
Les risques de complications aiguës, d’atteinte rénale, de
rétinopathie, d’atteinte neurologique, d’ulcère de jambe font
de la drépanocytose une pathologie proche de la maladie
diabétique.
La prise en charge
La mise en route d’un traitement de fond comme le
programme d’échange transfusionnel, est fonction de
l’état de l’hémoglobine. C’est une intervention codifi ée
aujourd’hui mais l’hémochromatose en est la complication
majeure. L’autre traitement qui a fait ses preuves est
l’hydroxycarbamide, au long cours. L’hydroxycarbamide
a prouvé son effi cacité dans la réduction des crises vaso-
occlusives et des syndromes thoraciques aigus mais également
dans la réduction de la mortalité après 40 ans.
Au fi nal, la prise en charge suit cinq axes essentiels : la
détection précoce et la prévention et le traitement
des complications aiguës d’une part, la prévention, le
dépistage précoce et le traitement des complications
chroniques d’autre part. L’instauration d’un traitement de
fond doit être discutée au cas par cas. Ainsi, la qualité du
suivi est un facteur de meilleur pronostic. Comme pour
le diabète, la prise en charge préventive améliore la
survenue des complications chroniques et la survie des
patients.
L’espérance de vie augmente régulièrement avec l’amélioration
de la prise en charge. Il n’existe pas de facteurs prédictifs de
sévérité à la naissance.
Antécédents à retenir et critères de gravité proposés
Le pronostic de la drépanocytose doit tenir compte d’un certain
nombre d’antécédents : séjour en réanimation et ancienneté
(un épisode aigu survenu il y a dix ans ne peut être comparé à
des complications répétitives), mise en place d’un programme
transfusionnel au long cours (témoin d’une atteinte assez
importante), suivi régulier dans un centre spécialisé (critère
positif), atteinte neurologique (une atteinte des gros vaisseaux
est un facteur pronostic péjoratif), diminution d’acuité visuelle
ou auditive. La présence d’une néphropathie avec altération
de la fonction rénale, d’une atteinte vasculaire cérébrale,
l’absence de suivi médical, la mise en place d’un programme
d’échange transfusionnel au long cours, la présence d’une
hypertension artérielle pulmonaire peuvent être considérés
comme des critères de gravité.
La drépanocytose majeure, la forme homozygote, se traduit
par une déformation des globules rouges qui prennent une
forme de croissant ou de faucille (« falciforme »). Elle est
également marquée par un renouvellement très important
des érythrocytes, mais chaque patient trouve un équilibre
entre leur production et leur destruction et présente un taux
d’hémoglobine propre. Le fait d’avoir une anémie n’est pas
forcément un facteur de gravité, c’est l’évolution dans le
temps de l’anémie qui peut être préoccupant. Le traitement
curatif disponible actuellement est l’allogreffe de moelle.
Les complications
Les complications aiguës se manifestent par des crises vaso-
occlusives, des syndromes thoraciques aigus, des infections
à germes encapsulés, des anémies, des séquestrations
spléniques, des priapismes, des surdités et cécités, des
accidents vasculaires cérébraux.
La crise douloureuse est la conséquence directe de la vaso-
occlusion. Il s’agit de la première cause d’hospitalisation chez
les patients adultes drépanocytaires.
Le syndrome thoracique aigu est à l’origine de 20 % des
hospitalisations et représente la première cause de mortalité
chez l’adulte jeune.
Une prévention secondaire des AVC est mise en œuvre par
transfusion mensuelle.
La néphropathie, l’ulcère de jambe, l’atteinte vasculaire
cérébrale, l’atteinte hépatique chronique, la cardiomyopathie,
l’ostéonécrose, la rétinopathie, la surdité font partie des
complications chroniques.
L’atteinte rénale se manifeste par une microalbuminurie,
une protéinurie, un syndrome néphrotique, une insuffi sance
rénale chronique évoluant sur des années (en général après
40 ans) et nécessitant des hémodialyses puis la greffe rénale.
La mortalité en cas de néphropathie est plus importante si la
dialyse débute à J +90 qu’immédiatement après le début de
la procédure, d’où l’intérêt d’une greffe rapide.
La rétinopathie proliférative a, en ce qui la concerne,
bénéfi cié d’un changement de pronostic depuis la mise en
place de traitement par photo coagulation au laser.
Concernant l’ulcère de jambe, il est à l’origine d’un
handicap fonctionnel important associé à un préjudice
esthétique. La récidive est très fréquente et sa prévalence
dépend de l’anémie.
Si le diagnostic est précoce, l’ostéonécrose peut bénéfi cier
d’une intervention simple : la ponction réinjection de la
moelle osseuse pour éviter la mise en place d’une prothèse
totale de hanche ou de l’humérus. Cette intervention a
changé le pronostic des ostéonécroses constituées.
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