence psychiatrique et s’adressent directement à
la structure pouvant répondre au plus vite à leur demande, souvent
demande d’hospitalisation. Ces unités reçoivent aussi les patients
adressés par d’autres acteurs de santé qui, connaissant les
antécédents de prise en charge du sujet, s’adressent alors à la
structure identifiée comme pouvant répondre spécifiquement à
l’urgence présentée.
Il existe deux structures spécifiques à Paris
[23]
: le Centre
psychiatrique d’orientation et d’accueil ou CPOA et l’Infirmerie
psychiatrique de la Préfecture de Police de Paris ou IPPP. Le CPOA
est une unité située au sein du centre hospitalier Sainte-Anne
assurant les missions d’accueil, d’examen psychiatrique et
d’orientation. Le fonctionnement de cette unité permet pour tout
patient l’accès à une structure de soins spécialisés, en favorisant la
dynamique de continuité des soins quand ceux-ci existent ou ont
existé antérieurement mais sont l’objet d’une rupture. Le CPOA
centralise de nombreuses informations concernant les soins des
patients reçus, et les met à disposition des différentes structures
parisiennes de soins psychiatriques grâce à une permanence
téléphonique. Il assure par ailleurs des fonctions d’unité
d’hospitalisation brève pour adolescents et jeunes adultes. L’IPPP
est un service interne à la Préfecture de Police spécifique à Paris et
son fonctionnement répond aux articles de loi statuant sur
l’hospitalisation sous contrainte en cas de mise en danger d’autrui
ou de l’ordre public. Cette structure possède 22 lits d’hospitalisation
brève puisqu’elle ne peut excéder 48 heures. Les sujets sont amenés
par la police, l’admission est demandée par le commissaire après
avis médical dans des situations de troubles du comportement
mettant en danger le sujet et autrui, ou dans des situations
médicolégales. Les patients sont alors mis en observation avant
d’être orientés à 40 % en hospitalisation d’office, à 17 % en
hospitalisation à la demande d’un tiers et à 40 % en hospitalisation
libre ou sortie définitive.
L’urgence psychiatrique reconnue comme une réelle entité est
complexe dans son expression et les intervenants sollicités par elle
sont nombreux et proposent de ce fait de multiples réponses. Ces
dispositifs variés sont précieux quant à la qualité des réponses qui
peuvent être données, mais cette qualité n’existe et est optimisée
uniquement lorsque chaque dispositif est intégré au système global,
que des liens, des associations, des partenariats se créent et sont
opérationnels entre les différents acteurs de cette urgence
psychiatrique formant un réseau de soins opérationnel.
PRISE EN CHARGE DE L’URGENCE PSYCHIATRIQUE
La prise en charge de l’urgence psychiatrique ne se limite pas à une
simple consultation aboutissant à un diagnostic approximatif et à
une orientation en consultation ou en hospitalisation du patient
[13]
.
Si tel est le cas, la prise en charge de l’urgence risque de recourir
plus que nécessaire à l’hospitalisation ou d’adresser en consultation
sans résultat dans 90 % des cas, le concept d’urgence psychiatrique
n’est pas respecté, la prise en charge est désarticulée du dispositif
de soins en place, inopérante.
¶Préparation de l’entretien psychiatrique
Il s’agit de collecter le maximum d’informations concernant le
patient et son arrivée en urgence. C’est un temps nécessaire à la
compréhension de l’urgence qui fait participer différents acteurs
quand ils sont représentés : médecin adresseur, famille ou proches
accompagnant le patient, équipe médicale des urgences, équipe
psychiatrique, équipe infirmière, travailleurs sociaux et patient. Ce
recueil d’informations permet de saisir qui est à l’origine de la
demande de soins en urgence, quel est le symptôme ou la situation
d’appel, quels sont les résultats de l’examen du médecin adresseur
ou du somaticien des urgences, quelles sont les premières
observations de l’équipe infirmière concernant le patient et son
entourage. Il permet de préciser auprès d’une équipe psychiatrique,
si elle est en place, quels sont les antécédents du patient ainsi que le
dispositif de soins en cours ou non.
37-678-A-10 Urgence psychiatrique Psychiatrie
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