Surcorrection et rétraction de la paupière
inférieure
Les malpositions de la paupière inférieure compren-
nent la rétraction de la paupière inférieure avec exposi-
tion sclérale, l’arrondissement du contour de la paupière
inférieure, l’arrondissement de l’angle canthal latéral et
l’ectropion franc. Comme dans les cas n’ayant pas subi
une blépharoplastie, ces anomalies peuvent entraîner
une insuffisance de peau, la formation d’une cicatrice
lamellaire médiane (cloison orbitaire) et la formation
d’une cicatrice lamellaire postérieure (rétracteurs et
conjonctive). La laxité horizontale de la sangle tarso-
ligamentaire qui n’est pas corrigée lors de la blépharo-
plastie est un facteur clé dans la manifestation des
autres anomalies après la chirurgie6,7.
Au début de la période postopératoire, de petites
interventions peuvent faire une grande différence dans
le résultat final. Le traitement du chémosis conjonctival
peut réduire la pression vers le bas exercée sur la
paupière inférieure. L’élimination de l’allergie topique et
occasionnellement, l’utilisation d’un corticostéroïde
topique pendant une courte durée sont utiles. On peut
demander au patient d’effectuer un massage de la
paupière vers le haut pour réduire au minimum l’infec-
tion et la formation d’une cicatrice et pour diminuer la
rétraction. Si l’on détecte la formation précoce d’une
cicatrice, une injection locale de corticostéroïde n’ayant
pas un effet retard permettra occasionnellement d’éli-
miner la nécessité d’une intervention plus compliquée.
S’il apparaît que le chirurgien a sous-estimé le degré de
laxité horizontale de la paupière (une plicature latérale
du tendon a été réalisée au lieu de la technique clas-
sique de prélèvement d’une bande tarsienne) et se
retrouve avec une paupière ectropique, une révision
précoce peut dans ce cas également contribuer à éviter
une intervention ultérieure plus complexe.
La résection de la graisse par voie transconjonctivale
uniquement doit être envisagée chez les patients plus
jeunes qui peuvent avoir un excès de peau minime et
dont la peau peut être suffisamment résiliente pour se
resserrer spontanément après l’intervention. Le resserre-
ment horizontal graduel de la paupière peut être réalisé
chez tous les patients sauf ceux d’un très jeune âge. Le
resurfaçage au laser est utilisé lorsque l’on désire
réduire la peau et estomper les rides. La technique du
lambeau musculo-cutané sous ciliaire pour les poches
graisseuses doit si possible être évitée. Chez les patients
(en particulier les hommes) ayant un excès de graisse
orbitaire et de peau faisant saillie qui ne sont pas des
candidats au laser, la graisse est réséquée par voie
transconjonctivale, la paupière est resserrée horizontale-
ment et une excision pincement musculo-cutanée clas-
sique est réalisée. Il est recommandé de faire preuve de
prudence chez les patients dont la structure osseuse de
la partie médiane du visage est mal développée et dont
les paupières inférieures sont relativement basses et
présentent un risque de rétraction postopératoire plus
élevé. Dans ces cas, l’élévation prophylactique des
paupières inférieures et la greffe de lamelle postérieure
peuvent être envisagées lors de la blépharoplastie.
sera toujours moins esthétique qu’une blépharoplastie
primaire réalisée de façon conservatrice et il peut falloir
jusqu’à un an pour qu’il se fonde à la paupière.
Dans le cas où la libération d’une cicatrice profonde
est nécessaire, celle-ci doit être effectuée lors du place-
ment du greffon cutané et du fil de traction sur la
paupière supérieure. Autrement, le greffon cutané sera
inefficace1-3. La libération d’une cicatrice profonde
entraîne le risque de souscorrection ou de surcorrec-
tion, causant un ptosis ou une récidive de la rétraction
de la paupière. La réalisation d’une réparation appro-
priée est un art en soi. Plusieurs réparations peuvent
être nécessaires pour obtenir un résultat optimal. Il vaut
mieux éviter les greffes à l’aide de lambeaux de pleine
épaisseur (sclère ou tarse), étant donné qu’elles sont
inutiles et peuvent être inesthétiques et palpables pour
le patient. Il est essentiel de libérer la cloison des tissus
plus profonds, étant donné que son incorporation est
souvent le principal agent étiologique responsable de la
rétraction des paupières. L’agrandissement secondaire
de la paupière supérieure peut être effectué postérieure-
ment si une greffe cutanée adéquate a déjà été réalisée,
ce qui évite une autre incision cutanée. Une technique
utile est de laisser le fil de traction en place pendant
plus d’une semaine de façon à ce que le patient puisse
ajuster la hauteur de la paupière en tirant sur le muscle
élévateur pour ajuster sa hauteur finale.
En raison des difficultés associées à la modification
d’une paupière supérieure surcorrigée, les cas peu
graves causant une lagophtalmie symptomatique peu-
vent être résolus par l’élévation de la paupière inférieure
avec une greffe de lamelle postérieure sur la paupière
inférieure (voir la section suivante). Dans les cas appro-
priés, cela peut améliorer la lagophtalmie sans incisions
externes visibles ou sans risque d’entraîner un ptosis ou
des greffes de peau inesthétiques. Le degré de lago-
phtalmie doit être tel que l’élévation de la paupière
inférieure l’éliminerait (1 à 2 mm en moyenne) et la
position de la paupière inférieure doit être telle que son
élévation à cette hauteur n’entraînera pas le recouvre-
ment excessif de la partie inférieure de l’iris.
La résection excessive de graisse ou l’élévation
excessive du pli peut entraîner le phénomène d’œil
creux sur la paupière supérieure. Même si ce phéno-
mène est léger, le patient qui a toujours eu une grande
paupière peut être contrarié. Le temps estompera le pli
de la paupière supérieure à mesure que le patient
apprend à relâcher ses sourcils, qui étaient chronique-
ment arqués avant l’intervention (en raison d’une
hyperélasticité cutanée). Le remplissage des régions
creuses peut être problématique. On peut faire l’essai
de microsphères de graisses, d’injections de graisse,
d’une greffe de graisse dermique et d’injections de sub-
stances alloplastiques. Cependant, les risques sont
importants et comprennent : un effet de courte durée,
la formation d’une cicatrice, les irrégularités tissulaires,
les contours irréguliers, le ptosis et la rétraction des
paupières. L’injection intraveineuse ou intra-artérielle
accidentelle de ces substances, en particulier près des
vaisseaux supraorbitaux, peut causer la cécité ou une
embolie4,5.