Histoire CRPE LA ROMANISATION DE LA GAULE A partir du III ème siècle av. JC, les Romains, venus à bout de la thalassocratie carthaginoise, étendent leur hégémonie sur le bassin occi dental de la Méditerranée. Alors qu’ils se reconnaissent et s’appellent Celtes, Jules César donne le no m de Galli (Gaulois) à ceux d’entre eux qui sont installés entre Atlantique et Rhin. L’unique source dont nous disposons aujour d’hui pour traiter de la conquête de la Gaule est l’œuvre du vainqueur lui-même : La Guerre des Gaules, de Jules César , ensembl e de sept livres écrits par le consul romain entre 58 à 51 avant J.-C., et retraçant sa conquêt e des Gaules. La Guerre des Gaules est le plus ancien ouvrage concernant la France qui nous soit parvenu. C’est à la fois une pr écieuse source historique, un t exte d’une habileté politique rare et une r éflexion stratégique encore étonnamment actuelle. C’est également la seule source qui, dans son livre VII, atteste de l’existence d’un grand chef Gaulois, Vercingétorix, le « roi suprême de ceux qui marchent à l’ennemi ». I. La Guerre des Gaules On a vu qu’en 390 av. JC, les Gaulois avaient mis Rome à sac. Rome a donc une revanche à prendr e eu égar d à cette humiliation. Les historiens romains décrivent au même moment la violence des pratiques gauloises et constituent ce mythe : féroces, sacrilèges, pillards, instables, pratiquant des sacrifices humains… a. Menaces à l’extérieur, tensions à l’intérieur La « revanche » début e au III ème siècle av. JC par la reconquête du nor d de l’Italie (Gaule cisalpine) où ils fondent notamment Par me et Modène. Puis au II ème siècle av. JC, ils s’attaquent à la côte méditerranéenne jusqu’en Espagne (Ampurias). En 125 av. JC, ils répondent à l’appel à l’aide de la cité de Marseille, en difficulté avec des tribus celtes coalisées (Ligures notamment). Il s’agit de leur première intervention durable au-delà des Alpes, dans une r égion qu’ils nomment « transalpine ». Ils commencent donc par défendr e les comptoirs commerciaux assaillis. Puis en 124 av. JC, le consul Caius Sextius Calvinus prend l’oppidu m d’Entremont sur les hauteurs de la cité phocéenne. L es Romains remont ent ensuite le cours du Rhône et battent le roi arverne Bituit au confluent avec l’Isère (nord de Valence). La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 1 Histoire CRPE Source : Jacques MARSEILLE, Nouvelle Hi stoi re de la France, ed. Le Rober t, 1997. Au même moment, ils parfont leur implantation le long de la côte méditerranéenne en fondant notamment des cités telles que Narbonne (Narbo Martius - 118 av. JC) qui deviendra la capitale et donnera son nom à la futur e province romaine. Cette conquête per met la construction d’une voie reliant l’Espagne et l’Italie, la Via Domitia. Pour les Gaulois, la route de la Méditerranée est coupée. Après deux campagnes menées en 124 et 122 avant J.-C., les Romains parviennent à déstabiliser l’organisation politique de la Gaule entière en capturant le chef des Arvernes, Bituit. Les Romains se rendirent maîtres d’une partie de la vallée du Rhône et de l’actuelle région du Languedoc ; ils en firent la première province romaine de Gaule, appelée Narbonnaise. Ainsi les Gaulois sont-ils refoulés vers le Nor d où ils retrouvent la menace des Ger mains, des Cimbr es et des Teutons. Les populations subissent, les Gaulois La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 2 Histoire CRPE sont affaiblis. Mais Rome ne va pas profiter de cette situation pour mener une conquête brève. Ils vont tout d’abor d chercher à forger des alliances avec des peuples amis commercialement. Ils se constituent en fait une clientèle de notables indigènes attirés par les fastes romains, et pour lesquels la réussite sociale compte bien davantage que le patriotisme gaulois. D’autant que la Gaule est une mosaïque complexe de peuples indépendants s’affrontant sans cesse malgré une langue et des croyances communes. Face à l’adversaire, ces rivalités internes les affaiblissent consi dérablement. Écrasés par les dettes, les impôts et les tribus à verser aux vainqueurs, ils se donnent à celui qui les pr endra sous sa protection. Ceci expliquant sans doute la relative brièveté de la conquêt e, six ans, alors qu’il fallut deux siècles pour que les Romains pacifient l’Espagne. b. Caius Julius César Le 1er janvier 58 av. JC, Caius Julius César gouverne l’Illyricum et la Gaul e Cisalpine. Dans la lutte pour le pouvoir qui l’oppose à Crassus (plus grosse fortune de Rome) et Pompée (aur éolé de victoires en Orient), il se doit d’amasser prestige et richesse. A la mort du proconsul de Gaule Transalpine, il se voit confier cette province. La conquêt e s’ouvre alors sur une intervention romaine au côté des Éduens, contre les Helvètes désireux de migrer pacifiquement vers l’ouest (Santons). Apr ès cette pr emière victoire, Jules César s’installe chez ses nouveaux alliés Éduens. Les peuples de Gaule désireux de se soumettre viennent alors à sa rencontre et le supplient de conjurer la menace des Ger mains. Pour César , l’occasion est inespérée. Il vainc les Ger mains et leur chef Arioviste, puis fait du Rhin la frontière séparant le monde bar bare du monde civilisé, alors que la civilisation celtique chevauche largement cette limite. Puis il attaque la Belgique et ses redoutables guerriers, pour faciliter le commerce des marchands romains. Il fait enfin campagne dans le nord et l’ouest de la Gaule. En 57 av. JC, César a ainsi « pacifié » la quasi-totalité de la Gaule (500 000 km2) avec moins de 50 000 hommes. Il compte par mi ses alliés les Séquanes, les Éduens, les Rèmes, et certains Arvernes. La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 3 Histoire CRPE Source : Jacques MARSEILLE, Nouvelle Hi stoi re de la France, ed. Le Rober t, 1997. Malgré tout, des Gaulois se liguent dans le plus grand secret à partir de 54 av. JC. Pourquoi ? César se comporte en véritable maître absolu remplaçant à sa guise les souverains locaux par des hommes à lui. Il ne mesur e pas toujours la complexité des r elations existant entre ces peuples, ignorant leurs coutumes. Enfin, la conquêt e, outre qu’elle a ravagé les campagnes, a déjà fait 6 à 700 000 morts soit 1/10 de la population et 500 000 personnes ont été vendues comme esclaves. Il semble également qu’il ait mené de véritables opérations d’exter mination voulant « anéantir leur race et leur nom même ». En 53 av. JC, la réunion annuelle des druides dans la forêt des Carnutes appelle à la révolte ; l’insurrection éclate. En janvier 52 av. JC, le soulèvement La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 4 Histoire CRPE débute, des notables romains sont égorgés à Cenabum (Orléans). Un guerrier noble du pays des Arvernes, Vercingétorix, commence à rassembler sous son no m (prestige de sa tribu). Peu à peu, il impose la tactique de la terre brûlée qui est destinée à affamer l’armée romaine plutôt que de l’affronter. Il préfère attaquer les contingents cherchant du ravitaillement, car moins ar més. Cette situation est dure pour le peuple mais sans doute moins que de voir les leurs déportés ou réduits en esclavage. En r eprésailles, César met Avaricum (Bourges) à sac ; 800 rescapés sur 40 000 hab.. Puis il suit Vercingétorix, qui y avait trouvé refuge, jusqu’à son oppidum de Gergovie. L e général romain y essuie une défaite qui lui coûte 700 hommes. Le moral des insurgés remonte et les indécis se rallient peu à peu, comme par exemple les Éduens, très anciens alliés des Romains, qui prennent Noviodunum (Nevers), place stratégique du ravitaillement. César se retire alors vers la Transalpine et recrute des cavaliers germains pour assurer sa retraite. Sûr de lui et impatient de porter l’estocade, Vercingétorix laisse tomber sa position attentiste et décide de livrer un assaut qu’il croit décisif. L’attaque est surprise par la présence des cavaliers Ger mains. En dérout e, Vercingétorix se replie dans l’oppidum d’Alésia avec 80 000 hommes ; il lui reste trente jours de vivres. Le piège se refer me sur lui et César va assiéger. La stratégie de Vercingétorix paraissait pourtant logique : fixer l’ennemi pour le pr endre à revers entre une forteresse naturelle et l’armée de secours que la rébellion allait lever. César fait alors installer une ligne fortifiée flanquée de tours, la contrevallation, un système composé de remparts en mottes de gazon (technique romaine bien attestée et qu’on reconnaît notamment sur la colonne Trajane, à Rome), et d’une alternance de fossés parfois inondés et de pièges : une défense linéaire de 15 Kms multipliant les obstacles en largeur plutôt qu’en profondeur (nappe phréatique) avec trois séries de pièges : Cippi : arbres et branches robustes, taillés et placés dans 5 fossés parallèles profonds de 1,5 m. Lilia : dans des trous de 90 cm de fond, pieux pointus durcis au feu et dissimulés sous des br oussailles et branchages. Stimuli : en avant, pointes de fer enfoncées dans le sol. La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 5 Histoire CRPE Puis il place une autre ligne de défense linéaire, la circonvallation, 20,7 k m de tour pour briser les assauts de l’armée de secours. Les assauts arrières sont nombreux (250 000 fantassins et 8000 cavaliers), mais ils échouent, comme d’ailleurs les « sorties » de Vercingétorix ; les autres, vieillards, femmes et enfants, meurent de fai m, les Romains refusant de les faire prisonniers et ainsi de les nourrir. Vercingétorix compr end alors que tout est perdu. Il dépose les ar mes aux pieds de César. Prisonnier à Rome durant six années, il est étranglé en 46 av. JC lors du triomphe de son vainqueur. Même si César dut encore mat er quelques rebelles, à Cahors notamment, la Guerre des Gaules prend fin avec la défaite d’Alésia. II. La Gaule romanisée Au lendemain d’Alésia, César libère 20 000 prisonniers Arvernes et Éduens et n’exige qu’un faible tribut du vaincu. Puis il intègre des guerriers gaulois dans son ar mée en guerre contre Pompée, en échange de la citoyennet é romaine (ils ajoutent Caius ou Julius à leur patronyme). Certains d’entre eux seront même promus sénateurs. Cette « clémence » toute relative s’explique par l’existence d’un lien affectif unissant César à la Gaule. a. Les mesures d’intégration La conquête de la Gaule se solda par une « romanisation » rapide des Gaulois. Les notables, que César sut flatter par l’octroi du droit de cité en échange de leur soumission, adopt èrent les premiers la langue et les mœurs des vainqueurs. Les différ ents peuples obtinrent des statuts plus ou moins favorables selon le comportement qu’ils avaient adopté pendant la conquête. En imposant sa mainmise, Rome apportait une unité qui avait été irréalisable du La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 6 Histoire CRPE temps de l’indépendance en raison des querelles existant entre les différents peuples. L’empereur Auguste donna à la Gaule un nouveau cadre administratif. Elle fut partagée en quatre provinces : l’Aquitaine, la Celtique (appelée également Lyonnaise), la Belgique et la Narbonnaise (l’ancienne Province ou Transalpine) ; découpage également destiné à séparer des peuples puissants comme É duens et Arvernes, le mi di restant plus largement ouvert à l’influence romaine. En 17 apr ès J.-C., Tibèr e créa deux nouvelles provinces, les Germanies inférieure et supérieure. Rome implanta de nombr euses colonies, initiant les Gaulois à la vie urbaine ; elle importa aussi son pant héon, au détri ment des institutions druidiques, et la langue celtique semble s’être effacée rapi dement devant le latin, au moins dans les villes. Dès 43 av. JC, la fondation de Lugdunum (Lyon) future capitale des Gaules, préfigure l’organisation administrative engagée par Auguste. Tissé à partir de cette ville, un important réseau routier est constitué, reliant villes et camps militaires comme autant de points de fixation de la romanité : outre l’unification du territoire, la circulation des marchands et de l’armée est primor diale. Les camps per manents de sol dats sont parfois à l’origine de ville comme c’est le cas pour Strasbourg située en arrière du limes sur le Rhin. De nombreuses villes sont créées, d’autres agrandies. En 12 av. JC, Auguste réunit à Lyon une assemblée des représentant des cités des trois provinces de la Gaule dite « chevelue » (conquise par César). L’inauguration du sanctuaire fédéral des Trois Gaules (Croix-Rousse) célèbre l’union politique et religieuse des trois provinces avec l’Empire. Il se réunit ensuite annuellement sous la direction d’un prêtre du culte impérial. Le règne de Claude (41-54) né à Lyon en 10 av. JC va se révéler déter minant. Tout en consolidant le limes, le nouvel empereur, il s’attache à anéantir ce qui r este de solidarité celtique : il associe des guerriers gaulois à la protection de la menace ger manique ainsi qu’à l’invasion de la Bretagne ; il interdit enfin la religion druidique. Pourtant, il assure en parallèle l’ascension civique des Gaulois en leur ouvrant largement l’accès à la citoyenneté romaine, car si celle-ci était répandue en Nar bonnaise, où nombr e de colonies romaines avaient été implantées, elle l’était beaucoup moins dans les autres provinces, où seuls les soldats, après vingt-cinq ans de service, pouvaient y accéder. Il favorise également la naissance de véritables villes, conçues administrativement à l’image des municipes italiens. Durant son règne, l’Empereur Claude fait donc progresser la romanisation de ces provinces où les élites urbaines finissent par recevoir le plein droit de cité en 47, ce qui per met d’envisager une carrière sénatoriale. Pour tout cela, il est décrit péjorativement comme un « Empereur Gaulois » par l’écrivain Sénèque. Lorsqu’en 212 l’édit de Caracalla accorde la citoyennet é La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 7 Histoire CRPE romaine à tous les hommes libres de l’Empire, les élites urbaines des Gaules en profitaient déjà largement. Source : Jacques MARSEILLE, Nouvelle Hi stoi re de la France, ed. Le Rober t, 1997. Pour autant, on ne peut parler réellement de « colonisation », car peu furent les Romains qui vinrent habiter la Gaule : ils sont environ 100 000 et pour la plupart implantés sur la côte méditerranéenne. L’appellation moderne de « Gallo-Romain » qui date en fait du XIXème siècle pourrait faire croire à une assimilation complète. Mais pas du tout. La Gaule s’est laissée conquérir sans colons, avec une présence très limitée de fonctionnaires et de marchands. L es Gaulois choisirent toujours la paix sur l’indépendance, la prospérité économique dépendant de cette paix. La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 8 Histoire CRPE b. Urbanisation et municipalisation Conquête ou pas, la Gaule reste un pays profondément rural. Son statut de grenier de l’Empire, de marché désirable, de pays de cocagne faisait déjà partie des motivations de Jules César. Dès le 1er siècle av. JC, les structures agraires du pays sont sensiblement identiques à celles de l’Italie, d’où une adaptation sans trop de difficultés. Le savoir-faire et la technique gauloise peuvent désor mais s’épanouir grâce à la paix et à l’organisation administrative et commerciale de l’Empire qui per met de trouver toujours plus de débouchés. Mais si la très grande majorité de la population vit à la campagne, l’élite se confond avec une petite bourgeoisie ur baine installée à proxi mité des grands axes de communication. Si Rome a fondé et transfor mé des villes dans tout l’Empire, nulle part elle ne l’a fait de manière aussi spectaculaire qu’en Gaule. De la même manière, rarement la France ne connut une aussi profonde mutation. Durant les deux premiers siècle de notre èr e, les villes sont encombrées de chantiers, ceci pour affirmer la toute-puissance de Rome et de sa civilisation : remparts, tours, portes monumentales impressionnaient le visiteur. A l’intérieur, on adopte le plan romain (quadrillage des rues). On trace des chaussées rectilignes de quatre à six mètres de largeur, bor dées de trottoirs et de maisons, for mant un réseau de chemins coupés à angle droit. Le tout est organisé autour de deux axes principaux, le decumanus et le cardo, dont la rencontre accueille le forum, espace cerné de portiques à colonnades et de statues et comprenant boutiques et bâti ments administratifs. On édifie des temples pour le culte des dieux, des basiliques pour les séances des magistrats et des curies pour les décurions chargés de la gestion municipale ; des arcs de triomphe pour glorifier l’histoire ; des marchés pour échanger les marchandises et les nouvelles ; des cirques, des théâtres et des amphithéâtres pour l’amusement des citadins et des ther mes pour leur bien-être. On creuse également un système d’égouts qui débarrassent les matières usées et un système de canaux pour amener, par des conduits souterrains ou sur les arcades d’un aqueduc, les eaux pures de sources lointaines. L’exemple monumental du Pont du Gar d repr ésent e un luxe presque inutile destiné à affirmer l’excellence et la supériorité de la technique romaine. L es villes d’alors reçoivent davantage d’eau que nécessaire. L’opulence des ther mes représente également une vitrine du modèle culturel. La floraison exceptionnelle des monuments de spectacle en est une autre illustration (4 fois plus de places de spectacle qu’aujour d’hui pour une population d’à peine 10 millions d’habitants). Là encore leur nombr e et leur majesté ne font qu’affirmer une puissance culturelle et technique. L’ensemble de ces travaux s’avère extrêmement coût eux. Ils sont pris en charge soit par les emper eurs, soit par les notables de la ville, chacun désirant par ce geste marquer de son empr einte une cité. Les membr es de l’élite gauloise, La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 9 Histoire CRPE s’il n’ont guère de pouvoir, exercent des fonctions souvent honorifiques, mais synonymes de privilèges. Leurs origines sont diverses : aristocrates ruraux nouvellement installés en ville, vétérans de l’armée romaine, negotiatores. A côt é de cette bourgeoisie proche du pouvoir, on trouve également de riches commerçants ou artisans, mais écartés un temps des magistratures. La plèbe enfin se compose de tout un peuple souvent misérable, loin des privilèges, mais qui peut trouver en ville un certain confort en profitant des dons et des spectacles offerts gratuitement. III. Une civilisation « gallo-romaine » ? On a vu que la conquête romaine n’avait pas été synonyme de colonisation, la population de Gaule r estant très majoritairement gauloise. Cela n’a pas empêché à la civilisation romaine d’impr égner durablement ces provinces, du moins s’agissant des zones urbaines. A la campagne, point de présence romaine, ni d’influence marquante de cette culture. a. La culture Le syncrétisme religieux gallo-romain peut être observé comme une sort e d’illustration symbolique de la cohabitation de deux cultures. Malgré la conquêt e militaire, les Gaulois conservent pour l’essentiel leur pant héon. Par contre les druides sont durement répri més, mais surtout du fait du rôle politique qu’ils avaient joué dans le soulèvement des Gaulois contre l’envahisseur et du danger qu’ils pouvaient représenter. Il reste que quelques dieux romains sont importés tels Mars, Apollon ou Mercure, que l’on trouve parfois associés aux dieux gaulois sur des repr ésentations artistiques. Le maintien d’une religion celtique s’accompagne de la sauvegar de de la langue gauloise. Le latin pénètre certes dans les villes, parmi les élites, où il est bien souvent le signe d’une promotion sociale. A la campagne cependant, il faut attendr e le VI ème siècle pour disparaître cette langue primitive des zones rurales. Cette situation retarde considérablement l’émergence d’une culture gallo-romaine en propre ; Ausone au IVème siècle est une exception. b. Art et architecture Sur ce plan, la civilisation gallo-romaine s’apparente davantage à la Rome antique. Il faut dire que les conquêt es de César ont pour beaucoup ruiné les spécificités gauloises en ce domaine. Dans un premier t emps, la présence militaire romaine ainsi que l e nécessaire maillage administratif forcèrent la création de réseaux de communications, le long desquels sont installées de petites capitales régionales. Puis à l’intérieur de ces villes, on vit fleurir les monuments dédiés à la gloire de La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 10 Histoire CRPE Rome ou symbolisant les us et la supériorité technique des vainqueurs, ceci étant généralisé à tout l’Empire : temples, forums, basiliques, théâtres, t her mes, arcs, portes et aqueducs. Les traces qui sont encor e visibles aujourd’hui se situent surtout dans l’ancienne gaule Narbonnaise, là où la pr ésence romaine était la plus forte : Nîmes (les arènes, la Maison carrée), Arles (le théâtre, les arènes, les Alyscamps), Orange (arc de triomphe, t héâtre), Saint-Rémy-de-Provence (tombeau des Julii, arc de triomphe), Vaison (portique de Pompée, théâtre) ; on en trouve également à Saintes, ou encore Trèves. Quelques traces de monuments à tradition celtique datant de cette époque nous sont tout de même parvenues comme la tour de Vésone à Périgueux et le temple de Janus à Autun. Pour ce qui est des arts non monumentaux, on trouve en Nar bonnaise une école de sculpture très i mprégnée de la tradition gréco-romaine mais là encor e les survivances celtiques sont manifestes et notamment dans tout ce qui concer ne les arts du métal comme la fabrication de bijoux, grande tradition gauloise. Épilogue : résistances et assimilation À l’exception de deux soulèvements en 21 (r évolte antifiscale en pays trévire et éduen) et 69-70 de notre ère (révolte plus générale mais nullement anti-romaine puisque Julius Vindex ne fait que prendre la tête de la protestation contre les abus de Nér on à Rome), la Gaule demeura l’alliée fidèle de Rome et jouit, jusqu’aux premièr es incursions barbares, de la paix romaine. Vers le milieu du II e siècle, le christianisme commença à pénétrer en Gaule, où, malgré les persécutions, il se répandit, d’abor d dans les villes puis, plus lentement, dans les campagnes. Dès le III e siècle, la Gaule fut l’objet d’infiltrations et enfin, au Ve siècle, d’invasions de Bar bares venus d’au-delà du Rhin ; les plus importantes furent celles des Huns, des Got hs, des Burgondes, des Francs, qui dévastèrent le pays. À la fin du Ve siècle et au début du VI e, et avec l’appui de l’Église, le chef d’une tribu des Francs, Clovis, se rendit maître de la Gaule, qui perdit son nom et devint un royaume franc. Cette romanisation a profondément et durablement marqué le paysage par les villes, les ouvrages d’art (aqueducs), les villas (immenses exploitations agricoles et artisanales, qui placent dans la dépendance et la justice du maître des centaines de paysans libres ou esclaves), la cadastration du territoire. La civilisation, les mentalités sont également fortement i mpr égnées et des liens de dépendance des plus pauvres à l’avantage des plus puissants se nouent peu à peu ; une aristocratie émerge. Vue la dur eté des temps, les premiers se mettent en quête d’une protection pour résister aux invasions, les seconds recherchent une main d’œuvre docile et nombreuse, ceci préfigurant les structures sociales du monde médiéval. La romanisation de la Gaulle Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex 11