LA PROBLÉMATIQUE DES CHATS. Le chat est un animal très sympathique. Il est câlin, joueur, intelligent et il échange beaucoup de contacts sociaux avec nous. Couché sur le fauteuil ou en train de se restaurer en face de croquettes dans son bol, nous avons tendance à oublier qu'une fois dehors, ses gènes de redoutable prédateur se réveillent. Car le chat, lointain cousin des grands félins comme le lion, n'a perdu aucune de ses capacités de chasseur. Il est souple, agile, furtif. Ses sens comme l'ouïe et la vision sont excellents tant de jour que de nuit. Sa capacité à surprendre ses proies tant à découvert que dans la broussaille en fait probablement le plus compétent de tous dans l'art de la chasse. Le chat est hélas un destructeur. Ces gènes le poussent au jeu avec ses proies et à prendre plaisir à la mort. Il tue souvent dans ce but. Il ne mange pas toutes ses proies ce qui fait de lui un plus grand dévastateur qu'il ne le devrait normalement. Il prendra tout autant la vie d'oiseaux ou de petits rongeurs que sa gamelle soit vide ou pleine. Le chat est en outre un grand reproducteur. Une seule femelle produit environ 4 jeunes par portée, adorables boules de peluches, redoutables chasseurs en devenir et ce deux à trois fois par an. La quantité de nourriture à disposition et l'absence de prédateurs naturels dans nos contrées hormis peut être le renard donnent un taux de survie plus élevé que la norme acquise à son espèce. La femelle peut en outre se reproduire longtemps, jusqu'à ses seize ans. On estime qu'une seule femelle donnera théoriquement au cours de sa vie une descendance successive pouvant arriver à 10.000 progénitures! Dans les faits, plusieurs centaines de chats seront issus de la même matriarche. La petite femelle qui n'a pas été stérilisée. Elle vient de recracher sa pilule. Elle attire un mâle pour l'accouplement et 60 jours plus tard, elle met bas. Les petites boules de pluches sont si belles. Qui aurait le c ur à les tuer? Ce ne sont que de petits chatons sans défenses. Cependant, que faire des petits une fois sevrés? Dans le meilleur des cas on trouve des voisins pour les donner, dans le moins pire la SPA ou les associations de protections de l espèce s'en chargeront et, ou comme la plupart de cas, ils seront abandonnés à leurs sorts si l'on n'est pas dans les deux premiers cas. Chaque année, des données recoupées estiment que les SPA débordées de notre royaume euthanasient pas moins de 35000 individus soit jeunes soit capturés. Les jeunes chatons ayant les gènes de la chasse se nourriront vite. Les moins intelligents auront vite recours aux gamelles présentes dans les ruelles. Des bonnes âmes qui n'ont pas le c ur de voir tous ces chats errer sans foyer leur fournissent du lait et des croquettes toute l'année même en dépit de l interdiction de certaines autorités de villes et communes. Qui pourraient leur en vouloir d'aider? Hélas, parmi les chats, ceux qui devaient naturellement mourir se voient ainsi accorder un sursis pour de nouveau se reproduire. Viennent alors la surpopulation et avec elles les maladies, parfois dangereuses pour l'homme, échinocoques, toxascaris, plus souvent dangereuses pour les chats euxmêmes. Le FIV*, sida du chat, la Péritonite infectieuse féline, le FeLV ou leucose féline, la Chlamydiophilose... Autant de maladies qui se propagent et ne condamnent pas les chats à une mort rapide mais plutôt à une lente agonie. Ces virus et bactéries ne s'attaquent bien entendue pas qu'aux chats redevenus sauvages mais s'en prennent aussi aux chats domestiqués qui n'ont rien demandés mais qui cohabitent avec les chats harets. La problématique des surpopulations de chats est donc à double problèmes. Elle provoque à la fois un risque accru de maladie pour les chats domestiques mais elle est aussi un réel danger pour la faune du royaume. Chaque année, nous estimons qu'au centre de revalidation "Clos de l'Olivier" de MasnuySt-Jean Jurbise, pas moins de 30% des entrées en petits oiseaux (jusqu'à la taille de la tourterelle) sont dus à la prédation par des chats. Les armes des félins sont aiguisées. Elles pénètrent les chairs et déchirent pour tuer mais elles présentent en outre un second danger mortel. L'oiseau qui survivra un premier temps de l'attaque se verra inoculer via les crocs du chat une salive ayant des agents qui digèrent les chairs et une faune microbienne très agressive qui provoque de fortes infections et des septicémies. Peu d'oiseaux réchappent. Ils meurent souvent dans les 3 jours de l'attaque non sans une souffrance importante. Si nous n'arrivons déjà pas à les sauver avec tous les soins requis et le nursing d'un centre, alors que ce passe-t-il donc pour tous ceux qui sont dans le milieu extérieur sans soins? Ce n'est pas pour rien que le chat est considéré à l'heure actuelle comme la première cause de disparition des oiseaux du pays en milieu citadin. QUE FAIRE? Il existe à la fois des mesures directes et des mesures de long terme. DES CHATS DOMESTIQUÉS. Le chat qui n'est pas destiné à la reproduction devrait être stérilisé chirurgicalement. Il n'y a pas d'autre alternative. La pilule peut être recrachée. Elle est en outre cause de nombreuses maladies pour le chat (infections utérines, tumeurs mammaires). Les implants hormonaux n'en sont qu'au stade expérimental chez les félins et leur cout est bien plus prohibitif que la stérilisation par chirurgie Un chat stérilisé est plus casanier. Il réduit spontanément son territoire de chasse et vit beaucoup plus aux alentours directs de l'habitation. Il a donc moins de chance d'être pris pour un chat haret. Il a en outre une petite tendance à s'empâter un peu, ce qui le rend un peu moins habile à la chasse. Enfin, ayant moins besoin de conquérir mâles ou femelles, les rixes avec les chats du voisinage diminuent drastiquement et avec elles les risques de transmission de maladies comme le FIV*, la PIF* ou le FeLV*. Vous pouvez en outre placer un collier à clochettes sur le chat. Cela différenciera définitivement du chat haret et donc il n'y aura jamais de confusion possible. La clochette avertira les oiseaux de la présence du prédateur et leur permettra de s'enfuir. Notez toutefois que le système n'est pas infaillible. Certains félins comprennent que la clochette est un problème pour la chasse. Ils s'arrangent donc pour perdre le collier ou pour prendre la clochette en bouche. Il faut donc un collier bien attaché et non trop à jour autour du cou (ce qui est souvent le cas de peur que le chat ne souffre de quelques maux) un système de collier à cassure existe qui permet au chat de briser le collier en cas de prise dans les branches, il n'y a donc aucun risque à serrer un peu le collier avec ce type de matériel. DES CHATS EN GÉNÉRAL. Qu'ils soient domestiques ou harets, vous pouvez placer des systèmes "stop minou" autour des arbres de votre jardin. Ces systèmes à base de pics ou de barbelés à traumatiques empêchent les chats de grimper pour aller fouiller les nids. Il faut en outre toujours penser à placer les mangeoires le plus à découvert et le plus haut possible et, s'il sont sur piquets, sur des poteaux lisses empêchant les félins de grimper. Il en sera de même pour la disposition des nichoirs artificiels. DES CHATS HARETS. La rhétorique des associations de défense des chats est compréhensible. Après tout, l'animal n'a en lui-même rien à se reprocher. Il est redevenu ce qu'il est non de sa faute mais bien de celle des hommes. Cependant, la situation est à l'heure actuelle dramatique non pas pour sa seule espèce mais bien pour un ensemble diversifié tout aussi important. Aussi, nous estimons que des mesures s'imposent. D'AMONT TOUT D'ABORD. Il convient que chaque conseil communal de villes et villages prenne conscience de la surpopulation des chats présents. La région wallonne elle-même doit être consciente du problème. De vaste campagnes non pas d'éradication systématique au sein des villes mais bien de gestion doivent être mises en uvre. Il faut à la fois faire diminuer la population mais aussi conserver une population stérilisée à faible taux. Cette population d'animaux incapable de se reproduire conservera au sein des villes des territoires ou d'autres chats ne s'implanteront pas. De vastes campagnes de capture devraient donc être effectuée où les chats les plus malades devraient être, hélas, euthanasiés aux profits des plus sains. Après tout n'est-il pas affligeant de voir des jeunes chats de 5 ou 6 ans n'ayant que la peau sur les os, victimes de nombreuses maladies et mourant d'une longue agonie ? Les chats sains ou d apparences saines du moins (si des moyens de prospections médicaux supplémentaires ne pourraient être trouvés) seraient alors relâchés après stérilisation et garderaient les territoires. Une piste à étudier serait la mise en place de la part des gouvernements Wallons et Bruxellois d'une série d'incitants fiscaux sous forme de primes à verser tant aux particuliers qu'aux communes au même titre que des primes pro-environnementales existent dans d'autres secteurs de notre économie. Ces primes pallieraient en parties les coûts de mains d' uvre liés à ce travail d'hercule. D'AVAL ENSUITE. Car la problématique des chats harets ne s'arrête pas à la frontière des villes et villages. De nombreux chats battent à présent les campagnes wallonnes. Aucun ne doute à l'heure actuelle des dégâts qu'ils occasionnent à la faune. Certains pensent même que leur génétique interfère à présent avec celle du chat sylvestre (chat sauvage-(Felis silvestris silvestris) de nos forêts. Nous avons souvent du mal à nous souvenir que le chat, au contraire du chat sylvestre, est une espèce importée dans le pays. Il n'était pas présent dans nos contrées et ne s'est pas ancré spontanément comme d'autres espèces au fil du temps, mais bien via le transfert issu de l'espèce humaine. Par là même, redevenu sauvage, ne prendrait-il pas le nom d'espèce invasive au même titre que la grenouille taureau, la coccinelle asiatique, le raton laveur, la tortue de Floride ou la berce du Caucase? * EXPLICATION DES MALADIES ÉCHINOCOQUES : ver plat de la famille des ténias. Très petit (7mm) dans l'intestin. Provoque chez l'homme de graves infections parasitaires hépatique provoquant la cirrhose. TOXASCARIS : vers rond de la famille des ascaris. Se trouve dans l'intestin des chats. Chez l'humain les larves peuvent migrer dans les tissus, le cerveau et les yeux et provoquer une maladie appelée la "larva migrans". FIV : Feline Immunodeficient virus incurable équivalent du SIDA humain (même type de virus). Provoque à terme la chute des défenses immunitaires du chat. FELV : Féline Leucose Virus : virus incurable qui provoque une immunodépression comme le FIV ou bien l'apparition de tumeurs multiple des globules blanc appelé lymphocytes. PIF : Péritonite infectieuse féline : virus incurable qui entraine à terme une péritonite et/ou une pleuropneumonie qui à terme entraîne l'animal au trépas. CHLAMYDIOPHILOSE : maladie bactérienne excessivement difficile à traiter et souvent incurable (portage à vie). Les chats non soignés finissent par faire des pneumonies et des atteintes hépatiques. Dr. Jean- Philippe Wauty Daniel Marlier Docteur vétérinaire du Centre Gestionnaire du Centre Clos de l Olivier a.s.b.l. Clos de l Olivier a.s.b.l.