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Le rôle des glucides et des lipides
Les îlots de Langerhans produisent
deux hormones, l’insuline et le glucagon,
qui régularisent la quantité de glucose
qui passe dans le sang. On a cru pendant
longtemps que l’organisme digère plus
lentement les hydrates de carbone com-
plexes que les sucres simples, avec pour
conséquence une libération plus lente de
glucose dans le sang et un moindre
risque de glycémie élevée. La sécrétion
d’insuline requise pour la métabolisation
rapide des sucres simples et surtout du
saccharose serait donc plus importante
et, si le pancréas ne peut y faire face,
pourrait donner lieu à l’une ou l’autre
forme de diabète. En 1981, des chercheurs
anglais tel P. Collins, et américains tels
D. Jenkins et ses collaborateurs, met-
taient cette théorie en doute. Ils notaient
que, d’une part, l’effet des hydrates de
carbone complexes sur le taux de glucose
plasmatique était très variable: bien
moindre s’il avait pour origine un plat de
lentilles, par exemple, plutôt qu’une
quantité équivalente de pain. D’autre
part, que certains hydrates de carbone
complexes tels ceux que l’on retrouve
dans la purée de pommes de terre sont si
rapidement digérés qu’ils augmentent la
glycémie dans les mêmes proportions
qu’une dose équivalente de saccharose.
E.E. Blaak et W.H. Saris de l’univer-
sité du Limbourg à Maastricht ont, suite
à de nombreuses études récentes tant à
long qu’à court terme, confirmé ces
conclusions. A ce jour, aucune étude
épidémiologique de longue haleine ne
fait état d’un risque plus important de
diabète lié à l’absorption de tel ou tel
hydrate de carbone, qu’il soit simple ou
complexe.
C’est là également la conclusion du
professeur Slama du service de diabétologie
de l’Hôtel-Dieu à Paris, qui a comparé la
réponse de deux groupes de diabétiques,
les uns bien équilibrés, les autres mal
équilibrés, auxquels il a administré pen-
dant deux mois une ration équivalente
d’hydrates de carbone, soit sous forme de
d’hydrates de carbone complexes uni-
quement, soit sous forme mixte, sucres
complexes plus sucre simple. Qu’il s’agisse
de fructose, de saccharose ou d’amidon,
l’excursion glycémique de chaque diabé-
tique restait semblable, avec même une
courbe pain uniquement légèrement
supérieure aux deux autres, pain plus
sucre et pain plus miel.
Par ailleurs, dès les années 70, les
spécialistes américains avaient noté que
60 à 70% des diabétiques mouraient de
troubles cardiovasculaires contre 20 à
25% de la population non diabétique. Ils
ont attribué cette dramatique différence
aux régimes imposés à l’époque, régimes
pauvres en hydrates de carbone mais, en
compensation, riches en graisses saturées
et en cholestérol.
En fait, le diabète, maladie métabo-
lique, entraîne un dysfonctionnement de
l’échange entre glucides et lipides. Blaak
et Saris toujours ainsi que E.J. Close et
ses collaborateurs du département de
médecine clinique de l’université de
Leeds, en Grande-Bretagne, ont égale-
ment observé que si l’on calcule le
rapport entre la quantité d’énergie d’un
régime liée aux hydrates de carbone et
celle liée aux lipides, le fait d’augmenter
la dose de glucides simples aide forte-
ment à diminuer l’ingestion de lipides.
Il y a une relation inverse entre l’apport
d’hydrates de carbone et le BMI, ce qui
est particulièrement important pour les
patients obèses qui sont deux à trois fois
plus que d’autres sensibles au diabète et
aux complications cardio-vasculaires.
On sait aujourd’hui que la distinction
entre sucres simples et sucres complexes
dans l’étiologie du diabète sucré ne repose
sur aucune donnée solide.
Bien au contraire, selon le Professeur
Slama, “chaque sucre, chaque aliment sucré
est plus ou moins hyperglycémiant et plus il
est hyperglycémiant plus longtemps dure
l’hyperglycémie qu’il induit”.