« Quand les hommes définissent des situations comme réelles, elles sont réelles dans leurs conséquences» William I. Thomas (1863-1947) SOCIOLOGIE GENERALE Dirk Jacobs Introduction. Qu’est-ce que la sociologie? But du cours: Sensibiliser les étudiants au raisonnement sociologique. Description du cours : Description de cours : Le cours vise à cerner les points de vue de la sociologie. Le cours présente les différentes approches de la sociologie à travers les concepts centrales (classe, groupe social, pouvoir, rôle, stratification, etc.). Evaluation: examen écrit Coordonnées du titulaire : Prof. dr. Dirk Jacobs Institut de Sociologie – CP 124 - ULB 44 Avenue Jeanne, 1050 Bruxelles [email protected] tél (02-650)3272 bureau S 14.212 permanences : Jeudi, 14h-15h30 (vous pouvez également tenter de fixer un rendez-vous par courriel) Le support du cours est le suivant: De Coster, M., Bawin-Legros, B. & Poncelet, M. (2001) Introduction à la sociologie. 5ième édition. Bruxelles: De Boeck Université. PLAN DE COURS (provisoire) Mercredi 09 février 2005 Introduction. Qu’est-ce que la sociologie ? (chapitre 2 : le propos sociologique) (chapitre 3 : l’intérêt de la démarche sociologique) Mercredi 16 février 2005 Genèse d’une discipline (chapitre 1 : genèse d’une discipline) Mercredi 23 février 2005 La sociologie d’Emile Durkheim (divers chapitres) Mercredi 2 mars 2005 La sociologie de Max Weber (divers chapitres) PLAN DE COURS (provisoire) Mercredi 9 mars 2005 Classes, groupes sociaux et stratification sociale (chapitre 12 : le pouvoir à travers les oppositions de classes) (chapitre 13 : mobilité et position sociales) Mercredi 16 mars 2005 La sociologie de Pierre Bourdieu (chapitre 4 : les paradigmes) (chapitre 12 : le pouvoir à travers les oppositions de classes) Mercredi 23 mars 2005 Le structuro-fonctionnalisme de Parsons (chapitre 4 : les paradigmes) PLAN DE COURS (provisoire) Mercredi 13 avril 2005 L’interactionnisme (chapitre 4 : les paradigmes) Mercredi 20 avril 2005 La socialisation (chapitre 3 : l’intérêt de la démarche sociologique) (chapitre 5 : la communication interpersonnelle) Mercredi 27 avril 2005 Les rôles (chapitre 7 : l’analyse des rôles) (chapitre 10 : la répartition organisationnelle des rôles) PLAN DE COURS (provisoire) Mercredi 4 mai 2005 Les réseaux (chapitre 8 : circuits et réseaux de communication) Mercredi 11 mai 2005 Masse, temps, espace (chapitre 11: communications de masse et nouveaux systèmes de communication) (chapitre 14: la construction sociale du temps et son aménagement) (chapitre 15: l’espace social) « Quand les hommes définissent des situations comme réelles, elles sont réelles dans leurs conséquences» William I. Thomas (1863-1947) QU’EST-CE QUE LA SOCIOLOGIE? La sociologie, c ’est quoi ? Décomposition du mot « sociologie » • Logie : du grec « logos » = parole, raison • Socio : du latin « socius » = compagnon, allié, celui avec lequel je fais quelque chose • Societas = ce qui résulte de l ’action réciproque des êtres humains (=la société) « La sociologie étudie la société » Une société = le réseau de relations entre les individus, les groupes sociaux et les institutions sur un territoire donné (attention: les frontières peuvent être arbitraires) “ Social research is the systematic observation of social life for the purpose of finding patterns among what is observed” (Babby, 2001) « L’aspect le plus dur d’être un scientifique de la nourriture, c’est de toujours être obligé d’expliquer ce que c’est un scientifique de la nourriture » La sociologie, c ’est quoi ? • • • Étude scientifique du lien social, c ’est-à-dire de l ’ensemble des interactions entre les individus humains But de la sociologie: compréhension et explication de cet ensemble en utilisant des hypothèses, vérifications/falsifications, théories, prédictions… La sociologie peut nous aider à découvrir ce qui est caché derrière un geste ou le discours d ’un individu ou d ’un groupe. Elle nous permet de situer des opinions et des actions dans leur contexte sociale l’objet de la sociologie: • • expliquer tout phénomène par sa dimension sociale (l ’ensemble des interactions sociales entre les individus) Souvent il s’agit de discerner (l’effet) des relations d’interdépendances et les relations de pouvoir Relation de la sociologie avec le sens commun et la connaissance ordinaire • • • • SENS COMMUN = ensemble des croyances ou opinions largement partagées par les membres d'une société. Ce sont surtout des idées reçues, parfois des préjugés, dont le chercheur doit se méfier lorsqu'il étudie un problème social. Pour faire de la sociologie, il faut prendre de la distance avec le SENS COMMUN Quelle est la différence entre une perspective sociologique et les convictions de personnes ‘ordinaires’ dans la vie journalière ? Examinons la question suivante: Quel effet ressort la pratique de regarder la télévision sur les prestations scolaires des enfants? - fort probablement le sens commun est que trop regarder la télé est au détriment des études - mais il existe beaucoup de visions dans la vie journalière sur cette question (dépendant du cadre de référence, qui est souvent déterminé par son milieu social, on observera des réponses assez différentes) - d’ailleurs, même parmi les scientifiques il pourrait exister plusieurs visions (partiellement à cause de la complexité de la matière) La différence cruciale entre le sens commun et/ou la connaissance ordinaire d’un part et la connaissance scientifique d’autre part c’est que les scientifiques doivent suivre des procédures méthodologiques dans leur recherche afin de garantir la qualité de leurs propos (des observations dans une recherche et les interprétations des données sont d’ailleurs guidées par des notions théoriques; on ne peut pas dire ni faire n’importe quoi) • la recherche scientifique ne peut s’associer qu’avec des domaines qui sont empiriquement observables (c-a-d dont ont peut faire des constatations claires) • selon Anthony Giddens la sociologie pratique un processus de double herméneutique (herméneutique = interprétation) - Être une unité sociale, c'est être un acteur qui agit en fonction des interprétations qu'il peut avoir de sa position, de son cheminement et de ses interactions - En fait, la sociologie pratique ensuite une interprétation des interprétations des acteurs sociaux - Mais en plus, la sociologie influence ces propres objets de recherche: les interprétations des sociologues circulent dans la société et les gens peuvent refléter sur ces visions sociologiques (ils peuvent d’ailleurs adapter leur comportement) GIDDENS (1994): « le savoir sociologique se développe en parasitant les concepts des agents profanes » « les notions forgées dans les métalangages des sciences sociales sont systématiquement réinjectées dans l’univers des phénomènes qu’elles étaient initialement chargées de décrire ou d’expliquer » Par conséquence, il arrive qu’après un certain temps la connaissance sociologique devient banal. Il peut sembler que la sociologie ne nous raconte “rien que ce que nous savions déjà” The case of Kitty Genovese (New York Times, March 27th, 1964) 37 Who Saw Murder Didn’t Call the Police Apathy at Stabbing of Queens Woman Shocks Inspector By Martin Gansberg For more than half an hour 38 respectable, law-abiding citizens in Queens watched a killer stalk and stab a woman in three separate attacks in Kew Gardens. Twice the sound of their voices and the sudden glow of their bedroom lights interrupted him and frightened him off, Each time he returned, sought her out and stabbed her again. Not one person telephoned the police during the assault; one witness called after the woman was dead. That was two weeks ago today. But Assistant Chief Inspector Frederick M. Lussen, in charge of the borough’s detectives and a veteran of 25 years of homicide investigations, is still shocked. He can give a matter-of-fact recitation of many murders. But the Kew Gardens slaying baffles him — not because it is a murder, but because the ‘good people’ failed to call the police. ‘As we have reconstructed the crime,’ he said, ‘the assailant had three chances to kill this woman during a 35-minute period. He returned twice to complete the job. If we had been called when he first attacked, the woman might not be dead now.’ ‘He Stabbed Me!’ She got as far as a street light in front of a bookstore before the man grabbed her. She screamed. Lights went on in the 10-storey apartment house at 82—67 Austin Street, which faces the bookstore. Windows slid open and voices punctured the early-morning stillness. Miss Genovese screamed: ‘Oh, my God, he stabbed me! Please help me! Please help me!’ From one of the upper windows in the apartment house, a man called down: ‘Let that girl alone!’ The assailant looked up at him, shrugged and walked down Austin Street toward a white sedan parked a short distance away. Miss Genovese struggled to her feet. Lights went out. The killer returned to Miss Genovese, now trying to make her way around the side of the building by the parking lot to get to her apart-ment. The assailant grabbed her again. ‘I’m dying!’ she shrieked. A City Bus Passed Windows were opened again, and lights went on in many apartments. The assailant got into his car and drove away. Miss Genovese staggered to her feet. A city bus, Q-10, the Lefferts Boulevard line to Kennedy International Airport, passed. It was 3.35 am. The assailant returned. By then, Miss Genovese had crawled to the back of the building where the freshly painted brown doors to the apartment house held out hope of safety. The killer tried the first door; she wasn’t there. At the second door, 82—62 Austin Street, he saw her slumped on the floor at the foot of the stairs. He stabbed her a third time — fatally. It was 3.50 by the time the police received their first call, from a man who was a neighbour of Miss Genovese. In two minutes they were at the scene. The neighbour, a 70-year-old woman and another woman were the only persons on the street. Nobody else came forward. The man explained that he had called the police after much deliberation. He had phoned a friend in Nassau County for advice and then he had crossed the roof of the elderly woman to get her to make the call. ‘I didn’t want to get involved,’ he sheepishly told the police. Suspect is Arrested Six days later, the police arrested Winston Moseley, a 29-year-old business-machine operator, and charged him with the homicide. Mosely had no previous record. He is married, has two children and owns a home at 133—19 Sutter Avenue, South Ozone Park, Queens. On Wednesday, a court committed him to Kings County Hospital for psychiatric observation. The police stressed how simple it would have been to get in touch with them. ‘A phone call,’ said one of the detectives, ‘would have done it.’ Lieut. Bernard Jacobs, who handled the investigation by the detectives, said: ‘It is one of the better neighbourhoods. There are few reports of crimes. You only get the usual complaints about boys playing or garbage cans being turned over.’ The police said most persons had told them they had been afraid to call, but had given meaningless answers when asked what they had feared. ‘We can understand the reticence of people to become involved in an area of violence,’ Lieutenant Jacobs said, ‘but where they are in their homes, near phones, why should they be afraid to call the police?’ He said that his men were able to piece together what happened — and capture the suspect — because the residents furnished all the information when detectives rang doorbells during the days following the slaying. ‘But why didn’t someone call us that night?’ he asked unbelievingly. Witnesses — some of them unable to believe what they had allowed to happen — told a reporter why. A housewife, knowingly if quite casual, said, ‘We thought it was a lovers’ quarrel’. A husband and wife both said, ‘Frankly, we were afraid’. They seemed aware of the fact that events might have been different. A dis-traught woman, wiping her hands in her apron, said, ‘I didn’t want my husband to get involved’. • Experience de Latane & Rodin(1968) “Lady in Distress”-experience Latane, B., & Rodin, J. (1969). A lady in distress: Inhibiting effects of friends and strangers on bystander intervention. Journal of Experimental Social Psychology, 5, 189-302. – – – – individus: 70% couples d’inconnus: 40% couples de connus: 70% couples avec comploteur: 20% – “BYSTANDER-EFFECT” – maintenant que vous êtes au courant… Modèle cognitif de Latané and Darley Attend to Define Assume Decide what what + event as + responsibility + can be done emergency is happening Un regard sociologique n’est pas toujours incontesté: • Le monde social est souvent considéré d’aller de soi • Les perceptions de personnes ont tendance à être idéologiques: ils reflètent les intérêts associés à sa position sociale • On a tendance de refouler des choses qu’on ne veut pas admettre • Pour beaucoup de gens il est difficile de faire la distinction entre faits et valeurs • Pour certaines personnes il est difficile d’accepter l’idée que la société possède une réalité autonome et ne peut pas être réduite aux caractéristiques des individus (réductionisme psychologique) Qu’est-ce que la recherche scientifique dans le contexte de la sociologie? • Il faut rester critique à l’égard d’informations ‘scientifiques’ qui sont diffusées par les medias. • On ne peut pas toujours juger dans la presse s’il s’agit vraiment de la connaissance scientifique qui nous est rapportée (même si c’est un professeur X qui est cité !) • En tout cas – certainement dans le cas de contestation – la valeur des résultats d’une recherche doit être évaluée en regardant la façon dans laquelle la recherche s’est déroulée, avec une attention particulière en ce qui concerne les choix méthodologiques. Est-ce qu’il s’agit de connaissance scientifique ici? Cette enquête ne nous donne pas la connaissance scientifique. Pourquoi pas? Cela n’a rien à voir avec le sujet – la sexualité pourrait constituer un sujet de recherche légitime … … le problème est que des règles importantes de méthodologie n’ont pas été observées. Le problème principal: - Les résultats ne sont pas représentatifs. - Il ne s’agit pas d’un échantillon aléatoire - Il y a sans doute un grand biais. Les résultats ne sont pas valides. • Le secret d’une utilisation correcte d’un échantillon aléatoire n’est pas lié (uniquement) aux nombres de répondants (l’ampleur d’un échantillon). • Ce n’est pas parce que vous avez sondé beaucoup de personnes, que pour cela votre échantillon soit bon. • En fait, un petit échantillon aléatoire peut être meilleur qu’un grand échantillon nonaléatoire. • Plus grand ne veut pas forcément dire mieux. Légendaire est le sondage de Literary’s Digest concernant les élections présidentielles de 1936 aux Etats Unis. Elections présidentielles de 1936 aux Etats-Unis • F. D. Roosevelt versus Alfred Landon • Roosevelt: continuer à aider les sans emplois • Landon: saufgarder que le budget soit balancé • On estimait que Roosevelt pouvait facilement gagner Source: http://www.math.niu.edu/~polansky/ STAT208/19SampleSurveys.pdf Literary Digest Poll avait prédit le président correct depuis 1916. • Ils ont sondé 2.4 millions de personnes – un des plus grands sondages jamais fait. • Prédiction de Digest: Landon gagne avec 57% des voix. • Résultat des élections: Roosevelt gagne avec 62% ! (Landon 38%) The Gallup Poll • George Gallup entreprenait un sondage parmis 50.000 personnes et avait estimé que Roosevelt gagnerait avec 56% des voix Qu'est ce qui s'est mal passé avec le 'Literary Digest Poll'? Source: www.math.niu.edu/~polansky/STAT208/19SampleSurveys.pdf Literary Digest technique d'échantillonage • Ils ont utilisé comme cadre d'échantillonage une liste de 10 millions de noms et adresses des annuaires téléphoniques et des listes de membres de clubs. • A toutes ces personnes a été envoyé un questionnaire. Problème de “Selection Bias” (biais de sélection) • Les Americains les plus pauvres n'avaient plus souvent pas de téléphone, ni étaient si fréquemment membre de clubs. • La procédure de sélection de Digest était victime d'un biais parce qu'il y avait tendance d'exclure les voteurs les plus pauvres de l'échantillon. • Les riches et les pauvres votaient différemment en 1936. • Le fait que c'était un très grand échantillon n'a pas pu prévenir l'erreur; si vous avez un problème d'invalidité, un grand échantillon ne peut pas vous sauver. En fait, cela rend les choses encore plus grave! Problème de “non-respons” • ‘seulement’ 2.4 millions de gens (24%) a participé. • ceux qui ne participent pas peuvent avoir d'autres caractéristiques que ceux qui participent Bron: http://www.math.niu.edu/~polansky/STAT208/19SampleSurveys.pdf Exemples de résultats d'échantillons aléatoires Bron: http://www.math.niu.edu/~polansky/STAT208/19SampleSurveys.pdf «a series of peaceful interludes punctuated by intellectually violent revolutions» Thomas Kuhn (1922-1996) LA SOCIOLOGIE COMME SCIENCE La sociologie comme science • • • La sociologie doit s'inscrire dans une démarche scientifique pour être reconnue comme une science. Question: quels sont les critères pour parler d’une démarche scientifique? Question : Mais peut-elle s'inspirer des sciences de la nature pour constituer ses connaissances scientifiques? Quels sont les critères pour parler d’une démarche scientifique? VISION RATIONALISTE SUR LA SCIENCE (KARL POPPER) • 3. rigueur de la démarche respecter des critères minimaux de rigueur (cohérence logique interne, correspondance entre théorie et données) même si les modalités de recherche changent. objectivité et universalité le discours scientifique est objectif et ne dépend pas des croyances et des opinions. En tout cas, même s’il y a des divergences au sein d’une discipline (sociologie mais aussi physique), il existe un noyau dur qui échappe aux débats d’école. progrès et cumul du savoir les connaissances s’ajoutent aux connaissances, l’histoire des sciences est en constante évolution. Certaines théories sont réfutées par les nouvelles. réfutation et vérification toute science définit des procédures de contrôle de son discours, une discussion critique, une confrontation aux faits. Elle prétend fonder et argumenter ses conclusions. L’IMPORTANCE D’INTERPRETATION Est-ce que lait est une substance dangereuse? • 80% des héroïnomanes ont utilisé de drogues ‘softes’. La consommation d’haschisch est une étape vers la héroïnomanie (FAUX OU VRAI ?) • 99% des héroïnomanes ont bu du lait. La consommation du lait est une étape vers la héroïnomanie (FAUX OU VRAI ?) Autre exemple d’une corrélation bien établie: les régions qui hébergent le plus de cigognes, sont également les régions avec les taux de natalité les plus élevés. Ce sont donc quand même les cigognes qui apportent les bébés? Epistemologues, sociologues des sciences: - Production du savoir scientifique doit aussi être contextualisé (en ce qui concerne rapports de force par exemple) - critique de la notion d’objectivité positiviste (qui s’inspire des sciences naturelles) - caractère nécessairement relatif et historique de toute théorie scientifique (Kuhn) - différence entre ce qu’on dit et ce qu’on fait dans la pratique journalière de la science Cfr. Bruno Latour (1989) “La science en action” THOMAS KUHN (1922-1996) Dans toutes les sciences: • Pas de consensus théorique permanente --> Le consensus théorique parmi les chercheurs n’est ni parfait ni permanent. • Relativité historique des théories --> Caractère nécessairement relatif et historique de toute théorie scientifique. • Succession de paradigmes dominants --> L’histoire des sciences est marquée par la succession d’ ensembles d’objets, de questions, de méthodes, de savoirs (=paradigme) légitimés à un moment donné par une communauté de savants PARADIGME Un paradigme est une vision fondamentale sur l’object d’étude dans une science. Il sert à défénir: - Ce qu’on doit étudier - Le type de question à poser - La façon dans laquelle il faut poser les questions - Les règles à suivre dans le processus d’interprétation des réponses (définition de Ritzer) Il s’agit d’un ensemble d’objets, de questions, de méthodes et de savoirs THOMAS KUHN (1922-1996) Dans l’histoire de la science, on observe de temps en temps d’importantes révolutions scientifiques. Dans une révolution scientifique un paradigme est remplacé par un autre (‘rupture de paradigme’ ou ‘paradigm shift’). Kuhn a argumenté qu’il s’agit donc pas d’un processus graduel d’accumulation de connaissance ou d’un processus strictement rationnelle. EXEMPLES: - Théorie de rélativité d’Einstein (1879-1955) qui remplace les concepts de physique de Newton - Lavoisier (1743-1794) qui découvre l’existence d’oxygène et remplace les idées concernant phlogiston, l’élément imaginaire qui était supposé causer la combustion - Les experiences de Galileo (1564 -1642) avec bois jetés de la tour de Pisa qui nient les idées Aristoteliennes que des objects tombent avec une vitesse proportionelle à leur poids EXEMPLES: - La théorie de selection naturelle de Charles Darwin (1809-1882) qui fait tomber les théories d’un monde planifié par un être divin Kuhn argumentait que le scientifique typique n’est pas un penseur libre, objectif et sceptique. Il/elle est plutôt un individu conservateur qui accepte ce qu’on lui a appris et qui utilise cette connaissance afin de résoudre des problèmes avec lesquels il/elle est confronté. Les scientifiques tendent d’accepter un paradigme dominant (une solution archétypique d’un problème), de l’élaborer et de la défendre coûte-que-coûte. «[Individuals who break through by inventing a new paradigm are] almost always...either very young or very new to the field whose paradigm they change....These are the men who, being little committed by prior practice to the traditional rules of normal science, are particularly likely to see that those rules no longer define a playable game and to conceive another set that can replace them» Thomas Kuhn, (1962) • Mais à un moment donné des problèmes se manifestent qui ne peuvent plus être résolus par le paradigme dominant. • Si un penseur révolutionaire se lève en ce moment – souvent un jeune chercheur ou un novice dans la discipline concernée qui n’est pas trop indoctriné par le paradigme dominant – le paradigme dominant peut être remplacé. • Ces révolutions se produisent après de longues périodes de science ‘normale’, marquée par la tradition. • Un nouveau paradigme est ‘incommensurable’ (=pas combinable) avec l’ancien paradigme. Il le supplante. Modèle de progrès scientifique de Kuhn Paradigme I: Science normale Révolution Paradigme II: Science normale Crise Anomalies THOMAS KUHN (1922-1996) • Toutes les disciplines passent par une série d’états: immature-mature. • Immaturité est caractérisée par des débats internes de fonds, non reconnaissance des données produits par les autres, utilisation d’un vocabulaire différent, pas de modèle. • Mature: paradigme, modèle, résolution de problèmes. • CONSTAT: il n’y a pas vraiment de paradigme dominant dans la sociologie • QUESTION OUVERTE: la sociologie est-elle dans un état de crise, un état de révolution, un état immature permanent?