cette complication relativement bénigne n’influence
peu ou pas la mortalité, elle est en revanche associéeà
une duréed’hospitalisation prolongée [26]. De plus,
l’existence de telles fuites aériques peut compromettre
les échanges gazeux et augmenter le travail respiratoire
[10].
L’insuffisance respiratoire aiguënécessitant la mise en
route d’une ventilation artificielle est la deuxième com-
plication la plus fréquente avec une incidence médiane
de 6,75 %. Cette complication est associée dans plu-
sieurs études àune mortalitéélevée [13, 17, 18, 27]. Le
pronostic est probablement plus en rapport avec la
complication sous-jacente conduisant àla ventilation
mécanique qu’à cette dernière. Cependant, la ventila-
tion mécanique est associée avec un risque accru de
pneumopathie nosocomiale [28] et de fistule broncho-
pleurale, au pronostic redoutable [18, 24].
Avec une incidence médiane de 6,5 %, les atélectasies
arrivent en troisième position des complications pul-
monaires. Si l’on ne considère que les atélectasies les
plus sévères (collapsus complet du ou des lobes ipsila-
téraux après lobectomie), celles-ci surviennent le plus
souvent vers le troisième/quatrième jour postopéra-
toire, et nécessitent une bronchoscopie thérapeutique
dans 88 % des cas [29]. Ces atélectasies ne s’accompa-
gnent pas d’une surmortalité, mais augmentent la durée
de séjour àl’hôpital [29].
Les complications cardiovasculaires sont essentielle-
ment représentées par les troubles du rythme supra-
ventriculaires qui ont un pic de fréquence vers le
troisième/quatrième jour postopératoire, et qui ne sem-
blent pas influencer la mortalité[9, 16]. Àcôtéde ces
complications, d’autres complications non spécifiques
ont étérapportées (médiane et extrêmes) : confusion
mentale 9,7 % (6,8–12,2) [9, 15, 18] ; infection uri-
naire 5 % (1,5 –8,7) [15, 16] ; sepsis 2,3 % (<1–3,9)
[10, 15, 29] ; insuffisance rénale aiguë2%
(<1,0 –14,7) [10, 12, 15-17]. Les complications diges-
tives (hémorragies gastro-intestinales, ileus, péritonites)
sont rapportées dans moins de 1 % des cas.
CONSÉQUENCES ET FACTEURS DE RISQUE
DES COMPLICATIONS PULMONAIRES
La survenue de complications pulmonaires en postopé-
ratoire de chirurgie thoracique a un impact sur la mor-
talité,laduréed’hospitalisation et le coût global de
l’intervention.
Plusieurs études retrouvent un lien entre la survenue
de complications pulmonaires et l’augmentation de
mortalité[9, 10, 13, 17, 18, 21, 27]. En fait, ce sont les
complications pulmonaires les plus graves qui engen-
drent une surmortalité, telles que l’existence d’une fis-
tule broncho–pleurale (50 % de mortalité) [9, 17, 18],
une insuffisance respiratoire aiguënécessitant la mise en
route d’une ventilation mécanique (33 à76 % de mor-
talité) [3, 13, 17, 21, 27], ou une pneumopathie (30 à
67 % de mortalité) [17, 27]. Le risque relatif de décès
liéaux complications pulmonaires est de 14,9 (Inter-
valle de Confiance à95 % : 4,76 –26,9) [10]. Quant
aux complications cardiovasculaires, il faut souligner
l’extrême gravitéde l’infarctus du myocarde en post-
opératoire dont la mortalitéassociée est proche de
100 % [17, 22]. Les complications postopératoires
entraînent un allongement de la duréedeséjour à
l’hôpital de trois àsept jours en moyenne [10, 14, 16,
29].
L’évaluation du risque opératoire doit être soigneuse-
ment pesée face au risque de reporter ou d’annuler une
intervention potentiellement curative, et qui reste sou-
vent la seule option thérapeutique. Plusieurs auteurs
ont essayéd’identifier les facteurs pouvant prédire la
survenue des complications pulmonaires aprèsrésec-
tion pulmonaire dans des populations déjàsélection-
nées pour la chirurgie sur les données cliniques et
paracliniques, incluant des épreuves fonctionnelles res-
piratoires. Les facteurs de risque, tirés des études les plus
récentes, sont résumés dans le tableau IV.
L’état de santégénéral (évaluépar différents moyens,
tel le score de l’American Association of Anesthesiology
ou score ASA) apparaît comme étant un facteur impor-
tant retrouvédans plusieurs études. L’appréciation de
l’état général tient compte àla fois des antécédents
respiratoires et cardiovasculaires. Ainsi, les complica-
tions pulmonaires sont plus fortement liées aux patho-
logies sous-jacentes qu’à l’âge du patient [10]. Quand
l’âge avancéaétérapportécomme facteur de risque par
certains auteurs, les autres facteurs envisageables tel que
les pathologies sous-jacentes n’étaient pas contrôlées.
L’âge en lui-même n’apparaît donc pas comme un
facteur de risque majeur [10, 15, 17, 22, 26, 31, 32] et
ne doit pas être pris seul en compte pour récuser un
patient [33].
Les épreuves fonctionnelles respiratoires et la scinti-
graphie de ventilation/perfusion ont ététraditionnelle-
ment utilisées pour identifier les patients devant être
récusés pour une résection pulmonaire programmée
[34, 35]. Les données de la spirométrie ont une valeur
prédictive variable selon les études : un VEMS ou une
capacitévitale forcée abaissésétant un facteur de risque
possible pour les unes [17, 31, 32], non confirmépar
d’autres [10, 12-16, 26]. Plus intéressant, plusieurs
études ont évoquéla valeur du VEMS prévisible en
postopératoire pour prédire les complications pulmo-
naires et/ou la mortalité[13, 18, 31, 36]. Cependant,
les données cliniques apparaissent plus pertinentes que
les données spirométriques dans les études qui ont
évaluéces deux facteurs [10, 37]. De plus, les valeurs
Complications de la chirurgie pulmonaire 43