Rapport de la mission « handicap et santé bucco-dentaire », Dr P. Hescot, Dr A. Moutarde, 7 juillet 2010
53 % des personnes de 20 à 59 ans en institutions souffrent de déficiences
intellectuelles ou mentales exclusives, 21% de déficiences motrices et
intellectuelles combinées et 9,5% de déficiences physiques (sauf motrices)
et intellectuelles / mentales combinées.
Viennent s’ajouter les déficiences sensorielles (visuelles ou auditives) qui touchent
plusieurs millions de personnes à des degrés divers.
On comprend aisément qu’il est compliqué de tenter un dénombrement des personnes
en situation de handicap. Pourtant, cette question est également importante. Pour
plusieurs raisons.
Parce qu’il est important d’évaluer combien de personnes en France, du
fait de leur handicap, ne sont pas, actuellement, suivies et soignées dans
un cabinet dentaire.
Parce qu’il est important d’évaluer combien de personnes, du fait de leur
handicap, ne seront jamais suivies et soignées dans un cabinet dentaire.
Parce qu’il est important d’évaluer le nombre d’adultes handicapés qui ne
souffriront pas des mêmes freins demain quand on aura agi en prévention
auprès des enfants handicapés qu’ils sont aujourd’hui.
Parce que les financeurs, voudront, naturellement, évaluer le coût des
mesures spécifiques et que ce coût dépend du nombre de bénéficiaires.
Concernant les données chiffrées du handicap, une enquête fait l’unanimité auprès de
tous les acteurs. Il s’agit de l’enquête HID (Handicaps-Incapacités-Dépendance) réalisée
par l’INSEE entre 1998 et 2001. Elle est progressivement enrichie des données de
l’enquête Handicap-Santé menée conjointement par la DREES et l’INSEE en 2008 auprès
des ménages ordinaires (HSM) et en 2009 auprès des personnes en institutions.
800 000 personnes touchent l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) en France. Ce qui
signifie que 800 000 personnes a minima ont été reconnues comme étant limitées dans
leurs activités sociales et de vie quotidienne. Parmi elles, combien sont limitées dans
leur accès à la santé bucco-dentaire ? Tout dépend d’autres facteurs environnementaux :
leur éducation, leur lieu de vie, leur vie familiale, l’aide familiale ou professionnelle dont
ils bénéficient, etc. En domicile ordinaire, les incapacités déclarées sont relativement
rares avant 60 ans hormis pour les domaines de la mobilité et des déplacements. En
effet, environ 335 000 adultes handicapés à domicile sont aidés pour des activités telles
que la toilette, l’habillage, les repas et 280 000 sont aidés pour sortir de chez eux. Si l’on
se base sur les derniers résultats de l’enquête HSM 2008, 240 000 personnes de 20 à 59
ans sont considérées comme « dépendantes ».
Au domicile, « avant 60 ans, les situations de forte dépendance ne sont associées que dans
la moitié des cas à des troubles cognitifs graves »8, ce qui signifie que dans la majorité des
cas, les personnes de moins de 60 ans souffrant de déficiences mentales et/ou
neurologiques, vivent en institutions.
Si l’on schématise un peu ce panorama, on peut dire que la majeure partie des personnes
handicapées physiques vit à domicile tandis que les enfants, adolescents et adultes
souffrant de troubles mentaux, neurologiques ou de polyhandicaps vivent en institutions
ou en foyers ouverts, soit environ 180 000 personnes.
8 « Une approche de l’autonomie chez les adultes et les personnes handicapées », premiers résultats de
l’enquête Handicap-Santé 2008, février 2010.