mutation, sur fond de se
´cularisation et, tout a
`la fois, de re
´ordonnancement
institutionnel et symbolique des re
´fe
´rences en jeu dans les rapports entre
religion et socie
´te
´, entre acteurs et organisations socioreligieuses. Conse
´-
quemment, les proble
´matiques hier dominantes sont reprises a
`nouveaux
frais, ou elles sont l’objet de critiques serre
´es avant de proce
´der a
`des
reproble
´matisations.
Sur les minorite
´s religieuses comme sur les autres sujets, les livraisons de
Social Compass nous livrent des discussions a
`chaud, tel dans les anne
´es
1960 et, a posteriori, surtout apre
`s 1990. Entre les deux poˆ les, les relations
des e
´laborations the
´oriques ou localise
´es fournissent des signalements.
C’est le temps de la confrontation sur l’objet et la me
´thode de la sociologie
des religions, avec la pre
´occupation de cultiver la position d’exte
´riorite
´
dans l’e
´tude des questions religieuses. Ces questions, quelles qu’elles soient,
doivent eˆ tre saisies comme une re
´alite
´exte
´rieure a
`l’analyste: elles ne
sauraient le concerner de quelque fac¸ on. Bref, la me
´thode ne garantit pas,
a
`elle seule, l’objectivation.
Suivant cette position, l’e
´tude des minorite
´s religieuses est suspecte, du fait
du caracte
`re spirituellement engage
´qu’elle implique. En effet, ces minorite
´s
comptent dans leurs rangs des individus qui s’adonnent a
`la sociologie de
leur groupement d’appartenance. Ils ne sauraient faire preuve d’objectivite
´,
pas plus d’ailleurs que les sympathisants qui s’adonnent a
`l’analyse de ces
sujets de
´nue
´s de quelque apport possible pour la connaissance sociologique.
Le spectre du de
´bat entre sociologie religieuse, une sociologie d’implication,
et sociologie des religions, une sociologie de la prise de distance, continue
de hanter des esprits et ce, au moment ou` les tenants de la se
´cularisation
s’interrogeaient sur la pertinence cognitive de la sociologie du phe
´nome
`ne
religieux. Ce dernier n’est-il pas susceptible de disparition de l’espace public
et organisationnel?
Tous n’abondaient pas dans ce sens dans le champ des sciences sociales.
La confrontation des points de vue oppose
´s ne manquait pas de s’exercer.
Des voix discordantes s’e
´levaient pour faire valoir que la de
´monopolisation
institutionnelle de la religion entraıˆ nait la diversite
´des expressions et la
ne
´cessite
´de revisiter les proble
´matiques en cours. Dans les milieux confes-
sionnels, comme dans certaines institutions universitaires, la recherche se
poursuivait, jouissant d’une reconnaissance sociale variable. Globalement,
la re
´daction de Social Compass a su faire e
´tat, directement ou indirectement,
des diffe
´rents lieux de production, qu’ils soient confessionnels ou non, et de la
diversite
´des perspectives, depuis le fonctionnalisme institutionnel jusqu’a
`
l’analyse radicale des fondements et raisons d’eˆ tre.
Du coˆ te
´de la me
´thode, plus d’un article meˆ le les donne
´es re
´sultant de l’ap-
proche quantitative et les descriptions de source qualitative. Ces dernie
`res
paraissent nettement dominantes, qu’elles explorent une question ou qu’elles
en poussent l’examen jusque dans les coins et recoins. Dans ce cas, plus
d’un auteur n’he
´site pas a
`puiser dans les sondages, le plus souvent aux
fins d’e
´toffer son argumentation. Plus rares sont les rapports d’enqueˆ tes
mene
´es en bonne et due forme, contrairement a
`ce qu’on trouve, par exemple,
dans le Journal for the Scientific Study of Religion,ou` la politique de la revue
se traduit jusque dans la pre
´sentation de l’article. De part et d’autre, excep-
48 Social Compass 51(1)
at PENNSYLVANIA STATE UNIV on February 20, 2016scp.sagepub.comDownloaded from