Selon son degré et le niveau de sédentarité du patient, la sténose aortique peut s’accompagner de
différents symptômes. Lorsqu’elle est significative, elle peut entraîner une syncope, une dyspnée – c’est-
à-dire une difficulté à respirer, pendant l’effort et même parfois au repos – ou des douleurs dans la
poitrine (angine de poitrine). Il s’ensuit une insuffisance cardiaque qui, si elle n’est pas traitée, peut
conduire à un œdème pulmonaire, voire, chez les personnes souffrant d’une sténose aortique serrée, à
une mort subite.
Il existe en effet plusieurs grades de sténose aortique. Si celle-ci est «discrète», la valve ne s’ouvre pas
complètement, mais suffisamment toutefois pour laisser passer le sang. Dans ce cas, il n’est pas
forcément nécessaire d’opérer et il suffit souvent de suivre cliniquement le patient afin d’observer le
développement de sa maladie. En revanche, quand la sténose est «serrée» et symptomatique, il est
nécessaire d’intervenir chirurgicalement, car il n’existe aucun médicament pour traiter cette pathologie.
Quand faut-il opérer? La décision est prise
lorsque le risque d’évolution de la maladie est
supérieur au risque de l’intervention. Ce dernier
s’amenuisant au fil des ans, on a tendance à
intervenir de plus en plus tôt, ce qui n’est pas sans
soulever de questions. D’un autre côté, grâce aux
progrès réalisés en chirurgie, on peut désormais
opérer des personnes de plus de 90 ans.
L’une des options possibles est la chirurgie
cardiaque conventionnelle qu’a présentée Patrick
Ruchat, spécialiste FMH en chirurgie
cardiovasculaire. L’opération se fait à cœur ouvert,
à l’aide d’une machine assurant une circulation
extracorporelle qui se substitue au cœur et aux
poumons pendant la durée de l’intervention. Elle
vise soit à réparer la valve défaillante, soit à la
remplacer par une prothèse.
Dans la mesure du possible, on tente en effet de
préserver la valve du patient en la remodelant
dans une prothèse vasculaire aortique,
notamment à l’aide de l’enveloppe entourant le
cœur (péricarde). Cette chirurgie réparatrice est
plus intéressante quand le malade est jeune, car
ses tissus pourront se régénérer.
Toutefois, dans 90% des cas, on est amené pour
des raisons anatomiques à implanter une
prothèse. Celle-ci doit répondre à plusieurs
critères: elle doit avoir une grande longévité, bien
laisser passer le sang, être facile à implanter et ne
pas entraîner la formation de caillots sanguins.
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C’est dire que la valve idéale est celle que nous
avons naturellement. Mais lorsque ce clapet est
défaillant, il est préférable de la remplacer plutôt
que de ne rien faire.
La première prothèse valvulaire, en forme de
boule, est appelée Starr-Edward, car elle a été
inventée en 1960 par deux Américains, le
chirurgien cardiaque Albert Starr et l’ingénieur
Lowell Edwards. Depuis, de nombreux modèles
sont apparus sur le marché, les derniers étant
constitués de deux feuillets qui s’ouvrent et se
ferment comme les valves naturelles.
Ces prothèses valvulaires mécaniques ont
toutefois des inconvénients. Ce sont des corps
étrangers et, quand ils sont en contact avec le
sang, ils provoquent la formation de caillots
sanguins. Les patients implantés doivent donc
prendre durant toute leur vie des anticoagulants
oraux pour fluidifier leur sang. Tel n’est pas le cas
des prothèses biologiques (valves porcines ou
d’autres fabriquées avec du péricarde bovin) qui,
en outre, permettent un écoulement plus régulier
du sang que les dispositifs mécaniques. En
revanche, elles supportent moins bien qu’eux les
contraintes qu’imposent les nombreuses
ouvertures et fermetures et elles ont tendance à
se rigidifier. Leur durée de vie est donc plus
limitée.
C’est pour cette raison que le choix de la valve
dépend de l’âge du patient. Chez les personnes
CHIRURGIE CONVENTIONNELLE À CŒUR OUVERT...